Traitement de l’hypertension artérielle

5. Traitement de l’hypertension artérielle

Chapitre révisé pour cette édition par:


Voa Ratsimbazafy


Praticien hospitalier, pharmacien CHU Dupuytren, chargée de cours de pharmacie clinique, Limoges, France

Claude Cassat


Praticien hospitalier, cardiologue, CHU Dupuytren, Limoges, France

Roger Leverge


Praticien hospitalier, pharmacien hôpital Lariboisière, Paris; professeur de pharmacie clinique, Rennes, France

Nos remerciements à


Rémy Contreras


interne en pharmacie au département de pharmacie du CHU de Besançon pour la relecture et la révison définitive de ce chapitre


PLAN DU CHAPITRE




Généralités42




Définition42


Mesure de la pression artérielle42




Méthode auscultatoire avec manomètre à mercure42


Mesure ambulatoire de la pression artérielle42


Physiopathologie43




Systèmes régulateurs de la pression artérielle43


Causes de l’hypertension artérielle43


Conséquences de l’hypertension artérielle43


Préalables à la thérapeutique43


Médicaments disponibles44




Diurétiques44


β-bloquants44


Inhibiteurs de l’enzyme de conversion44


Antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II)44


Inhibiteurs calciques44


α-bloquants44


Antihypertenseurs d’action centrale44


Vasodilatateurs musculotropes48


Bithérapies fixes48


Critères de choix thérapeutique50




Principes de base et généralités50




Principes de base50


Stratégie thérapeutique51


Règles hygiéno-diététiques51


Traitement médicamenteux de l’hypertension artérielle essentielle51


Poussées hypertensives aiguës et HTA sévères52


Traitement de fond52




Stratégie selon l’âge52


Stratégie selon la pathologie associée53


Résultats thérapeutiques54


Hypertension artérielle résistante55


Chez la femme enceinte55




Hypertension artérielle gravidique55


Désir de grossesse chez l’hypertendue57


Allaitement57


Optimisation thérapeutique57




Optimisation posologique57




Posologies et plan de prise57


Choix de la voie d’administration60


Prévention de l’iatropathologie60




Prévention des risques majeurs60


Prévention des effets indésirables62


Conseils au patient65


CE QU’IL FAUT RETENIR66


ÉTUDE DE CAS CLINIQUES67


Références bibliographiques68



RECOMMANDATIONS


Parmi les recommandations relatives à l’hypertension artérielle (HTA) et sa prise en charge, on peut citer celles du Joint National Committee (1997), de l’ANAES (1997), de l’OMS (1999), de la Société française d’HTA et de l’European Society of Cardiology (2003).


GÉNÉRALITÉS



DÉFINITION


La pression artérielle (PA) est le paramètre chiffré le plus fréquemment mesuré au cours d’un examen clinique et sa «normalité» est ressentie comme un indicateur de santé. En réalité, l’hypertension artérielle (HTA) est un facteur majeur de morbidité et de mortalité cardiovasculaires (Guédon, 1996, Jackson, 2000, Primatesta et al., 2001, Zanchetti et al., 2001, The ALLHAT officers and coordinators for the ALLHAT collaborative research group, 2002, Ezzati et al., 2002, Franklin and Wong, 2002, Sever et al., 2003 and Staessen et al., 2003). Dans son sixième rapport, le Joint National Committee (1997) propose une nouvelle classification en fonction des chiffres tensionnels (tableau 5.1).











































Tableau 5.1 Classification de l’hypertension artérielle en fonction des chiffres tensionnels.
PAS : pression artérielle systolique
PAD : pression artérielle diastolique
PAS (mmHg)
PAD (mmHg) Tension
< 120 et < 80 Optimale
< 130 et < 85 Normale
130-139 et 85-89 normale «haute»
140-159 ou 90-99 Hypertension stade 1
160-179 ou 100-109 Hypertension stade 2
≥ 180 ou ≥ 110 Hypertension stade 3


MESURE DE LA PRESSION ARTÉRIELLE




Méthode auscultatoire avec manomètre à mercure


La PA est sujette à des fluctuations. Elle est plus élevée pendant l’état de veille que durant le sommeil (cycle nycthéméral) et s’élève au cours de l’effort, à la fatigue, lors d’émotions, etc. Ces fluctuations expliquent l’importance des conditions de sa détermination.

Les recommandations de la Société française d’HTA sont les suivantes:




– le sujet doit être détendu, en position couchée ou assise, le dos bien calé, depuis au moins 5min;


– son bras doit être détendu et positionné, soutenu si nécessaire, à la hauteur du cœur;


– il doit être dans un environnement calme et en dehors d’une exposition au froid;


– sa vessie doit avoir été vidée;


– il ne doit pas avoir pris de caféine ni avoir fumé dans les 30min précédant la mesure;


– le matériel doit être validé (sphygmomanomètre à mercure) selon des procédés parfaitement standardisés;


– la mesure doit être effectuée en position couchée, puis debout pour rechercher une hypotension orthostatique spontanée;


– elle doit être effectuée aux deux bras pour déceler une éventuelle asymétrie tensionnelle;


– le nombre recommandé de mesures est de deux par consultation au moins, à refaire au cours de trois consultations effectuées sur 3 à 6 mois. Ceci permet de s’assurer de la «permanence» de l’HTA.

