Traitement des thromboses veineuses

28. Traitement des thromboses veineuses

Hélène Barreteau


Praticien hospitalier, pharmacien, hôpital intercommunal de Chaville, Saint-Cloud, Sèvres, Ville d’Avray Saint-Cloud, France

Éric Francois


Praticien hospitalier, cardiologue, hôpital intercommunal de Chaville, Saint-Cloud, Sèvres, Ville d’Avray, Saint-Cloud, France


PLAN DU CHAPITRE







Physiopathologie530




Épidémiologie530


Diagnostic530


Médicaments utilisables532




Traitement médicamenteux532


Moyens mécaniques534


Pharmacodynamie et pharmacocinétique535


Critères de choix thérapeutique537




Traitement préventif537




Héparine non fractionnée537


Héparine de bas poids moléculaire538


Autres médicaments539


Traitement curatif540




Héparine non fractionnée540


Héparine de bas poids moléculaire540


Antivitamines K540


Autres médicaments540


Diagramme thérapeutique541


Optimisation thérapeutique542




Optimisation posologique542




Posologies et plan de prises542


Surveillance biologique545


Adaptation posologique546


Optimisation de l’administration548




Héparine548


Héparines de bas poids moléculaire548


Anticoagulants oraux548


Autres médicaments548


Prévention de l’iatropathologie548




Prévention des risques majeurs548


Prévention des effets indésirables551


Conseils au patient556


Conclusion556


CE QU’IL FAUT RETENIR557


ÉTUDE DE CAS CLINIQUES557


Références bibliographiques560


La prise en charge de la maladie thromboembolique veineuse (MTEV) est actuellement bien codifiée en France par des consensus médicaux (consensus SFAR 2005; Geerts, 2004; Buller, 2004; Haas, 1993). Les études épidémiologiques montrent que la MTEV reste une cause importante de mortalité et de morbidité à tel point que le législateur (loi du 9 août 2004) a fixé comme objectif de santé publique une réduction de 15% des thromboses veineuses profondes d’ici 2008.


GÉNÉRALITÉS



PHYSIOPATHOLOGIE


Les thromboses veineuses sont matérialisées par la présence d’un caillot fibrinocruorique dans le réseau veineux et se compliquent ou non d’embolie pulmonaire. Tous les territoires veineux peuvent être le siège de thromboses mais les veines des membres inférieurs sont plus fréquemment impliquées. Les mécanismes qui interviennent dans la formation des thromboses veineuses sont les trois éléments de la triade de Virchow (Emmerich, 1996):




– la stase sanguine;


– les lésions de la paroi du vaisseau;


– l’altération de l’équilibre de l’hémostase congénitale ou acquise.

Les thrombi se développent initialement dans les sites de bas débit sanguin (stase veineuse) au niveau des poches valvulaires où s’accumulent facteurs activés de la coagulation, plaquettes, leucocytes et globules rouges. L’extension progressive du thrombus entraîne l’occlusion veineuse permettant alors l’extension rétrograde du thrombus.

L’accumulation des facteurs activés de la coagulation est indispensable à la formation du thrombus. Le facteur VII en se complexant au facteur tissulaire active la voie extrinsèque de la coagulation et conduit à la fibrinoformation. Le facteur IX est activé en facteur IXa puis le facteur X en Xa pour aboutir à la transformation de prothrombine en thrombine. Le facteur tissulaire est une protéine régulatrice de l’activité enzymatique du facteur VIIa. Le facteur tissulaire intervient non seulement dans la coagulation extrinsèque mais il active également directement le facteur IX et la voie intrinsèque (Horellou, 1994; Emmerich, 1997; Gagnadoux, 1998; Hirsh, 1999). Le schéma de la coagulation est donné en figure 28.1.








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Figure 28.1
Schéma de la coagulation et de la fibrinolyse.


La chirurgie, les traumatismes, les brûlures, les cancers favorisent l’activation de la coagulation.

Après une thrombose veineuse, la paroi veineuse perd une partie de son élasticité et s’épaissit, ce qui favorise les récidives (Lacroix, 1995) et la survenue d’un syndrome post-thrombotique responsable de séquelles trophiques, hypodermites et ulcères de jambe.


Épidémiologie


En France, le nombre de cas de thromboses veineuses est estimé à environ 50 000 à 100 000 cas qui conduisent à environ 5 000 à 10 000 décès par an (Pouchain, 2003). L’incidence des thromboses veineuses profondes en postchirurgie générale est de 24%, dont 7% de thromboses proximales. Pour la chirurgie orthopédique, les taux sont de 51%, dont 26% de thromboses veineuses proximales. La mortalité spontanée d’une thrombose veineuse est de 30% sans traitement (Ninet, 1995).


Diagnostic



► Techniques de diagnostic


Le diagnostic peut être évoqué devant des signes cliniques ou fonctionnels: douleur spontanée ou provoquée à la palpation du mollet (60%), œdème ferme, augmentation de la chaleur locale, circulation collatérale, parfois associées à un fébricule.

L’existence de signes généraux (fièvre, tachycardie, angoisse) ou de douleur thoracique et de dyspnée doit faire rechercher une embolie pulmonaire (Boccalon, 1996; Becker, 1996).

Les examens complémentaires sont les suivants.



Échographie couplée au Doppler pulsé (codage couleur)

C’est l’examen de référence permettant de visualiser le thrombus et son extension proximale éventuelle. C’est un examen sensible, spécifique, de modalité pratique simple mais nécessitant un examinateur expérimenté.


Phlébographie bilatérale

Elle n’est quasiment plus utilisée; elle permet cependant de bien visualiser les veines iliaques et cave et elle reste nécessaire en cas d’indication chirurgicale ou de pose d’un filtre cave.


