Chapitre 16 Malformations de l’appareil génital
Ce chapitre rebute en général le généraliste qui le trouve compliqué et surtout très spécialisé.
Il faut donc savoir penser aux malformations.
Rappel embryonnaire
Un très bref rappel embryologique est indispensable pour comprendre les malformations (figure 16.1) (Barrière, 1990).
Conduits génitaux internes
Ils vont se développer à partir des deux canaux de Müller en trois étapes.
Étape utérovaginale
à la 10e semaine, les deux canaux s’accolent ;
du tissu mésenchymateux comble l’espace triangulaire séparant les deux cornes utérines ;
la cloison d’accolement des deux canaux commence au niveau de l’isthme et se dirige vers le bas pour former le col (de la 11e à la 13e semaine) ;
la cavité utérine définitive se forme par résorption à partir de l’isthme de ce qui reste de la cloison d’accolement.
Organes génitaux externes
On comprend donc après ce bref rappel que :
les ovaires ont une origine embryologique différente de l’utérus, des trompes et du vagin ;
les canaux de Müller vont former les trompes, l’utérus et les deux tiers supérieurs du vagin ;
les anomalies du développement de ces canaux conduisent à des aplasies, des anomalies d’accolement, des anomalies de résorption des cloisons, ces anomalies pouvant être symétriques ou asymétriques ;
le tiers inférieur du vagin et le vestibule se développent avec le sinus urogénital. Les anomalies de ce segment seront souvent associées à des anomalies du segment urétrovésical ;
enfin, les grandes et les petites lèvres ont une origine embryologique différente du tiers inférieur du vagin.
Différents types de malformations de l’appareil génital
Anomalies des organes génitaux externes
Accolement des petites lèvres (planche 16.1)
À rechercher systématiquement et à traiter dès la naissance, elle se présente comme un raphé transparent avasculaire partiel ou total mais pourvu d’un pertuis dans l’axe du jet urinaire. Le traitement est simple par clivage digital ou par séparation avec une sonde cannelée. À l’âge adulte, leur séparation nécessite une intervention sous anesthésie ou après application de pommade Emla® pendant 15 minutes. On peut utiliser une pommade au promestriène (Colpotrophine®) pour favoriser la séparation des lèvres et leur cicatrisation (Guillaume, 1995).
Imperforation de l’hymen
Elle sera recherchée à la naissance au même titre que l’imperforation anale.
Chez le nouveau-né, elle peut être cause d’une masse pelvienne douloureuse découverte lors de la crise génitale du nouveau-né avec bombement hyménéal. L’échographie permet le diagnostic d’hydrométrocolpos. L’incision de l’hymen sous anesthésie s’impose. Après la puberté, l’imperforation se traduit par une aménorrhée douloureuse avec caractères sexuels secondaires normaux (cf. p. 314). L’examen de la vulve (planche 16.1.c) permet de faire le diagnostic que confirme le toucher rectal qui retrouve une masse pelvienne mollasse, sensible, descendant jusqu’à la vulve.
L’échographie permet de visualiser sous l’utérus le vagin rempli de sang. L’incision de l’hymen sous anesthésie générale permettra l’évacuation de l’hématocolpos.
Malformations majeures ou pseudo- hermaphrodismes
Gynandroïdes : les caractères sexuels étant plus ou moins masculins alors que le sujet a des ovaires.
Androgynoïdes : les sujets ont des testicules mais des caractères sexuels plus ou moins féminins.
Ces anomalies entrent dans le cadre des ambiguïtés sexuelles qui ne seront pas étudiées ici.
Anomalies du vagin (planche 16.2)
Absence congénitale de vagin (1/5000 naissances)
Elle est liée à l’absence de développement de la partie müllérienne du vagin :
le vestibule est plus ou moins dépressible ;
l’utérus est le plus souvent lui aussi aplasique (syndrome de Rokitansky) mais il peut être normal et même fonctionnel avec hématométrie ;
des anomalies urinaires (absence d’un rein, rein ectopique) peuvent s’observer de même que des anomalies vertébrales.
Planche 16.2 Malformation du vagin
Cette anomalie est révélée par une aménorrhée primaire sans douleurs avec des caractères sexuels secondaires normaux. L’examen montre l’absence de vagin (planche 16.2.a et b). Le toucher rectal et l’échographie confirment l’absence de vagin et d’utérus (Paniel, 1996).
Cette anomalie peut trouver un traitement par des dilatations qui vont accentuer la dépression vestibulaire et permettre des rapports (méthode de Franck), par des interventions chirurgicales plastiques (clivage simple guidé par la cœlioscopie) suivies de dilatations ou transposition du sigmoïde (Paniel, 1990). Ces interventions ne sont à faire que lors du début de la vie sexuelle sauf en cas d’association avec un utérus fonctionnel. Bien que la patiente ait des ovocytes en l’absence d’utérus, la grossesse est impossible sauf mère porteuse, ce que la loi française interdit.