À côté des fluctuations de la PA citées précédemment, il existe une élévation des chiffres tensionnelles liée au stress provoqué par l’intervention du médecin. Ce phénomène désigné par le terme d’effet «blouse blanche» ou, par l’OMS, d’«hypertension de consultation isolée» met en évidence l’intérêt de l’«automesure» et de la «mesure ambulatoire de la pression artérielle» (MAPA).


Mesure ambulatoire de la pression artérielle


Cette approche qui ne doit jamais être réalisée en première intention est fiable lorsqu’un certain nombre de conditions sont réunies (O’Brien et al., 2001; O’Brien et al., 2003).


► Préalable patient


Sa parfaite compréhension de la méthode et son adhésion sont indispensables à l’obtention d’un enregistrement de qualité. Il doit respecter ses conditions habituelles de vie, ses activités quotidiennes et, outre les mesures de base, déclencher une mesure à des moments très précis et en présence de symptômes. La tenue du journal d’activités doit être rigoureuse et fidèle à la réalité.


► Préalable médecin


Les explications qu’il doit fournir au malade sont d’une importance capitale. Il lui remettra le journal d’activités en insistant sur son utilité pour l’interprétation des mesures. L’intervalle des mesures programmées par le médecin doit être conforme aux recommandations, soit 1 mesure toutes les 15min pendant 24h ou 1 mesure toutes les 15min dans la journée et 1 mesure toutes les 30min la nuit. Enfin, une mesure déclenchée par le malade en présence du médecin permettra de s’assurer de la bonne compréhension de la méthode.


► Préalable technique


L’appareil utilisé doit être validé, avec des caractéristiques techniques répondant à la procédure d’homologation. Son étalonnage reste cependant impératif par rapport à la référence, c’est-à-dire la méthode auscultatoire avec manomètre à mercure. L’emploi d’un brassard d’une taille adaptée à la circonférence du bras conditionne la fiabilité des mesures.

Ces mesures permettent d’avoir un chronogramme sur 24h et d’obtenir la PA moyenne sur 24h, les moyennes de jour et de nuit, ainsi que le nombre de valeurs supérieures à une valeur définie à l’avance. Ces données seront interprétées au vu du journal d’activités et en se référant aux populations publiées dans la littérature. Les valeurs «normales» de l’«automesure» ou de la MAPA sont plus basses que celles de la méthode de référence du cabinet du médecin: 135-85mmHg.

La MAPA présente des intérêts:



PHYSIOPATHOLOGIE



Systèmes régulateurs de la pression artérielle


La pression artérielle (PA) se définit comme le produit du débit cardiaque (D) par les résistances périphériques (RP): PA = D × RP (Gilgenkrantz, 1987).

Par conséquent, son élévation peut résulter:




– d’une augmentation de D, elle-même consécutive à une augmentation de la fréquence cardiaque ou à une augmentation du volume sanguin;


– d’une augmentation des RP, consécutive à un phénomène de vasoconstriction.


Causes de l’hypertension artérielle




► Hypertension artérielle essentielle


Chez l’adulte, dans plus de 90% des cas, la cause de l’hypertension artérielle (HTA) est inconnue. Il s’agit alors d’une maladie familiale plurifactorielle associée, dans certaines populations, à des allèles particuliers de gènes intervenant dans la régulation de la PA (Jeunemaitre, 1996; Joly, 1999). Par ailleurs, quel que soit le débit cardiaque dans l’HTA essentielle, la résistance périphérique est plus élevée que celle d’un sujet normal.

Chez l’enfant, l’HTA essentielle est très rare.


► Hypertension artérielle secondaire


Dans moins de 10% des cas, une cause peut être retrouvée, telle que:




– une coarctation aortique (rétrécissement congénital de l’aorte après le départ de la sous-claviaire gauche). Dans ce cas, l’HTA est limitée aux membres supérieurs;


– une sténose de l’artère rénale avec hypersécrétion de rénine par le rein ischémié (HTA réno-vasculaire);


– une tumeur surrénale sécrétante de catécholamines dans le phéochromocytome (tumeur médullosurrénale), de cortisol dans le syndrome de Cushing ou d’aldostérone dans le syndrome de Conn.

Chez l’enfant, les proportions sont inversées: l’HTA est secondaire dans 95% des cas.


► HTA d’origine iatrogène


La consommation chronique de certaines substances peut induire une HTA et/ou la rendre réfractaire au traitement. C’est le cas de la réglisse, des vasoconstricteurs nasaux, des AINS, des antiglaucomateux analogues de la PGF2alpha tels que le latanoprost (LRP, 2000) et de la contraception œstro-progestative. L’érythropoïétine chez l’hémodialysé et la ciclosporine chez le transplanté peuvent également générer une HTA (Chanmontin, 1997; Julien, 1997).


Conséquences de l’hypertension artérielle


L’HTA accélère l’évolution de l’athérosclérose des coronaires mais aussi des artères cérébrales (Herpin, 1999; Laurent, 1999).

