16. Traitement des hépatites virales
Chapitre révisé pour cette édition par:
Marie-Christine Woronoff-Lemsi
Professeur des universités pharmacie clinique, pharmacien, praticien hospitalier, département pharmacie, CHU de Besançon, FranceUFR SMP, Université de Franche-Comté
Mehdi Medjoub
Pharmacien assistant spécialiste, département pharmacie, CHU de Besançon, France
Rémy Contreras
Interne, département pharmaceutique, CHU de Besançon, France
Chapitre initialement rédigé par:
Marie-Christine Woronoff-Lemsi
Professeur des universités pharmacie clinique, pharmacien, praticien hospitalier, CHU de Besançon, FranceUFR SMP, Université de Franche-Comté
Jean-Philippe Miguet
Professeur des universités, praticien hospitalier, hépatologie, CHU de Besançon, France
PLAN DU CHAPITRE
Critères de choix thérapeutique318
Optimisation thérapeutique324
CE QU’IL FAUT RETENIR329
ÉTUDE DE CAS CLINIQUES330
Références bibliographiques331
GÉNÉRALITÉS
Ce chapitre ne traitera que des hépatites virales.
PHYSIOPATHOLOGIE
Virus
Les virus des hépatites A, B, C, D et E appartiennent à des familles très différentes (tableau 16.1).
*Il s’agit des formes fulminantes parmi les formes symptomatiques (ictériques) de l’hépatite virale. | |||||||
Virus des hépatites | A | B | C | D | E | GB | G |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Famille | Picornavirus | Hepadnavirus | Flavivirus | Viroïde | Calcivirus | Flavivirus | Flavivirus |
Taille (nm) | 27 | 42 | 60 | 35 | 30 | ||
Génome | ARN | ADN | ARN | ARN défectif | ARN | ARN | ARN |
Enveloppe | – | +(Ag HBs) | + | +(Ag HBs) | – | + | + |
Découverte | 1973 | 1965 | 1989 | 1977 | 1990 | 1995 | 1996 |
Modes de transmission majeurs | Féco-oral | Parentéral (sang, sécrétions génitales, salive) | Parentéral | Parentéral (sang, sécrétions génitales, salive) | Féco-orale | Parentéral ? | Parentéral ? |
Durée de la virémie | Brève | Prolongée ou chronique | Prolongée ou chronique | Prolongée ou chronique | ? | ? | ? |
Taux forme fulminante* | 1/10 000 | 1/1 000 | 1/10 000 | 1/10 | 1/5 (fin de grossesse) | Prévalence inconnue | Prévalence inconnue |
Chronicité | Non | 5%-10% | 60 à 80% | 15 à 20% | 0% | Prévalence inconnue | Prévalence inconnue |
Les caractéristiques de ces virus sont maintenant connues et permettent de disposer de marqueurs sérologiques (Marcellin, 1997).
► Virus de l’hépatite A (VHA)
Le VHA est un virus à ARN simple brin. Il n’est pas directement cytopathogène pour le foie; les lésions histologiques hépatiques semblent être dues à la réponse immunitaire cellulaire (lymphocytes T cytotoxiques) vis-à-vis des cellules hépatiques infectées.
► Virus de l’hépatite B (VHB)
Le VHB est un virus à ADN dont le génome comporte 4 gènes S, C, P et X. Le gène S code pour 3 protéines qui portent l’antigénicité HBs. La région P code pour l’enzyme ADN-polymérase nécessaire à la réplication virale. Les produits du gène X semblent posséder des propriétés transactivatrices sur le génome viral et avoir un potentiel oncogénique qui interviendrait dans la genèse du carcinome hépatocellulaire (CHC). La région C code pour un polypeptide porteur de deux déterminants antigéniques HBc et HBe. Des mutations dans les régions pré-C sont à l’origine de l’apparition d’un phénotype muté du VHB. On distingue ainsi deux types de virus:
– VHB «sauvages»: lors de la multiplication virale, l’antigène HBe est détecté dans le sérum. Les traitements peuvent négativer l’antigène HBe et faire apparaître les anticorps anti-HBe en même temps que les transaminases se normalisent;
– VHB mutants «pré-C» ou «pré-core»: lors de sa réplication ce mutant ne synthétise pas d’antigène HBe et les transaminases ne se normalisent pas. La fréquence de ces mutants est importante en France (60%).
