Chapitre 2 Investigations en gynécologie
• Expliquer à une femme comment prendre sa température et faire une courbe thermique. (B)
• Décrire les renseignements que l’on peut déduire de l’étude d’une courbe de température concernant le fonctionnement de l’ovaire normal et pathologique et savoir les expliquer à la patiente. (B)
• Énumérer les indications et les contre-indications de l’hystérométrie. (C)
• Énumérer les indications et les contre-indications de la biopsie de l’endomètre. (C)
• Prescrire une échographie pelvienne abdominale ou vaginale. (A)
• Décrire l’aspect échographique normal de l’appareil génital féminin. (B)
• Énumérer les indications et les contre-indications de l’hystérographie. (C)
• Décrire les principaux éléments de la lecture d’une hystérographie normale. (C)
• Décrire le principe de la colposcopie et les principaux renseignements que l’on peut tirer de cet examen. (C)
• Décrire le principe de l’hystéroscopie et les principaux renseignements que l’on peut tirer de cet examen. (C)
• Énumérer les indications et les contre-indications ainsi que les complications de la cœlioscopie. (A)
• Donner le prix approximatif des examens complémentaires en gynécologie. (B)
les petits gestes qui font partie de la consultation gynécologique et que le généraliste doit savoir pratiquer ;
les explorations gynécologiques qui sont du ressort du spécialiste et dont il doit connaître les principes, les avantages et les inconvénients mais aussi le prix, s’il est amené à les prescrire.
Petits gestes associés à l’examen gynécologique normal
Examen de l’hymen
Le généraliste peut être amené à examiner l’hymen dans un but médical ou médico-légal.
Il y a deux possibilités pour cela :
le toucher rectal (figure 2.1) qui permet, le doigt en avant, les grandes lèvres écartées par la main gauche, de faire bomber la cloison rectovaginale et de voir ainsi toute la circonférence de l’hymen ;
l’autre moyen est celui décrit par Dickinson qui consiste à introduire une sonde à ballonnet dans le vagin puis à gonfler le ballonnet et à tirer sur la sonde de telle façon que le ballonnet distende l’hymen, la main gauche écartant grandes lèvres et petites lèvres. On voit ainsi très bien la circonférence de cette membrane et son aspect (figure 2.2). Si la femme a été déflorée, elle n’est plus intacte, il existe au minimum une incisure à 5 h et à 7 h, de valeur médico-légale (figure 2.3) (cf. chap. 32).
Figure 2.2 Examen médico-légal de l’hymen à l’aide d’une sonde à ballonnet introduite dans le vagin.
(d’après Dickinson et Dargent)
Hystérométrie
L’hystérométrie a pour but de mesurer la longueur utérine.
Technique
Après avoir vérifié la propreté du col et de sa glaire (l’infection faisant renoncer à cet examen), le col sera nettoyé avec une compresse sèche, puis il sera badigeonné avec un antiseptique type ammonium quaternaire ou Bétadine© verte en l’absence d’allergie. Le col est saisi avec une pince de Pozzi et l’opérateur tire doucement sur celle-ci pour diminuer l’antéflexion de l’utérus (figure 2.4). Il présente alors l’hystéromètre sans toucher les parois du vagin à l’entrée du col, et il l’introduit dans la cavité cervicale par des petits mouvements doux sans forcer. On le fait ainsi progresser pas à pas « avec persuasion » vers l’isthme puis le fond utérin (figure 2.5).
Cette introduction ne doit rencontrer ni résistance, ni provoquer la moindre douleur. L’opérateur bute enfin sur le fond utérin qui oppose une résistance qu’il ne faut pas forcer sous peine de perforation (Soutoul, 1991).
L’hystérométrie reste le premier geste avant toute pose de DIU.
Recherche d’une béance de l’isthme
La mesure du calibre de l’isthme peut être utile en cas de fausse couche tardive au 2e trimestre avec fœtus vivant et poche des eaux rompue.
Examen extemporané des sécrétions génitales
Il comprend l’étude des sécrétions vaginales (figures 2.6 à 2.8) avec possible recherche de Trichomonas ou de levures, l’étude de la glaire cervicale, la pratique du test de Hühner. Il faut bien sûr posséder un microscope avec deux grossissements (× 100 et × 400).
C’est un temps important de l’examen lorsque la patiente consulte pour infertilité.
Étude de la glaire (figures 2.9 et 2.10)
C’est un examen utile dans les investigations d’une stérilité. Il faut le faire en l’absence d’infection cervicale, en dehors de toute exploration gynécologique (en particulier hystérographique) du 11e au 13e jour du cycle.