Elle est à l’origine de complications mécaniques pouvant être responsables, à terme:




– d’une insuffisance ventriculaire gauche en raison de l’augmentation chronique de la postcharge. Bien mieux que l’ECG, l’échographie cardiaque permet dans le cas d’une HTA déjà sévère, de mettre en évidence un retentissement cardiaque débutant sous la forme d’une hypertrophie ventriculaire gauche. Cette augmentation de la masse ventriculaire gauche est un paramètre pronostique essentiel, proposé comme critère intermédiaire de jugement dans les études épidémiologiques et thérapeutiques de l’HTA;


– d’une hémorragie cérébrale à la suite de la constitution de dilatations anévrismales des artérioles cérébrales;


– d’une hémorragie rétinienne observable au fond d’œil et qui permet d’apprécier la gravité du retentissement de l’HTA;


– d’une insuffisance rénale (Fauvel, 2001) en raison d’une vasoconstriction des artérioles préglomérulaires, avec détérioration progressive de la fonction glomérulaire.


Préalables à la thérapeutique


Un examen minutieux est indispensable afin:




– d’affirmer la permanence, donc la réalité de l’HTA et d’en déterminer la sévérité (importance des conditions de mesure);


d’apprécier les facteurs de risques cardiovasculaires associés (tabagisme (Primatesta et al., 2001), dyslipidémies, diabète [Cambou, 1999], âge > 60ans, sexe masculin, ménopause, antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires, etc.);


– d’évaluer son retentissement sur le plan neurologique (accidents vasculaires cérébraux ou accidents ischémiques transitoires), rénal (néphropathies), cardiaque (hypertrophie ventriculaire gauche, insuffisance cardiaque, angor ou antécédent d’infarctus du myocarde ou de revascularisation coronaire), vasculaire (artériopathies périphériques) et ophtalmologique (rétinopathies, etc.);


– d’en déterminer enfin la cause, sauf s’il s’agit d’un enfant, auquel cas cette recherche ne doit pas être différée.


MÉDICAMENTS DISPONIBLES


(Thériaque, 2007; Vidal, 2007; Oates, 1998; Waeber, 1998)


Diurétiques (tableau 5.2)


En augmentant la perte hydrosodée, les diurétiques (Gosse et al., 2000, Hansson et al., 2000, Brown et al., 2000 and Wing et al., 2003) diminuent le volume sanguin et de ce fait réduisent le débit dans l’équation: PA = D × RP. Cependant, au long cours, l’effet hypotenseur est dû à une diminution des RP (Oates, 1999).










































































































Tableau 5.2 Diurétiques utilisés dans le traitement de l’hypertension artérielle.
Principes actifs Noms de commercialisation Formes galéniques Dosages
Diurétiques hypokaliémiants
Diurétiques de l’anse
bumétanide Burinex Comprimé sécable 1 et 5mg


Solution injectable IV 2mg/4mL
pirétanide Eurélix Gélule gastrorésistante 6mg
furosémide Furosémide (Arrow, Biogaran, EG, GNR, Merck, Ratiopharm, RPG, Sandoz, Teva, Winthrop), Lasilix Furosémide (LAV, Renaudin), Lasilix, Furosémide Renaudin, Lasilix spécial, Lasilix spécial
Lasilix retard
Lasilix
Comprimé sécable
Solution injectable IM, IV
Solution injectable
Comprimé
Gélule LP
Solution buvable
20 et 40mg
20mg/2mL
250mg/25mL
500mg
60mg
10mg/mL
Diurétiques thiazidiques
xipamide Lumitens Comprimé sécable 20mg
hydrochlorothiazide Esidrex Comprimé sécable 25mg
indapamide Fludex, Indapamide (Biogaran, Merck)
Fludex
Comprimé enrobé
Comprimé enrobé LP
2,5mg
1,5mg
ciclétanine Tenstaten Gélule 50mg
Diurétiques épargneurs de potassium
Antialdostérone
spironolactone Aldactone
Practon
Spironolactone AP-HP
Spironolactone (Arrow, Biogaran, EG, G Gam, Ivax, Merck, Ratiopharm, RPG, Sandoz, Teva, Winthrop), Flumach
Spiroctan
Spironone
Comprimé enrobé sécable
Comprimé
Gélule
Comprimé
Comprimé enrobé
Gélule
Comprimé enrobé
25, 50 et 75mg
50mg
2,5 et 5mg
50 et 75mg
50 et 75mg
50 et 75mg
75mg
canrénoate de K Soludactone Poudre pour solution injectable 100 et 200mg
Pseudo-antialdostérone
amiloride Modamide Comprimé 5mg
Diurétiques associés entre eux
altizide
spironolactone
Aldactazine, Altizide spironolactone (Arrow, BGA, EG, Irex, Ivax, RPG, Merck, SDZ, Teva)
Practazin, Prinactizide
Comprimé 15mg
25mg
hydrochlorothiazide
amiloride
Amiloride hydrochlorothiazide (RPG, Teva), Modurétic Comprimé sécable 50mg
5mg
méthyclothiazide
triamtérène
Isobar Comprimé sécable 5mg
150mg
hydrochlorothiazide
triamtérène
Prestole Gélule 25mg
50mg
furosémide
spironolactone
Aldalix Gélule 20mg
50mg
furosémide
amiloride
Logirène Comprimé sécable 40mg
5mg

La réabsorption de Na et Cl est réduite au niveau de l’anse de Henle par les diurétiques de l’anse et au niveau du segment cortical de dilution par les diurétiques thiazidiques.

