21 Manifestations neurologiques des erreurs héréditaires du métabolisme Leucodystrophies
Il existe un très grand nombre d’erreurs héréditaires du métabolisme dont certaines intéressent de façon prédominante le système nerveux, plus particulièrement le système nerveux central. Beaucoup se révèlent dans la première enfance et c’est au neuropédiatre et au neurogénétien qu’il revient de définir les stratégies diagnostiques permettant de les reconnaître précocement et d’instituer les mesures thérapeutiques permettant de préserver l’avenir. Ces maladies concernent aussi le neurologue d’adultes parce que, tôt ou tard, il est amené à prendre le relais du pédiatre et parce qu’il arrive que les premières manifestations soient tardives. Certaines erreurs métaboliques à expression plus spécifiquement neurologique et de révélation plus tardive, telles que la maladie de Wilson et les porphyries, sont envisagées dans d’autres chapitres.
Anomalies du métabolisme des acides aminés
Homocystinurie
L’homocystinurie classique résulte d’un déficit homozygote en cystathionine β synthase entraînant une élévation des taux plasmatiques de l’homocystéine et de la méthionine (fig. 21.1). Le phénotype présente des ressemblances avec le syndrome de Marfan (anomalies squelettiques, subluxation du cristallin). Des manifestations neurologiques variées peuvent être observées : retard mental, épilepsie, dystonie, troubles psychiatriques. Un taux élevé d’homocystéine favorise la survenue d’accidents ischémiques cérébraux d’origine artérielle ou veineuse. Un dosage plasmatique de l’homocystéine doit être effectué devant un infarctus cérébral du sujet jeune. Le traitement vise à réduire le taux plasmatique de l’homocystéine par l’administration de vitamine B6, de folates et de vitamine B12.
Une élévation de l’homocystéine avec méthioninémie basse peut être la conséquence d’un déficit en 5-méthytétrahydrofolate réductase ou d’un trouble du métabolisme de la vitamine B12 (fig. 21.1). Le déficit en méthionine et en adénosylméthionine, impliqué dans les réactions de transméthylation, rend compte de lésions démyélinisantes hémisphériques et médullaires.
Aciduries organiques
L’acidémie glutarique de type I, causée par le déficit de l’enzyme mitochondriale glutaryl-CoA déshydrogénase, entraîne une élimination urinaire accrue d’acide glutarique et 3-hydroxyglutarique. Elle se révèle habituellement chez le nourrisson par un syndrome d’encéphalopathie aiguë suivi par la constitution d’une dystonie. Il existe une macroencéphalie progressive. L’IRM montre une nécrose striatale bilatérale. Des formes de l’adulte ont été décrites, se traduisant par une leucoencéphalopathie.
Anomalies du métabolisme des glucides
Glycogénoses
La dégradation du glycogène fait intervenir de nombreuses enzymes ; le déficit de chacune d’entre elles peut donner lieu à une glycogénose. L’expression neurologique des glycogénoses peut être cérébrale, en relation avec une hypoglycémie, ou musculaire (cf. chapitre 22).
Anomalies du métabolisme des lipides
Déficits héréditaires en lipoprotéines
Il en existe deux variétés principales, à transmission autosomique récessive :
Xanthomatose cérébro-tendineuse
Le tableau associe une diarrhée, des xanthomes tendineux, une cataracte, une détérioration intellectuelle, des crises d’épilepsie, une ataxie cérébelleuse et un syndrome pyramidal spastique. Les lésions prédominent sur la myéline du cervelet et du tronc cérébral. L’IRM, en T2, montre une hyperintensité des noyaux dentelés du cervelet. Le diagnostic, qu’il est important de reconnaître en raison des possibilités thérapeutiques, repose sur la mise en évidence d’un taux plasmatique de cholestanol élevé. Le traitement par supplémentation orale d’acide chénodéoxycholique a permis d’arrêter la progression de la maladie et même d’observer une amélioration neurologique significative.
Maladies de surcharge lysosomale
Sphingolipidoses
Leucodystrophie métachromatique
Elle est due au déficit en une enzyme lysosomale, l’aryl-sulfatase A (ASA), provoquant une accumulation de sulfatides dans le système nerveux et dans différents viscères, dont le rein. L’expression neurologique de la maladie résulte d’une démyélinisation progressive dans le système nerveux central et périphérique. Les formes à début tardif, chez l’adolescent et l’adulte, correspondent à une activité ASA résiduelle. Elles se révèlent par des troubles de la marche, spastique et/ou cérébelleuse, ou par des troubles cognitifs et des modifications de la personnalité de type frontal. L’IRM montre une démyélinisation péri-ventriculaire symétrique respectant les fibres en « U ». Un taux faible de l’activité ASA dans les leucocytes supporte le diagnostic, mais il faut tenir compte de l’existence de « pseudo-déficits » justifiant l’étude de l’excrétion urinaire des sulfatides. Les mutations P426L et I179S sont le plus souvent observées dans les formes à début tardif.