L’importance de la multiplication virale avant traitement est un facteur important de réponse au traitement. Le meilleur marqueur de multiplication virale est la détection de l’ADN viral (ADN-VHB) dans le sérum.
► Virus de l’hépatite C (VHC)
La grande variabilité du génome du VHC, virus à ARN, a conduit au concept de génotypes du virus. Six génotypes différents sont distingués selon le degré d’homologie de leur ARN eux-mêmes subdivisés en un grand nombre de soustypes (identifiés par des lettres minuscules). La grande variabilité du VHC pourrait lui permettre d’échapper à la réponse immunitaire et ainsi favoriser le passage à la chronicité de l’infection et sa résistance au traitement. Les génotypes 1 et 4 font preuve d’une plus grande résistance au traitement que les génotypes 2 et 3. Il existe également des différences géographiques de répartition des génotypes du virus C. D’autre part chez un même malade, différentes populations virales peuvent coexister mais, en général, un génotype est dominant. Cette hétérogénéité génétique chez un même individu a conduit à la notion de quasi-espèces. En France, les génotypes les plus fréquents sont les types 1, 2 et 3.
► Virus de l’hépatite D (VHD)
Le VHD ou delta est un virus défectif à ARN qui dépend d’un virus «auxiliaire», le VHB, pour sa multiplication. Le génome code pour l’antigène delta. L’ARN et la protéine delta sont contenus dans une enveloppe constituée d’antigène HBs. Cela implique que les anticorps anti-HBs sont protecteurs contre l’infection à virus delta. L’injection d’immunoglobulines (Ig) anti-HBs et la vaccination contre le virus B protègent contre l’infection par le virus D.
► Virus de l’hépatite E (VHE)
Les particules virales, avec une morphologie de Calcivirus, ont été mises en évidence en microscopie électronique dans les selles des malades. En France, les rares cas observés concernent habituellement des voyageurs revenant d’un pays d’endémie (Molinié, 1998).
► Virus de l’hépatite G (VHG)
Des études suggèrent que ce virus est peu pathogène et qu’il n’est pas impliqué dans la grande majorité des hépatites aiguës ou chroniques indéterminées, non-A, non-B, non-C (Marcellin, 1997).
Hépatites virales aiguës
► Hépatite aiguë A
La phase d’incubation, totalement silencieuse, est courte, de l’ordre de 4 semaines (en moyenne 15 à 50 jours), pendant lesquelles le virus va se répliquer dans le tube digestif puis gagner le foie.
En raison de l’excrétion fécale du virus, le mode de transmission est de type féco-oral à l’origine de contamination par contact direct, de personne à personne, ou indirect, par les aliments ou l’eau contaminés. Il est responsable de cas sporadiques et d’épidémies communautaires ou survenant dans des communautés fermées.
Le diagnostic est affirmé par la présence de l’anticorps anti-VHA de type IgM. L’hépatite A peut être associée à une autre infection transmise par voie hydrique (salmonellose, hépatite E).
Le taux d’incidence de l’hépatite A en Europe a diminué au cours des dernières décennies. En France, en 2006, 1 313 cas ont été notifiés soit un taux d’incidence de 2,15/100 000 habitants.
► Hépatite aiguë B
Le VHB est un virus à réservoir humain. L’hépatite B est une maladie sexuellement transmissible (MST) mais il existe d’autres modes de contamination: percutané, sanguin, de la mère à l’enfant, nosocomial (tableau 16.2).
