5: Éveil, sommeil et coma

5 Éveil, sommeil et coma



L’éveil


L’éveil est un préalable à l’exercice de la conscience définie par l’ensemble des activités cognitives qui permettent d’attribuer une signification et de répondre de façon appropriée aux stimulations sensitives et sensorielles, notamment aux plus complexes d’entre elles, les stimulations verbales.



Tronc cérébral et éveil


Les expériences de section étagée du névraxe ont montré le rôle essentiel du tronc cérébral dans l’éveil. Par la suite, des expériences de stimulation et de destruction ont établi que cette fonction d’éveil revient à la formation réticulaire du tronc cérébral, et plus précisément à la formation réticulaire contenue dans la partie rostrale du tegmentum pontin et dans le tegmentum mésencéphalique. Ainsi est définie la formation réticulaire activatrice ascendante dont l’activité tonique entretient l’état d’éveil. Cette activité est modulée par la convergence de multiples afférences, notamment sensitives et sensorielles, dont la mise en jeu est responsable de la réaction d’éveil.


La formation réticulaire activatrice ascendante projette sur l’hypotalamus postéro-latéral, sur le cortex cérébral de façon diffuse et sur le noyau réticulaire thalamique.


Dans cette organisation, le noyau réticulaire thalamique a une place bien particulière. Ses connections sont entièrement intra-thalamiques. Il exerce une action tonique inhibitrice sur les noyaux relais du thalamus avec pour effet de limiter et de filtrer l’accès des stimuli sensitivo-sensoriels d’origine périphérique destinés au cortex. La formation réticulaire activatrice ascendante lève cette inhibition, favorisant ainsi l’éveil cortical. D’un autre côté, il existe des projections sur ce noyau provenant du cortex, notamment frontal, rendant compte du rôle du cortex cérébral dans le maintien de la vigilance.


Un autre noyau, le noyau thalamique ventro-médian fait partie d’un circuit impliquant l’hypothalamus et le système limbique, rendant compte de la place particulière pour l’éveil du contenu affectif des stimulations.



Électroencéphalogramme de veille


L’activité des neurones du cortex cérébral est à l’origine de variations de champ électrique enregistrables au niveau du scalp par l’électroencéphalogramme (EEG).


Ces variations, mieux caractérisées par leur fréquence que par leur amplitude, ont une périodicité qui définit les rythmes cérébraux enregistrés à l’état de veille.


Le rythme alpha a une fréquence de 8 à 14 Hz ; il est enregistré sur les deux tiers postérieurs du scalp lorsque le sujet au repos sensoriel garde les yeux fermés. Il est suspendu par l’ouverture des yeux (réaction d’arrêt). Sur les régions plus antérieures du scalp (région rolandique, région frontale), le rythme alpha fait place à une activité plus rapide (supérieure à 14 Hz), moins ample, le rythme bêta. En revanche, les régions temporales sont souvent occupées par une activité plus lente (4 à 7 Hz) relativement ample, le rythme thêta.


Cet aspect est le résultat d’une maturation progressive au cours du développement. Chez le prématuré, on enregistre des activités rapides, peu amples, non synchronisées. Chez l’enfant nouveau-né, l’activité EEG est ample, lente, instable. Durant la première enfance jusqu’à deux ou trois ans, l’EEG s’accélère et tend à s’organiser sous la forme d’un rythme à 4 ou 5 Hz. Le rythme alpha apparaît vers l’âge de cinq ans. Puis l’évolution se poursuit jusqu’à l’âge adulte.


Un ralentissement diffus du rythme de base avec apparition d’ondes delta (fréquence inférieure à 4 Hz) est observé notamment dans les encéphalopathies métaboliques, généralement corrélé à une altération de la vigilance.



Le sommeil


L’état de veille est interrompu de façon cyclique par le sommeil. Le sommeil est un processus actif qui correspond à une suspension d’activité au niveau du système réticulé activateur ascendant et à son remplacement par une autre activité qui prend naissance dans des structures anatomiques différentes.



Électroencéphalogramme de sommeil


Couplé à l’enregistrement des mouvements oculaires et du tonus musculaire, l’électroencéphalogramme permet de distinguer deux types de sommeil : le sommeil lent, ou non-REM sleep1, et le sommeil rapide, ou REM sleep.





Structures impliquées dans le sommeil


Ces deux types de sommeil dépendent de la mise en jeu de structures différentes.





Troubles de la régulation veille-sommeil


On peut distinguer schématiquement sommeil insuffisant et somnolence diurne excessive. En fait, la réalité est moins simple, une somnolence diurne excessive étant souvent la conséquence d’un sommeil nocturne de mauvaise qualité.