Le prélèvement sera fait avec une pince longuette1 et entre ces deux mors que l’on écarte, l’opérateur appréciera la filance de la glaire puis il l’étalera sur une lame de microscope, ou elle sera laissée à sécher, puis examinée.
Dans une glaire normale, il y a très peu d’éléments cellulaires et on aura du mal souvent à mettre au point dans le bon plan. La cristallisation se fait en feuille de fougère, et au moment de l’ovulation, cette cristallisation est abondante avec des ramifications de 2e ou 3e ordre. Il est possible d’utiliser le score d’Insler (cf. tableau 6.1) pour chiffrer de manière globale la qualité de la sécrétion cervicale.
Un score d’Insler entre 8 et 10 est correct. Entre 11 et 12, il est excellent. Entre 4 et 7, il est insuffisant. Entre 0 et 3, il est nul (figures 2.11 et 2.12).
Test de Hühner (figure 2.13)
L’étude de l’ascension des spermatozoïdes dans la glaire cervicale à l’examen extemporané est un temps essentiel de l’exploration du couple stérile. À notre avis, il doit être fait par un clinicien car il doit s’accompagner de l’étude des caractéristiques de la glaire cervicale.
Prélèvements cytologiques
Frottis de dépistage
C’est un geste de médecin praticien que tout médecin doit savoir faire.
Quand faire le frottis ?
En dehors de la période des règles.
Alors que la patiente n’a pas fait de toilette vaginale ou subi d’examen gynécologique depuis 24 heures.
À distance des rapports sexuels (48 heures).
S’il n’existe pas d’infection du col ou du vagin.
En l’absence de traitement local type ovules.
Après un traitement œstrogénique de 4 à 5 jours si la femme est ménopausée (Anaes, 2002).
Prélèvement exocervical
Il est fait avec le bord découpé de la spatule d’Ayre de façon à bien prélever sur la zone qui se trouve à la jonction entre l’épithélium cylindrique et l’épithélium malpighien (cf. chap. 16 et figures 2.16 et 2.17).
Lorsque la zone de jonction n’est pas visible, ce qui est fréquent chez la femme ménopausée, il faut faire un prélèvement endocervical avec le coton monté (figure 2.18) ou une cytobrosse (figure 2.19b) pour aller prélever les cellules là où le cancer naît, c’est-à-dire à la jonction des épithéliums cylindriques et malpighiens (figure 2.17 et 2.19a). Par un mouvement tournant, on prélèvera les cellules endocervicales et on les étalera sur une lame. Dans tous les cas, l’étalement sera fait d’un seul trait, sans mouvement rotatoire qui peut donner aux cellules des formes bizarres.
Figure 2.19 a. Schéma explicatif de la figure 2.18.
b. Prélèvement avec une cytobrosse.
c et d. Matériel pour le prélèvement cytologique en phase liquide.
Une solution de plus en plus fréquente est d’utiliser les frottis en phase liquide, il faut alors balayer la zone de jonction avec le petit instrument conique prévu à cet effet ou avec une cytobrosse. L’instrument qui a servi à recueillir les cellules sera agité dans le liquide en le pressant sur les parois du flacon pour faciliter le transfert des cellules dans le liquide fourni par le laboratoire. Ce prélèvement permettra l’étude des cellules cervicales mais aussi la recherche du virus HPV si nécessaire (figure 2.19c).
Le frottis en phase liquide est aussi efficace que le frottis classique, il est moins préleveur dépendant et plus sensible. Il est par contre plus cher, n’améliore pas le diagnostic des lésions de haut grade et ne diminue pas toujours le nombre de prélèvements peu satisfaisants (Davey, 2006). Son avantage principal est de pouvoir sur le même prélèvement rechercher les virus HPV oncogènes en cas de frottis anormal. En routine pour le dépistage de masse, il est possible de réaliser l’une ou l’autre méthode.
Prélèvements endométriaux
Pour obtenir des cellules endométriales, il faut faire un prélèvement électif dans la cavité utérine. Des instruments variés ont été proposés pour faire ce prélèvement : écouvillon, éponge, spatule plastique, brosse. Un des plus utilisés actuellement, et le plus simple, est l’endocyte de Jean Cohen (figure 2.20). L’endocyte est formé d’une tige de propylène de 20 cm de long et de 2 mm de diamètre terminée par deux palettes de prélèvement que l’on coulisse dans un tube de propylène également. Après désinfection vaginale soigneuse, on introduit l’appareil dans la cavité utérine en exerçant une traction douce sur le col pour réduire son antéversion. L’introduction se fait tout à fait comme une hystérométrie. On repousse ensuite la tige centrale, ce qui autorise l’écartement des palettes dans la cavité (figure 2.21).
