11: Pathologie de la vulve et du vagin

Chapitre 11 Pathologie de la vulve et du vagin





Pathologie de la vulve


Nous avons vu, au chapitre 1, la manière de conduire l’examen vulvaire. Il nous semble cependant qu’il faille rappeler ici quelques notions propres à l’examen de cette région (Drapier-Faure, 1996).





Lésions rouges (planche 11.1)


Ces lésions sont dues au fait que le lit capillaire est plus visible qu’à l’état normal en raison d’une vasodilatation, d’une diminution de l’épaisseur du tégument ou du développement d’une néovascularisation. Ces lésions rouges s’accompagnent en général de brûlures, de douleurs, voire de saignements du fait de la fragilité de l’épithélium.












Cancer de la vulve


Il peut se présenter sous l’aspect d’une lésion rouge :



image le cancer invasif est accompagné d’une induration qui dépasse la surface rouge. Il siège sur les grandes lèvres en général. La présence d’une tumeur impose le frottis par apposition, la biopsie ;


image le cancer in situ de la vulve ou maladie de Bowen (planche 11.1.d) donne une lésion rouge plane, sans tumeur, palpable chez une femme en général âgée. Le diagnostic doit être fait par la cytologie et surtout par la biopsie au moindre doute. Il faut penser à la possibilité d’un cancer du col ou du vagin associé.



Lésions blanches (planche 11.2)


Elles sont liées à trois facteurs :




Lorsque la kératine est épaisse, l’humidité de la région donne à la peau un aspect blanc comme on le voit sur la plante des pieds après le bain.


L’absence des mélanocytes cutanés peut être congénitale (albinisme) ou acquise (vitiligo).


La diminution de la vascularisation peut être liée à l’âge.


Les lésions blanches sont souvent précancéreuses et lorsqu’il n’y a pas d’explication évidente, il faut faire une biopsie.



Dystrophies vulvaires


On regroupe sous ce terme le lichen scléro-atrophique, les dystrophies hyperplasiques, les dystrophies mixtes.


Le lichen scléreux (planche 11.2.a et b) se voit chez les femmes pré- ou postménopausiques. Il s’accompagne de prurit et de lésions de grattage. La peau est pâle, mince comme du parchemin. Les petites lèvres sont atrophiques ou souvent ont totalement disparu. L’orifice vulvaire est très étroit. Les lésions blanches débordent sur le périnée, la face interne des cuisses en 8, en « fleur de lotus ». On retrouve souvent d’autres lésions de lichen sur le cou, le tronc, les extrémités.


Ladystrophie hyperplasique (planche 11.2.d) s’accompagne aussi de prurit et de lésions de grattage, mais ici la peau est épaisse, avec infiltration du derme.


Lesdystrophies mixtes (planche 11.2.e) combinent les lésions des deux types précédents.


Dans ces deux derniers cas, la biopsie est nécessaire au diagnostic pour éliminer un Paget, un cancer in situ.


Du fait du grattage, des plaques de leucoplasies peuvent apparaître avec ou sans atypie cellulaire à la biopsie. Dans 5 % des cas, un cancer pourra se développer sur ces leucoplasies justifiant une surveillance attentive.


Traitement. Il comprend la prescription de tranquillisants pour calmer le prurit, des bains de siège au permanganate (0,25 g/5 L d’eau), des applications de fluorescéine aqueuse à 1 %.


Dans les lichens scléro-atrophiques, on prescrira des corticoïdes de classe I typeclobétasol (Dermoval®, crème à 0,5 %, 2 fois/jour par exemple) puis on prendra le relais des corticoïdes de classe II type bétaméthasone (Betneval®, Diprosone®, crème, pommade ou lotion 2 fois/jour).


Dans les dystrophies hyperplasiques et mixtes, il faut prescrire d’abord des corticoïdes locaux. Les estrogènes sont contre-indiqués ; en cas d’échec et de lésions majeures, une vulvectomie simple peut être indiquée, c’est exceptionnel.






Lésions noires (planche 11.2)


Elles sont liées à une augmentation de la production de la mélanine dans l’épiderme ou au passage du pigment dans le derme. On distingue :



image les nævus (planche 11.2.h) asymptomatiques bruns plus ou moins foncés : ils doivent être enlevés car ils peuvent se transformer en mélanome, s’ils se modifient ou sont situés en zone de frottement entraînant une irritation fréquente ;


image le lentigo : il peut être unique ou multiple, siégeant sur la peau ou la muqueuse, totalement asymptomatique, il peut entrer dans le cadre d’une lentiginose péri-orificielle (on en retrouve autour de la bouche) d’origine génétique ;


image le carcinome in situ : il se présente sous l’aspect d’une lésion hyperpigmentée dans 20 % des cas. Il y a prurit, ainsi que plusieurs lésions confluentes à surface rugueuse, la biopsie s’impose ;


image le mélanome (planche 11.2.g) : bien que ne représentant que 4 à 5 % des cancers de la vulve, il doit être évoqué devant une lésion noire, surtout si elle est polychrome avec des écailles cornées ; si elle s’étend en surface, en épaisseur. L’excision est la seule manière d’obtenir un diagnostic précis.


Apr 23, 2017 | Posted by in GYNÉCOLOGIE-OBSTÉTRIQUE | Comments Off on 11: Pathologie de la vulve et du vagin

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access