Chapitre 10 Prolapsus génitaux
source de gêne fonctionnelle ;
souvent associés à des fuites d’urines ;
difficiles à traiter car les femmes sont âgées et les tissus fragiles.
Anatomophysiopathologie
Degrés
Trois degrés classiques sont décrits :
utérus : prolapsus utérin proprement dit ouhystérocèle, intéressant l’ensemble de l’utérus, à différencier d’un allongement du col utérin (figure 10.6).
État normal
Vessie, col utérin, haut vagin et bas rectum sont solidaires.
Deux organes sont essentiels à la statique pelvienne :
le faisceau puborectal du releveur de l’anus qui par son tonus maintient l’obliquité des organes et le verrouillage périnéal à l’effort ;
le vagin solidement amarré à l’aponévrose pelvienne latérale (figure 10.7).
Grâce à ce système d’amarrage :
Origine du prolapsus
Les facteurs constitutionnels peuvent être congénitaux :
Ils peuvent surtout être acquis et liés :
Clinique
Interrogatoire
Les signes fonctionnels motivant la consultation sont très divers :
gêne plus ou moins importante liée à l’apparition d’une tuméfaction vulvaire qui écarte les lèvres ;
difficulté pour uriner ou fuite d’urine. La fuite d’urine peut n’apparaître qu’après plusieurs efforts de toux ou de poussée (Amarenco et al., 2001) ;
gêne pour aller à la selle, la patiente devant réduire sa rectocèle avec le doigt vaginal pour émettre les selles ;
incontinence anale aux gaz et/ou aux selles ;
troubles multiples associés (douleurs, pertes, difficultés sexuelles, etc.) dans lesquels il faut établir la part de véritable responsabilité du prolapsus.
Cet interrogatoire doit être poursuivi au cours de l’examen et du bilan préthérapeutique.
Examen clinique
Il associe l’examen au spéculum, complet et démonté, aux touchers vaginal, rectal et bidigital.
Inspection vulvopérinéale à l’effort
le déroulement progressif de la paroi antérieure du vagin : d’abord transversalement striée (colpocèle du segment urétral), puis lisse et régulière (colpocèle du segment vésical), parfois peut apparaître la lèvre antérieure du col (cf. figure 10.1) ;
le déroulement progressif de la paroi postérieure du vagin, avec un sillon plus ou moins profond séparant cette colpocèle postérieure de la fourchette vulvaire (cf. figures 10.4 et 10.5) ;
le col qui peut apparaître à la vulve – hystérocèle (figure 10.8) ou s’extérioriser. Il peut être normal ou présenter un aspect « tapiroïde » avec un allongement de la lèvre antérieure qui paraît plus importante que la lèvre postérieure (figures 10.9 et 10.10) ;
la fuite urinaire par le méat à l’effort de poussée ou à la toux. On notera son importance (goutte à goutte, en jet). Parfois, elle n’apparaît que chez une patiente en position semi-assise ou après avoir réintroduit le prolapsus dans le vagin.
Examen au spéculum
l’exposition du col permet de pratiquer les frottis systématiques, la colposcopie, voire la biopsie ;
on appréciera la trophicité de la muqueuse vaginale, souvent pâle et atrophique après la ménopause et on recherchera une infection à Trichomonas, à Candida ;
on appréciera également l’allongement intravaginal et hypertrophique du col.
Il peut être utile de tirer le col avec une pince de Pozzi pour le voir descendre à la vulve (figure 10.11).
Le spéculum étant démonté, on réalise :
la manœuvre de la valve antérieure qui, appliquée contre la paroi vaginale antérieure, refoule la cystocèle et expose la paroi postérieure du vagin, démasquant un bombement douglassien ou rectal, ou les deux (figure 10.12) ;
la manœuvre de la valve postérieure qui, appliquée contre la paroi postérieure du vagin, permet de juger du bombement du segment vésical du vagin et de mettre en évidence une fuite urinaire masquée (figures 10.13 et 10.14) ;
la manœuvre de la valve postérieure accrochant le col utérin. À l’aide de cette même valve, toujours appuyée vers l’arrière, mais cette fois poussée au fond du cul-de-sac cervicovaginal antérieur, on va refouler le col en haut et en arrière. Cette manœuvre met en tension la paroi antérieure du vagin et à l’épreuve les connexions fibreuses vésicogénitales (figure 10.15). Si celles-ci sont détériorées, un bombement vésical va persister : on a l’association cystocèle + cystoptose. Si elles sont intactes, le bombement d’une cystocèle peut s’effacer. Une incontinence masquée par l’effet pelote d’une cystocèle ou du prolapsus utérin peut alors apparaître.
Figure 10.13 Manœuvre de la valve postérieure, pour bien voir la cystocèle et l’éventuelle incontinence d’urine.