L’aldostérone agit sur le tube distal et le tube collecteur en favorisant l’excrétion du K contre une réabsorption de Na. Les antialdostérones contrecarrent ce phénomène.

L’amiloride et le triamtérène sont également diurétiques et épargneurs potassiques mais leur action est indépendante de l’aldostérone.


β-bloquants (tableau 5.3)


Les bêtabloquants (Hansson et al., 2000; Dahlöf et al., 2002) agissent au niveau du cœur et de la médullosurrénale. Les récepteurs β1-adrénergiques sont majoritaires au niveau cardiaque tandis que les récepteurs β2-prédominent au niveau vasculaire et bronchique.




















































































Tableau 5.3 β-bloquants utilisés dans le traitement de l’hypertension artérielle.
Principes actifs Noms de commercialisation Formes galéniques Dosages
acébutolol Acébutolol (Alter, Arrow, Biogaran, EG, G Gam, Ivax, Merck, Qualimed, Ratiopharm, RPG, Sandoz, Teva, Winthrop, ZydusNC)
Sectral
Comprimé
Comprimé enrobé
Solution buvable
200 et 400mg
200 et 400mg
40mg/mL
tertatolol Artex Comprimé enrobé sécable 5mg
aténolol Aténolol (Arrow, Biogaran, EG, G Gam, Irex, Ivax, Merck, Qualimed, Ratiopharm, RPG, Sandoz, Teva, Winthrop, Zydus)
Bétatop
Ténormine
Comprimé
Comprimé enrobé
Comprimé enrobé
50 et 100mg
50 et 100mg
50 et 100mg
propranolol Avlocardyl, Propranolol
Avlocardyl LP, Propranolol LP
Hémipralon
Comprimé sécable
Gélule LP
Gélule LP
40mg
160mg
80mg
céliprolol Céliprolol (Arrow, Biogaran, EG, G Gam, Ivax, Merck, Qualimed, Ratiopharm, RPG, Sandoz, Teva, Winthrop, Zydus)
Célectol
Comprimé
Comprimé enrobé sécable
200mg
200mg
nadolol Corgard Comprimé sécable 80mg
bisoprolol Bisoprolol (Arrow, Biogaran, EG, G Gam, GNR, Hexal, Irex, Ivax, Merck, Qualimed, Ratiopharm, RPG, Teva, Zydus)
Détentiel, Soprol
Comprimé
Comprimé enrobé sécable
5 et 10mg
10mg
bétaxolol Kerlone Comprimé enrobé sécable 20mg
métoprolol Lopressor
Lopressor, Séloken
Métoprolol (G Gam, RPG), Séloken
Comprimé enrobé sécable
Comprimé enrobé sécable LP
Comprimé sécable
100mg
200mg
50 ou 100mg
cartéolol Mikélan Comprimé sécable 20mg
timolol Timacor Comprimé Sécable 10mg
labétalol Trandate Comprimé enrobé sécable
Solution injectable IV (RSH)
200mg
100mg/20mL
oxprénolol Trasicor
Trasicor retard
Comprimé enrobé sécable
Comprimé enrobé LP
80mg
160mg
pindolol Visken Comprimé 5 et 15mg
nébivolol Nebilox, Témérit Comprimé sécable 5mg

La noradrénaline libérée consécutivement à l’excitation des nerfs sympathiques augmente la fréquence cardiaque. L’influx sympathique libère, au niveau de la médullosurrénale, de l’adrénaline et de la noradrénaline. Le rythme cardiaque déjà élevé est alors entretenu par l’adrénaline, suite à sa liaison aux récepteurs β1 et par la noradrénaline qui, elle, se lie aux récepteurs β2.

Les β-bloquants diminuent donc la même composante D dans l’équation régissant la PA. Ce blocage n’étant cependant pas toujours complet, l’existence de deux sous-types de récepteurs β1 et β2 introduit la notion de sélectivité. Par ailleurs, l’activation des récepteurs β-adrénergiques stimule la sécrétion de rénine (Waeber, 1999).


Inhibiteurs de l’enzyme de conversion (tableau 5.4)












































































