Chapitre 8 Principes généraux de la reconstruction des parois thoraciques
ANATOMIE DES PAROIS THORACIQUES
Fondamentalement, la paroi thoracique comprend anatomiquement, de la surface vers la profondeur, quatre plans successifs que l’on peut décrire schématiquement comme suit (figure 8.1).
Si la précédente description est conforme aux quatre plans principaux qui constituent successivement les quatre couches tégumentaire, musculoaponévrotique, squelettique et séreuse de la paroi thoracique, l’on retiendra toutefois d’emblée ici que, chirurgicalement, ces plans anatomiques élémentaires peuvent être groupés deux par deux en deux volets composites dont l’exérèse et la reconstruction doivent être envisagés séparément (figure 8.1).
EXÉRÈSE RAISONNÉE DES TUMEURS PARIÉTOTHORACIQUES
Incisions cutanées
Sur le thorax antérieur (figure 8.2), le trait d’incision principal ou la zone d’exérèse circonférentielle sont disposés longitudinalement, selon l’axe général d’une sternotomie médiane. La prolongation de cette ligne d’incision se fait, comme dans le secteur latéral, sous la forme de traits curvilignes longeant en haut la région claviculaire, et en bas les cintres costaux inférieurs. Ces traits permettent en effet d’exposer largement les muscles pectoraux et de lever simultanément des lambeaux cutanés qui restent vascularisés sur les branches perforantes latérales des pédicules intercostaux. Le trait inférieur peut également descendre longitudinalement sur l’abdomen, sur la ligne médiane ou parallèlement par rapport à elle, si l’on planifie un geste de reconstruction effectué respectivement à l’aide du grand omentum ou du muscle droit de l’abdomen, ce dernier étant alors levé sur les vaisseaux épigastriques supérieurs.
En regard de l’orifice supérieur du thorax (figure 8.3), abordé le plus souvent pour la résection d’une tumeur infiltrante dans le cadre d’un syndrome de Pancoast, la voie d’abord doit permettre d’exposer largement le rachis cervical, le plexus brachial, les vaisseaux subclaviers et les trois premiers arcs costaux. La ligne d’incision court dès lors, dans la région cervicale, le long du bord supérieur du muscle trapèze puis croise, en s’inclinant vers l’avant, la couverture cutanée du triangle cervical postérieur. Elle se poursuit en longeant la clavicule, à 1 cm de son bord supérieur, jusqu’en regard de l’articulation sternoclaviculaire. Celle-ci, laissée intacte, est désolidarisée du sternum par une double ostéotomie du manubrium qui permet de soulever le sarment claviculaire et d’exposer sans dommage toutes les structures nobles sous-jacentes ainsi que la masse tumorale à réséquer (voie de Grünenwald). Pour aborder les muscles plats antérieurs, l’abord peut se poursuivre par une incision cutanée verticale médiane ou paramédiane. Si la tumeur possède un prolongement axillaire, l’on préférera un abord plus latéral, avec ostéotomie moyenne du corps de la clavicule, et une incision thoracique descendant vers le pilier antérieur du creux axillaire, 1 à 2 cm médialement par rapport au sillon deltopectoral (voie axillaire). Dans les deux cas, l’on peut ainsi aisément réaliser un abord conservateur du muscle grand pectoral.
ÉPARGNE DU CAPITAL MUSCULAIRE
En pratique, cette gestion raisonnée du capital tissulaire de reconstruction repose sur la réalisation systématique de thoracotomies d’épargne musculaire. Afin de planifier chacune de celle-ci, la réflexion préopératoire doit, sur la base de l’imagerie tumorale en IRM et de l’étude des vaisseaux pariétaux en angio-TDM, dresser la liste de tous les muscles plats indemnes d’envahissement néoplasique susceptibles d’être transposés dans le défect pariétal. En parallèle, l’on établira la liste de tous les pédicules vasculaires majeurs ou accessoires sur lesquels les muscles sélectionnés peuvent être transposés. En réunissant ces données, l’on pourra enfin tracer le chemin à suivre dans la voie d’abord tumorale, en sauvegardant un maximum de possibilités de transposition des muscles voisins (figure 8.4). Lors de l’abord préliminaire de la masse tumorale, les muscles seront donc exposés à la faveur d’un décollement musculocutané effectué sur l’une des deux berges de l’incision et sectionnés près de leurs insertions sous-jacentes, en lieu et place d’être traversés dans leur partie moyenne. En combinant les possibilités de transposition offertes par leurs différents pédicules, l’on pourra ainsi, à la faveur d’un abord raisonné, respecter l’intégrité de plusieurs muscles et les transposer ensuite l’un et l’autre dans deux parties différentes du défect, en utilisant pour chacun d’eux un pédicule distinct.
8.4 Thoracotomie d’épargne musculaire.
À titre d’exemple, l’on peut ainsi, dans une thoracotomie d’épargne musculaire inférolatérale, préserver tout le muscle grand dorsal sur son pédicule subscapulaire en divisant ses insertions basses, préalablement exposées sous la peau lombaire. À l’opposé, il est également possible de préserver, à la faveur d’une incision identique, le même muscle grand dorsal pédiculé cette fois sur son pédicule mineur segmentaire paralombaire, en divisant son tendon proximal découvert par un décollement musculocutané mené sur la berge supérieure de l’incision. Dans le même temps, le chef inférieur du muscle dentelé antérieur peut être levé sur le pédicule thoracodorsal, dont on aura lié la branche postérieure au hile du muscle précédent (figure 8.4). Le lambeau du muscle grand dorsal obtenu pourra ainsi migrer sur la partie inférieure de la perte de substance thoracique ou être transposé dans le thorax pour reconstruire le diaphragme, alors que le muscle dentelé antérieur sera utilisé dans la reconstruction de la partie supérieure du défect, voire transposé dans l’étage moyen de la cavité thoracique. Pareille stratégie est particulièrement utile dans la prise en charge des tumeurs pneumocosto-phréniques situées sur le grill costal inférieur, avec envahissement concomitant de la coupole diaphragmatique.
Dans l’abord des tumeurs de l’apex thoracique, la préservation du muscle grand pectoral doit toujours, si possible, être envisagée (figure 8.2) :
GESTION DES PÉDICULES VASCULAIRES RECEVEURS
Géographiquement, les pédicules receveurs potentiellement utilisables sont représentés :