Sujets transfusés ou ayant reçu des médicaments dérivés du sang avant 1991 |
Hémophiles |
Patients hémodialysés |
Toxicomanes par voie intraveineuse |
Homosexuels masculins |
Entourage familial d’un sujet porteur chronique |
Enfants nés de mère antigène HBs positif |
Séjours en institution |
Personnel de santé |
Sujets originaires d’une région hyperendémique (Afrique, Asie) |
L’incubation est longue, de 6 semaines à 4 mois (en moyenne 3 mois).
L’hépatite aiguë B est rarement symptomatique L’hépatite aiguë B est grave (forme fulminante) dans 1 cas sur 1 000 et devient chronique dans moins de 10% des cas. La persistance de l’antigène HBs plus de 6 mois définit le passage à la chronicité, et nécessite un bilan et éventuellement un traitement.
L’incidence est de 5 à 10/100 000 (3 000 à 6 000 nouveaux cas par an).
En France métropolitaine, la prévalence du portage chronique de l’antigène HBs est estimée à 0,65%. Cela correspond à environ 281 000 personnes adultes porteuses de l’Ag HBs. Ces chiffres sont significativement plus élevés dans les DOM-TOM, de l’ordre de 10% en Afrique sub-saharienne et de 5% en Afrique du Nord. Les co-infections rares par le virus D concernent 5% des sujets porteurs du VHB.
► Hépatite aiguë C
L’incubation est de l’ordre de 4 à 8 semaines (en moyenne 2 mois).
Les modes de transmission de l’hépatite C sont essentiellement l’usage de drogues par voie IV pour la toxicomanie, nosocomial, et, plus rare, de la mère à l’enfant et par relations sexuelles (tableau 16.3). La contamination posttransfusionnelle a fortement régressé en France. Dans 1/3 des cas, le mode de contamination est indéterminé mais il s’agit vraisemblablement de contamination nosocomiale. Elle est généralement asymptomatique (90%). L’élévation du taux des transaminases est habituellement modérée. L’hépatite aiguë C n’est jamais grave. Sa gravité est liée au passage à la chronicité dans près de 80% des cas (International Consensus Conference, 1999). La persistance de l’élévation du taux des transaminases et du virus plus de 6 mois définit le passage à la chronicité et nécessite un bilan et éventuellement un traitement.
Mode de contamination | Transmission |
---|---|
Accident d’exposition au sang: piqûre d’aiguille | Oui |
Toxicomanes par voie intraveineuse ou par voie nasale, transitoires ou non | Oui |
Personnes porteuses de tatouages ou de piercing | Oui |
Sujets transfusés ou ayant reçu des médicaments dérivés du sang ou greffés avant 1991 | Important avant 1991, très faible après |
Hémophiles, patients hémodialysés | Possible |
Endoscopie digestive | Possible |
Cathétérisme vasculaire | Possible |
Grossesse | Possible Virémie VHC+ Co-infection VHC-VIH |
Relation sexuelle | Possible |
Intrafamilial (non sexuel) | Possible Objets de toilette Objets souillés par du sang |
► Hépatite aiguë D
Le virus delta est responsable d’hépatite aiguë, de co-infection (infection simultanée B et delta) et de surinfection (infection delta chez un porteur chronique du virus B). L’infection grave est fréquente dans le cas de la co-infection. Une évolution vers l’hépatite chronique delta est généralement observée (95%) dans le cas de surinfection.
► Hépatite aiguë E
L’hépatite aiguë E est très rare en Occident où elle touche exclusivement les voyageurs de retour de régions d’endémie (Asie, Amérique du Sud, Afrique du Nord-Algérie). L’incubation est de l’ordre de 2 à 3 semaines. Elle est habituellement bénigne mais elle peut être (rarement) grave, ces formes graves touchant plus particulièrement la femme enceinte pour des raisons inconnues. L’hépatite E ne devient jamais chronique.