Dosage des D-dimères par technique ELISA

C’est un examen sensible mais peu spécifique. Un test négatif élimine a priori une thrombose veineuse (figure 28.2), (Ginsberg, 1998). Une absence de signes cliniques évocateurs et un dosage négatif excluent de façon quasi certaine une embolie pulmonaire (Kearon, 2006). La valeur prédictive négative de ce dosage est de 98%.








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Figure 28.2
Obtention des D-dimères lors de la dégradation de la fibrine.



Scintigraphie de ventilation-perfusion

Technique utilisée en première intention.

En cas de perfusion normale, la sensibilité peut atteindre 95%, en cas de forte probabilité, la spécificité atteint 92%. Mais seulement 30 à 50% des scintigraphies correspondent à ces critères, les autres étant non diagnostiquées.


Angioscanner spiralé

C’est un examen non invasif utilisé en première intention, l’irridiation est moindre qu’avec la scintigraphie (sensibilité 95%, spécificité 97%).


Angiographie pulmonaire

C’est un examen invasif qui peut être utilisé en cas de doute persistant.

Le contrôle de la scintigraphie pulmonaire à 10 jours permettra de valider le diagnostic et de suivre l’évolution (Goldhaber, 1998). Une scintigraphie de contrôle est pratiquée 3 à 6 mois après, juste avant l’arrêt des anticoagulants. La sensibilité de cet examen est d’environ 98%. Les diagnostics différentiels de la phlébite sont:




– le lymphœdème; l’érysipèle, une lymphangite, une cellulite inflammatoire; la rupture d’un kyste poplité;




► Diagnostic étiologique


La maladie thromboembolique est une affection multifactorielle, les facteurs de risque sont différents de ceux associés aux thromboses artérielles; on peut par souci nosologique les regrouper en trois groupes:




– les facteurs environnementaux acquis;


– le cancer et les hémopathies;


– les facteurs génétiques ou acquis de thrombophilie.


• Facteurs de risque acquis

Ils comportent l’âge, les antécédents de thromboses veineuses ou d’embolie pulmonaire, l’immobilisation (plâtre), la stase veineuse (voyage de longue durée par transport: car, train, avion, compression de la veine iliaque gauche par syndrome de Cockett ou de la veine sous-clavière par syndrome du défilé thoraco-brachial), la chirurgie orthopédique, gynécologique, urologique, la neurochirurgie, le polytraumatisme, la chirurgie générale (le risque semble se maintenir même après la sortie hospitalière dans certains cas jusqu’à 6 semaines), les pathologies médicales telles l’insuffisance cardiaque, les maladies neurologiques (hémiplégies), les pathologies immunitaires (lupus), la maladie de Crohn et de Behçet, la rectocolite hémorragique, l’hémoglobinurie paroxystique nocturne, la grossesse, le post-partum, les traitements œstroprogestatifs ainsi que le thalidomide et le tamoxifène.


• Cancer et hémopathie maligne

Environ 10% des patients ayant une thrombose veineuse idiopathique auront un cancer dans l’année suivante (jusqu’à 30% si la thrombose est bilatérale). Les cancers les plus retrouvés sont ceux de l’ovaire, du pancréas, du foie et du cerveau. Les syndromes myéloprolifératifs sont fréquemment responsables de thrombose notamment polyglobulie et thrombocytémie (Vaquez).

Devant une thrombose idiopathique, un bilan minimal sera effectué: un examen clinique avec toucher pelvien, une radiographie de thorax, une numération formule sanguine, une vitesse de sédimentation, un dosage de CRP, une mammographie et une échographie pelvienne chez la femme et un dosage de PSA chez l’homme.

Les autres examens sont demandés en cas d’orientation clinique mais ne sont pas systématiques: une fibroscopie gastrique et une colonoscopie, une échographie abdominale, un scanner et une fibroscopie bronchique.


• Facteurs de risque génétiques ou acquis de thrombophilie

Les facteurs acquis sont représentés principalement par le syndrome des antiphospholipides (5% des cas), reconnus par dosage biologique des anticorps anticardiolipides et d’anticorps anticoagulant circulant de type lupique. Il est nécessaire de répéter le dosage 2 mois après.

Les facteurs génétiques sont fréquents et on peut distinguer:




– les déficits en inhibiteurs de la coagulation par mutations familiales rares mais associées à un risque relatif de thrombose élevé (antithrombine III, protéine C, protéine S);


– des polymorphismes fréquents avec risque de thrombose plus faible (facteur V Leiden ou résistance à la protéine C activée concernant 5% de la population et 20% des thromboses veineuses, mutation G202110A de la prothrombine et dysfibrinogénémie).

D’autres facteurs se sont développés plus récemment: l’hyper-homocystéinémie, l’augmentation du facteur VIII au-delà de 150%, ainsi que du facteur IX et XI.

Le bilan biologique de thrombophilie doit être réservé aux thromboses du sujet jeune (moins de 45ans), aux récidives, aux thrombophilies familiales.

Les conséquences pratiques de ces thrombophilies ne sont pas encore bien codifiées.

Les thromboses veineuses doivent impérativement être traitées en raison du risque de complication: embolie pulmonaire pouvant être fatale, hypertension artérielle pulmonaire à long terme et si récidive une insuffisance veineuse post-thrombotique.

Le traitement est de 3 à 6 mois en cas d’un premier épisode avec facteur de risque réversible, 6 mois au moins en cas de thrombose idiopathique, 12 mois voire au long cours en cas de récidive ou en cas d’association de thrombose avec cancer, anticorps antiphospholipides, déficit en antithrombine III (conférence de consensus American College of Chest Physician 2001).


MÉDICAMENTS UTILISABLES



Traitement médicamenteux



► Héparine non fractionnée



• Traitement préventif des thromboses

L’héparine a été le premier médicament utilisé dans le traitement préventif et curatif des thromboses veineuses profondes et des embolies pulmonaires. L’héparine standard encore appelée non fractionnée (HNF) a été découverte par Mac Lean en 1924. Elle est obtenue par extraction à partir de muqueuse intestinale de porc ou de poumon de bœuf.