Tableau 5.4 Inhibiteurs de l’enzyme de conversion utilisés dans le traitement de l’hypertension artérielle.
Principes actifs Noms de commercialisation Formes galéniques Dosages
quinapril Acuitel, Korec Comprimé enrobé sécable 5 et 20mg
bénazépril Briem, Cibacène Comprimé enrobé 5 et 10mg
captopril Captopril (Arrow, Biogaran, EG, G Gam, Ivax, Merck, Qualimed, Ratiopharm, Sandoz, Teva, Winthrop, Zydus)
Capoten (en ATU)
Captolane,
Lopril
Comprimé
Solution buvable
Comprimé sécable
Comprimé sécable
12,5, 25 et 50mg
5mg/5mL
25 et 50mg
25 et 50mg
périndopril Coversyl Comprimé sécable 2 et 4mg
fosinopril Fosinopril (Merck, Teva)
Fozitec
Comprimé
Comprimé sécable
10 et 20mg
10mg
trandolapril Gopten, Odrik Gélule 0,5, 2 et 4mg
cilazapril Justor Comprimé enrobé sécable 0,5 et 1 et 2,5mg
lisinopril Lisinopril (Arrow, BGA, EG, G Gam, Merck, Qualimed, Ratiopharm, RPG, Sandoz, Teva)
Prinivil, Zestril
Comprimé
Comprimé sécable
5 et 20mg
5 et 20mg
énalapril Enalapril (Arrow, Biogaran, EG, G Gam, Ivax, Merck, Qualimed, Ratio, RPG, Sandoz, Teva, Winthrop, Zydus)
Rénitec
Comprimé
Comprimé sécable
5 et 20mg
5 et 20mg
ramipril Ramipril (Alter, Arrow, Biogaran, Bouchara, EG, Merck, Qualimed, Ranbaxy, Ratiopharm, Sandoz, Teva, Winthrop, Zydus, Triatec)
Triateckit
Comprimé ou gélule
Comprimé bisécable
1,25, 2,5, 5 et 10mg
2,5, 5 et 10mg
moexipril Moex Comprimé enrobé sécable 7,5 et 15mg
imidapril Tanatril Comprimé sécable 5 et 10mg
zofénopril Zofényl Comprimé pelliculé 15 et 30mg

La rénine libérée dans le sang par l’appareil juxta-glomérulaire du rein est une enzyme transformant l’angiotensinogène en angiotensine I, laquelle sera, à son tour, transformée en angiotensine II grâce à l’action de l’enzyme de conversion. Cette dernière dégrade par ailleurs la bradykinine qui ne peut plus exercer sa puissante action vasodilatatrice. L’angiotensine II synthétisée exerce une action vasoconstrictrice prononcée d’une part et déclenche la sécrétion d’aldostérone d’autre part.

Les IEC baissent par conséquent la PA en diminuant les résistances périphériques mais aussi, dans un deuxième temps, la volémie.


Antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II) (tableau 5.5)


Les ARA II (Brenner et al., 2001, Malmqvist et al., 2001, Dahlöf et al., 2002 and Devereux et al., 2002) agissent sur la même composante, RP, de l’équation régissant la PA mais leur niveau d’action se situe en aval de celui des IEC (Mounier-Véhier, 2001). En effet, ils empêchent l’angiotensine II synthétisée de se lier à ses récepteurs.












































Tableau 5.5 Antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II utilisés dans le traitement de l’hypertension artérielle.
Principes actifs Noms de commercialisation Formes galéniques Dosages
losartan Cozaar Comprimé enrobé sécable 10 et 50mg
irbésartan Aprovel Comprimé (possibilité de délivrance à l’unité) 75, 150 et 300mg
candésartan Atacand, Kenzen Comprimé sécable 4, 8 et 16mg
valsartan Tareg, Nisis Comprimé 40, 80 et 160mg
telmisartan Pritor, Micardis Comprimé 20, 40 et 80mg
éprosartan Teveten Comprimé pelliculé 300mg
olmésartan Alteis
Olmetec
Comprimé pelliculé 10, 20 et 40mg


Inhibiteurs calciques (tableau 5.6)


Les inhibiteurs calciques (BPLTTC, 2000; Brown et al., 2000, Hansson et al., 2000, Agodoa et al., 2001, Devereux et al., 2001, Zanchetti et al., 2001, The ALLHAT officers and coordinators for the ALLHAT collaborative research group, 2002 and Lindholm et al., 2002) agissent sur les vaisseaux (les inhibiteurs calciques ayant cette sélectivité vasculaire sont les plus intéressants dans le traitement de l’HTA).
































































Tableau 5.6 Inhibiteurs calciques utilisés dans le traitement de l’hypertension artérielle.
Principes actifs Noms de commercialisation Formes galéniques Dosages
nifédipine Adalate, Nifédipine (Arrow, G Gam, Merck, RPG, RTP, Teva)
Aprical Losung (ATU)
Chrono Adalate LP
Nifédirex LP
Comprimé LP
Solution buvable
Comprimé osmotique adulte
Gélule LP
20mg et 30mg
20mg/mL
30mg
20mg
amlodipine Amlor Gélule 5 et 10mg
nitrendipine Baypress, Nidrel
Nitrendipine (Merck, Teva)
Comprimé
Comprimé
10 et 20mg
lacidipine Caldine Comprimé enrobé
Comprimé enrobé sécable
2mg
4mg
diltiazem Deltazen LP, Diacor, Dilrène LP, Diltiazem LP (Biogaran, RG, G Gam, Ivax, Merck, RPG, Sandoz, Teva)
Mono-Tildiem
Gélule LP
Gélule LP
300mg
200 et 300mg
félodipine Flodil Comprimé enrobé LP 5mg
isradipine Icaz Gélule LP adulte 2,5 et 5mg
vérapamil Isoptine LP
Vérapamil (BGA, EG, G Gam, Ivax, Merck, Ratiopharm, Sandoz, Teva)
Comprimé enrobé sécable LP
Gélule
Comprimé, comprimé LP ou gélule LP
120 et 240mg
120mg
120 et 240mg
nicardipine Loxen
Loxen LP
Comprimé sécable
Solution injectable pour perfusion
Gélule LP
20mg
10mg/10mL
50mg
lercanidipine Zanidip, Lercan Comprimé pelliculé sécable 10 et 20mg
manidipine Iperten Comprimé 10 et 20mg