L’infection est très rare en France, de l’ordre de 50 à 100 cas par an.
Hépatites virales chroniques
En France, les infections par les virus B, C et D sont responsables de plus de 90% des formes chroniques. L’hépatite virale chronique est définie biologiquement par la persistance d’une élévation du taux des transaminases (ASAT, ALAT) plus de 6 mois après une hépatite virale aiguë. Cependant les épisodes aigus sont le plus souvent asymptomatiques. L’hépatite virale chronique est, en général, une découverte tardive et fortuite.
L’hépatite chronique est définie histologiquement par l’existence de lésions hépatiques associant une nécrose hépatocytaire et un infiltrat inflammatoire. Les hépatites chroniques actives peuvent évoluer vers la cirrhose. Les cirrhoses dues aux hépatites chroniques virales représentent un risque majeur de survenue d’un carcinome hépatocellulaire. Le diagnostic précoce des hépatites virales chroniques est important dans l’issue du traitement. Au total, le diagnostic d’hépatite chronique virale est suspecté sur la constatation d’une sérologie virale positive associée à une élévation prolongée du taux des transaminases. Le diagnostic ne peut être affirmé que par la biopsie hépatique qui doit être systématique devant une élévation des transaminases persistant plus de 6 mois, associée à un marqueur viral de réplication.
DIAGNOSTIC
► Diagnostic d’une hépatite virale aiguë
Le diagnostic d’hépatite virale aiguë est facilement évoqué devant l’apparition d’un ictère. Cependant ces formes ictériques représentent moins de 10% des cas et une hépatite virale aiguë doit être recherchée systématiquement devant un certain nombre de symptômes, parfois trompeurs: syndrome grippal, asthénie, troubles digestifs, prurit, urticaire, arthralgies, etc.
Les éléments du diagnostic d’une hépatite virale aiguë sont les suivants:
– la notion de contage;
– le dosage des transaminases (souvent très élevées de 10 à 100 fois la normale);
– la disparition de la fièvre lors de l’apparition de l’ictère;
– les recherches sérologiques simples:
• IgM anti-VHA,
• Ag HBs,
• IgM anti-HBc,
• anti-VHC.
• Hépatite virale A
Il n’existe pas d’hépatite chronique A; il n’y a donc pas lieu de proposer une recherche des Ac anti-VHA devant une élévation prolongée des transaminases. La présence dans le sang des seuls Ac anti-VHA de type IgG signe une immunité ancienne (naturelle ou vaccinale).
Il est recommandé de rechercher les Ac totaux anti-VHA avant de vacciner un sujet âgé de plus de 30 ans. Il est inutile de contrôler l’immunisation postvaccinale par un dosage des Ac totaux anti-VHA si la vaccination a été correctement effectuée.
• Hépatite virale B
Une élévation chronique des transaminases doit faire rechercher une hépatite B par la détection de l’Ag HBs.
Le diagnostic d’hépatite aiguë B repose sur la détection de l’Ag HBs et des IgM anti-HBc. Les recherches de l’Ag HBe, des Ac anti-HBe ou anti-HBs et de l’ADN du virus de l’hépatite B sont généralement inutiles pour poser le diagnostic d’hépatite aiguë virale B. L’hépatite aiguë B symptomatique est une maladie à déclaration obligatoire. Lors d’une suspicion d’hépatite chronique virale en première intention, l’Ag HBs sera recherché et contrôlé en cas de positivité. Chez un sujet porteur chronique de l’Ag HBs, il faut rechercher l’Ag HBe, les Ac anti-HBe et l’ADN du VHB. La surveillance de l’hépatite chronique virale B repose sur les transaminases.
Le dépistage de l’Ag HBs fait partie du bilan systématiquement proposé à toute femme enceinte après le sixième mois.
