1: La connaissance de la personne

Chapitre 1 La connaissance de la personne



I Le développement de la personne



A L’enfant



1 Le rythme du développement psychomoteur


Le développement psychomoteur concerne l’ensemble des progrès accomplis par l’enfant tant sur le plan moteur que sur le plan psychique. Il dépend de plusieurs facteurs :



La maturation cérébrale est indispensable à la progression du développement dans un ordre donné, étape par étape. Cf. Les axes du développement



Le développement de l’enfant dépend aussi de la qualité des échanges affectifs avec ses proches. Faute d’affection, l’enfant dépérit, son développement s’arrête. La qualité de « l’interaction mère-nouveau-né » a une grande influence sur le cours du développement.







2 Le développement de l’enfant la 1re année


Au cours de la première année, les acquisitions de l’enfant évoluent parallèlement sur les plans moteur, affectif, social et cognitif. La motricité fine (préhension manuelle) et la motricité globale (gestes, postures…) évoluent considérablement. L’enfant va manipuler les objets et passer rapidement de la position allongée à la position assise, puis debout.








Les caractéristiques de l’évolution du développement


Nous allons étudier les principales caractéristiques du développement affectif dans les deux tableaux récapitulatifs. Pour chaque étape du développement, nous verrons le rôle de l’adulte auprès de l’enfant et tout particulièrement le rôle du professionnel. Il est présenté dans la colonne de droite des tableaux.


Tableau 1.4 Le développement affectif et social de l’enfant du 1er au 4e mois.











Développement affectif et social de l’enfant Rôle du professionnel
1er et 2e mois


Il veillera à :




3e et 4e mois
L’enfant s’ouvre au monde.
C’est l’âge de la première socialisation.






Tableau 1.5 Le développement affectif et social de l’enfant de 5 à 12 mois.















Développement affectif et social de l’enfant Rôle du professionnel
5e et 6e mois
C’est l’âge de :


Il veillera à :



7e et 8e mois
C’est l’âge de :


Il veillera à :



9e-10e mois / 11e-12e mois




Il veillera à :








L’évolution du langage la 1re année


Des vagissements de la naissance aux doubles syllabes des 12 mois en passant par les vocalises et les lallations, l’enfant fait la première année des progrès considérables dans le domaine du langage.


Tableau 1.6 L’évolution du langage la première année.



















Âges Rôle du professionnel
Le 1er mois
L’enfant émet des vagissements (sons gutturaux, rauques).
Il veillera à :
parler souvent au nourrisson ;



De 2 à 4 mois


De 5 à 8 mois


Il veillera à :



De 9 à 10 mois
L’enfant utilise d’abord les monosyllabes : petit jargon non significatif (ex. : MA, PA, DA…).
Il veillera à :





De 11 à 12 mois





3 Le développement de l’enfant la 2e année


Au cours de la deuxième année, l’acquisition de la marche permet à l’enfant d’accéder à un nouvel espace lui offrant une multitude de nouvelles expériences. « Les acquisitions sensori-motrices, en augmentant les possibilités de communication de l’enfant, contribuent à la prise de conscience de soi. » (H. Wallon)




Le développement affectif et social


Vers la fin de la première année, l’enfant multiplie ses activités et s’éloigne du regard de sa mère. Cette prise d’autonomie de l’enfant génère des dangers et ainsi la mise en place d’interdits parentaux.





Le tableau reprend les principales acquisitions lors du développement affectif et social.


Tableau 1.7 Le développement affectif, social et du langage de 1 à 2 ans.


















1. Développement affectif et social Rôle du professionnel
De 12 à 18 mois
C’est l’âge de la marche : l’enfant acquiert plus d’autonomie


Il doit veiller à favoriser l’autonomie de l’enfant.
Il doit :



Ex. : « Tu veux monter sur le vélo de Jules. Tu n’y arrives pas et tu pleures. Prends le porteur, il est aussi sur roulettes… »
De 18 à 24 mois





Il doit veiller à réduire l’agressivité qui se manifeste chez les enfants, particulièrement en collectivité, il doit pour cela :





2. Le langage Rôle du professionnel




Il doit aider l’enfant à développer son langage.
Il doit :






« Tu dis “papa pati” : tu veux dire que ton papa va partir, viens on va lui dire au revoir. »



De 0 à 2 ans : l’intelligence sensori-motrice


Jean Piaget2 estime que le développement cognitif de l’enfant apparaît comme une succession de trois grandes constructions :





L’intelligence sensori-motrice caractérise la période s’étendant de 0 à 2 ans. Elle se développe grâce à des expériences concrètes.


Tableau 1.8 Le développement cognitif de 0 à 2 ans.


















L’intelligence sensori-motrice Situations
Au 1er mois
Actions réflexes : ex. : la succion est une conduite innée, l’enfant sait téter sans apprendre à téter.
Emma (7 jours) tète goulûment le sein. Si on le lui retire, elle le recherche avec avidité.
De 2 à 8 mois
Actions découvertes par hasard : c’est en manipulant un objet que l’enfant apprend à le connaître.