La présence de calcium libre à l’intérieur de la cellule musculaire lisse, vasculaire en particulier, est nécessaire à sa contraction. Ces médicaments, en agissant sur les canaux calciques lents, empêchent l’entrée de cet élément dans la cellule. Ils diminuent donc la variable «résistances périphériques» (RP) de l’équation PA = D × RP.


α-bloquants (tableau 5.7)


L’antagonisme sélectif exercé par ces médicaments au niveau des récepteurs α1-adrénergiques entraîne une vasodilatation et, de ce fait, une baisse des résistances périphériques



















Tableau 5.7 α-bloquants utilisés dans le traitement de l’hypertension artérielle.
Principes actifs Noms de commercialisation Formes galéniques Dosages
prazosine Alpress LP
Minipress
Comprimé osmotique
Comprimé sécable
2.5 et 5mg
1 et 5mg
urapidil Eupressyl, Médiatensyl Gélule
Solution injectable par perfusion
30 et 60mg
25mg/5mL et
50mg/10mL


Antihypertenseurs d’action centrale (tableau 5.8)


L’activité de ces principes actifs résulte d’une inhibition (directe dans le cas de la clonidine, la guanfacine, la rilménidine et la moxonidine ou via un métabolite dans le cas du méthyldopa) du système sympathique au niveau central.


































Tableau 5.8 Antihypertenseurs d’action centrale.
Principes actifs Noms de commercialisation Formes galéniques Dosages
clonidine Catapressan
Clonidine RPG
Comprimé sécable solution injectable IV, IM par perfusion
Comprimé sécable
0,15mg
0,15mg/mL
0,15mg
guanfacine Estulic Comprimé sécable 2mg
rilménidine Hypérium
Rilménidine (Biogaran, Mexic, Ratiopharm)
Comprimé
Comprimé
1mg
1mg
méthyldopa Aldomet
Méthyldopa MSD
Comprimé enrobé
Solution pour perfusion IV
Comprimé enrobé
250, 50g
250mg/5mL
250, 500mg
moxonidine Physiotens Comprimé enrobé 0,2-0,4mg


Vasodilatateurs musculotropes (tableau 5.9)


La dihydralazine agit directement sur la musculature lisse des petites artères et des artérioles en diminuant leur tonus. Le minoxidil et le diazoxide agissent de même en ouvrant les canaux potassiques, ce qui induit une perte de potassium par la cellule musculaire. Le nitroprussiate de sodium est à la fois vasodilatateur artériel et veineux via une production d’oxyde nitrique (NO).
























Tableau 5.9 Antihypertenseurs vasodilatateurs musculotropes.
Principes actifs Noms de commercialisation Formes galéniques Dosages
dihydralazine Népressol Poudre pour solution injectable IV 25mg/2mL
minoxidil Lonoten Comprimé sécable 5, 10mg
nitroprussiate de sodium Nitriate Poudre et solvant pour solution et perfusion IV 50mg/4mL


Bithérapies fixes (tableau 5.10)


Les associations de principes actifs, à posologies réduites, au sein d’un même médicament développent, sinon une synergie d’action, au moins un effet additif justifiant l’utilisation de certaines d’entre elles en première intention.

















































































































































