excavatum: correction chirurgicale par la mise en place d’une prothèse pariétale en silicone sur mesure

Chapitre 11 Pectus excavatum


correction chirurgicale par la mise en place d’une prothèse pariétale en silicone sur mesure





GÉNÉRALITÉS



Épidémiologie



Incidence



Parmi les malformations thoraciques congénitales, pectus excavatum, arcuatum, carinatum et syndrome de Poland, le pectus excavatum est la plus fréquente. Ce dernier associe une dépression sternale médiane à grand axe vertical, le plus souvent, ainsi qu’une invagination des cartilages costaux de la troisième à la huitième côte. Il existe donc un enfoncement plus ou moins marqué du plastron sternochondrocostal, avec diminution du diamètre antéropostérieur de la cage thoracique. Cet enfoncement peut être médian ou latéralisé, symétrique ou asymétrique.


Depuis 1911 et la première tentative de correction par le Dr Meyer, de multiples techniques chirurgicales ont vu le jour. Nous pouvons classer les interventions en deux catégories : les sternochondroplasties modelantes et les techniques de comblement. Dans l’historique des techniques de sternochondroplastie, nous pouvons citer :






Parmi les techniques de comblement, nous séparons celles utilisant du matériel autologue et celles faisant appel à du matériel étranger :




Actuellement, l’offre thérapeutique chirurgicale se résume à trois principales techniques chirurgicales :




L’objectif de ce chapitre est de présenter et détailler la technique chirurgicale de correction par mise en place d’une prothèse en silicone en position rétromusculaire profonde, et de préciser sa place dans la prise en charge des malformations thoraciques.


L’incidence varie entre 1/300 et 1/1000 naissances selon les publications [8,13,15,17,25,39]. Il s’agit donc d’une pathologie relativement fréquente. Elle est cinq fois plus fréquente qu’une autre malformation thoracique : le pectus carinatum ou thorax en bréchet. À noter que le pectus excavatum est rare chez les populations africaine, latine et asiatique.



Prédisposition génétique


Une histoire familiale est retrouvée à l’interrogatoire dans 37 % des cas environ [6]. Un caractère familial a été retrouvé, avec un mode de transmission de type mendélien. Dans le cadre de l’association clinique pectus excavatumscoliose idiopathique de l’adolescent, un locus chromosomique a pu être mis en évidence sur le chromosome 18 q [20]. Il s’agit d’un argument fort en faveur d’une origine génétique.





Étiopathogénie


Bauhinus émet le premier l’hypothèse selon laquelle la morphologie du thorax, si particulière, serait due à une traction anormale du diaphragme. La configuration ostéocartilagineuse du thorax serait modifiée par les forces de traction musculaire de ce muscle. De 1594 avec Bauhinus à 1957 avec Chin [10], cette hypothèse étiologique était acceptée et soutenue par la majorité des auteurs. La présence d’un tendon entre le diaphragme et la face dorsale du sternum expliquait la dépression de la paroi thoracique antérieure. La cure chirurgicale de cette malformation avait donc pour objectif la correction de cette aberration anatomique.


Actuellement, l’hypothèse étiopathogénique la plus communément répandue est celle d’un trouble de croissance d’origine vasculaire des côtes et des cartilages costaux. Elle a été développée initialement par Ombredanne. Un excès de croissance de la partie antérieure des cartilages repousse le sternum vers l’arrière. Un excès de croissance asymétrique explique les formes asymétriques. De même, cette théorie permet d’expliquer le pectus carinatum par une croissance excessive de la partie postérieure des cartilages, projetant le sternum en avant.


Cette hypothèse concernant une anomalie du développement du tissu ostéochondral est corroborée par l’association clinique fréquente avec certaines maladies du tissu conjonctif : syndrome de Marfan, maladie d’Ehlers-Danlos, et la présence d’un trouble de la statique rachidienne à type de scoliose.


Cependant, d’autres hypothèses sont actuellement à l’étude. Une équipe de chercheurs chinois [14] s’est intéressée aux cartilages costaux de pectus excavatum et les a comparés à une population témoin. Contrairement aux cartilages témoins, les résultats objectivent une résistance en tension, flexion et compression, inférieure dans le groupe cartilages pectus. Alors qu’en microscopie optique la structure du collagène est la même dans les deux groupes, la microscopie électronique révèle des différences dans la répartition du collagène au sein du cartilage. Cette équipe soumet donc l’hypothèse d’une anomalie primitive du cartilage.


