104: Tentatives de suicide de l’enfant et l’adolescent. Prise en charge aux urgences pédiatriques

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Tentatives de suicide de l’enfant et l’adolescent


Prise en charge aux urgences pédiatriques




Introduction


Les conduites suicidaires des enfants et des adolescents représentent un grave problème de santé publique en France. Elles font partie des causes les plus fréquentes de consultations aux urgences pédiatriques pour motif pédopsychiatrique.


Les services d’urgence pédiatriques sont en première ligne dans la prise en charge des patients suicidants du fait du risque physique occasionné par le passage à l’acte suicidaire mais aussi en raison de la difficulté d’accéder rapidement à des soins pédopsychiatriques.


Du point de vue pédopsychiatrique, les suicidants souffrent d’un trouble de gravité très variable. Ils ne présentent pas nécessairement une pathologie mentale identifiable. Néanmoins, le geste suicidaire doit toujours être considéré aux urgences comme étant grave, quelle que soit sa dangerosité médicale. Ce geste est grave car il s’agit d’une atteinte de son corps par le jeune, mais aussi car il témoigne d’une souffrance qui n’a pas pu s’exprimer autrement. Dans ce contexte, il est nécessaire de réaliser une évaluation approfondie du jeune et de sa famille. Outre la possibilité de survenue de complications somatiques potentiellement mortelles, le risque principal est la récidive suicidaire que la prise en charge vise à prévenir.


C’est dans une optique de prévention du risque suicidaire que nous considérerons avec la même gravité, chez l’enfant et l’adolescent, les menaces suicidaires, les idées suicidaires et les tentatives de suicide.



Tentatives de suicide




Épidémiologie


On constate actuellement une augmentation du nombre de tentatives de suicides et des suicides d’enfants et d’adolescents, alors que ce nombre serait stable dans d’autres pays d’Europe.


Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les adolescents et jeunes adultes de 15 à 24 ans, après les accidents.


Il n’existe pas à ce jour de statistiques concernant les tentatives de suicide des enfants. Néanmoins, nous savons qu’environ un tiers des suicidants récidivent, le plus souvent au cours de la première année et que 1 à 2 % des suicidants décèdent par suicide dans l’année suivant leur suicide.


Dans 20 à 30 % des TS, il existe une pathologie psychiatrique sous-jacente (dépression, troubles sévères de la personnalité, état délirant) qui favorise le passage à l’acte.



Ce qu’il faut savoir


Les tentatives de suicide de l’enfant et de l’adolescent témoignent toujours d’une détresse psychique importante. Mais elles ne sont pas systématiquement synonymes de pathologies psychiatriques avérées.


Un passage à l’acte suicidaire de l’enfant et de l’adolescent a souvent été précédé par des signes prémonitoires passés inaperçus. Ainsi, un désinvestissement scolaire, un absentéisme, des troubles du comportement, un repli relationnel, une labilité émotionnelle, des passages à l’acte a minima, des idées ou des menaces suicidaires, sont autant de signes à rechercher lors de l’interrogatoire d’un suicidant.


C’est pourquoi, chez un enfant ou un adolescent déprimé ou anxieux, il faut rechercher systématiquement des idées de suicide.


La qualité de l’accueil et des premiers contacts aux urgences est essentielle dans la prise en charge qui va suivre. De même, les jours qui suivent sont souvent favorables à l’expression de la souffrance du jeune. C’est aussi le moment où la famille est apte à se mobiliser et à entendre les besoins de soins de leur enfant.


Il n’est nullement nécessaire d’être un « spécialiste du suicide » pour s’occuper de jeunes suicidants aux urgences. En fonction de la gravité du geste suicidaire, il faut en mettre en place les soins urgents (médicaux, chirurgicaux voire réanimatoires). Une fois le risque vital écarté, il existe un consensus pour proposer une hospitalisation immédiate en urgence dans un service de pédiatrie qui pourra proposer une prise en charge médico-psychologique.


Pour cela, il est nécessaire que les équipes d’urgence puissent présenter le cadre de l’hospitalisation en pédiatrie et les conditions nécessaires. C’est pourquoi, il est utile de prendre le temps d’accueillir l’enfant ou l’adolescent avec sa famille, souvent bouleversée par ce geste.


Toute tentative de suicide de l’enfant et de l’adolescent, quelle qu’en soit la gravité, doit bénéficier d’une hospitalisation d’environ une semaine. Cette hospitalisation en urgence a pour but de faire une évaluation approfondie, d’obtenir la meilleure compliance possible aux soins psychiques ultérieurs, une bonne prévention des récidives. Elle permet également à l’adolescent de bénéficier d’un bilan somatique complet. Une évaluation pédopsychiatrique de l’enfant, de l’adolescent et de son entourage sera réalisée au cours de plusieurs entretiens individuels et familiaux. Une assistante sociale rencontrera l’enfant et ses parents si le contexte le nécessite.


Les services de pédiatrie avec une équipe de pédopsychiatrie de liaison semblent répondre le mieux aux besoins de ces jeunes grâce à une approche globale somatique et psychique qui inclut traditionnellement les parents et le médecin de famille. C’est pourquoi une hospitalisation en pédiatrie est indiquée dans ce contexte de crise suicidaire.

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May 14, 2017 | Posted by in PÉDIATRIE | Comments Off on 104: Tentatives de suicide de l’enfant et l’adolescent. Prise en charge aux urgences pédiatriques

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