Le schéma classiquement utilisé en prévention est basé sur les modèles dits de Kakkar (1972) en 5 000UI 2 fois par jour par voie sous-cutanée en chirurgie générale et de Leyvraz (1983) en 5 000UI 3 fois par jour en chirurgie orthopédique en injection sous-cutanée.

Le seul produit actuellement disponible est l’héparine calcique en seringues préremplies à 0,2, 0,3, 0,5, 0,8 et 1mL (1mL = 25 000UI). En France, il n’existe plus qu’une spécialité: Calciparine.


• Traitement curatif des thromboses


L’HNF a été le premier médicament utilisé dans le traitement des thromboses veineuses profondes. Le schéma classiquement utilisé est l’HNF à la seringue électrique pendant environ 5 jours à la dose de 480UI/kg/jour. La posologie est adaptée au vu des résultats du TCA qui doit être compris entre 2 et 3 fois le temps du témoin.

En France, le seul médicament encore commercialisé en ville est l’héparine sodique: 1mL = 5 000UI et 5mL = 25 000UI: Héparine Choay.

Panpharma fournit de l’héparine à 2 500UI/1mL et à 25 000UI/5mL mais ce médicament est réservé aux hôpitaux.


► Héparines de bas poids moléculaire



• Traitement préventif des thromboses

Les héparines de bas poids moléculaire sont obtenues par traitement enzymatique ou chimique de l’héparine. Le traitement consiste en une dépolymérisation réalisée à partir d’acide nitreux (nadroparine, daltéparine, réviparine), par une solution alcaline (énoxaparine) ou par l’héparinase (tinzaparine).

Toutes les présentations listées dans le tableau 28.1 ont une AMM en France pour le traitement prophylactique de la maladie thromboembolique veineuse en chirurgie générale ainsi qu’en chirurgies orthopédique et oncologique en une seule injection par jour.































Tableau 28.1 HBPM avec AMM en traitement préventif des thromboses sur le marché français.
UI: unité internationale anti-Xa: activité anti-Xa d’une unité du premier étalon international d’HBPM (OMS 85 600) mesurée par méthode amidolytique sur plasma sans addition d’antithrombine III.
DCI Noms commerciaux Présentations
nadroparine Fraxiparine Seringues préremplies: 0,2mL = 1 900UI
– 0,3mL = 2 850UI – 0,4mL = 3 800UI – 0,6mL = 5 700UI
énoxaparine Lovenox Seringues préremplies: 20mg = 0,2mL = 2 000UI
– 40mg = 0,4mL = 4 000UI 60mg = 0,6mL = 6 000UI
daltéparine Fragmine Seringues préremplies: 0,2mL = 2 500UI
– 0,2mL = 5 000UI
réviparine Clivarine Seringues préremplies: 1 432UI = 0,25mL
– 3 436UI = 0,60mL
tinzaparine Innohep Seringues préremplies: 2 500UI = 0,25mL
– 3 500UI = 0,35mL – 4 500UI = 0,45mL

Dans tous les tableaux, les héparines de bas poids moléculaire sont listées en fonction de leur ordre de commercialisation sur le marché français.


• Traitement curatif des thromboses

Avec ces molécules, la prise en charge en ville des thromboses veineuses est facilitée, notamment pour les thromboses situées sous l’arcade crurale qui ne se compliquent pas d’embolie pulmonaire. Ces traitements permettent de ne pas immobiliser les malades, ce qui supprime au moins un facteur de risque d’aggravation de la thrombose (étude multicentrique européenne, 1991; Alhenc-Gelas, 1997) (tableau 28.2).
































Tableau 28.2 HBPM commercialisées en France en traitement curatif.
DCI Noms commerciaux Présentations
nadroparine Fraxiparine Seringues préremplies: 0,4mL = 3 800UI – 0,6mL = 5 700UI – 0,8mL = 7 600UI – 1mL = 9 500UI
énoxaparine Lovenox Seringues préremplies: 60mg = 0,6mL = 6 000UI – 80mg = 0,8mL = 8 000UI -100mg = 1mL = 10 000UI
daltéparine Fragmine Seringues préremplies: 0,75mL = 7 500UI – 1mL = 10 000UI
réviparine Clivarine Seringues préremplies: 3 436UI/0,6mL et 5 153UI = 0,90mL
tinzaparine Innohep Seringues préremplies: 0,5mL = 10 000UI – 0,7mL = 14 000UI – 0,9mL = 18 000UI
nadroparine Fraxodi Seringues préremplies: 0,6mL = 11 400UI – 0,8mL = 15 200UI – 1mL = 19 000UI


► Antivitamines K



• Traitement préventif des thromboses

























Tableau 28.3 Anticoagulants oraux commercialisés en France.
DCI Noms commerciaux Présentations Posologies moyennes
acénocoumarol Sintrom
MiniSintrom
Comprimés quadrisécables 4mg
Comprimés 1mg
4mg dose initiale puis 4 à 8mg/jour en 2 prises
warfarine Coumadine Comprimés sécables 2mg et 5mg 6mg dose initiale puis 4 à 10mg/jour en une prise
fluindione Préviscan Comprimés sécables 20mg 20mg dose initiale puis 20 à 40mg/jour en 1 prise


• Traitement curatif des thromboses

Les AVK sont indiqués dans les thromboses veineuses profondes en relais de l’héparine, en dehors d’un trouble grave de la coagulation. Ils sont utilisés également dans les embolies pulmonaires prouvées et en prévention de leur récidive.

Les anticoagulants actifs par voie orale ne sont pas des traitements d’urgence. Il leur faut plusieurs jours pour être actifs.