• Hépatite virale C
Une élévation chronique des transaminases doit faire rechercher une hépatite C par la détection des Ac anti-VHC qui seront contrôlés en cas de positivité.
Il s’agit de techniques immunoenzymatiques (ELISA) par des tests de 3e génération. Ces tests permettent le diagnostic préliminaire et le dépistage.
Les tests de détection qualitative de l’ARN du VHC sérique sont réalisés soit avec la Polymerase Chain Reaction (PCR) soit sur la Transcription-Mediated Amplification (TMA). Ils permettent de confirmer la virémie et d’évaluer l’efficacité du traitement en cours ou à son issue.
La mesure de la charge virale est également réalisée à l’aide de ces deux tests.
Les tests de détermination du génotype viral sont réalisés lors du bilan pré-thérapeutique par biologie moléculaire.
► Diagnostic d’une hépatite virale chronique
Au total, le diagnostic d’hépatite virale chronique est suspecté sur la constatation d’une sérologie virale positive associée à une élévation prolongée du taux des transaminases. Le diagnostic ne peut être affirmé que par la biopsie hépatique (BH) qui doit être systématique devant une élévation du taux des transaminases persistant plus de 6 mois. La BH avec établissement du score Métavir permet l’évaluation des lésions histologiques (l’activité nécrotico-inflammatoire A, de A0 à A3 et la fibrose F, de F0 à F4). Dans certains cas, la BH peut être remplacée par le Fibrotest pour évaluer le degré de fibrose hépatique. Le Fibrotest ou Actitest correspond à un index de fibrose qui combine le dosage sanguin de 5 marqueurs indirects de fibrose (alpha2 macroglobuline, haptoglobine, apolipoprotéine A1, bilirubine totale, GGT), avec un ajustement selon l’âge et le sexe de la personne.
MÉDICAMENTS UTILISÉS DANS LES HÉPATITES VIRALES
Parmi les traitements préventifs des hépatites virales, des vaccins sont disponibles pour les hépatites A et B, ainsi que des immunoglobulines spécifiques anti-HBs pour l’hépatite B (tableau 16.4).
Spécialités | Types | Souches | Laboratoires/statuts | Formes galéniques | Dosages |
---|---|---|---|---|---|
Vaccins | |||||
Vaccins contre l’hépatite A | |||||
Avaxim | Inactivé | GBM cultivée sur humaines MRC5 | Sanofi Pasteur MSD/AMM | Seringue | 160 U/0,5mL |
Havrix | Inactivé | HM175 sUr MRC5 | GlaxoSmithKline/AMM | Seringue | 1 440 U/1mL |
Seringue | 720 U/0,5mL | ||||
Vaccins contre l’hépatite B | |||||
EngerixB | Recombinant | Sur levure | GlaxoSmithKline/AMM | Seringue | 0,01mg/0,5mL |
Seringue | 0,02mg/1mL | ||||
HBvaxPro | Recombinant | Sur levure | Sanofi Pasteur MSD/AMM | Flacon | 0,005mg/0,05mL |
Flacon | 0,01mg/1mL | ||||
Flacon | 0,04mg/mL | ||||
Fendrix | Recombinant avec adjuvant | Sur levure | GlaxoSmithKline/AMM | Seringue | 0,02mg/0,5mL |
GenHevacB Pasteur | Recombinant | Sur eucaryotes (CHO) | Sanofi Pasteur MSD/AMM | Seringue | 0,02mg/0,5mL |
Vaccins contre l’hépatite A et contre l’hépatite B | |||||
Twinrix Adultes | Associé | GlaxoSmithKline/AMM | Flacon | 0,020 μg/1mL | |
Seringue | 0,020 μg/1mL | ||||
Twinrix Enfants | Seringue | 0,010 μg/0,5mL | |||
Vaccins contre l’hépatite A et contre la typhoïde | |||||
Tyavax | Associé | Sanofi Pasteur MSD/AMM | Seringue | 160 U – 0,025mg/1mL | |
Vaccin hexavalent contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B, la poliomyélite et l’Haemophilus influenzae type b | |||||
Infanrixhexa | Associé | GlaxoSmithKline/AMM | Seringue | 0,5mL | |
Immunoglobulines spécifiques | |||||
Ig humaine de l’hépatite B LFB | Médicament dérivé du sang | Par fractionnement du plasma humain | Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB)/ATU de cohorte | Seringue (IM) | 100 UI/1mL |
IVHEBEX | Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB)/AMM (IV) | Flacon poudre (IV) | 5 000 UI -100mL |
Deux familles de médicaments sont utilisées dans le traitement des hépatites virales chroniques B et C: les interférons-α2, dont les formes pégylées, et les analogues nucléos(t)idiques antiviraux (tableau 16.5).
