du Comportement

Chapitre 24 Troubles du Comportement






INTRODUCTION


L’urgence psychiatrique dérange. Le malade confus, réticent, hostile ou violent, n’est jamais là où il devrait être. L’urgence psychiatrique est de ne pas succomber au mimétisme de la violence et de la panique, sachant que celles-ci constituent pour tout l’entourage concerné un stress intense. Or, ce mimétisme affectif est l’un des principaux pièges de l’urgence psychiatrique. Le médecin peut avoir peur devant la violence d’un patient, ce qui risque de fausser le jugement clinique et conduire à des décisions thérapeutiques inadaptées, voire nocives. Il faut donc savoir parfois conclure et se retirer.


La question fréquente que se pose le médecin intervenant en première ligne est : dois-je m’occuper du malade, l’adresser en psychiatrie ou appeler le SAMU ? Si le malade n’a jamais eu à faire avec la psychiatrie, le recours au médecin généraliste est souvent mieux accepté.


Le travail psychiatrique en urgence comporte presque toujours une dimension sociale, et l’action avec ou sur l’entourage est déterminante. Rien n’est décidable sans tenir compte de l’environnement du sujet, surtout, paradoxalement, quand il n’existe pas. Les difficultés économiques et sociales fréquentes des patients nécessitent que la psychiatrie ne soit pas toute seule sur le terrain de l’urgence. L’aménagement parallèle d’un accueil social est souvent nécessaire. Ainsi, l’urgence en psychiatrie ne peut être exclue ou isolée de son contexte, comme peut l’être momentanément un trouble somatique.


L’urgence psychiatrique doit être envisagée par le médecin comme une urgence médicale.


Le rôle du premier intervenant est souvent primordial. Un patient marqué « du sceau de la folie », c’est-à-dire étiqueté « malade mental », n’est souvent pas examiné sur le plan somatique. Le risque est alors de négliger l’organicité. En effet, toute agitation pathologique n’est pas psychiatrique (crise comitiale, accident vasculaire cérébral, hémorragie méningée, hypoglycémie, déshydratation, etc.). Il faut toujours rechercher une cause organique à l’agitation et ne pas « psychiatriser » toutes les agitations. Mais l’inverse peut arriver : un pseudo-coma hystérique peut être pris au sérieux et soumis aux agressions d’un protocole de réanimation invasif. Il faut également se méfier d’une médicalisation initiale de certaines situations psychologiques. Il existe par ailleurs des situations dites « mixtes » où sont intriqués troubles psychiatriques et somatiques, comme par exemple certaines tentatives de suicide, les ivresses pathologiques, les toxicomanies, ou encore les tableaux d’agitation, d’angoisse, de confusion survenant dans une affection organique (hypoglycémie, grossesse extra-utérine, infarctus du myocarde, etc.). Les problèmes d’addiction (alcool, drogues, etc.) aggravent souvent la situation.


La différence entre urgence psychiatrique et urgence médicale tient au fait qu’en psychiatrie, un diagnostic n’entraîne pas systématiquement un protocole précis de gestes, de transfert et de soins. D’autre part, le diagnostic n’est pas l’élément majeur d’un entretien initial en situation d’urgence, les impératifs de l’urgence psychiatrique restant avant tout ceux de la sécurité (du patient, de son entourage et des soignants). Comme dans toute activité médicale, les médecins intervenant dans le cadre de l’urgence doivent appliquer les règles administratives et déontologiques d’exercice de leur profession, mais la temporisation, chère aux psychiatres, est rarement conseillée en situation de « crise ». Dans le cas de la médecine isolée, en milieu rural par exemple, le médecin généraliste est souvent placé dans les situations qu’il doit assumer jusqu’à leur terme, sans pouvoir faire appel à des intervenants spécialisés.


Il importe de ne pas confondre les différents troubles qui peuvent affecter une personne et de bien distinguer, d’une part, les troubles mentaux liés à une pathologie mentale avérée et, d’autre part les troubles du comportement n’étant pas du ressort de la psychiatrie. Le terme d’urgence psychiatrique regroupe à la fois le travail psychiatrique aux urgences d’un hôpital général et les situations d’urgence à domicile, au travail ou dans un lieu public, relevant de la psychiatrie.