► Autres médicaments



• Traitement préventif des thromboses



Danaparoïde sodique Orgaran

Ce composé est indiqué dans le traitement prophylactique de la maladie thromboembolique en chirurgie oncologique et orthopédique chez les patients atteints ou non de thrombopénie induite par l’héparine (TIH) de type II aigu ou ayant des antécédents documentés de TIH de type II et nécessitant un traitement antithrombotique par voie parentérale. La présentation est en ampoules de verre (0,6mL = 750 U anti-Xa) à la concentration de 1 250UI anti-Xa/mL. La posologie est de 750UI 2 fois par jour par voie sous-cutanée. La posologie sera augmentée à 1 250UI deux, voire 3 fois par jour pour des patients d’un poids supérieur à 90kg.

Hirudines


Désirudine Révasc

Elle est indiquée dans la prévention des thromboses veineuses profondes en chirurgie orthopédique (prothèse de hanche ou de genou). Il est préférable de l’utiliser chez les malades à risque de thrombopénie induite. Un flacon contient 15mg de désirudine correspondant à 270 000 unités antithrombine, soit 18 000 unités par mg. La posologie est de 15mg 2 fois par jour par voie sous-cutanée pendant 7 à 10 jours.


Lépirudine Refludan

Elle est indiquée uniquement en cas de thrombopénie induite par l’héparine de type II avec nécessité de traitement antithrombotique par voie parentérale et en cas de maladie thromboembolique. Un flacon contient 50mg de lépirudine/1mL. La posologie est de 0,15mg/kg/h en perfusion avec un bolus intraveineux préalable de 0,4mg/kg pendant 2 à 10 jours. Le traitement par ce médicament nécessite une surveillance particulière.


Fondaparinux Arixtra

Le fondaparinux est un pentasaccharide. C’est le premier inhibiteur sélectif du facteur X activé (Xa). Il est indiqué dans la prévention des événements thromboemboliques veineux en chirurgie orthopédique majeure du membre inférieur, en chirurgie abdominale et chez les patients alités pour une affection médicale aiguë (Cohen, 2006).

La posologie est d’une seule injection sous-cutanée par jour de fondaparinux à la dose de 2,5mg.

La durée du traitement peut être de 20 jours environ.

Les dosages commercialisés sont les suivants: 2,5mg/ 0,2mL pour le traitement préventif des thromboses veineuse profondes.


• Traitement curatif des thromboses



Danaparoïde sodique Orgaran

Il est indiqué dans le traitement curatif des manifestations thromboemboliques chez les patients atteints de TIH de type II aigu ou ayant des antécédents documentés de TIH de type II et nécessitant un traitement antithrombotique par voie parentérale. La présentation est la même que celle décrite ci-dessus. La posologie est plus élevée, soit par voie IV avec un bolus préalable de 2 500UI puis une perfusion continue de 400 U/h pendant 4 heures, 300 U/h pendant 4 heures et adaptation au vu du dosage de l’activité anti-Xa, soit par voie sous-cutanée avec un bolus de 2 500UI et administration de 2 500UI 2 fois par jour, soit 2,4mL par voie sous-cutanée à chaque administration.


Lépirudine Refludan

Cette hirudine est indiquée comme traitement anticoagulant en cas de thrombopénie induite par l’héparine de type II avec nécessité de traitement antithrombotique par voie parentérale. Un flacon contient 50mg de lépirudine pour 1mL. La posologie est de 0,15mg/kg/h en perfusion avec un bolus intraveineux préalable de 0,4mg/kg pendant 2 à 10 jours.


Fondaparinux Arixtra

Il est indiqué dans le traitement curatif des thromboses veineuses profondes et des embolies pulmonaires non graves (Buller, 2003; 2004).

La posologie est de 7,5mg une fois par jour en injection sous-cutanée pour les patients dont le poids est compris entre 50 et 100kg, 5mg pour ceux dont le poids est inférieur à 50kg et 10mg pour ceux dont le poids est supérieur à 100kg.

Les dosages commercialisés sont les suivants: 5mg/ 0,4mL, 7,5mg/0,6mL et 10mg/0,8mL pour le traitement curatif des thromboses veineuses profondes et des embolies pulmonaires.


Moyens mécaniques


La compression pneumatique intermittente a montré une efficacité en diminuant l’incidence des thromboses veineuses. Les bas antithromboses ont également montré leur efficacité. L’association des médicaments et des techniques mécaniques donne de meilleurs résultats (Barreteau, 1991). Ces techniques ne seront pas développées dans ce chapitre. Néanmoins, elles sont développées dans les recommandations SFAR 2005.


Pharmacodynamie et pharmacocinétique



► Héparine



• Pharmacodynamie


L’action de l’héparine se fait par liaison avec l’antithrombine III (AT III), inhibiteur physiologique de la coagulation dont elle accélère l’effet neutralisant vis-à-vis principalement de la thrombine (facteur IIa), du facteur Xa (facteur Stuart activé) et du facteur IXa (antihémophilique B activé). L’inactivation de la thrombine intervient en particulier au niveau des boucles de rétroactivation positive quand la thrombine active les facteurs V et VIII, étape essentielle de l’amplification du mécanisme de la coagulation (figure 28.3). Deux tiers des molécules d’HNF n’ont pas d’affinité pour l’ATIII.








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Figure 28.3
Impacts des différents médicaments sur le schéma de la coagulation et de la fibrinolyse.


Les chaînes qui ont une forte affinité pour l’AT III contiennent une unité pentasaccharidique qui est responsable de la liaison à l’AT III nécessaire à l’activité de l’héparine. Il existe trois groupes de chaînes, courtes (MM de moins de 5 400 d), moyennes (MM entre 5 400 et 10 000 d) et longues (MM supérieure à 10 000 d). Les chaînes courtes ont une action sur le facteur anti-Xa et les chaînes moyennes agissent sur le facteur anti-Xa et anti-IIa. Après liaison à l’ATIII et neutralisation des facteurs activés de la coagulation, la molécule d’héparine est libérée et peut alors servir plusieurs fois en tant que catalyseur des réactions d’inhibition. L’HNF a un rapport activité anti-Xa sur anti-IIa égal à 1. Ceci signifie que son activité est équivalente sur ces deux facteurs de l’hémostase.