Principes actifs | Noms commerciaux | Laboratoires/statuts | Formes galéniques | Dosages |
---|---|---|---|---|
Interférons | ||||
Interféron-α2a | Roféron | Produits Roche/AMM | Solution injectable | Flacon à 3-4-5-6-9-18 MUI |
Lyophilisat et solution usage parentéral | Flacon multidose à 18 MUI | |||
Laroféron | Produits Roche/AMM | Solution injectable | Flacon 3 MUI/mL | |
Peginterféron-α2a | Pegasys | Produits Roche/AMM | Solution injectable | Seringue 0,5mL à 135 et 180 μg |
Interféron-α2b | Introna | Schering-Plough/AMM | Lyophilisat | Flacon à 1-3-5-10-18-30 MUI |
Solution injectable | 10 MUI Fl 2mL 25 MU Fl de 5mL | |||
Stylo prérempli 18, 30, 60 MUI | ||||
Viraféron | Schering-Plough/AMM | Solution injectable | Flacon 3 MUI/0,5mL Stylo prérempli | |
Stylo prérempli à 18 MUI/1,2mL | ||||
Peginterféron-α2b | Viraféronpeg | Schering-Plough/AMM | Solution injectable | Stylo de 0,5mL à 50, 80 100, 120, 150 μg |
Antiviraux | ||||
Ribavirine | Rebetol | Schering-Plough/AMM | Gélule per os | 200mg |
Copegus | Produits Roche/AMM | Comprimé pelliculé per os | 200mg | |
Lamivudine | Zeffix | Glaxo/AMM | Comprimé nu Solution buvable | 100mg 5mg/mL |
Adéfovir | Hepsera | Gilead/AMM | Comprimé | 10mg |
Entécavir | Baraclude | BristolMyers Squibb/AMM | Comprimé pelliculé | 0,5-1mg |
Solution buvable | 0,05mg/mL |
Traitement préventif
► Hépatite virale A
Havrix nourrisson enfant adulte, Avaxim adulte Twinrix (+HBV), Tyavax (+typhoïde) (Thériaque).
Les vaccins contre l’hépatite A sont préparés à partir du virus A cultivé sur cellules d’origine humaine, purifié et inactivé. En l’absence d’une référence standardisée internationale, le contenu antigénique est exprimé à l’aide d’une référence du laboratoire. Ces vaccins confèrent une immunité contre le VHA en induisant la production d’anticorps spécifiques anti-VHA. On observe une réponse chez 99% des sujets vaccinés.
Après injection d’une dose, l’immunité persiste pendant plus d’un an. Une injection de rappel doit être effectuée 6 à 12 mois après la première injection.
