12. Investigations complémentaires

Chapitre 12. Investigations complémentaires



Remarques préliminaires

Investigations complémentairesIl est audacieux de résumer en quelques lignes les investigations structurelles ou fonctionnelles qui permettent de compléter l’examen clinique. Les unes sont très courantes, il faut savoir les prescrire et les interpréter. Les autres sont plus récentes et ne se pratiquent qu’en milieu spécialisé, il faut savoir qu’elles existent et comprendre ce qu’elles apportent.


Liquide céphalorachidien

liquide céphalorachidienLa composition du LCR a été décrite plus haut; il faudra interpréter les résultats selon le degré de prématurité et l’âge postnatal. Quelles sont les indications de la ponction lombaire (PL) en période néonatale? Essentiellement dans deux circonstances : risque infectieux ou suspicion de pathologie cérébrale traumatique ou hypoxique. La PL est un geste simple chez le nouveau-né; l’enfant est maintenu fermement en flexion ventrale (pour ouvrir l’espace entre deux apophyses épineuses) soit en position assise, soit en position couchée. Une aiguille avec mandrin est introduite dans l’espace perçu au doigt, au niveau des deux dernières vertèbres lombaires, L4 et L5; après un trajet très court, on perçoit généralement le passage de la dure-mère, le geste est alors arrêté puisque l’aiguille a atteint l’espace sous-arachnoïdien. Le mandrin est ensuite retiré et le liquide coule goutte à goutte (les aspects liés à une piqûre traumatique ont été détaillés précédemment).

Un LCR d’aspect hémorragique peut résulter de l’écoulement d’une hémorragie intracrânienne dans l’espace arachnoïdien périmédullaire; il peut aussi résulter soit d’une blessure vasculaire au cours d’un forceps difficile, soit de l’extravasation d’hématies hors de capillaires dilatés, pour des raisons mécaniques et/ou hypoxiques au cours du travail (le LCR prend un aspect rosé pour un nombre d’hématies autour de 10 000 par mm3).


Fondoscopie

fondoscopieL’examen fondoscopique devrait être fait de façon systématique par le pédiatre, au cours de toute consultation (c’est une habitude qui n’a pas encore été adoptée en France). Chez le nouveau-né, et plus encore chez le prématuré, difficultés techniques ou erreurs d’interprétation sont plus fréquentes :


1. il faut l’aide d’une infirmière et pas mal de patience;


2. la papille est normalement peu colorée, elle est pâle et non rose en raison d’une vascularisation rétinienne encore peu développée, il faut donc être prudent avant de s’orienter vers une atrophie optique;


3. les hémorragies rétiniennes sont très banales (plus d’un tiers des nouveau-nés à bas risque), liées aux phénomènes mécaniques subis par la tête au cours d’un accouchement par voie basse; il est donc imprudent d’en tirer argument en faveur d’un traumatisme obstétrical.

Malgré ces réserves, les informations apportées par la fondoscopie sont précieuses pour les recherches étiologiques en cas d’encéphalopathie néonatale (EN) :


• recherche d’une choriorétinite dans le cadre d’une toxoplasmose fœtale ou d’une maladie virale (en particulier à cytomégalovirus);


• recherche de l’origine possiblement malformative d’une pathologie neurologique (beaucoup de syndromes génétiques associent une pathologie neurologique et une pathologie oculaire);


• enfin, les examens ophtalmoscopiques répétés sont systématiques chez les prématurés recevant ou ayant reçu de l’oxygène, pour le dépistage et la surveillance d’une rétinopathie.


Examens neurophysiologiques


Potentiels évoqués


Potentiels évoqués auditifs

potentiels évoquéspotentiels évoquésauditifsLes potentiels évoqués sont obtenus en dégageant la moyenne des réponses électriques enregistrées par EEG en réponse à des stimulations sensorielles. En effet, la réponse à chaque stimulus (un clic pour les PEA) n’est pas détectable, car elle est noyée dans le bruit de fond de l’EEG; il faut donc extraire sur l’ordinateur une réponse constante relative à un stimulus répété un grand nombre de fois. Le profil de la réponse auditive comporte cinq composants :


• I et II testent le nerf auditif;


• III, IV et V testent la protubérance et le mésencéphale.

Les potentiels auditifs sont utilisés chez le nouveau-né dans deux buts bien distincts. Pour l’audiologiste, c’est le seuil de perception pour différentes fréquences sonores qui est recherché. On peut ainsi définir une audition normale (avec perception de sons faibles, inférieurs à 20 dB) ou une surdité allant d’un déficit léger à un déficit profond (seuil supérieur à 90 dB). Pour le neurologue, c’est le profil des six pics, les latences et amplitudes des ondes enregistrées qui va permettre d’évaluer l’intégrité des voies auditives au niveau du tronc cérébral. En cas d’encéphalopathie hypoxique-ischémique (EHI), les ondes III, IV et V sont peu marquées s’il y a atteinte du tronc cérébral.