• Pharmacocinétique

La biodisponibilité de l’héparine est de 30% par voie sous-cutanée. Elle est détruite par les enzymes digestives et n’a aucune action par voie orale. La cinétique d’élimination de l’héparine est non linéaire, l’élimination étant dépendante de la dose administrée. Elle s’effectue par deux mécanismes: l’un est lié à une fixation sur les cellules endothéliales de la paroi vasculaire et l’autre est dépendant de la clairance rénale.

Néanmoins, l’HNF n’a pas de modification substantielle de son activité ou de sa diffusion lorsque la dose est augmentée.


► Héparine de bas poids moléculaire



• Pharmacodynamie

Les HBPM n’allongent pas le TCA. Elles ont une faible activité anti-IIa et une activité anti-Xa qui n’est pas équivalente d’un produit à l’autre. Les HBPM sont des spécialités constituées avec une forte proportion de chaînes courtes et ont donc une activité anti-Xa dominante (Boneu, 1993; Samama, 1996; Boneu, 1997; Weitz, 1997). Les activités respectives de ces molécules sont données dans le tableau 28.4.














































Tableau 28.4 Activité sur les facteurs de la coagulation des différentes héparines.
DCI Noms commerciaux Masses moyennes (d) Anti-Xa (UI/mg) Anti-IIa (UI/mg) Rapports
nadroparine Fraxiparine 4 500 97 30 3,2
énoxaparine Lovenox 4 800 100 28 3,6
daltéparine Fragmine 5 800 148 60 2
réviparine Clivarine 3 900 130 40 3,25
tinzaparine Innohep 4 500 90 50 1,9


• Pharmacocinétique

Les avantages des HBPM par rapport à l’HNF sont les suivants: la réponse anticoagulante est standardisée, la biodisponibilité après administration sous-cutanée est meilleure (de l’ordre de 90%), même à faibles doses. La clairance est rénale et dose-indépendante et la demi-vie est plus longue, ce qui autorise l’unique injection quotidienne. La demi-vie apparente d’élimination et la clairance totale sont linéaires aux doses généralement utilisées en traitement préventif. La distribution se fait rapidement dans les tissus, notamment le foie, le cœur et les reins. Le Tmax est compris entre 3 et 4 heures. Toutes les études de cinétique sont basées sur le dosage de l’activité anti-Xa (Dunn, 1996). Les HBPM n’ont pas de modification substantielle de leur activité ou de leur diffusion lorsque la dose est augmentée.


► Anticoagulants oraux




• Pharmacocinétique




























Tableau 28.5 Éléments de pharmacocinétique des anticoagulants oraux.
Demi-vies Spécialités (DCI) Demi-vies (h) Retour à la normale après arrêt du traitement (jours) Délais d’action (h)
Courte et intermédiaire Sintrom (acénocoumarol) 8 2-3 18-24
Longue Préviscan (fluindione) 31 3-4 24-36

Coumadine (warfarine) 35-45 4 36-60

Ceci explique que l’usage de ces composés doit être parfaitement maîtrisé en raison de leur long délai d’action. Le relais avec l’héparine nécessite plusieurs jours afin d’obtenir une stabilisation de l’effet anticoagulant dû aux AVK avant de supprimer l’héparine.


► Autres médicaments



• Pharmacodynamie


Danaparoïde sodique

C’est un mélange de glycosaminoglycanes sulfatés de bas poids moléculaire extraits de la muqueuse intestinale de porc et renfermant du sulfate d’héparane, du sulfate de dermatane et du sulfate de chondroïtine. Le rapport anti-Xa/anti-IIa est de 20 (Wilde, 1997). Aux doses thérapeutiques, le danaparoïde a un effet minime sur la formation du clou hémostatique et sur les fonctions et l’agrégabilité plaquettaire et aucun effet sur le temps de saignement. Le TP et le TCA ne sont pas des bons tests de suivi de l’activité biologique. La forte activité anti-Xa aboutit à une inhibition de la formation de thrombine donc de thrombus.


Hirudines

La désirudine et la lépirudine sont des désulfato-hirudines analogues de l’hirudine extraite naturellement des glandes salivaires de la sangsue. Ce sont des produits obtenus par génie génétique à partir de Saccharomyces cerevisiae. Ce sont des monochaînes polypeptidiques constituées de 65 acides aminés et de 3 ponts disulfures identiques à l’hirudine naturelle sauf les 2 acides aminés N-terminaux, la leucine et la tyrosine. Leur masse moléculaire est de 6 979 d. Elles préviennent la transformation du fibrinogène en fibrine et l’activation plaquettaire induite par la thrombine. Elles n’ont pas d’activité sur le facteur Xa. L’hirudine est un inhibiteur direct et hautement spécifique de la thrombine indépendant de l’antithrombine III et du cofacteur II de l’héparine. Elle se fixe sélectivement sur la thrombine selon un mécanisme biphasique. Elle forme avec la thrombine un complexe équimolaire qui inhibe tous les effets de la thrombine. Elle agit sans nécessiter de cofacteur et n’est pas inactivée par le facteur IV plaquettaire. Elle inhibe la thrombine qu’elle soit libre ou fixée au caillot. Il n’existe pas d’antidote pour ces deux médicaments.


