Chapitre 21 Appareil digestif
Rappels embryologiques
Les portions craniale et caudale de l’intestin sont au centre de mouvements organogénétiques complexes sous induction chordale précoce. Leurs anomalies sont ainsi volontiers associées à d’autres malformations des « grands appareils de la ligne médiane » et des membres. L’intestin moyen en revanche ne connaît que peu de modifications en dehors de sa croissance. Ses malformations sont tardives et généralement isolées (figure 21.1).
Aspect échographique normal de l’abdomen
Œsophage
De façon habituelle, il n’est pas pratiqué d’examen de l’œsophage. Celui-ci est pourtant visible normalement au niveau cervical et thoracique, en arrière de la trachée, puis à droite et en avant de l’aorte thoracique. Il est souvent difficilement visualisable à la partie haute du médiastin du fait des ombres acoustiques des structures osseuses de la région. Il a un aspect de triple feuillet légèrement échogène (figure 21.2), (vidéos 21.2 et 21.3) .
Estomac
En arrière de l’estomac, sur la coupe axiale, l’image triangulaire homogène représente la rate.
Duodénum et intestin (figures 21.3, 21.4 et 21.5)
Figure 21.5 Côlon transverse normal à 30 SA (). Vésicule biliaire (VB) ; estomac (E) ; veine ombilicale (VO).
Autres images anéchogènes
Les images anéchogènes intra-abdominales sont les suivantes.
• La vésicule biliaire, piriforme, sous-hépatique, qui se dirige en bas, en avant et en dehors.
• La veine ombilicale, anéchogène médiane entre l’ombilic et la veine porte, qui se dirige en haut et en arrière vers le canal d’Arantius et la branche gauche de la veine porte.
• La veine porte, qui naît de la veine ombilicale (le sinus porte est cette zone frontière) et se dirige à droite dans le foie. Le foie, de structure échogène homogène, est traversé par le canal d’Arantius qui se jette dans la veine cave. La veine cave sus-hépatique draine les différentes veines sus-hépatiques.
• La vessie, dans le petit bassin, de forme ronde est de taille variable ; c’est la seule image pelvienne anéchogène. Elle est surplombée par une masse échogène : les anses intestinales
• L’aorte abdominale chemine en avant et à gauche du corps vertébral. Elle se divise au niveau lombaire pour donner les deux artères iliaques primitives qui elles-mêmes se divisent en artères latérales et médiales qui donnent les artères ombilicales. Celles-ci longent la vessie en dehors puis en avant et sont rendues aisément visualisables par Doppler à codage couleur.
• La veine cave inférieure accompagne l’aorte de bas en haut et s’en éloigne en haut pour traverser le diaphragme vers d’oreillette droite.
Pathologies obstructives
Atrésie de l’œsophage
Elle concerne 1/2 500 naissances. Il existe quatre types anatomiques en fonction de l’existence ou non de fistules entre les extrémités cervicale et thoracique de l’œsophage avec la trachée. Le type III est le plus fréquent ; il s’associe à une fistule trachéo-œsophagienne distale permettant à l’estomac de se remplir par du liquide amniotique cheminant dans la trachée puis par la fistule (figure 21.6).
Le diagnostic échographique anténatal est évoqué devant un hydramnios et un petit estomac. Il n’est fait qu’une fois sur deux environ parce que l’hydramnios n’est pas constant et l’estomac reste visible. L’échographie recherche alors la dilatation œsophagienne du cul-de-sac supérieur au niveau cervico-thoracique. Celle ci est intermittente avec la déglutition. Elle est parfois appelée « Pouch sign » (figures 21.7 et 21.8), (vidéo 21.4).
Figure 21.8 Atrésie de l’œsophage, sur une coupe axiale. « Pouch sign » : dilatation de la portion cervicale.
Elle peut également être associée à des anomalies chromosomiques comme la trisomie 18.
Pour aller plus loin
Les différents types d’atrésie de l’œsophage (figure 21.9)
• type I : atrésie isolée sans fistule trachéo-œsophagienne (10 %) ;
• type II : atrésie avec fistule trachéo-œsophagienne proximale (2 %) ;
• type III : atrésie avec fistule trachéo-œsophagienne distale (86 %) ;
• type IV : atrésie avec fistule trachéo-œsophagienne proximale et distale (3 %).
Diagnostic différentiel de l’atrésie de l’œsophage :
• estomac de petite dimension avec hydramnios ;
• tous les troubles de la déglutition sont concernés : myopathies, anomalies de développement du premier arc branchial (syndrome de Pierre Robin), atteintes du tronc cérébral, compressions œsophagiennes thoraciques telle la hernie diaphragmatique, etc.
Atrésie duodénale
L’atrésie duodénale touche 1/5 000 naissances. Elle est plus ou moins complète (sténose duodénale).
Échographiquement, il existe une double bulle abdominale qui communique à la manière d’un sablier. À gauche, il s’agit de l’estomac et à droite du duodénum dilaté (figures 21.10 et 21.11). L’analyse au Doppler couleur à basse vitesse permet de mettre en évidence des flux d’une image à l’autre à travers le pylore. Le flux rétrograde traduit la régurgitation du fait de l’obstacle. L’estomac est le siège de mouvements péristaltiques intenses avec une variation de sa forme et de son volume (vidéo 21.5).
Figure 21.11 Atrésie duodénale. Estomac (C) et duodénum (D). () Reflux à travers le pylore au Doppler couleur.