Tableau 5.10 Associations d’anti-HTA à faibles doses.
Principes actifs Noms de commercialisation Formes galéniques Dosages
IEC diurétiques
quinapril
hydrochlorothiazide
Acuilix
Koretic
Comprimé enrobé sécable 20mg
12,5mg
bénazépril
hyrochlorothiazide
Briazide
Cibadrex
Comprimé enrobé sécable 10mg
12,5mg
captopril
hydrochlorothiazide
Captéa, Captopril hydrochlorothiazide (Arrow, BGA, GNR, Merck, Quali, RTP)
Ecazide
Comprimé sécable 50mg
25mg
énalapril
hydrochlorothiazide
Corénitec, Enalapril hydrochlorothiazide (Arrow, BGA, Merck, Quali, RPG, RTP, SDZ) Comprimé sécable 20mg
12,5mg
fosinopril
hydrochlorothiazide
Fozirétic Comprimé sécable 20mg
12,5mg
ramipril hydrochlorothiazide Cotriatec Comprimé 5mg
12,5mg
quinapril
hydrochlorothiazide
Korétic Comprimé sécable 20mg
12,5mg
périndopril indapamide Prétérax
Biprétérax
Comprimé sécable 2mg – 0,625mg
4mg – 1,25mg
lisinopril
hydrochlorothiazide
Lisinopril hydrochlorothiazide (Arrow, BGA, EG, Merck, Qualimed, RTP, Sandoz, Teva, Winthrop), Prinzide Zestorétic Comprimé sécable 20mg
12,5mg
zofényl
hydrochlorothiazide
Zonénylduo Comprimé 30mg
12,5mg
ARA II diurétiques
losartan
hydrochlorothiazide
Hyzaar
Fortzaar
Comprimé enrobé 50mg/12,5mg
100mg/25mg
valsartan
hydrochlorothiazide
Cotareg, Nisisco Comprimé enrobé 80mg/12,5mg
160mg/12,5mg
ou 25mg
ibésartan
hydrochlorothiazide
Coaprovel Comprimé (possibilité de délivrance unitaire) 150 et 300mg
12,5mg
candésartan
hydrochlorothiazide
Cokenzen
Hytacand
Comprimé 8 ou 16mg
12,5mg
telmisartan
hydrochlorothiazide
Micardisplus, Pritorplus Comprimé 40 ou 80mg
12,5mg
β-bloquants diurétiques
métoprolol
chlortalidone
Logroton Comprimé enrobé sécable 200mg
25mg
timolol
amiloride
Moducren Comprimé sécable 10mg
2,5mg
aténolol
chlortalidone
Ténorétic Comprimé pelliculé 50mg
12,5mg
oxprénolol
chlortalidone
Trasitensine Comprimé enrobé 160mg
20mg
pindolol
clopamide
Viskaldix Comprimé 10mg
5mg
bisoprolol
hydrochlorothiazide
Lod
Wytens
Comprimé 2,5, 5 ou 10mg
6,25mg
Inhibiteur de l’enzyme de conversion + inhibiteur calcique
trandolapril
vérapamil
Tarka LP
2mg
180mg
β-bloquant + inhibiteur calcique dihydropyridine
aténolol
nifédipine
Béta-adalate
Ténordate
Gélule 50mg
20mg
métoprolol
félodipine
Logimax Comprimé enrobé LP 50mg
5mg
Sympatholytique périphérique + diurétique
réserpine
bendrofluméthiazide
Tensionorme Comprimé sécable 0,1mg
2,5mg


CRITÈRES DE CHOIX THÉRAPEUTIQUE



PRINCIPES DE BASE ET GÉNÉRALITÉS



Principes de base







– la PAS comme la PAD sont des critères à prendre en considération dans la prise en charge de l’HTA;


– les mesures hygiéno-diététiques sont à mettre en œuvre dès les valeurs tensionnelles «normales hautes»;


– il y a urgence à traiter une HTA sévère ou maligne;


– dans les autres formes, il est nécessaire d’avoir une période d’évaluation et/ou d’observation avant de proposer un traitement médicamenteux;


– les objectifs tensionnels sont plus bas dès lors qu’il existe un diabète ou une néphropathie associés (Estacio et al., 2000, Brenner et al., 2001 and Wright et al., 2002);


– il est bénéfique de traiter l’HTA du sujet âgé;


– une évaluation globale du risque cardiovasculaire permet d’orienter au mieux le traitement. Elle repose sur la détermination des chiffres tensionnels, l’évaluation du retentissement organique et/ou cardiovasculaire de l’HTA ainsi que sur la recherche des autres facteurs de risque associés (Vallée, 1999; Zanchetti et al., 2002).

Le sixième rapport du Joint National Committee propose une classification des patients en trois groupes (A, B et C) en fonction des autres facteurs de risque associés à l’HTA et des éventuelles lésions organiques et/ou cardiovasculaires (tableau 5.11).

































Tableau 5.11 Classifications des hypertendus.
Facteurs de risque Retentissements organiques et/ou cardiovasculaires Groupes
A
+ (diabète exclu) B
Diabète C
Diabète + autres facteurs de risque
+
Facteurs de risque autres que diabète +
Diabète +

Le risque s’élève lorsqu’on passe du groupe A au groupe C et, la seule existence d’un diabète ou d’un retentissement de l’HTA, classe d’emblée le patient dans le groupe à plus haut risque C.


Stratégie thérapeutique


Elle est déterminée en croisant les chiffres tensionnels avec le groupe auquel appartient le malade (tableau 5.12).





















Tableau 5.12 Stratégie thérapeutique en fonction des chiffres tensionnels et de la classification des hypertendus.
Catégories tensionnelles (PAS/PAD en mmHg) Groupe A Groupe B Groupe C
Normale haute
130-139/85-89
Mesures hygiéno-diététiques Mesures hygiéno-diététiques Traitement médicamenteux
Stade 1
140-159/90-99
Mesures hygiéno-diététiques jusqu’à 12 mois Mesures hygiéno-diététiques Jusqu’à 6 mois
Stades 2 et 3
∏ 160/∏ 100
Traitement médicamenteux

Ainsi, les mesures hygiéno-diététiques peuvent permettre de rendre «optimale» une tension «normale haute» chez les sujets des groupes A et B.

Dans l’HTA de stade 1, ces mêmes règles constituent la première étape du traitement. La tentative d’optimisation tensionnelle par la mise en œuvre de ces mesures peut durer jusqu’à 12 mois chez les sujets du groupe A alors qu’elle ne doit pas excéder 6 mois pour un malade du groupe B.