Fondaparinux

Ce pentasaccharide est un inhibiteur sélectif du facteur Xa, il a un poids moléculaire de 1728 d qui est nettement inférieur à celui des HBPM. En se liant sélectivement à l’antithrombine III, il potentialise (environ 300 fois) l’inhibition naturelle du facteur Xa par l’ATIII. Cette inhibition interrompt la cascade de la coagulation en inhibant aussi bien la formation de la thrombine que le développement du thrombus.

Il ne présente aucune activité antiIIa, le TP et le TCA ne sont pas modifiés, il n’a aucun effet sur l’inhibiteur de la voie du facteur tissulaire, aucun effet sur le temps de saignement, pas d’effet sur les plaquettes, ni d’effet pro-agrégant plaquettaire et enfin aucune réactivité croisée avec les héparines en présence de plasma prélevé au cours d’une TIH.


• Pharmacocinétique

La biodisponibilité du danaparoïde est de 100% après administration sous-cutanée. L’activité maximale anti-Xa est atteinte en environ 4 à 5 heures. La demi-vie d’élimination est de 25 heures; l’état d’équilibre est atteint après 4 à 5 jours de traitement (Nurmohamed, 1997). L’élimination est rénale et il n’y a pas de métabolisation hépatique.

La biodisponibilité des hirudines est de 100% après administration sous-cutanée. Les concentrations maximales sont atteintes en 1 à 3 heures. La demi-vie d’élimination est de 3 heures pour la désirudine et de 1,3 heure pour la lépirudine. Pour cette dernière, le protocole d’utilisation préconise la voie IV.

La pharmacocinétique du fondaparinux est linéaire avec la dose et avec le temps; sa biodisponibilité est de 100%. La demi-vie est d’environ 17 heures chez le sujet sain jeune et 21 heures chez le sujet âgé. Elle est indépendante de la dose administrée. L’élimination du fondaparinux varie peu, aucun ajustement n’est nécessaire au long cours. Cependant, l’Arixtra est contre-indiqué en cas d’insuffisance rénale sévère.

En conclusion, les médicaments commercialisés dans la prévention et le traitement de la thrombose veineuse profonde différent de par leur mode d’action, leur cinétique, leur posologie, leur rythme d’administration, la gravité de leurs effets indésirables et la fréquence de leurs interactions médicamenteuses. La deuxième partie permettra au lecteur de faire un choix éclairé en fonction de toutes ces contraintes.


CRITÈRES DE CHOIX THÉRAPEUTIQUE



TRAITEMENT PRÉVENTIF




Héparine de bas poids moléculaire



L’évaluation des risques liés au patient est indispensable lors de la mise en route d’un traitement. Les risques sont définis dans le tableau 28.6.
















Tableau 28.6 Niveau de risque de thrombose selon la pathologie du patient.
Niveau I Absence de facteur de risque thromboembolique Pas de traitement en règle générale
Niveau II Âge > 40ans
Contraception œstro-progestative
Cardiopathie décompensée
Post-partum (1 mois)
Varices
Obésité
Alitement périopératoire > 4 jours
Infection préopératoire aiguë
Traitement avec HBPM à dose faible 2 à 12 heures avant intervention puis une administration par jour en sous-cutanée
Niveau III Cancer
Antécédent thromboembolique
Syndrome d’hypercoagulabilité
Syndrome myéloprolifératif
Paralysie des membres inférieurs
Traitement avec HBPM à dose élevée 2 à 12 heures avant intervention puis une administration par jour en sous-cutanée en association avec des bas antithrombose

Il faut de plus croiser les risques du patient avec les risques de la chirurgie (tableau 28.7) et de l’anesthésie: une anesthésie en péridurale est beaucoup moins thrombogène qu’une anesthésie générale (Samama, 1996).
















Tableau 28.7 Niveau de risque de la chirurgie.
Niveau I Intervention non compliquée de moins de 30min Pas de traitement
Niveau II Chirurgie urologique ou gynécologique simple ou intervention sur un membre supérieur Traitement avec HBPM à dose faible
Niveau III Chirurgie urologique à type de prostatectomie
Ou gynécologique lourde
Ou sur bassin ou sur genou
Traitement avec HBPM à dose élevée

Pour les HBPM, il existe plusieurs critères de choix: la diversité des AMM est devenue un critère de choix prépondérant car certaines HBPM ont obtenu des AMM que les autres molécules n’ont pas.

L’AMM en prévention des thromboses veineuses profondes chez les patients alités pour une pathologie médicale aiguë obtenue par le Lovenox 40mg est basée sur une étude dont la publication a révolutionné les habitudes de prise en charge des patients alités en médecine (Samama et al., 2 000). Cette étude a notamment démontré que le Lovenox à la dose de 20mg était aussi efficace (ou inefficace) que le placebo dans cette indication.

Ensuite, vient la facilité d’administration. Le protocole de prévention des thromboses en chirurgie orthopédique est en effet plus compliqué avec Fraxiparine. Le schéma a été établi par Leyvraz et al. en 1991 en fonction du poids: 0,3mL 12 heures avant l’acte chirurgical puis 0,3mL 12 heures après l’intervention et jusqu’à J3, une injection par jour de 0,3mL puis 0,4mL pendant 10 jours (ou 0,4mL puis 0,6mL pour les malades de poids supérieur à 80kg).

