Hallucinations

Chapitre 25 Hallucinations







HALLUCINATIONS SENSORIELLES



inline Hallucinations auditives


Ce que nous pouvons savoir des hallucinations auditives dépend du contact qui s’établit avec le patient et des confi dences qu’il veut bien nous faire. En effet, nous appartenons à une culture où, depuis longtemps, « entendre des voix », c’est « être fou ». Dans certains cas, de tels hallucinés, même s’ils restent très réticents, expriment leur état malgré eux par des attitudes d’écoute, ou par l’emploi de diverses ruses pour se préserver de leurs voix, avec plus ou moins d’effi cacité, la plus fréquente étant l’utilisation d’objets visant à obturer les conduits auditifs externes (le walkman a désormais remplacé le coton dans les oreilles).


Les hallucinations auditives sont presque toujours présentes dans les bouffées délirantes aiguës, elles sont fréquentes dans les psychoses délirantes chroniques (schizophrénie, psychose hallucinatoire chronique, paraphrénie), mais peuvent aussi survenir dans les formes délirantes de la manie ou de la mélancolie. Dans ce dernier cas, elles répètent les thèmes d’autoaccusations et d’indignité, et peuvent formuler des ordres de suicide, souvent exécutés, etc. Les hallucinations auditives représentent les plus fréquentes des hallucinations sensorielles. Elles peuvent être simples ou complexes.




inline Hallucinations verbales psychosensorielles


Les hallucinations verbales psychosensorielles sont un sous-ensemble des hallucinations auditives qui concernent le langage.


En psychiatrie, les hallucinations sont souvent acousticoverbales. Le patient entend des mots isolés, parfois toujours les mêmes, parfois changeants, mais surtout des phrases, des voix, localisées dans l’espace, parlant entre elles, s’adressant à lui ou le désignant à la troisième personne. Parfois, il lui semble saisir une conversation qui ne lui est pas destinée, ou encore le sujet dialogue avec ses voix. Les interlocuteurs peuvent être identifiés ou non, connus ou inconnus, soit grâce aux caractéristiques de la voix, soit intuitivement. Ces voix peuvent s’exprimer dans la langue maternelle des patients, mais parfois dans une langue étrangère, connue ou inconnue d’eux. Le contenu est souvent hostile, injurieux, menaçant, mais il peut aussi être fl atteur et sympathique, et dans quelques cas, le positif et le négatif alternent. Ou encore, les voix répètent la pensée en écho, communiquant des informations délirantes. Dans certains cas, il s’agit d’ordres hallucinatoires, auxquels les patients n’arrivent pas toujours à résister.


Mais quelques soient ces variétés, il ne s’agit d’hallucinations psychosensorielles que si les paroles sont ressenties comme venant du dehors, de l’extérieur de l’organisme, par les oreilles, et associées à la croyance irréfutable de leur réalité. Elles peuvent venir de près ou de loin, être claires ou difficiles à déchiffrer, passer par une seule oreille ou par les deux. Parfois, des explications peuvent s’organiser autour de ces voix : micros cachés, actions à distance, téléphonie sans fil, etc., jusqu’à des élaborations délirantes complexes. Ces hallucinations surviennent avec un retentissement émotionnel très variable, parfois dans l’indifférence, quelquefois avec ironie, souvent avec indignation.




inline Hallucinations visuelles simples


Leur description est toujours métaphorique (« comme si »). Il s’agit d’événements éphémères, mais pouvant se répéter : éclairs lumineux (photopsie), flammes, flashes, éclats, couleurs, points brillants (phosphènes), lignes, étoiles, choses flottantes dans l’espace ou formes géométriques. Mais, il ne s’agit jamais d’objets clairement identifi és. Leur point de départ peut se situer sur toute la voie optique. Ces éléments peuvent remplir la totalité du champ visuel, ou se limiter à un hémichamp, ou encore ne concerner qu’un seul oeil. Ils peuvent se maintenir ou disparaître à la fermeture d’un ou des deux yeux. Le sujet sait bien qu’il n’existe pas d’objet réel devant lui, mais il ne peut pas nier qu’il l’a vu.


L’origine des hallucinations visuelles simples est multiple et variée : pression des globes oculaires chez un sujet normal, migraine ophtalmique (origine la plus fréquente, précédée pendant une dizaine de minutes d’un scotome scintillant, mais critiqué par le patient), glaucome, pathologies de la rétine, dégénérescence maculaire, intoxications (amphétamines, mescaline, cannabis, etc.), sevrages médicamenteux, privations de sommeil, jeûne, déficits vitaminiques, hyperthermies, hypoxie, aura d’une crise comitiale (épilepsie frontale), lésions occipitales (hallucination dans le champ visuel défi citaire).



inline Hallucinations visuelles complexes


(cf. supra, Hallucinations psychiques.)


Elles sont très variables : perception d’objets, de personnages, d’animaux, de paysages ou de scènes compliquées et indescriptibles, elles occupent tout le champ visuel. Les hallucinations visuelles esthétiques sont des objets culturellement déterminés, avec une forme, une couleur et des aspects bien concrets. Il s’agit d’une expérience nouvelle et pas d’une remémoration. Le niveau de vigilance est normal, et la croyance est assez variable, bien que le sujet vive son expérience comme indubitablement perceptive. Le rapport de l’objet hallucinatoire au reste du champ visuel est homogène (par exemple, s’il s’agit d’un chat hallucinatoire, il peut être allongé sur le divan réel). La distinction entre hallucination et illusion sensorielle reste souvent délicate.


Les hallucinations visuelles complexes ont une signification étiologique disparate : lésions temporales ou temporo-occipitales, épilepsie temporale ou pariéto-occipitale (mais hallucinations critiquées), intoxications ou sevrages alcooliques (zoopsies du delirium tremens), états infectieux hyperpyrétiques, drogues hallucinatoires (elles peuvent alors survenir à distances des intoxications), pathologies ophtalmiques (hallucination pédonculaire ou onirisme vespéral des sujets âgés, athéromateux ou hypertendus). Elles sont relativement rares dans les délires chroniques et les schizophrénies et s’observent surtout dans les états confusooniriques et parfois dans les états seconds des hystériques (visions de personnages religieux, par exemple).




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May 26, 2020 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on Hallucinations

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