Chapitre 17 Malformations de la paroi abdominale et du diaphragme
Malformations de la paroi abdominale
Laparoschisis
Définition et physiopathologie
Le laparoschisis correspond à une aplasie de la paroi abdominale antérieure située à droite de l’implantation du cordon qui est normale. L’intestin éviscéré est toujours le siège d’une malrotation et d’une absence de fixation secondaire à la paroi abdominale postérieure. L’aplasie est toujours de petite taille et intéresse tous les plans : péritoine, muscles et peau. Le cordon ombilical est normal et quasiment toujours séparé de l’orifice pariétal par un pont cutané intact. Plusieurs hypothèses pathogéniques ont été proposées [1] :
La fréquence du laparoschisis est de 1 à 2,5 pour 10 000 naissances avec une égale fréquence entre les deux sexes. L’augmentation de l’incidence laisse supposer l’implication de facteurs tératogènes environnementaux [4]. L’incidence des malformations associées (souvent d’origine ischémique comme une arthrogrypose distale, une schizencéphalie) est rare (8,6 %) et le risque d’anomalie chromosomique n’est pas augmenté [5].
L’exposition prolongée de l’intestin dans le liquide amniotique est responsable d’une réaction inflammatoire appelée périviscérite (péritonite chimique). Les anses sont œdématiées et s’épaississent par des dépôts fibrineux, ce qui réduit leur mobilité. S’associe à cela un mécanisme ischémique d’origine mécanique par compression des vaisseaux mésentériques au niveau du collet pariétal. Dans les formes sévères, cette ischémie intestinale peut se compliquer de sténose, d’atrésie du grêle (11 %), voire parfois de nécrose iléale [1, 6].
Diagnostic
Le diagnostic est actuellement le plus souvent fait lors de l’échographie du 1er trimestre. Les critères diagnostiques [1] sont :
Critères pronostiques
Le pronostic est bon avec un taux de survie dépassant les 90 %. En cas de périviscérite sévère, le pronostic néonatal immédiat peut être compromis et la morbidité postnatale augmentée. La réintégration des anses intestinales responsable d’une augmentation délétère de pression abdominale et d’une accentuation des phénomènes ischémiques peut compromettre le pronostic vital. Il est donc judicieux de tenter de définir des critères prédictifs de ces complications. La surveillance échographique mensuelle jusqu’à 30 SA, puis hebdomadaire, permet d’évaluer certains critères prédictifs de l’évolution et du « bien-être » fœtal :
Prise en charge de la grossesse et surveillance fœtale
Les résultats sont discordants dans la littérature [13–15] sur l’intérêt des amnio-échanges pour ralentir le développement de la périviscérite. Un essai randomisé multicentrique est actuellement en cours en France afin d’évaluer leur intérêt. Ceux-ci sont réalisés toutes les 2 semaines entre 30 et 36 SA.
Il n’existe pas de consensus sur le terme et la voie d’accouchement. Il semble bien établit que les fœtus nés prématurément mais sans signes échographiques défavorables rattrapent les courbes de morbidité des fœtus nés au-delà de 37 SA. Le fait d’éviter une majoration tardive des lésions digestives est à mettre en balance avec les potentielles complications de la prématurité. La méta-analyse de Segel et al. [16] n’a pas montré d’avantage de la césarienne par rapport à la voie basse en termes de morbidité, de mortalité, de durée d’alimentation parentérale et d’hospitalisation. Cependant, ces fœtus fragiles, qui présentent souvent un retard de croissance, ont des épisodes d’altérations du rythme cardiaque fœtal fréquents en dehors mais aussi pendant le travail, ce qui conduit à un grand nombre de césariennes.
Prise en charge médicale et réanimatoire à la naissance
Le succès de la prise en charge médicochirurgicale [6] et l’évolution à long terme de la fonction digestive sont directement corrélés à l’importance des lésions intestinales constituées in utero et de leurs complications potentielles (atrésie, obstruction intestinale, perforation). Le taux de survie est passé de 20 % en 1960 à 90 % en 2009.
Traitement chirurgical (fig. 17.4)
Le plus souvent la réintégration et la fermeture primitive peuvent être réalisées. Cependant, pour que la pression de ventilation ne soit pas trop élevée, on peut être amené à mettre en place une plaque prothétique de type Gore-Tex venant combler le défect musculo-aponévrotique qui sera élargi. La mise en place d’un cathéter central pour assurer un support nutritionnel parentéral postopératoire est systématique. L’intubation et la curarisation sont maintenues jusqu’à la normalisation des pressions intra-abdominales et la reprise de la diurèse. Le transit est en revanche retardé par un iléus postopératoire et, par conséquent, la nutrition parentérale est souvent nécessaire pour des durées variables en fonction des protocoles. L’utilisation d’un protocole de minimal enteral feeding semblable à celui utilisé pour les prématurés devrait permettre de diminuer la morbidité de ces enfants [17].
Les complications postopératoires sont :
Omphalocèle
Définition et physiopathologie
L’omphalocèle est due à l’absence de fermeture de la paroi ventrale de l’embryon avant 11 SA. C’est une hernie médiane à travers l’orifice du cordon ombilical d’une partie des viscères abdominaux. Elle peut contenir l’intestin grêle, le côlon, l’estomac et le foie, et est recouverte par un sac translucide formé du péritoine et de l’amnios espacés par la gelée de Wharton. Le cordon est inséré en haut du sac. Le défect abdominal est de taille variable. Sa fréquence est de 1 pour 2 000 à 4 000 naissances avec un ratio de 5 fœtus masculins pour 1 fœtus féminin. Il n’existe pas de cause tératogène connue ni de relation avec l’âge maternel. Les malformations associées sont fréquentes et s’intègrent dans de nombreux syndromes polymalformatifs, avec ou sans anomalies chromosomiques.
Diagnostic échographique
Il est possible à partir de la 11e SA sur les critères suivants (fig. 17.5) [1] :
Diagnostic anténatal
Le diagnostic prénatal d’omphalocèle impose la recherche d’anomalies associées (67 à 88 % des cas) [18] par une échographie en milieu spécialisé et un caryotype obtenu par biopsie de trophoblaste ou amniocentèse. Les anomalies les plus fréquentes regroupent :