AGITATION-AGRESSIVITÉ-VIOLENCE


L’urgence psychiatrique est souvent assimilée à l’agitation et à l’agressivité, mais il en existe où ne sont présentes ni agitation, ni agressivité, en particulier chez des sujets suicidaires.





ÉVALUATION-MÉTHODES D’EXAMEN


Il n’existe pas de méthode générale pour mener l’examen d’une personne avec troubles du comportement qui met surtout en jeu l’expérience et la personnalité de l’observateur (médecin, infirmière, policier, etc.). Ainsi, il ne s’agit pas d’appliquer une « technique », mais de faire appel au bon sens et à l’habileté. Chaque situation est abordée différemment. Cet examen est tout de même facilité par quelques règles simples et valables dans tous les cas.


Il est préférable de ne pas prendre de notes durant l’observation et de se consacrer à l’écoute du patient en tentant d’établir un dialogue. Il faut éviter de laisser s’installer le silence, souvent angoissant. Ainsi, l’écoute « pure », chère à certains, aussi bienveillante soit-elle, n’est ici pas souhaitable. Écouter le patient ne veut pas non plus dire de le laisser parler longuement de n’importe quoi. Il faut savoir orienter le dialogue et garder le contrôle. Il faut également éviter les interventions brutales risquant d’engendrer chez le patient réaction négative, mutisme ou fuite.


On peut schématiquement distinguer plusieurs étapes durant cet examen, étapes qui sont souvent menées de façon simultanée.



inline Circonstances de l’examen


Le médecin généraliste est souvent en première ligne face à une urgence et peut être désarmé par son manque de soutien, de temps ou d’expérience, par un sentiment d’échec, par son rôle de relais ou encore par une impression d’être « piégé » par l’hostilité du malade. Le rôle du médecin dans ces situations se situe le plus souvent à court terme, devant assurer une sécurité immédiate et devant affronter parfois un pronostic vital.


Nombreuses sont les situations d’urgence traitées par les médecins généralistes sans recourir au psychiatre, et l’aide psychologique que peut apporter le médecin généraliste à un patient qu’il connaît déjà est irremplaçable. Lorsque le médecin se déplace à domicile, le traitement sur place est souvent la meilleure solution, mais il n’est pas toujours possible. Néanmoins, la séparation du milieu peut avoir en elle-même un rôle thérapeutique, et les réactions de l’entourage (fatigue, peur, souffrance, agressivité) doivent être prises en compte. Parfois, l’entourage peut être d’une grande aide en participant à la prise en charge. Dans le cas d’un patient isolé au domicile et inconnu du médecin, et quelle que soit la symptomatologie, le recours à l’hôpital est privilégié.


Lorsque le médecin reçoit un appel téléphonique, il faut d’emblée connaître l’adresse et le numéro de téléphone du patient, nécessaires si l’appel est interrompu et si des secours doivent être envoyés au domicile. Si le patient est seul et que le médecin estime qu’il est en danger, la police ou le SAMU doivent être alertés. Au mieux, le médecin garde le patient au téléphone jusqu’à l’arrivée des secours, en faisant appeler ces derniers par un tiers. Il ne faut pas conseiller au patient de venir seul aux urgences ou au cabinet.


Dans tous les cas :









inline Examen somatique


Devant un tableau psychiatrique aigu, l’étiologie ou la participation organique risquent d’être négligées. L’erreur ici peut engager le pronostic vital. Ainsi, la prudence incite à s’orienter d’abord vers une étiologie organique, surtout devant un tableau « d’allure psychiatrique » d’apparition brutale.


Cet examen physique est indispensable au diagnostic mais ne peut se faire que dans un climat apaisé. Dans tous les cas, il faut parvenir à une évaluation sommaire de l’état général du patient, et cet examen est en particulier orienté vers la recherche de signes d’intoxication alcoolique (aiguë ou chronique) ou d’une toxicomanie. L’examen neurologique est également primordial.


Au moindre doute, l’examen clinique est complété par des examens complémentaires : glycémie, NFS, ionogramme sanguin, urée, créatinine, radio pulmonaire, ECG, recherche de toxiques (sang et urines), voire scanner cérébral, EEG, fond d’oeil, ponction lombaire, etc.





TABLEAUX CLINIQUES




May 26, 2020 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on du Comportement

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