Cette vaccination est recommandée:
1. aux sujets non immunisés (absence d’anticorps IgG anti-VHA) ayant un risque d’exposition au VHA. Il s’agit essentiellement des adultes voyageant dans des régions de forte endémie (pays en développement) et des militaires. La vaccination hépatite A est également recommandée, depuis avril 1998, pour les enfants de plus d’un an voyageant en zone d’endémie;
2. pour les adultes exposés professionnellement à un risque de contamination: personnels de crèche, d’internat, des établissements et services pour l’enfance et la jeunesse handicapée, personnels de traitements des eaux usées, impliqués dans la préparation de la restauration collective;
► Hépatite virale B
• Vaccination (immunisation active)
Engerix, HBVaxPro, GenHevac B Pasteur, Fendrix & Twinrix (+VHA), Infanrix hexa (vaccin hexavalent) (Thériaque). Ce sont des vaccins recombinants. Dans le cadre du programme global pour les vaccins et l’immunisation (GPV), l’OMS recommande à tous les gouvernements de la planète la vaccination des nouveau-nés afin d’obtenir une réduction de 80% de l’incidence du VHB chez les enfants. De plus l’OMS incite les pays industrialisés à vacciner les adolescents, pour prévenir les transmissions par voie sexuelle.
Recommandations générales (CTV et CSHPF 2002, révisées en 2004)
Deux schémas vaccinaux existent:
1. en 3 injections (2 injections à 1 mois d’intervalle, la troisième 6 mois après la première);
2. en 4 injections (3 injections à 1 mois d’intervalle, la quatrième 1 an après la première). Ce dernier schéma est celui appliqué aux personnes à risques professionnels et pour des indications particulières.
Un rappel tous les 5 ans ne reste actuellement recommandé que dans le cas de ces risques particuliers ou de situations professionnelles à risque.
Le comité technique des vaccinations recommande le schéma en trois doses (schéma 0-1-6 ou 12) et ne recommande plus de rappels systématiques à l’exception des insuffisants rénaux chroniques dialysés.
• Immunisation passive: immunoglobulines anti-HBs
Deux médicaments sont actuellement mis à disposition en France:
– un médicament avec AMM contenant des immunoglobulines anti-hépatite B humaines administrables par voie intraveineuse (IV) appelé IVheBex. Cette préparation présente une activité anticorps dirigée contre l’antigène de surface des virus de l’hépatite B (5 000 UI d’Ac anti-HBs). Elle présente les mêmes caractéristiques que les anticorps anti-HBs physiologiques. Les immunoglobulines spécifiques anti-HBs par voie IV sont indiquées dans la prévention de la récidive de l’hépatite B après transplantation hépatique chez les patients porteurs de l’antigène de surface de l’hépatite B. La vaccination contre l’hépatite B doit être associée;
– un médicament sous ATU de cohorte contenant des immunoglobulines humaines de l’hépatite B administrables par voie intramusculaire (IM).
1. dans la prévention de l’hépatite B chez le nouveau-né dont la mère est porteuse du virus;
2. en immunoprophylaxie de l’hépatite B chez les hémodialysés, avant immunisation complète par vaccination ou en l’absence d’efficacité de celle-ci;
3. dans la prévention de l’hépatite B en cas de contamination de personnel médical ou de conjoint de sujet porteur de l’hépatite B.
► Association de vaccins contre les hépatites A et B
Twinrix (Thériaque) (tableau 16.4): c’est un vaccin combiné obtenu par mélange de préparations, d’une part du virus de l’hépatite A purifié et inactivé, d’autre part de l’antigène de surface de l’hépatite B purifié (Ag HBs) adsorbés séparément sur de l’hydroxyde d’aluminium et du phosphate d’aluminium.
Le virus de l’hépatite A est cultivé sur cellules humaines diploïdes MRC5 et l’Ag HBs est produit par culture sur levures génétiquement modifiées dans un milieu sélectif. Une dose de 1mL contient au minimum 720 unités ELISA de virus HA inactivé et 0,02mg d’antigène protéique recombinant (Ag HBs).
Habituellement, le schéma recommandé comprend trois doses à J 0, J 30 et J 180.