Toucher vaginal
Combiné au palper abdominal, il permet de :
repérer le col utérin, sa longueur, sa position ;
apprécier le volume de l’utérus, sa consistance, sa situation, sa mobilité ;
contrôler l’état des annexes et des paramètres ;
explorer la musculature des releveurs : deux doigts sont introduits dans le vagin, disposés en crochet en direction de la paroi pelvienne (figure 10.16). On demande alors à la patiente de se « retenir » d’uriner ou de pratiquer une adduction des cuisses qui sera contrariée par le clinicien qui interpose son avant-bras prolongé du poing entre les genoux de la patiente (manœuvre de Delbet). La valeur de la contraction musculaire sera cotée de 0 à 5 selon que la contraction est nulle ou au contraire puissante et répétitive. Il faut se méfier d’une inversion de commande périnéale qui se caractérise par une contraction des muscles abdominaux à la place de la contraction du plancher pelvien. La patiente effectue alors des efforts de poussée ;
faire la manœuvre de Bonney, qui consiste à repositionner avec les doigts vaginaux le col utérin sans comprimer l’uretère. Le test de Bonney est dit positif si la fuite des urines à l’effort de toux est stoppée, lorsque l’on glisse deux doigts dans le vagin, de part et d’autre de l’urètre, en les rapprochant du pubis sans le comprimer (figure 10.17) (Villet, 2000).
La manœuvre de soutènement de l’urètre distal (appelée par certains manœuvre de Ulmsten) consiste à introduire une pince longuette ouverte ou deux doigts, un centimètre en arrière du méat et de part et d’autre de l’urètre, en faisant tousser ou pousser la patiente. L’arrêt de la fuite lors de cette manœuvre permet de préjuger de l’efficacité d’une intervention de type tension free vaginal tape (TVT) et confirme l’existence d’une hypermobilité cervico-urétrale (Amarenco et al., 2001).
Toucher rectal
Il explore l’ampoule rectale, le doigt recourbé en direction de l’orifice vulvaire, faisant saillir la poche de la rectocèle (figure 10.18). Si cette manœuvre n’objective pas de détérioration du fascia recti et que l’on a vu une colpocèle haute avec profond sillon postérieur, on est en droit d’envisager l’existence d’une élytrocèle pédiculée.
La manœuvre de Béthoux (figure 10.19) complétera l’examen. Elle consiste à introduire dans le vagin les deux branches habillées d’un clamp courbe et à les placer dans les culs-de-sac latéraux du vagin au niveau du col et de part et d’autre de celui-ci. On s’oppose ainsi à la poussée de la malade en prenant appui sur la fourchette vulvaire. Si cette manœuvre stoppe la fuite urinaire, on peut dire qu’il s’agit d’une incontinence urinaire d’effort, liée à la cystoptose.
Diagnostic
Il faut estimer l’importance de l’infirmité, très variable et difficile à évaluer correctement :
sensation plus ou moins pénible d’inconfort et d’insécurité périnéale ;
douleurs, à rattacher avec beaucoup de prudence au prolapsus. On recherchera une origine urinaire, rectocolique, vésiculaire, pariétale ;
un trouble de la statique pelvienne plus ou moins accompagné d’arthrose, à traiter sélectivement car ces douleurs ne sont pas modifiées par la cure du prolapsus.
Il faut également rechercher :
des métrorragies et des pertes, parfois dues à des lésions dystrophiques ou irritatives du vagin et du col mais toujours suspectes, jusqu’à preuve du contraire, de tumeur maligne (ou bénigne) du vagin, du col, du corps utérin ou des annexes. Un frottis, une échographie vaginale ou une hystéroscopie seront nécessaires avant l’intervention :
pollakiurie, cystalgies, brûlure à la miction : elles sont à explorer par un examen cytobactériologique des urines ;
dysurie obligeant la patiente à des postures incommodes pour uriner ou l’obligeant à réduire son prolapsus pour uriner ;
l’incontinence urinaire d’effort : elle est fréquente et augmente avec l’âge. En France, 10 à 15 % des femmes sont atteintes d’une incontinence d’urine. La patiente dit perdre ses urines lorsqu’elle fait un effort important : à la toux, au rire, à l’éternuement (degré I) ; lors d’un effort modéré, tel du sport (degré II) ou aux simples changements de position (degré III). Ces fuites surviennent sans être précédées de la sensation de besoin. On en fera préciser l’importance : simple fuite de quelques gouttes, fuite importante obligeant à mettre une garniture plus ou moins volumineuse. La mise en place d’un tampon vaginal sans applicateur (car sa consistance est plus ferme) ou d’une garniture interne commercialisée à cet effet (Femcare®) permet souvent de mettre la femme au sec et de confirmer ainsi le mécanisme anatomique de la fuite. L’incontinence urinaire d’effort.sera recherchée de parti pris sur vessie pleine, en faisant tousser, pousser, changer de position (Amarenco, 2001)
la prise de médicaments hypertenseurs de type alpha-bloquants (Allpress®, Minipress®) pouvant diminuer les pressions urétérales ou d’anticholinergiques pouvant déterminer une rétention chronique incomplète susceptible d’engendrer une incontinence par regorgement surtout chez la femme âgée (Amarenco et al., 2001).
L’instabilité vésicale est spontanée, non liée à l’effort et réalise un besoin urgent intense et douloureux que l’on ne peut retenir. Le tableau 10.1 montre les caractéristiques de l’incontinence d’effort et de l’instabilité vésicale ; souvent les troubles sont en fait mixtes.
Incontinence urinaire d’effort (IUE) | Instabilité vésicale | |
---|---|---|
Facteurs déclenchants | Effort, trois types d’IUE : | Spontané, parfois : changement de position, stress, perception de l’eau |
Mode de survenue | ||
Type | Jet bref, synchrone de l’effort, peu abondant | Fuite différée, abondante |
Fréquence mictionnelle | Normale > 2 h | Stay updated, free articles. Join our Telegram channelFull access? Get Clinical TreeGet Clinical Tree app for offline access |