Louna (2 mois) trouve par hasard son pouce et le met dans sa bouche. Elle le tète et a du plaisir. Elle va répéter ce mouvement pour avoir à nouveau du plaisir.
Jade (5 mois) est dans son berceau. Elle voit un cordon qui pend et par hasard tire dessus, ce qui fait bouger un objet. Le résultat lui plaît. Elle va répéter souvent ce mouvement pour avoir à nouveau le plaisir de voir bouger l’objet.
De 8 à 12 mois


Matheo (12 mois) convoite du regard sa timbale. Il tend la main, ne peut s’en emparer.
Après plusieurs tentatives malheureuses, il agrippe la nappe et tire la timbale à lui…
De 12 mois à 2 ans
Perfectionnement de l’intelligence sensori-motrice :


Maëlys (14 mois) a vu sa mère cacher son ours sous un foulard. Pour le retrouver (but prémédité), elle va soulever le foulard (moyen d’action) qui le cache. Elle récupère ainsi son ours.



4 Le développement de l’enfant la 3e année


Au début de la troisième année, l’enfant a une vie sociale très enrichie par ses nouvelles acquisitions motrices. Ainsi il va demander de plus en plus à l’adulte de partager les activités de la vie quotidienne (mettre le couvert, desservir la table…). Il est souvent autorisé à faire « seul », ce qui renforce son autonomie.




Le développement affectif et social


L’enfant de 2 à 3 ans commence à bien se différencier des autres et prendre position par rapport à eux. Dans ses relations avec autrui, il est tantôt acteur, tantôt spectateur.


Cette prise de « conscience de soi » se traduit par la crise d’opposition et de négativisme, dite crise de la personnalité : l’enfant s’oppose sans cesse à l’autre, lui dit « non », s’entête, n’obéit pas et refuse d’être aidé : il veut tout faire seul. Il affirme par là sa personnalité naissante, la différence entre lui et l’autre, l’accession à son « je ». L’adulte devra aider l’enfant à s’affirmer, en favorisant sa sociabilité, son ouverture à autrui.


Le récapitulatif du développement affectif et social est présenté dans le tableau ci-après.


Tableau 1.9 Le développement affectif, social et du langage de 2 à 3 ans.












Développement affectif et social Rôle du professionnel


Le professionnel veillera à :







De 2 à 4 ans : l’intelligence opératoire concrète3


Le développement cognitif de 2 à 4 ans passe par l’intelligence opératoire concrète. Selon J. Piaget, à partir de 2 ans, l’enfant construit ses premières images mentales : il n’agit plus par tâtonnements successifs, mais il réfléchit pour trouver la solution dans sa tête, puis il agit. C’est le stade de la compréhension soudaine et des véritables conduites intentionnelles.





L’imagination


La pensée de l’enfant durant cette période est encore intuitive et égocentrique. Il ne peut se décentrer de son propre point de vue et mettre ses différentes perceptions successives en rapport les unes avec les autres. Sa pensée se caractérise par certains traits de raisonnement : l’animisme et le réalisme4. Le tableau ci-après présente le développement cognitif de 2 à 4 ans.


Tableau 1.10 Le développement cognitif de 2 à 4 ans.









L’intelligence opératoire concrète Études de situation
L’intelligence opératoire concrète est une intelligence qui s’appuie sur une pensée concrète. L’enfant, grâce à des représentations mentales, peut évoquer des situations réelles passées. La pensée a une fonction symbolique mais ne se réduit pas à elle.


Lisa (2 ans) sait que sa mère est arrivée car elle voit le panier à provisions sur la table de la cuisine.
Nadia (3 ans) se plaît à pétrir la pâte pour faire une tarte. Elle a mis le tablier et pris un rouleau à pâtisserie… Elle reproduit les gestes qu’elle a vu faire par sa mère la veille…
Noah (3 ans ½) joue « à l’école ». Il mime les gestes de Marc (l’instituteur).
Léa (3 ans) raconte à sa mère les vacances passées au bord de mer chez sa mamie… avec gestes à l’appui !
Nathan (3 ans) parle à « Toto »… ; que personne ne voit. Il l’emmène en promenade avec lui, lui fait ses confidences.
Lisa (3 ans ½) bat la table à laquelle elle s’est heurtée et lui dit « méchante ! »
Louise (3 ans) dit qu’elle a vu la souris blanche prendre ses petites dents sous l’oreiller pendant la nuit.



Le contrôle des sphincters (de 2 à 3 ans)


Le contrôle des sphincters aboutit à l’acquisition de la propreté. C’est une étape essentielle de l’autonomie de l’enfant ; acquisition naturelle, spontanée, elle ne nécessite pas d’apprentissage.







L’acquisition du schéma corporel


Le schéma corporel est « l’image que toute personne a de son corps, de ses attitudes dans le temps, dans l’espace et dans ses relations avec autrui ». C’est un élément indispensable à la construction de la personnalité. Dès la naissance, l’enfant possède différents outils de communication. Il les utilise progressivement dans ses échanges avec autrui.


La structuration de l’espace et du temps s’établit sur les bases du schéma corporel indispensable à l’enfant pour maîtriser l’environnement qui l’entoure.





Apr 14, 2020 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 1: La connaissance de la personne

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