Le critère suivant est sans doute le prix unitaire (tableau 28.8); le choix des médicaments à l’hôpital doit prendre en compte le coût des traitements induits en ville. Un critère supplémentaire est développé par au moins trois compagnies pharmaceutiques: le maximum de sécurité à l’utilisation du médicament avec l’absence de piqûre du personnel soignant:








































































Tableau 28.8 Prix des HBPM commercialisées en traitement préventif
(d’après le Vidal, 2007).
DCI Noms commerciaux Présentations Coûts journaliers unitaires (grand conditionnement) Coûts journaliers unitaires (petit conditionnement)
nadroparine Fraxiparine Seringues préremplies sécurisées
0,3mL = 2 850UI 3,98 € 4,16 €
0,6mL = 5 700UI 7,50 € 8,04 €
énoxaparine Lovenox Seringues préremplies sécurisées
20mg = 0,2mL = 2 000UI 3,89 € 4,07 €
40mg = 0,4mL = 4 000UI 7,34 € 7,87 €
daltéparine Fragmine Seringues préremplies
0,2mL = 2 500UI 3,26 € 3,45 €
0,2mL = 5 000UI 6,28 € 6,62 €
réviparine Clivarine Seringues préremplies
1 432UI = 0,25mL
3 436UI = 0,60mL
Rupture de stock, produit non disponible Rupture de stock, produit non disponible
tinzaparine Innohep Seringues préremplies
2 500UI = 0,25mL 3,33 € 3,15 €
3 500UI = 0,35mL 4,86 € 4,68 €
4 500UI = 0,45mL 6,40 € 6,09 €


Les concentrations en HBPM sont définies en UI anti-Xa. Il semble qu’en traitement préventif, une méta-analyse sur la prévention des thromboses veineuses en chirurgie générale (Kakkar, 1993) a défini la dose de 3 400UI anti- Xa comme la dose la plus adéquate en terme de rapport efficacité/risque. Au-delà, les risques d’hématome de paroi augmentent de façon importante. L’efficacité n’est pas directement reliée à la dose mais les effets indésirables le sont. Cela pourrait être un critère de choix secondaire. Les durées de traitement doivent être respectées 10 jours maximum pour la chirurgie générale, 35 jours en orthopédie pour Lovenox et Fragmine et 14 jours en médecine pour Lovenox.

Tous les médicaments sont sur liste I, agréés aux collectivités et remboursés par la Sécurité sociale à 65%. Cependant, la Fraxiparine 0,4mL n’est pas disponible en ville. Les tableaux de coût (tableau 28.8) comparent les présentations les moins chères (avec un plus grand nombre de seringues). Les présentations dont les coûts ne sont pas fournis ne sont pas disponibles en ville. La Clivarine est actuellement en rupture de stock et n’est donc pas disponible en ville.


Autres médicaments


Certains médicaments peuvent être utilisés en traitement préventif mais leur usage devra être réservé aux patients ayant une thrombopénie à l’héparine car leur coût est très élevé. De plus, leur posologie est de 2 administrations par voie sous-cutanée par jour, voire 3 administrations pour le danaparoïde. Ils ne sont actuellement pas disponibles en ville, il est en rétrocession hospitalière sur prescription hospitalière exclusivement.

Le danaparoïde Orgaran est à 22,26 € l’ampoule au prix tarif hospitalier, soit entre 43,60 et 65,40 € de coût journalier.

Le Révasc est au prix de 16,07 € le flacon, soit 32,14 € de traitement journalier. Il est indiqué en traitement préventif lors des athroplasties de hanche ou de genou et également en cas de chirurgie du genou (ASMR V). La posologie est de 2 injections sous-cutanées de 15mg par jour. La première injection est effectuée sur la table d’opération après induction de l’anesthésie et pendant 9 à 12 jours maximum. Ce médicament est réservé à l’usage hospitalier.

Le fondaparinux est indiqué en prévention des thromboses veineuses en chirurgie orthopédique majeure du membre inférieur telle que fracture de hanche, prothèse totale de hanche (PTH) ou de genou (PTG), en chirurgie abdominale à haut risque et chez le patient alité jugé à haut risque pour une affection médicale aiguë. Une injection sous-cutanée par jour est nécessaire, le traitement doit débuter 6 heures au minimum après la chirurgie après avoir vérifié l’absence de saignement actif.

Le médicament ne doit pas être administré par voie intramusculaire.


Cette seringue est sécurisée au moyen d’un système automatique qui évite les piqûres accidentelles après injection. Les premières études ont montré que:





– la dose de 2,5mg administrée une fois par jour par voie sous-cutanée était plus efficace que l’énoxaparine 30mg deux fois par jour en prévention des thromboses veineuses dans la chirurgie du genou (respectivement 12,5% de thromboses contre 27,8%). Dans cette étude, les saignements sous fondaparinux étaient plus importants qu’avec l’énoxaparine (Bauer et al., 2001).

Une étude de recherche de dose a démontré que la dose active était comprise entre 1,5mg et 3mg dans la prévention des thromboses après prothèse totale de hanche (Turpie et al., 2001).

Ces études ont démontré l’absence d’activité sur les plaquettes.


TRAITEMENT CURATIF



Héparine non fractionnée


L’HNF est encore utilisée mais nécessite l’emploi d’une seringue électrique avec une surveillance régulière de l’héparinémie. Pour le malade, cela représente des contraintes d’alitement total pendant au moins 3 jours. Pour le personnel infirmier, cela représente également une surcharge de travail.

Le coût n’est pas un critère de choix. Néanmoins, le prix public est indiqué: Héparine Choay: 2,20 € le flacon de 5mL soit 25 000UI.


Héparine de bas poids moléculaire


Les indications sont devenues le critère de choix prépondérant: Innohep et Lovenox ont obtenu l’indication dans le traitement des embolies pulmonaires (Hull et al., 2 000). La durée du traitement est de 10 jours maximum. Le nombre d’injection et le coût sont également des critères de choix. En effet, les produits disponibles sont prescrits à raison de 2 injections sous-cutanées par jour à l’exception de l’Innohep et de Fraxodi qui proposent une seule injection par jour sans augmentation des effets indésirables hémorragiques (Hull, 1992; Lindmarker, 1994; Charbonnier, 1998). La disponibilité des présentations en fonction du poids du patient peut entrer en ligne de compte:

Fraxiparine et Fraxodi proposent plusieurs dosages qui augmentent en fonction du poids: de 0,4mL pour un poids de 40 à 49kg à 1mL pour des poids supérieurs à 100kg.