– à partir du stade 2 de l’HTA, même en l’absence de tout facteur de risque associé et en dehors de tout retentissement organique ou cardiovasculaire objectivé;


– chez les patients du groupe C (ayant une lésion des organes cibles et/ou une maladie cardiovasculaire clinique et/ou diabétique), même avec des valeurs tensionnelles normales.


Règles hygiéno-diététiques



Elles comprennent:




– une réduction pondérale en cas d’obésité;


– une limitation de la consommation d’alcool à 30mL d’éthanol/jour soit 2 verres et demi de vin à 12° pour un homme et un verre et demi chez la femme;


– un arrêt du tabagisme (Anonyme, 2000; Tonstad et al., 2003);


– un exercice physique (Fagard, 2001) régulier: 30 à 45min/jour ou, au moins, 3fois par semaine;


– une limitation de la consommation de sodium (Sacks et al., 2001) à un équivalent de 6g de NaCl/jour. Cette mesure permet de réduire la PAD de 5mmHg;


– une limitation de la consommation de lipides saturés et de cholestérol;


– une alimentation riche en potassium, calcium et en magnésium.

La DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension) propose d’associer au long cours la réduction de consommation de sel à un protocole diététique riche en fibres et appauvri en graisse (Sacks, 2001).


Traitement médicamenteux de l’hypertension artérielle essentielle


La monothérapie reste recommandée en première intention. Sur le critère d’efficacité «normalisation tensionnelle», aucune classe thérapeutique ne s’est révélée supérieure à une autre et la possibilité d’utiliser les principales classes d’antihypertenseurs: diurétiques, β-bloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, antagonistes du calcium, antagonistes de l’angiotensine II, α-bloquants, en première intention, semble actuellement admise (Chalmers, 1999; OMS, 1996; Girerd, 2000). Il faut noter que, pour des raisons de tolérance, ce n’est pas le cas des anti-HTA d’action centrale (Mourad, 1999).

Bien que certains auteurs (Safar, 2001) déplorent le manque d’étude physiopathologique de fond sur les diurétiques, ces derniers sont, avec les β-bloquants, à préférer en cas d’HTA non compliquée. En effet, ils représentent, du fait du plus grand recul, la stratégie ayant le plus haut niveau de preuve d’un bénéfice sur la morbi-mortalité (LRP, 1999, Gueyffier, 1999 and Vallée, 1999). En revanche, lorsque d’autres pathologies sont associées à l’HTA, d’autres classes d’antihypertenseurs peuvent être préférées en première intention.

Il est également possible d’utiliser, en première intention, des associations de principes actifs à faibles doses, donc les bithérapies fixes (Bobrie, 1998; JNC, 1997).


POUSSÉES HYPERTENSIVES AIGUËS ET HTA SÉVÈRES



Les crises aiguës hypertensives surviennent chez des hypertendus connus dans 9 cas sur 10. C’est plus le retentissement viscéral de l’hypertension, que la valeur absolue des chiffres tensionnels qui rend urgente la prise en charge: apparition ou aggravation d’une atteinte des organes cibles (cœur, rein, cerveau). On parle d’HTA maligne en présence d’une atteinte multiviscérale rapidement progressive, objectivée sur fond d’œil.

La pré-éclampsie constitue également une urgence hypertensive chez la femme enceinte.

L’existence d’un retentissement viscéral impose une baisse urgente mais progressive des chiffres tensionnels. Cet objectif nécessite une prise en charge en milieu spécialisé, avec recours à des formes injectables, sous surveillance stricte.

L’administration intraveineuse en continu au pousseseringue électrique est souvent préférable car elle permet de limiter les «à-coups» tensionnels. Dans ce cas, le débit de perfusion est réglé en fonction des chiffres de pression artérielle.

Ce «monitoring» tensionnel permet d’adapter en permanence la posologie de médicament tel que le nitroprussiate de sodium, vasodilatateur à la fois artériel et veineux, utilisé en perfusion en continu en particulier en cas d’HTA maligne associée à une déshydratation.

Si l’administration est réalisée en discontinu, l’utilisation de médicaments injectables ayant un représentant oral est préférée. Il s’agit entre autres d’inhibiteur calcique tel que la nicardipine ou d’un alpha-bloquant comme l’urapidil. Dans ces cas, l’injection médicamenteuse est associée à une prise systématique de la pression artérielle toutes les trois ou quatre heures en se fixant une valeur limite à ne pas dépasser. En cas d’échec, une injection supplémentaire est effectuée. Si le résultat est favorable, une abstention thérapeutique s’impose et le même raisonnement est appliqué à la prise tensionnelle suivante.

Parallèlement, un traitement per os est initié pour prendre le relais.


TRAITEMENT DE FOND


Actuellement, il n’existe pratiquement pas de facteur prédictif de réponse à une monothérapie (Ruzicka, 2001). Par conséquent, indépendamment des principes de base, à respecter par définition, si l’âge constitue un élément initial d’orientation, c’est ensuite par élimination des classes thérapeutiques en fonction des autres pathologies dont souffre le malade que le meilleur antihypertenseur sera choisi (Tcherdakoff, 1990; Waeber, 1999).

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May 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on Traitement de l’hypertension artérielle

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