D’autres vaccins associés existent: Tyavax, contre l’hépatite A et la typhoïde et InfanrixHexa, vaccin hexavalent en particulier contre les hépatites A et B.
Traitement curatif
► Interféron-α2
(Baseggio, 1998; Saracco, 1997; Thériaque, 2007.)
Les interférons utilisés en thérapeutique sont des protéines recombinantes. L’interféron-α (IFN-α) est principalement produit par les lymphocytes B et les monocytes. La production spontanée de cette cytokine est relativement réduite; en revanche, en réponse à différents stimuli, cette sécrétion devient plus importante.
Les IFN-α confèrent aux cellules qui leur sont réceptives un état de résistance aux infections virales. Les IFN-α ont un effet antiprolifératif direct par stimulation de cellules impliquées dans l’immunité antitumorale telle que les cellules NK (natural killer), Lak (lymphokine actived killer) et Til (tumor infiltrated lymphocyte).
Le traitement par interféron α pour objectif de freiner ou stopper la multiplication virale pour arrêter l’activité de l’hépatite chronique et d’éviter l’évolution vers la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire.
• Propriétés et mécanisme d’action
L’interféron-α a trois propriétés: antivirale, antitumorale et immunomodulatrice, mais les deux premières sont plus marquées. Il aurait aussi un rôle antifibrosant.
Hépatite chronique à virus B
Le traitement par IFN-α permet d’obtenir un arrêt de la réplication virale et une rémission de l’hépatite chronique dans environ un tiers des cas. L’IFN-α agirait par deux mécanismes, d’une part par effet immunomodulateur et d’autre part par action antivirale (par inhibition de la synthèse protéique virale).
Hépatite chronique à virus C
L’effet de l’IFN-α est rapide, en cas de réponse, avec normalisation du taux des transaminases dès le premier mois de traitement. L’IFN-α agit essentiellement par son effet antiviral et immunomodulateur.
L’IFN-α ne permet d’obtenir une réponse biochimique à long terme que dans 35% des cas d’hépatite C, avec des variations de 10 à 50% selon les séries (variations liées aux génotypes du VHC). La potentialisation de l’efficacité de l’IFN-α par son association à d’autres médicaments s’avère nécessaire. La conjugaison à des chaînes de polyéthylène glycol (PEG) améliore son efficacité.
Hépatite chronique D
Seul l’IFN-α semble avoir une certaine efficacité dans le traitement de l’hépatite chronique delta; mais la réponse est inconstante, souvent partielle et transitoire. Pour obtenir une réponse complète sans rechute, il faut utiliser une dose élevée d’IFN-α (9 à 10 millions d’unités trois fois par semaine) pendant au moins un an.
• Pharmacocinétique
Administrées par voie sous-cutanée, les concentrations sériques des IFN-α varient beaucoup d’un individu à l’autre. La biodisponibilité après administration souscutanée ou IM est de 80%. La demi-vie d’élimination de l’IFN-α est en moyenne de 4 heures et l’élimination se fait par le rein sous forme d’acides aminés libres. L’excrétion biliaire et le métabolisme hépatique sont considérés comme des voies accessoires.
La pégylation diminue la clairance rénale et entraîne une multiplication par 10 de la demi-vie d’élimination (40 h).
► Ribavirine
C’est un analogue de la guanosine. Cette molécule à large spectre d’action antivirale a été utilisée principalement dans le traitement de la bronchiolite du virus respiratoire syncytial et essayé dans l’infection VIH: 1-β-D-ribofuranosyl-1,2,4-triazole-3-carboxamide (Morse, 1993; Kucers, 1997; USP DI; Thériaque, 2007).
• Propriétés et mécanisme d’action
Cet analogue nucléosidique ayant des propriétés antivirales est utilisé en association avec l’IFN-α pégylé (IFN PEG) dans le traitement de l’hépatite chronique à virus C. Plusieurs arguments sont en faveur d’une association IFN-ribavirine: