Chapitre 21 Syndrome Démentiel
DÉFINITION ET DIAGNOSTIC DU SYNDROME DÉMENTIEL
Définition
Cette définition repose sur trois critères :
Troubles mnésiques et des fonctions supérieures
Troubles de la mémoire
En cas d’anosognosie du patient, les troubles de la mémoire peuvent être dans un premier temps appréhendés par l’exploration de la plainte exprimée par le malade ou l’entourage. La mémoire immédiate peut être efficacement explorée au moyen de l’épreuve des trois mots appris puis rappelés dans le test du MMS (Mini Mental State) ou bien en demandant au patient de rappeler les constituants de ses derniers repas. L’exploration de l’orientation temporospatiale permet également d’avoir une idée assez précise de l’état de la mémoire immédiate. Celle à plus long terme peut être explorée en demandant par exemple au malade de reconstituer les principaux éléments de sa santé de ses années précédentes. (cf. chapitre Troubles de la mémoire).
Aphasie
Les troubles du langage peuvent prendre différentes formes. En tout premier lieu, il s’agit d’un manque du mot qui constitue très souvent une plainte spontanée, voire la première et seule plainte du malade. Cette plainte est souvent qualifiée à ce moment à tort par le malade ou l’entourage de troubles de la mémoire. Dans ce manque du mot, le médecin s’attache à distinguer une difficulté d’accès au stock lexical d’une altération du stock lexical lui-même. Des épreuves de dénomination, puis de désignation d’images ou d’objets simples, aident à cette distinction. Les troubles du langage peuvent également se traduire par un appauvrissement du discours et par un recours important à des périphrases dans le but de pallier le manque de mots. Des troubles du langage écrit peuvent survenir également avec une dysorthographie et une perte des règles syntaxiques et grammaticales. Faire écrire une phrase complète au malade, comme dans l’épreuve du MMS, est donc très important dans l’évaluation des fonctions supérieures. À un stade avancé de la maladie d’alzheimer, les troubles s’apparentent volontiers à ceux observés lors d’une aphasie de type Wernicke et au stade ultime, il peut exister un mutisme complet.
Progression des troubles cognitifs et leur retentissement
L’élément essentiel est d’établir la nouveauté de ces troubles des fonctions supérieures. Son absence est très souvent un obstacle pour porter un diagnostic de démence qui permettrait de différencier ces troubles par exemple d’une pathologie psychiatrique ancienne comme une schizophrénie ou d’une pathologie congénitale comme une hypothyroïdie. Une anamnèse réalisée avec l’entourage permet de documenter l’existence éventuelle de ces pathologies.
Exclusion d’un syndrome confusionnel
Le noyau démentiel est ainsi constitué par ces premiers critères : une altération des fonctions supérieures et de la mémoire, un retentissement significatif de ces troubles, l’exclusion d’un syndrome confusionnel. Ensuite, les différents diagnostics étiologiques pourront être envisagés.
Autres critères diagnostiques et étiologies
Ces critères seront fonction du diagnostic envisagé.
Maladie d’alzheimer
Pour porter le diagnostic de maladie d’alzheimer, il faudra en plus du noyau démentiel réunir trois autres critères (Encadré 1) :
Encadré 1 Critères diagnostiques pour la maladie d’alzheimer selon le DSM-IV
Démence vasculaire
Selon le DSM-IV, pour aboutir à un diagnostic de démence vasculaire, le seul critère supplémentaire nécessaire est la présence de symptômes et signes neurologiques en foyer. Sont considérés comme tels une exagération des réflexes ostéotendineux, un réflexe cutanéoplantaire en extension, une paralysie pseudobulbaire, des troubles de la marche, une faiblesse des extrémités, ou bien la mise en évidence par la neuro-imagerie d’une maladie cérébrovasculaire avec la présence d’infarctus multiples dans le cortex et dans la substance blanche sous-corticale (Encadré 2). Sous le terme de démence vasculaire sont réunies en fait plusieurs pathologies puisqu’il regroupe des patients porteurs d’infarctus multiples, de lacunes diffuses dans les régions sous-corticales, ou bien d’une maladie de CADASIL, affection génétique.
Encadré 2 Critères diagnostiques pour les démences vasculaires selon le DSM-IV
Démence à corps de Lewy diffus
Il s’agit d’une pathologie caractérisée par l’association d’un syndrome démentiel ayant un profil neuropsychologique à la fois cortical et souscortical très fluctuant, d’un syndrome extrapyramidal et d’hallucinations. Ceci en fait une entité qui se rapproche d’une association entre maladie d’alzheimer et maladie de Parkinson. Les critères diagnostiques sont basés sur ceux définis par McKeith en 1996 (Encadré 3).
Encadré 3 Critères diagnostiques de McKeith pour la démence à corps de Lewy diffus
Maladie possible : un ou deux des signes suivants ; Maladie probable : au moins deux des signes suivants
Fonctions intellectuelles fluctuantes, avec variations prononcées de l’attention et de la vigilance
Hallucinations visuelles récurrentes, typiquement riches Syndrome parkinsonien spontané