27. Témoin de Jéhovah et intervention potentiellement hémorragique1
Un homme de 54 ans (ASA I), pesant 79kg et mesurant 180cm, est programmé pour une prostatectomie. Alors que vous êtes en salle d’opération, vous surprenez une conversation entre l’infirmière circulante et l’aide opératoire : la première indique que le patient est témoin de Jéhovah et la seconde qu’elle a perdu un patient qui présentait les mêmes convictions au cours d’une intervention similaire. Dans l’espoir qu’il accepte de recevoir de l’albumine, vous en prenez deux flacons dilués à 4 % dans la pharmacie et les déposez sur votre table d’anesthésie, derrière le respirateur. Vous rencontrez le patient pour la première fois en salle d’hospitalisation préopératoire, où il est entouré par 15 de ses proches. Ils vous indiquent son refus formel de toute transfusion ou administration de produits dérivés du sang . Vous l’informez en termes indiscutables que vous respecterez sa volonté mais qu’il encoure le risque de décéder d’hypovolémie . Sa réponse est qu’il choisit de mourir plutôt que de recevoir des produits sanguins. Vous écrivez que vous avez informé le patient des conséquences sévères de sa position et lui demandez de signer la déclaration de ce refus de produits sanguins et du fait qu’il est prêt à mourir pour s’y conformer. Vous faites signer comme témoins le plus grand nombre possible de ses proches et faites une copie du document pour vos archives personnelles avant de placer l’original dans le dossier du patient.
Ses antécédents médicaux ne sont pas contributifs. Il n’a jamais été opéré auparavant. Son examen clinique est normal et il est Mallampati I. Une péridurale ne l’intéresse pas, il préfère être endormi. Vous posez une voie veineuse, administrez 2mg de midazolam et le faites accompagner en salle d’opération. La même équipe infirmière que le matin est en salle, mais avec une panseuse circulante supplémentaire. Vous vous présentez à elle car vous ne l’aviez pas encore vue. Elle vous indique son nom et se dit enchantée de vous connaître. Comme elle est nouvelle dans la salle, vous présumez qu’elle remplit le rôle d’infirmière circulante. Le patient est installé sur la table d’opération et vous installez les appareils de surveillance. Vous enregistrez les paramètres vitaux initiaux et commencez la préoxygénation. La nouvelle infirmière semble mal à l’aise et fixe constamment votre table d’anesthésie derrière vous. Vous pensez qu’il est possible que l’objet d’une telle attention soit les flacons d’albumine. L’autre infirmière circulante tient votre sonde trachéale et se prépare à vous aider pour l’intubation, à la tête du patient. Ce qu’elle fait ne semble pas intéresser sa nouvelle collègue. Vous ressentez la bizarrerie de la situation, et votre inquiétude vous conduit à interrompre la préoxygénation et à vous tourner vers la nouvelle infirmière. Quel est l’objet de votre inquiétude et que lui dites-vous ?