Potentiels évoqués visuels

potentiels évoquésvisuelsLe stimulus peut être un flash lumineux ou des images (en damier par exemple); la réponse est enregistrée au niveau du cortex occipital. Si le profil est normal pour l’AG, on peut conclure que, depuis les cellules réceptrices rétiniennes jusqu’au cortex occipital, le système fonctionne. Si le profil est anormal, on ne peut pas définir le siège exact de la lésion (comme on peut le faire avec les PEA). Si une cause rétinienne est suspectée, il faudra compléter les potentiels évoqués visuels (PEV) par un électrorétinogramme (ERG).


Électroencéphalographie


Technique d’enregistrement

électroencéphalographieDeux douzaines d’électrodes sont placées sur le cuir chevelu (miniaturisées et réduites à 16 pour le nouveau-né); les électrodes sont numérotées, selon leur topographie, à droite et à gauche. Les ondes recueillies sont amplifiées et transmises à l’enregistrement sur papier. Les amplitudes sont mesurées en microvolts. L’enregistrement doit être assez long pour évaluer l’activité électrique pendant les différents états de veille et sommeil. On peut faire varier la vitesse de déroulement du papier, attendre en très petite vitesse, reprendre l’enregistrement à vitesse rapide si des figures anormales apparaissent [1].


Aspects typiques chez le nouveau-né à terme

Le tracé à la période néonatale dépend étroitement du stade de maturation du cortex : il faut une organisation corticale suffisante pour entretenir une activité continue. L’aspect du tracé normal n’est donc continu qu’après 37 SA. La différenciation des deux types de sommeil doit être présente, comme illustrée à la figure 12.1.








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Figure 12.1
Différenciation des deux types de sommeil chez un nouveau-né à terme.Dans le sommeil calme : bouffées d’ondes delta de grande amplitude, alternant avec une activité de fond de faible amplitude; absence de mouvements oculaires (non REM). Dans le sommeil paradoxal, activité continue delta-thêta (désynchronisation); présence de mouvements oculaires rapides (REM).


Un tracé normal autour du terme est caractérisé par sa variabilité (puisque les neurones fonctionnent de façon asynchrone) et l’amplitude modérée des figures, amplitude qui reflète le nombre de neurones produisant simultanément des potentiels d’action (figure 12.2).

Attention



La figure 12.2 est une fiction destinée à laisser un souvenir visuel des points importants; il n’est pas question de savoir lire un EEG mais d’entrevoir ce que l’on peut attendre de son interprétation par les électroencéphalographistes.








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Figure 12.2
Quelques aspects électroencéphalographiques.1. Le tracé normal d’un nouveau-né à terme éveillé est fait d’une activité continue très variable. 2. En cas de souffrance HI, le tracé de fond est peu actif et indifférencié, avec des pointes non systématisées. 3. Pointes et ondes lentes contemporaines d’une crise convulsive. 4. Tracé paroxystique, fait de courtes périodes de voltage élevé séparées par des périodes inactives.



Aspects maturatifs chez le prématuré

électroencéphalographieaspectsmaturatifsL’allure générale du tracé EEG change si rapidement entre 28 et 40 SA que, pour le spécialiste, l’analyse du tracé permet d’évaluer «l’âge neurologique» d’un nouveau-né prématuré, au même titre que l’analyse du tonus et de la motricité pour le clinicien. Quelques grandes lignes seulement de cette maturation peuvent être résumées ici : l’EEG du prématuré est physiologiquement discontinu; l’activité de fond est lente avec des ondes delta de grande amplitude, en bouffées séparées par des périodes inactives. Cet aspect discontinu, physiologique à 28 SA, va évoluer graduellement vers un tracé continu. Une activité un peu plus rapide apparaît. La synchronie interhémisphérique se développe également progressivement entre 28 et 40 SA. Les états de veille et sommeil vont se différencier. Comme le clinicien, l’électroencéphalographiste doit donc connaître les profils maturatifs successifs pour analyser correctement la pathologie : un tracé discontinu par exemple est normal à 30 SA mais anormal à 37 SA. Il faudra donc corriger l’âge postnatal pour les interprétations des premiers mois, comme pour l’examen clinique.


Aspects pathologiques

électroencéphalographieaspectspathologiquesL’EEG est indispensable pour confirmer la réalité de crises convulsives. En effet, on l’a vu plus haut, la crise convulsive est le résultat d’une activité synchrone des neurones, elle se manifeste donc par augmentation d’amplitude des ondes; le tracé se modifie, avec des pointes, de grandes ondes, des pointes-ondes (voir la figure 12.2). Les aspects anormaux peuvent être diffus ou en foyer. L’activité électrique devient rythmique avec des éléments de morphologie identique qui se répètent à intervalles réguliers, l’ensemble ayant un début et une fin, et une durée au moins égale à 10 secondes. Si la crise est isolée, le tracé de fond n’est en général pas altéré. Si les crises se répètent (voir le chapitre 14), l’altération du tracé de fond est l’élément le plus inquiétant (paroxystique ou inactif). La durée de cette situation sera évaluée par des EEG répétés chaque jour ou tous les deux jours; l’analyse portera sur la récupération d’un tracé de fond physiologique pour l’âge et sur la réapparition de la différenciation veille-sommeil. Les différents profils évolutifs seront développés dans le cadre de l’EHI.

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May 9, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 12. Investigations complémentaires

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