18: Pathologie bénigne des seins

Chapitre 18 Pathologie bénigne des seins1



La pathologie bénigne du sein est extrêmement fréquente puisque huit à neuf femmes sur dix, venant consulter pour un problème mammaire, repartent avec l’étiquette bénigne.


Cependant le cancer est toujours présent à cette consultation :



Il y aura donc dans cette pathologie trois risques :



Les progrès de l’imagerie (échographie, mammographie, voire IRM) et de la radiologie interventionnelle permettent le plus souvent d’avoir un diagnostic précis.


Nous essaierons, après un rappel physiologique, de schématiser la conduite à tenir devant quatre circonstances fréquentes :




Rappel physiologique (figures 18.1 à 18.4)


Le sein comme l’endomètre est un récepteur hormonal pour les stéroïdes ovariens circulants 17-β-estradiol (E2) et progestérone (P).








Hormono-dépendance


Elle fait que l’eutrophie mammaire est le fruit d’un équilibre précaire entre estradiol et progestérone.






Prolactine


Elle a un rôle physiologique limité à la lactation,2 cependant sa présence semble indispensable à la différenciation acineuse. Elle stimule l’activité sécrétoire de l’épithélium glandulaire aussi bien que la croissance des cellules épithéliales des acini en présence d’estradiol. Elle agit sur les récepteurs cellulaires spécifiques de membrane dont elle régule la synthèse en relation avec la présence d’estradiol. Elle pourrait stimuler la synthèse des récepteurs cytoplasmiques d’estradiol.



Autres hormones




Récepteurs hormonaux


Les récepteurs hormonaux de E2 et de P ont été mis en évidence dans le tissu mammaire humain normal et pathologique. La détection des récepteurs est plus aisée dans des tissus à forte densité cellulaire comme les adénomes. Les relations entre récepteurs de E2 et de P sont sans doute plus complexes dans le sein que dans l’endomètre et le schéma de la figure 18.5, bien que didactique, s’applique davantage à l’endomètre qu’au tissu mammaire. Par exemple, la progestérone agit de façon synergique avec l’œstradiol pour transformer la partie distale des galactophores en acini, mais elle antagonise les effets de l’œstradiol sur la croissance des galactophores et du tissu palléal.


La progestérone ne diminue pas le nombre de récepteurs de l’estradiol dans le tissu mammaire. La découverte récente de deux types (A et B) de récepteurs de la progestérone d’action opposée et de deux types de récepteurs de l’œstradiol (α et β) va sans doute permettre une meilleure compréhension de ces phénomènes dans l’avenir. Enfin, comme au niveau de l’endomètre, la progestérone active la 17-β-hydroxystéroïde déshydrogénase transformant l’œstradiol en œstrone, ce qui diminue son activité biologique (Mauvais-Jarvis, 1997).


In vivo, une étude utilisant de façon randomisée des traitements en gel – placebo, œstradiol, progestérone, œstradiol plus progestérone – a révélé que l’œstradiol augmente significativement l’index mitotique par rapport au placebo ; l’addition de la progestérone annule cet effet et ramène l’indice mitotique à celui observé après placebo (Chang, 1995).




Le sein évolue avec l’âge


Le développement du sein est le premier signe de la puberté féminine survenant entre 8 et 11 ans en rapport avec l’élévation de E2. De 12 à 16 ans, il existe une période de cycles anovulatoires ou dysovulatoires où l’E2 est prédominant et la progestérone négligeable. La prolifération conjonctive et galactophorique est importante, fixant le volume mammaire futur :



Tout ceci permet de définir un terrain particulier à la pathologie bénigne du sein qui est celui de la femme sujette à la dysovulation, sans enfants ou stérile, ayant fait des études supérieures, citadine, anxieuse, neurotonique.



Pathologie bénigne du mamelon




Pathologie non tumorale






Ectasie ductale (planche 18.1.e)


Il s’agit d’une dilatation avec rétention dans les canaux de la région péri-aréolaire associée à une fibrose et souvent à une inflammation. L’aspect clinique est souvent voisin de celui d’un comédocarcinome.


Cette affection a été également appelée galatophorite ectasiante et lorsqu’il y a des poussées inflammatoires, mastite à plasmocytes, comédomastite, mastite oblitérante. L’incidence de l’affection est de 1 pour 25 à 30 cancers ou de 1 pour 10 à 15 dysplasies mammaires. Le nombre de cas infracliniques est important puisque 30 à 40 % des femmes âgées de moins de 50 ans en sont porteuses.


L’âge moyen des cas traités est de 55 ans.



Histoire naturelle de l’ectasie ductale


L’ectasie ductale commence par la dilatation du galactophore terminal sous-aréolaire qui a alors un diamètre de 3 à 5 mm. Ces galactophores se remplissent de débris cellulaires et gras. À ce stade, il n’y a pas d’inflammation et il n’y a pas de signe clinique.


Dans un bon nombre de cas, la lésion reste stable ou disparaît ; dans un certain nombre d’autres cas, elle évolue. Il apparaît alors un écoulement séreux, ou jaunâtre, épais comme du pus mais abactérien. Cet écoulement peut être spontané, intermittent, parfois prolongé plusieurs années. On parle de galactophorite secrétante.


Quand la maladie progresse, la dilatation du canal s’étend en périphérie, les parois de celui-ci s’épaississent et il apparaît une infiltration de lymphocytes. La sclérose péricanalaire épaissit les parois et raccourcit le canal si bien que le mamelon se rétracte et est désaxé. Si on opère à ce moment-là, le chirurgien coupera des canaux fermes, dilatés, qui contiennent une pâte brun-jaune. Il peut y avoir une surinfection à partir des germes cutanés.


Au fur et à mesure que la maladie évolue, l’épithélium s’atrophie et le canal se rompt par endroits, les débris intracanalaires provoquent alors une réaction inflammatoire intense, identique à celle de la cytostéatonécrose traumatique ; on observe des cellules géantes, des histiocytes, des lymphocytes et des plasmocytes d’ou le nom de mastite oblitérante ou à plasmocytes.


Au centre de la lésion, il y a une cavité avec un matériel épais jaune-brun. Cette lésion forme une tumeur ferme, arrondie, relativement fixée dans le tissu mammaire. Cette tumeur est située dans le secteur central du sein. Elle est de petite taille (1 à 3 cm de diamètre).


L’évolution de l’affection est en général longue, la rétraction s’effectuant en 3 ou 5 ans. Des épisodes inflammatoires viennent se surajouter, la tumeur devenant douloureuse, l’aréole et le mamelon rouges avec un œdème de la peau. L’épisode régresse spontanément en 8 jours. Ces épisodes inflammatoires ont tendance à récidiver dans le même sein ou dans le sein controlatéral. On peut à ce moment-là observer des ganglions axillaires augmentés de volume et sensibles. Les canaux peuvent se calcifier et devenir alors visibles à la mammographie.





Apr 23, 2017 | Posted by in GYNÉCOLOGIE-OBSTÉTRIQUE | Comments Off on 18: Pathologie bénigne des seins

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