25. Prise en charge thérapeutique des goitres et nodules euthyroïdiens
Chapitre révisé pour cette édition par:
Valérie Sautou-Miranda
Praticien hospitalier, pharmacien des hôpitaux, maître de conférences en pharmacie clinique
Anne Boyer-Grand
Pharmacien attaché, CHU Clermont-Ferrand maître de conférences associé en pharmacie clinique
Jean Chopineau
Praticien hospitalier, pharmacien des hôpitaux, chef de service, professeur de pharmacie clinique
Françoise Desbiez
Médecin assistant des hôpitaux, chef de clinique des Universités en endocrinologie et maladies métaboliques
Igor Tauveron
Médecin praticien hospitalier, professeur d’endocrinologie diabète et maladies métaboliques CHU de Clermont-Ferrand, France
Chapitre initialement rédigé par:
Anne Boyer-Grand, Jean Chopineau and Frédéric Somda
Médecin assistant des hôpitaux, chef de clinique des Universités en endocrinologie diabète et maladies métaboliques
Igor Tauveron
Nous remercions
Sophie Perrin
Interne en pharmacie, département pharmaceutique, CHU de Besançon, pour la relecture de ce chapitre.
GÉNÉRALITÉS
PHYSIOPATHOLOGIE
(Castro and Gharib, 2005, Duron and Dubosclard, 2000, Nunez and Leclere, 1998, Léger, 1998 and Schlienger, 1998)
Une des affections thyroïdiennes la plus fréquente est le goitre; il peut, soit refléter l’adaptation de la thyroïde à son environnement (goitre simple), soit s’intégrer dans le cadre des maladies thyroïdiennes diverses. Le goitre simple peut à terme se nodulariser. Quant au nodule thyroïdien solitaire, il se rencontre également souvent et est bénin dans 90 à 95% des cas. Sa prévalence est plus importante chez la femme, le sujet âgé, les patients habitant une zone de carence iodée ou ayant reçu dans leur enfance une irradiation cervicale.
Définitions
► Goitres
Le goitre correspond à une hypertrophie diffuse ou localisée de la thyroïde due en principe à une hyperplasie des cellules folliculaires. On distingue deux types de goitre: d’une part, le goitre simple initialement diffus qui devient hétérogène par autonomisation ou augmentation du volume de certains nodules et par des phénomènes de compression; d’autre part le goitre lié à une maladie thyroïdienne dont l’évolution et la physiopathologie varient en fonction de la maladie causale: action des anticorps et infiltration lympho-plasmocytaire dans les maladies auto immunes, inflammation dans les thyroïdites, infiltration de cellules néoplasiques.
C’est la carence en iode qui, en provoquant une élévation légère de la TSH, représente le facteur goitrigène principal. Cependant un déficit en sélénium ou une origine alimentaire peuvent également contribuer à la formation d’un goitre La prévalence de cette affection thyroïdienne atteint, en France, 15 à 20%.
► Nodules
Le nodule thyroïdien se présente sous forme d’une tuméfaction arrondie du corps thyroïde, bien individualisée par rapport au reste du parenchyme. Il est solitaire, constitué d’une prolifération mono ou oligoclonale rarement maligne, ou multiple composé de follicules hétérogènes remaniés, souvent bénins, au sein d’un goitre multinodulaire.
Clinique
► Signes communs aux goitres et nodules
On observe une augmentation du volume de la thyroïde, un aspect plongeant ou non vers le médiastin, généralement bien connu du patient ou du médecin depuis plusieurs années.
► Signes spécifiques aux goitres
Asymptomatique, négligé, le goitre est rarement motif d’inquiétude Lors de l’examen clinique, la palpation permet d’évaluer la dimension du goitre, sa consistance (molle, ferme, cartonnée, pierreuse), son caractère vascularisé confirmé par un souffle auscultatoire, son homogénéité (présence ou absence de nodules) et sa symétrie. On recherche également les éventuels signes de compression (déviation de la trachée, dyspnée, dysphagie, dysphonie) et de gêne cervicale. Ces symptômes s’accentuent lorsque le patient lève les bras au-dessus de la tête. Ils peuvent apparaître brutalement suite à la constitution d’un kyste hémorragique et devenir douloureux. Parallèlement, un interrogatoire sur les origines ethniques, les antécédents de dysthyroïdie familiaux, les traitements suivis et les apports iodés est réalisé auprès du patient.
► Signes spécifiques aux nodules
(Léger, 1994)
Il est souvent découvert de manière fortuite par le patient ou son entourage notant une voussure cervicale antérieure sous hyoïdienne, mobile à la déglutition, bien individualisé, soit solitaire, soit multiple. Des signes évocateurs d’un phénomène de compression, d’un dysfonctionnement thyroïdien ou d’une carence en iode peuvent être observés parallèlement.
Diagnostic
Le diagnostic positif, qu’il s’agisse du goitre diffus ou du nodule repose sur des examens biologiques, morphologiques et fonctionnels.