Les autres molécules n’ont que deux (Clivarine et Fragmine) voire 3 présentations (Lovenox et Innohep) pour couvrir les poids de 40 à 100kg.

Les seringues de Fraxiparine, Fraxodi, de Lovenox et d’Innohep sont équipées des mêmes systèmes de sécurité que ceux décrits ci-dessus pour le traitement préventif.

Les présentations dont le coût n’est pas donné ne sont pas disponibles en ville.


Antivitamines K


Les anticoagulants oraux ne sont pas utilisés dans la phase aiguë du traitement. Cependant, ils sont systématiquement associés au traitement par l’héparine (HNF ou HBPM) car ils permettent de prendre le relais et de traiter au long cours les patients après une TVP ou une embolie pulmonaire (niveau 1A: Buller, 2004).

La durée de traitement est en moyenne respectivement de 3 à 6 mois selon la gravité de la thrombose distale ou proximale. Le coût n’est pas un critère de choix; néanmoins, il est fourni dans le tableau 28.10. Les paramètres pharmacocinétiques sont, en revanche, le critère de choix important. Ils sont fournis dans le tableau 28.5. Ceci impliquera un nombre de prises de 2, voire 3 comprimés par jour contre une prise quotidienne.




















Tableau 28.10 Prix des antivitamines K commercialisés en France
(d’après le Vidal, 2007).
DCI Noms commerciaux Prix en euros
acénocoumarol Sintrom
MiniSintrom
2,85 € les 30 comprimés
1,72 € les 20 comprimés
fluindione Préviscan 3,79 € les 30 comprimés
warfarine Coumadine 2 et 5mg 2,25 € les 20 comprimés à 2mg
6,92 € les 30 comprimés à 5mg


Autres médicaments


Les traitements des thromboses avec thrombopénies induites par l’héparine sont réservés à l’usage hospitalier. Les traitements sont actuellement agréés aux collectivités mais réservés aux hôpitaux (Orgaran et Réfludan).

Le coût est actuellement un critère de choix:




– 22,26 € par flacon pour un traitement à l’Orgaran, à raison de 4 flacons en bolus puis 2 flacons toutes les 4 heures pendant 7 jours soit environ 267 € par jour pour un patient de moins de 90kg. Au-delà de ce poids, les posologies sont plus élevées. Un traitement complet peut donc coûter 1 958 €. Il serra réalisé par voie IV ou sous-cutanée;


– 60,70 € pour un flacon de Réfludan à raison de 5 flacons par jour pour un adulte de 70kg en cas de thrombopénie à l’héparine avec nécessité d’utiliser une pompe à perfusion, soit environ 303 € par jour également pour ce traitement. La durée maximale du traitement peut aller jusqu’à 9 jours soit un prix total de 2 730 €. Avant d’administrer ce traitement, il faudra avoir la preuve de la TIH avec un test d’agrégation plaquettaire à l’héparine ou équivalent. La posologie doit être ajustée sur le TCA qui doit être fait au minimum une fois par jour et dès la 4e heure de perfusion. Le TCA permettra d’adapter la posologie tout au long du traitement et servira également lors du relais oral avec les antivitamines K. Le coût de traitement est supérieur et la surveillance sera plus importante pour le malade traité par l’hirudine. Des réactions anaphylactiques sévères ayant été observées lors d’une ré-administration de ce médicament, il est vivement recommandé de chercher une autre alternative thérapeutique s’il est nécessaire de traiter un patient qui en a déjà reçu. Le patient doit être prévenu qu’il a été traité par le Réfludan. Le Réfludan a bénéficié d’une enquête de pharmacosurveillance pendant les 2 premières années de sa commercialisation.

































































































Tableau 28.9. Prix des HBPM commercialisées en traitement curatif.

Noms commerciaux DCI Présentations Coûts unitaires (grand conditionnement) Coûts unitaires (petit conditionnement boîte de 2 seringues)
Fraxiparine nadroparine Seringues préremplies Six seringues pour le 0,6mL soit
0,6mL = 5 700UI 7,49 € l’unité 16,08 € les deux injections
0,8mL = 7 600UI Dix seringues pour le 0,8mL soit 8,91 € l’unité 20,26 € les deux injections
1mL = 9 500UI pas de grand modèle 20,26 € les deux injections
Lovenox énoxaparine Seringues préremplies Dix seringues soit
60mg = 0,6mL = 6 000UI 7,96 € l’unité 18,05 € les deux injections
80mg = 0,8mL = 8 000UI 8,85 € l’unité 20,12 € les deux injections
100mg = 1mL = 10 000UI 10,89 € l’unité 24,93 € les deux injections
Fragmine daltéparine Seringues préremplies Dix seringues soit
0,75mL = 7 500UI 6,70 € lunit 15,07 € les deux injections
1mL = 10 000UI 8,37 € lunit 18,98 € les deux injections
Clivarine réviparine Seringues préremplies
0,6mL = 3 436UI
0,9mL = 5 153UI
Rupture de stock, produit non disponible Rupture de stock, produit non disponible
Innohep tinzaparine
une injection par jour
Seringues préremplies Dix seringues soit
0,5mL = 10 000UI 10,92 € l’unité 24,97 € les deux injections
0,7mL = 14 000UI 13,44 € l’unité 30,89 € les deux injections
0,9mL = 18 000UI 16,92 € l’unité 38,08 € les deux injections
Fraxodi nadroparine
une injection par jour
Seringues préremplies Dix seringues soit
0,6mL = 11 400UI 13,10 € l’unité 30,11 € les deux seringues
0,8mL = 15 200UI 16,46 € l’unité 37,17 € les deux seringues
1mL = 19 000UI 16,46 € l’unité 37,17 € les deux seringues

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May 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on Traitement des thromboses veineuses

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