7: Épilepsie

7 Épilepsie


Les crises d’épilepsie revêtent des aspects cliniques très divers. Le mérite des cliniciens est d’avoir reconnu l’unité existant derrière ces aspects polymorphes et d’avoir discerné la base physiopathologique de cette unité : « La survenue épisodique d’une décharge brusque, excessive et rapide d’une population plus ou moins étendue des neurones qui constituent la substance grise de l’encéphale » (Jackson).


Le nombre des individus présentant à un moment ou à un autre de leur existence une crise d’épilepsie est de l’ordre de 2 à 5 %. Toutefois, ce chiffre élevé n’est obtenu qu’en considérant la totalité des crises, y compris les crises résultant d’une agression cérébrale aiguë de nature traumatique, infectieuse, métabolique ou toxico-médicamenteuse qui ne nécessitent généralement pas un traitement antiépileptique à long terme. Si l’on définit l’épilepsie comme une maladie permanente caractérisée par une tendance à la répétition des crises, la prévalence est plus faible, de l’ordre de 0,5 à 1 %, mais n’en constitue pas moins un problème majeur de santé publique.



Les crises d’épilepsie


La crise est le phénomène élémentaire dont la répétition définit l’épilepsie. L’analyse électroclinique des crises permet de distinguer les crises généralisées où la décharge épileptique intéresse d’emblée le cerveau de façon bilatérale, synchrone et symétrique (fig. 7.1), et les crises partielles où la décharge épileptique a un début focal.




Crises généralisées



Crise tonico-clonique (crise « grand mal »)


Le début de la crise est marqué par une perte de connaissance immédiate, un cri, une chute brutale souvent responsable de blessures. Elle se déroule en trois phases durant en tout cinq à dix minutes :





Au décours de la crise, on constate de façon inconstante une morsure de la langue et une perte d’urine. Au coma peut succéder une période plus ou moins longue de confusion postcritique. Lors du retour de la conscience, le patient peut se plaindre de courbatures et de céphalée.


L’EEG, rarement enregistré lors d’une crise, montre la succession d’une activité rapide de bas voltage, de pointes, de pointes-ondes, puis d’ondes lentes à la phase postcritique. Entre les crises, le tracé peut être normal. Il peut aussi montrer des bouffées bilatérales de pointes ou de pointes-ondes, ou des anomalies focales lorsqu’il s’agit d’une épilepsie secondairement généralisée.


Des crises atypiques se distinguent de la crise tonico-clonique par la prédominance unilatérale des phénomènes moteurs, par le caractère purement tonique ou clonique de la crise, voire par l’absence de tout phénomène convulsif : crise atonique se manifestant par une perte de conscience brusque avec chute et éventuellement perte des urines.





Crises partielles


Dans les crises partielles, la décharge épileptique intéresse initialement une population neuronale limitée et localisée (fig. 7.3). À partir de son point de départ, la décharge épileptique a tendance à s’étendre, d’où la grande valeur localisatrice de la manifestation initiale et l’intérêt qu’il y a à préciser la chronologie du déroulement de la crise. Par ailleurs, une crise partielle peut se généraliser secondairement : cette généralisation est parfois très rapide et un enregistrement de longue durée en EEG-vidéo peut être nécessaire pour reconnaître le début partiel.



Il est classique de distinguer des crises partielles simples, sans aucune modification de la conscience, et des crises partielles complexes avec altération de la conscience. En fait, l’appréciation du niveau réel de la conscience pendant certaines crises est souvent difficile.


Les crises partielles peuvent être classées en fonction de leur symptomatologie et de la région du cerveau à laquelle correspond cette symptomatologie, en sachant qu’il peut s’agir de la propagation d’une décharge épileptique née à distance.




Épilepsie du lobe temporal


Les crises partielles temporales sont les plus fréquentes. Une partie de leur symptomatologie résulte d’une diffusion à des structures voisines, notamment à l’insula. Inversement, certaines crises temporales résultent de la diffusion de décharges de voisinage notamment à point de départ insulaire.


On peut distinguer plusieurs types de manifestations impliquant :









Diagnostic


Le diagnostic d’épilepsie repose avant tout sur l’interrogatoire du patient et des témoins visant à obtenir une description précise des crises. En présence d’une première crise, il est recommandé d’effectuer un EEG et une IRM.