Le débat sur l’origine de cette malformation reste ouvert, avec actuellement une préférence pour une étiologie vasculaire.



Histoire naturelle de la déformation


La progression de la dépression est difficile à prévoir. Dans 86 % des cas, la déformation est visible dès la naissance [31]. Elle se majore progressivement avec la croissance du sujet. La disgrâce esthétique se fait de plus en plus ressentir avec la scolarisation du patient et la demande de correction intervient généralement à l’adolescence.


Ainsi, la réflexion sur l’âge optimal pour opérer est complexe. Différents paramètres rentrent en compte : le potentiel de croissance pubertaire, le retentissement psychologique et, bien sûr, la technique chirurgicale.


Seuls 15 % des patients porteurs de cette malformation auront recours à la chirurgie [16]. Ce dernier chiffre est très intéressant car il soulève indirectement la question du retentissement fonctionnel cardiopulmonaire. Si seulement 15 % des patients porteurs de pectus excavatum ont recours à la chirurgie, les 85 % restants ne doivent pas avoir de retentissement fonctionnel tel qu’il y ait besoin d’un traitement fonctionnel de cette malformation.


Les variations significatives dans l’incidence, le ratio homme/ femme et ce dernier chiffre de 15 % trouvent une partie de l’explication dans l’imprécision de la définition : le pectus excavatum correspond à un enfoncement « plus ou moins marqué » de la paroi thoracique antérieure. Cette définition laisse donc à l’examinateur la liberté de définir l’importance de la dépression (données qualitatives), par rapport à une notion subjective de normalité. En l’absence de définition objective, l’incidence de cette malformation est alors forcément plus importante que les chiffres retrouvés dans la littérature.




ANATOMIE CHIRURGICALE




Évaluation clinique




Évaluation objective : index radiologique


La classification de Chin ainsi que les autres classifications proposées correspondent simplement à une évaluation qualitative de la déformation et n’offrent pas de données objectives pour évaluer la malformation. La profondeur de la dépression est une donnée importante à prendre en compte. Le développement et l’utilisation d’un index radiologique ou anthropométrique offrent donc la possibilité d’évaluer de manière objective la pathologie dans son ensemble. La prise en compte de cet index quantitatif augmente la puissance des études et l’évaluation des résultats, en corrélant les données anthropométriques avec les données cardiopulmonaires, psychologiques et sociales.


Ces index permettent d’évaluer les résultats des différentes techniques chirurgicales et d’objectiver la correction du plastron sternochondrocostal.


La radiographie simple permettait de définir un premier index : l’index vertébral inférieur, mesuré sur une radiographie thoracique de profil. Actuellement, l’accès à l’imagerie tomodensitométrique a permis une évaluation plus fine et plus précise de la malformation pariétale.


Ainsi, l’index de Haller [21] est calculé à partir d’une coupe transversale de scanner. La coupe sélectionnée correspond à celle où la dépression est la plus marquée. L’index correspond au rapport diamètre transversal interne du thorax divisé par la distance entre la face dorsale du sternum et la face ventrale du corps vertébral (figure 11.4).



La valeur considérée comme normale est 2,52. Un index de Haller supérieur à 3,25 correspond à un pectus modéré à sévère avec indication chirurgicale. Si l’index est inférieur à 3,25, Haller considère que le pectus excavatum est minime, non accessible à une chirurgie remodelante.


D’autres index radiologiques ont été développés [24], mais seul l’index d’Haller est utilisé en pratique courante dans la littérature.




INDICATION CHIRURGICALE


La problématique, dans la prise en charge de cette pathologie, réside dans le retentissement de la malformation sur l’individu. En effet, la réflexion chirurgicale historique est fondée sur le substrat anatomo physiologique suivant : en diminuant le diamètre antéropostérieur de la cage thoracique, le pectus excavatum, sans discernement du type de pectus, serait responsable d’une altération des paramètres physiologiques cardiopulmonaires. Depuis quelques années, cet argument est fragilisé par les physiologistes qui ne constatent pas ce rationnel.


Si la disgrâce esthétique et le retentissement psychologique du pectus excavatum ne font aucun doute, le retentissement cardiovasculaire et pulmonaire est donc source de débat.


Les moyens mis en oeuvre pour corriger la malformation doivent dépendre de l’objectif chirurgical à atteindre.