Troubles du sommeil


L’insomnie, perçue comme un sommeil insuffisant a souvent une cause tenant à l’environnement et/ou au mode de vie, à l’existence d’un trouble psychique tel que dépression ou anxiété, ou à une maladie somatique. En neurologie, l’insomnie est souvent liée à des symptômes interférant avec l’endormissement ou avec le déroulement normal du sommeil, tels que douleurs, crampes, contractures, inconfort résultant d’un état de rigidité ou d’akinésie. Le traitement, dans ces cas, repose principalement sur celui de la maladie causale et des symptômes gênants. Un lien plus spécifique entre la maladie neurologique et le trouble du sommeil peut aussi exister.






Hypersomnies


Une somnolence est un phénomène fréquent. Elle peut avoir des conséquences sérieuses sur la vie socioprofessionnelle et rendre compte d’accidents graves survenant au cours du travail ou de la circulation. Dans de tels cas, il peut être nécessaire de l’objectiver par la réalisation de tests de latences multiples d’endormissement.


Si on met à part la prise de médicaments sédatifs, une somnolence diurne excessive résulte le plus souvent d’un sommeil nocturne insuffisant ou de mauvaise qualité. Le sommeil nocturne peut être perturbé par des douleurs, une pollakiurie, une affection neurologique telle qu’une maladie de Parkinson, un syndrome des jambes sans repos, un syndrome dépressif.





Narcolepsie avec cataplexie (syndrome de Gélineau)


La prévalence de cette affection est de l’ordre de 0,05 %. L’âge de début présente deux pics de fréquence, le principal autour de quinze ans, le second autour de trente-cinq ans.


Les accès incoercibles de somnolence diurnes, souvent associés à un rêve, constituent le trouble majeur. Leur survenue est favorisée par les situations passives. Habituellement de courte durée, ils ont un effet « réparateur ».


Les accès de cataplexie, traduisant l’irruption anormale à l’état de veille de l’atonie du sommeil paradoxal, sont moins fréquents, mais particulièrement évocateurs. Déclenchés par la surprise ou les émotions positives et durant de quelques secondes à plusieurs minutes, ils provoquent la chute lorsque le trouble intéresse les membres inférieurs. L’atonie peut aussi se traduire par une chute de la tête ou de la mâchoire.


Des hallucinations liées au sommeil survenant à l’endormissement (hypnagogiques) ou au réveil (hypnopompiques) et des épisodes de paralysie du sommeil peuvent compléter le syndrome. Des épisodes d’automatisme au cours desquels le sujet poursuit son activité en commettant des erreurs et sans en garder le souvenir peuvent aussi être observés.


Un enregistrement polysomnographique du sommeil de nuit permet d’éliminer une autre cause à la somnolence diurne, notamment des apnées du sommeil. Il peut aussi montrer la survenue précoce du sommeil paradoxal et la mauvaise qualité du sommeil nocturne. Le test des latences multiples d’endormissement confirme la somnolence pathologique avec apparition anormalement rapide de sommeil paradoxal.


Des formes symptomatiques de narcolepsie-cataplexie ont été exceptionnellement décrites, en relation notamment avec des lésions du tronc cérébral. Mais il s’agit en règle générale d’une affection primitive résultant de la disparition des neurones hypothalamiques produisant l’hypocrétine. Ce fait peut être objectivé par le dosage dans le LCR de l’hypocrétine 1 dont le taux est diminué.


La cause de la maladie pourrait être une agression autoimmune. Un groupe HLA DQB1*0602 est présent dans presque tous les cas.


Le traitement de la somnolence diurne repose sur le modafinil, préféré au méthylphénidate. Les accès de cataplexie sont au moins partiellement contrôlés par la clomipramine ou l’acide oxybique (GHB, acide gamma-hydroxybutirique)Une bonne hygiène du sommeil et des siestes programmées sont un appoint important.





Anomalies de l’éveil : coma




Examen


Anamnèse — Un maximum d’informations doit être obtenu de l’entourage du malade, pouvant orienter vers une cause vasculaire (début brutal), traumatique, toxique ou médicamenteuse.


Examen général — Il est essentiel de rechercher un syndrome méningé, un syndrome infectieux, les signes d’un traumatisme, d’une affection viscérale ou endocrinienne pouvant être à l’origine du coma.


Examen neurologique — En raison de l’absence de coopération du patient, l’examen doit recourir à une technique particulière pour rechercher des signes de localisation et apprécier la profondeur du coma.


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May 23, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 5: Éveil, sommeil et coma

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