L’apport de l’EEG est variable. Il est utile pour le diagnostic d’épilepsie lorsqu’il révèle des anomalies paroxystiques : pointes ondes bilatérales synchrones dans le cas d’une épilepsie généralisée, foyer de pointes ou d’ondes à front raide dans le cas d’une épilepsie partielle (fig. 7.3). Cependant, l’EEG intercritique est souvent normal, en particulier lorsqu’il s’agit de crises focales ayant un point de départ profond : dans de tels cas, un enregistrement après privation de sommeil peut être plus parlant. Un EEG normal n’élimine pas le diagnostic d’épilepsie. D’un autre côté, des anomalies EEG isolées, en l’absence de crises cliniques, ne doivent pas faire porter le diagnostic d’épilepsie.


L’IRM cérébrale est nécessaire pour déceler une lésion structurelle.



Diagnostic différentiel


Le diagnostic différentiel doit éliminer des manifestations paroxystiques d’autre nature.


Syncopes — Les syncopes qui résultent d’une diminution transitoire de la perfusion cérébrale sont discutées dans le chapitre 4. Une perte d’urine ou la survenue de quelques phénomènes cloniques n’élimine pas ce diagnostic. Dans les cas douteux, des investigations cardiovasculaires sont nécessaires, pouvant comporter ECG, Holter, tilt-test, massage du sinus carotidien, enregistrement du faisceau de Hiss. La situation est compliquée par le fait que des enregistrements couplés EEG-ECG ont montré qu’il existe des crises épileptiques arythmogéniques qui pourraient jouer un rôle dans la mort subite inexpliquée de l’épileptique.


Syndrome du QT long — Chez un sujet jeune présentant des antécédents familiaux de mort subite, il faut penser à un syndrome du QT long : syndrome de Romano-Ward, à transmission autosomique dominante, et syndrome de Jervell-Lange-Nielsen, à transmission autosomique récessive, comportant aussi une surdité congénitale. Ces deux affections sont liées à des mutations de canaux potassium.


Hypoglycémie — Elle donne lieu à des malaises dont l’expression clinique est habituellement bien différente de l’épilepsie, mais elle est parfois responsable de crises généralisées, voire partielles. Il est de bonne règle de doser la glycémie devant toute manifestation neurologique épisodique inexpliquée.


Pseudo-crises épileptiques d’origine psychogène — Elles peuvent être de diagnostic difficile, d’autant plus qu’elles sont souvent associées à des crises authentiques. Un enregistrement EEG-vidéo peut permettre de faire la part des choses.


Les dystonies et les dyskinésies paroxystiques sont envisagées dans le chapitre 13 et le syndrome hémichorée-hémiballisme lié à une grande hyperglycémie, dans le chapitre 2.


L’hyperekplexie est un état non épileptique dans lequel la réaction physiologique du sursaut est exagérée de façon pathologique au point de provoquer parfois des chutes.



États de mal épileptiques


Une crise d’épilepsie peut être suivie de phénomènes déficitaires (confusion postcritique, déficit moteur, sensitif, sensoriel ou encore trouble aphasique), avant le retour au fonctionnement normal de l’encéphale. On considère qu’il y a état de mal épileptique quand une nouvelle crise se produit avant que cette récupération fonctionnelle soit accomplie. Tout état de mal épileptique, généralisé ou partiel, doit faire l’objet d’un traitement intensif dans la mesure où il peut être responsable de lésions persistantes à type de nécrose laminaire corticale.






Syndromes épileptiques


La définition d’un syndrome épileptique repose sur les caractères électrocliniques des crises, généralisées ou partielles, mais aussi sur d’autres facteurs tels que l’âge de survenue ou la cause, en distinguant les épilepsies idiopathiques et les épilepsies symptomatiques ou présumées symptomatiques (cryptogéniques).



Syndromes épileptiques idiopathiques


Les épilepsies idiopathiques se révèlent le plus souvent au cours de l’enfance, de l’adolescence ou chez l’adulte jeune, et leur formule est dans une large mesure conditionnée par l’âge d’apparition.



Épilepsies généralisées idiopathiques







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May 23, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 7: Épilepsie

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