Frottis vaginaux
Dirigés sur une lésion vaginale suspecte, ils peuvent être bien sûr pratiqués, en particulier lorsqu’il existe une adénose vaginale chez une jeune femme dont la mère a pris du diéthylstilbestrol (Distilbène®), pendant la grossesse ou par prélèvement direct sur une lésion sous-urétrale ou vaginale basse par exemple, qui peut être la métastase d’un cancer de l’endomètre.
Prélèvements cytologiques du sein
Ils ont actuellement moins d’intérêt face aux microbiopsies.
Le prélèvement des écoulements du mamelon sera fait directement. Il faut essuyer les premières gouttes et prélever sur les suivantes en évitant de toucher le mamelon. La lame est approchée pour recueillir une goutte qui sera étalée en donnant à cette dernière un mouvement de translation sur le mamelon. Elle est fixée et adressée en anatomopathologie.
La ponction cytologique du sein est un geste simple de consultation, pratiquement indolore. Le matériel nécessaire est constitué par une seringue de 10 à 20 cc, une aiguille de diamètre de 7 à 9/10e, de 40 mm de long.
Après avoir désinfecté la peau, la tuméfaction palpable sera maintenue entre l’index et le médius, puis l’aiguille introduite d’un coup sec dans le sein. Celle-ci en place, il faut aspirer en imprimant au piston des mouvements de va-et-vient (figures 2.22 et 2.23). Cette aspiration est facile s’il existe du liquide, elle doit être prolongée pendant une minute s’il s’agit d’une tumeur pleine. Avant de retirer l’aiguille, on laissera revenir le piston sur lui-même de façon à ne pas faire passer le produit de ponction dans le corps de la seringue, d’où il ne pourrait être retiré. Le piston étant revenu sur lui-même, l’aiguille est retirée puis séparée de la seringue. la seringue est remplie d’air et le produit aspiré est projeté sur la lame.
Figure 2.22 Ponction d’un nodule mammaire avec une seringue.
Remarquez les mouvements de va-et-vient de la seringue.
(D’après Zadjela).
Prélèvements anatomopathologiques
Bistournage d’un polype du col
Geste de consultation très simple qui consiste, après avoir désinfecté le col, à prendre le polype qui apparaît à l’orifice cervical entre les deux mors d’une pince longuette et à tourner cette dernière sur elle-même, de façon à tordre le pédicule du polype, ce qui permet de le séparer de son insertion et en même temps d’en faire l’hémostase. Le polype sera mis dans une solution de Bouin alcoolique et envoyé à l’anatomopathologiste. Il ne faudra pas oublier que ce polype ne peut être qu’un polype sentinelle et peut ne pas être la cause du saignement qu’il faudra savoir rechercher plus haut, en particulier dans l’endomètre.
Biopsie du col
Lorsqu’il existe une lésion néoplasique évidente du col, dure, friable, saignant au moindre contact, il est aisé d’en faire la biopsie, le prélèvement devant être fait en pleine tumeur mais si possible pas en zone nécrotique.
Lorsqu’il n’y a pas de lésion évidente visible, c’est tout le problème de la biopsie dirigée par colposcopie (cf. chap. 7).
Biopsie de l’endomètre
Elle ne mérite qu’imparfaitement le nom de biopsie dans le sens où elle n’est pas un prélèvement électif au niveau d’une région reconnue suspecte et parfaitement localisée. C’est un prélèvement partiel qui n’a donc d’intérêt que dans la mesure où il s’adresse à une pathologie ou à un état de l’endomètre supposé être assez étendu pour que la biopsie ait un minimum de chances de recueillir un échantillon significatif.
Elle est ressortie en retirant un fragment d’endomètre à l’intérieur de la fenêtre dentelée. Il est aussi possible, comme dans la technique originale, de créer une dépression dans la sonde avec une seringue pour aspirer l’échantillon d’endomètre plus important. Si l’introduction de la canule est facile, on peut renouveler l’intervention deux ou trois fois afin de prélever des lambeaux d’endomètre à plusieurs niveaux. Une bonne manœuvre consiste avec la main abdominale à appuyer sur l’utérus pour plaquer la paroi utérine antérieure contre la canule, tandis que celle-ci est retirée, ce qui assure un meilleur « rabotage » de la muqueuse corporéale. Actuellement, le praticien utilise souvent un matériel à usage unique en polyéthylène semi-rigide : la pipelle de Cornier (figure 2.24). Cette biopsie peut être utile pour apprécier un trouble fonctionnel de l’endomètre, il est alors fait habituellement en deuxième moitié de cycle et interprété en fonction de la date des règles, et surtout en fonction de celle des règles suivantes qui seules permettront de savoir si la biopsie a été faite moins de 10 jours avant les règles.