Chapitre 18 Anomalies de la face et du cou
Introduction
Quelle échographie de la face ?
L’examen de la face fait partie du compte rendu minimum. Il s’effectue en échographie 2D (figures 18.1, 18.2 et 18.3). La technique 3D n’a habituellement pas d’intérêt dans le dépistage, mais elle sert de complément dans le diagnostic des anomalies de la face et du cou. En cas d’accès difficile de la face, comme au cours du 3e trimestre ou en cas de grossesse gémellaire, la technique 3D permet parfois la visualisation du profil fœtal grâce à la reconstruction du plan C (voir le chapitre 3 Échographie 3D et 4D). Parfois aussi, elle permet un dialogue nécessaire avec les parents ou entre les professionnels. Il est plutôt préférable de ne pas utiliser le 3D-4D en routine, au risque de créer, entre les centres d’échographie, des inégalités préjudiciables à la technique elle-même.
Figure 18.2 Coupe de la face ou nez-bouche. Les narines sont visibles () et la lèvre supérieure est intègre ().
Embryologie
Le développement de la face est sous induction de la plaque précordale avec sa participation neurale active. Il s’accompagne de la différenciation d’organes sensoriels qui émanent directement du cerveau en évolution. Les premières ébauches faciales apparaissent à la 4e semaine de grossesse (SG) comme des éminences autour du stomodeum, juste au-dessus du massif cardiaque. Le bourgeon fronto-nasal est le plus rostral ; il recouvre le télencéphale et donne les placodes nasales autour desquelles s’élèvent les éminences nasales – médiale et latérale. Les bourgeons maxillaires et mandibulaires, pairs, dérivent du premier arc branchial de chaque côté et fusionnent sur la ligne médiane vers la 10e SG en limitant la bouche. Le contrefort de la narine résulte ainsi de la fusion de l’éminence nasale médiale avec le bourgeon maxillaire homolatéral, la lèvre supérieure dérivant purement des deux bourgeons maxillaires (figures 18.4 et 18.5).
Figure 18.5 Coupe nez-bouche au 1er trimestre. Mandibule (), lèvre supérieure (), par voie abdominale à 12 SA.
Dans le même temps, se différencie médialement l’ébauche palatine à partir des deux contingents maxillaires et du massif fronto-nasal en train de se rapprocher. Ce palais primaire ne forme qu’une très petite part du palais osseux, l’essentiel dérivant latéralement du maxillaire et de l’os palatin (figures 18.6, 18.7, 18.8 et 18.9), (vidéo 18.1).
Pathologies de la face
Fentes labio-palatines
Elles sont observées dans 1/800 naissances. Un quart des fentes est bilatéral.
Description
La fente peut être labiale, labio-maxillaire ou labio-maxillo-palatine.
L’analyse échographique permet de décrire l’importance de la fente labiale (figures 18.10 à 18.16). Le plus généralement, elle concerne toute la lèvre jusqu’à la narine, avec déviation de la pointe du nez du côté contro-latéral. Le défect maxillaire est mesuré sur une coupe axiale. La fente palatine est recherchée soit directement avec le faisceau ultrasonore passant dans la cavité buccale quand celle-ci est ouverte, soit par la fosse nasale sur une coupe sagittale ; la fenêtre acoustique est étroite et les ultrasons doivent passer à travers l’aile du nez. La position de la langue est vérifiée, la verticalisation de celle-ci signant la fente palatine. L’analyse en Doppler couleur permet, au cours des mouvements respiratoires, de vérifier l’intégrité du palais osseux et membraneux. Dans ce cas, bouche ouverte, deux flux distincts parallèles s’observent : l’un dans la cavité buccale, l’autre dans les fosses nasales (vidéos 18.2, 18.3, 18.4, 18.5 et 18.6)).