20. Œdème pulmonaire après cœlioscopie
Une femme de 59 ans pesant 50kg et présentant des douleurs pelviennes est admise pour adhésiolyse sous cœlioscopie au laser au dioxyde de carbone. Ses antécédents comportent une hypertension et une hyperlipidémie. Son examen clinique est sans particularité et, bien qu’elle n’ait aucun symptôme cardiaque, son électrocardiogramme (ECG) montre un hémi-bloc antérieur gauche. Elle prend comme traitement de l’hydro chlorothiazide, du triamtérène et du gemfibrosil. Elle ne présente aucune allergie. Elle est sédatée avec 2mg de midazolam intraveineux et conduite en salle d’opération. Là, les éléments de surveillance sont mis en place et l’anesthésie avec intubation endotrachéale induite sans problème. L’entretien est assuré par le mélange desflurane/fentanyl/oxygène/air. Le pancuronium est utilisé pour le relâchement musculaire. Pendant l’intervention qui dure 185min, la patiente reçoit un total de 2100ml de solutés cristalloïdes en intraveineuse (1000ml de Ringer Lactate® avant le début, 1000ml de sérum physiologique durant les premières 90min puis de nouveau 100ml les dernières 95min). Le chirurgien envoie une solution de Ringer Lactate® par l’endoscope pour laver le sang et les débris afin d’améliorer la visibilité. L’infirmière vous indique qu’un total de 4400ml a été instillé et réaspiré par l’opérateur en fin d’intervention. La diurèse peropératoire est de 300ml. Le bloc neuromusculaire est antagonisé à la fin de l’opération avec du glycopyrrolate et de la néostigmine. La ventilation spontanée reprend. La patiente répond aux consignes verbales et maintient la tête levée pendant 10s. Elle est extubée mais, alors qu’elle est toujours en salle d’opération, des troubles de la conscience et des difficultés respiratoires apparaissent. Vous lui administrez 100 % d’oxygène au masque facial et la saturation remonte de 84 à 93 %. Votre neurostimulateur montre quatre réponses fortes. Ses pupilles sont entre myosis et intermédiaires mais vous décidez d’injecter de la naloxone intraveineuse jusqu’à la dose de 0,4mg. Comme cela était prévisible, vous n’obtenez pas de résultat. Vous examinez le thorax de la patiente et percevez des râles bilatéraux à la base de ses deux champs pulmonaires. Vous la conduisez en salle de surveillance postinterventionnelle et une radiographie de thorax confirme le diagnostic d’œdème pulmonaire . Quel est votre traitement ? Quels examens complémentaires demandez-vous ? Pourquoi la patiente présente-t-elle un œdème pulmonaire ?
Solution
Dans ce cas, après avoir interrogé à nouveau l’infirmière de bloc, l’équipe d’anesthésie découvrit que le volume de liquide péritonéal récupéré avait seulement été de 1950ml contre 4400ml instillés. Il est de la responsabilité de l’anesthésiste de vérifier ces chiffres à la fin de l’intervention. Ne comptez pas sur les autres pour cette information ; vérifiez-la vousmême. Vingt milligrammes de furosémide intraveineux améliorèrent l’état de la patiente après un délai de 20–30min et une diurèse massive. Il est conseillé de faire un bilan électrolytique et un ECG . En cas de signe électrique d’ischémie récente, la patiente devrait être hospitalisée pour observation et un dosage des enzymes cardiaques devrait être réalisé. Dans notre cas clinique, la patiente put quitter l’hôpital le lendemain et eut des suites simples.