Chapitre 12 Syndrome de Poland, mise au point sur le traitement en 2009
HISTORIQUE, ÉPIDÉMIOLOGIE, ÉTIOPATHOGÉNIE
Historique
Le premier cas de syndrome de Poland a été décrit en 1826 par un français, Lallemand [21]. Il s’agissait d’un patient de 60 ans qui présentait une dépression thoracique, une absence de la portion antérieure des 3e, 4e et 5e côtes ainsi qu’une hernie pulmonaire homolatérale, sans malformation au niveau du membre supérieur.
La première description clinique et anatomique complète a été réalisée par Alfred Poland en 1841 [7] (figure 12.1).
Clarckson [7] associa l’ensemble malformatif au nom de Poland pour lui rendre hommage ; il définissait sous le nom de « syndactylie de Poland » l’absence de chef sternocostal du pectoralis major associée à une syndactylie de la main homolatérale.
Baudinne [2] fut le premier à employer le terme « syndrome de Poland » en 1962.
Épidémiologie
Incidence
Le syndrome de Poland est une malformation rare, puisque l’incidence est estimée à 1 pour 30 000 naissances [24]. Pour Mestak et al. [26], le syndrome de Poland représente 14 % des aplasies mammaires. Lord et al. [22] retrouvent 10 % de syndrome de Poland chez les patients atteints de syndactylie.
Sex-ratio
Dans les formes mineures (limitées à une asymétrie mammaire), la prédominance est féminine.
Dans les formes sévères (malformation thoracique et atteinte du membre supérieur), la prédominance est masculine [11,23].
Latéralité
La majorité des publications [11,23] atteste d’une latéralisation du syndrome de Poland à droite, avec un rapport de 3 pour 1.
Les formes bilatérales sont exceptionnelles, souvent associées à d’autres malformations (malformations thoraciques, malformations de la ceinture scapulaire) [19,20].
Étiopathogénie
L’étiologie du syndrome de Poland reste actuellement encore discutée.
L’hypothèse pathogénique la plus valable serait une interruption précoce de la circulation embryonnaire dans les artères subclavières et/ou leurs branches vers la 6e semaine de développe ment [3,12,25].
L’élément à la base de l’anomalie vasculaire reste inconnu à ce jour.
DESCRIPTION ET CLASSIFICATION
Description des anomalies
Anomalies de la paroi thoracique (figure 12.2)
Anomalies musculaires
Les autres anomalies musculaires, inconstantes et variables, pouvant être observées sont : l’hypoplasie ou l’agénésie du pectoralis minor, du serratus anterior, du latissimus dorsi, des muscles intercostaux [4,5,8,15,18].
Anomalies ostéocartilagineuses
Les anomalies costales sont à type d’hypoplasie ou d’aplasie.
Une classification des anomalies sternocostales a été proposée par Glicenstein en 2001 [15] (tableau 12.I). Elle comporte trois stades allant de la simple hypoplasie costale sans depression jusqu’à l’aplasie de plusieurs côtes (2e et 5e arcs antérieurs) avec rotation du sternum.
Stade I | Hypoplasie des côtes sans dépression |
Stade II | Dépression de la paroi thoracique du côté atteint, isolée ou associée à une rotation et dépression du sternum, et à une saillie en carène de l’autre hémithorax |
Stade III | Aplasie costale atteignant une ou plusieurs côtes (2e et 5e arcs antérieurs) avec rotation du sternum. Il existe parfois une hernie pulmonaire |
Il n’existe pas de répercussion fonctionnelle sur le plan pulmonaire.
Malformations thoraciques associées
Mouly et al. [28] ont décrit l’existence de pectus excavatum. L’absence des insertions costales des muscles pectoraux provoquerait au cours de la croissance l’absence de développement du relief costal et l’enfoncement de la cage thoracique. Il s’agit le plus souvent de pectus asymétriques.
La déformation en carène du thorax a également été observée.
Anomalies cutanéoglandulaires
Anomalies cutanées
La peau est souvent fine, avec des adhérences importantes entre le derme et la paroi thoracique [1].
On observe également chez l’homme des troubles de la pilosité.
Il peut exister une bride axillaire [23] (figure 12.3).
Classification des lésions thoracomammaires
Foucras et al. [13] ont proposé en 2001 une classification des formes thoracomammaires en trois stades de gravité croissante (figure 12.4).
DIAGNOSTIC DU SYNDROME DE POLAND
Le membre supérieur homolatéral sera examiné.
Le scanner thoracique permet d’évaluer l’hypoplasie musculaire thoracique (recherche d’une hypoplasie du latissimus dorsi),de mieux apprécier les malformations ostéocartilagineuses [35].
La mammographie est systématique chez les patientes de plus de 30 ans, au besoin complétée par une échographie mammaire et une IRM [37].
TRAITEMENT DES MALFORMATIONS THORACOMAMMAIRES
Objectifs de la reconstruction
Chez la femme
Il faut restaurer la forme et le volume du sein (en s’efforçant d’obtenir une symétrie mammaire).