Disgrâce esthétique, retentissement psychologique et social


Vis-à-vis du monde extérieur et des relations interindividuelles, les malformations thoraciques en général (pectus excavatum, arcuatum et carinatum) ne génèrent pas, à la différence des malformations des mains ou de la face, de sentiment de sympathie, mais plutôt un sentiment de curiosité déplacé [40].


En effet, au sein de notre société, le buste représente force et virilité chez l’homme, et beauté et féminité chez la femme. Les patients, notamment les filles, ne peuvent suivre la mode – avec toute l’importance que revêt la forme du thorax et le décolleté chez la femme. Le pectus excavatum entraîne une déformation de la glande mammaire avec un strabisme convergent des aréoles, un défaut de projection de la glande expliquant l’hypoplasie mammaire relative. Ainsi, le motif initial de consultation en chirurgie plastique sera parfois une demande de correction de la morphologie des seins, notamment en cas de pectus latéralisé type 3. La demande de correction concerne la glande mammaire alors que sa malposition n’est que la conséquence de la malformation thoracique sous-jacente, don’t la patiente n’a pas forcément conscience.


Le pectus excavatum est donc à l’origine d’une perception négative de l’apparence physique. Elle peut être différemment vécue en fonction de la personnalité du sujet et de la perception individuelle de la déformation. Elle peut mener à une mésestime de soi, un sentiment d’infériorité, une anxiété sociale, une dépression, des difficultés pour s’adapter au monde environnant, etc. Cette altération de l’image corporelle peut retentir sur les relations que le sujet tisse avec l’extérieur et explique un isolement progressif, surtout chez l’adolescent. Elle correspond malheureusement à la première et à la plus importante conséquence de la malformation.


Un des principaux mécanismes de défense est la restriction des activités physiques et la fréquentation des vestiaires, incluant notamment les sports nautiques et les activités de plein air. Certains jeunes adoptent de manière inconsciente des postures en flexion, permettant de camoufler ou minimiser la dépression thoracique.


Un cercle vicieux est alors enclenché : il existe une diminution progressive ou un arrêt des activités physiques et sportives, une désadaptation cardiovasculaire à l’effort, avec son cortège de signes cliniques subjectifs.



Mise au point sur le retentissement cardiopulmonaire




Evidence-based medicine et retentissement pulmonaire


La recherche d’une altération des paramètres ventilatoires est le thème de nombreuses communications scientifiques plus ou moins rigoureuses dans leurs méthodologies. Les données de la littérature sont délicates à interpréter, car les résultats sont divergents. Alors qu’Aronson et al. [2] retrouvent une stabilité de la fonction pulmonaire après chirurgie, les études menées par Kubiak et al. [26], Haller et Loughlin [22] ou Borowitz et al. [4] objectivent clairement une amélioration. De même, si les premières données à moyen terme de l’équipe de Sigalet [3,41,42] objectivent une altération des paramètres ventilatoires, le suivi à plus long terme retrouve une amélioration des capacités aérobies. Tant la méthodologie employée que l’objectif à démontrer diffèrent… En effet, les techniques chirurgicales sont différentes (Nuss, Ravitch ou autre), le recul varie d’une étude à l’autre, l’âge moyen des patients d’une série est grandement variable. Les groupes de patients sont hétérogènes quant à l’âge et à la sévérité de la malformation, souvent non renseignée. Toutes ces études ont été classées en grade B ou C selon l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes) [1]. Elles ne correspondent donc qu’à de simples présomptions scientifiques.


Un seul article est intéressant et de bon niveau de preuve, celui de l’équipe de Malek publié en 2006 [28]. Il s’agit d’une revue systématique de la littérature, réalisée de 1960 à 2005, incluant 13 études dans la méta-analyse. Elles ont toutes une méthodologie rigoureuse et stricte, garantes théoriquement d’un bon niveau de preuve.






CHIRURGIE REMODELANTE THORACIQUE : PRÉSENTATION DES DEUX TECHNIQUES



Intervention de Ravitch modifiée [11,12,34]




Description de la technique



Voie d’abord

Classiquement, l’incision cutanée est sous-costale bilatérale. Dans la description originale de Ravitch [38], elle s’étendait latéralement, de la ligne axillaire antérieure de chaque côté, et remontait médialement en décrivant une courbe convexe vers le haut, avec à son sommet l’appendice xiphoïde. Cette voie d’abord s’est progressivement minimisée, avec actuellement un abord épigastrique convexe vers le haut et descendant latéralement vers le sillon sous-mammaire.


Apr 27, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on excavatum: correction chirurgicale par la mise en place d’une prothèse pariétale en silicone sur mesure

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