L’arthrolyse dans les raideurs post-traumatiques du coude
Arthrolysis of the elbow for posttraumatic stiffness
Introduction
Cette chirurgie est réputée efficace, mais difficile et son résultat est inconstant [1–4,7]. Une bonne connaissance des mécanismes de l’enraidissement doit présider aux règles du bilan préopératoire, à la programmation de la chirurgie, à ses modalités et à sa date.
Rappel anatomique et facteurs anatomopatho- logiques de l’enraidissement du coude
Ce qu’il faut connaître de l’anatomie
Squelette
Au niveau latéral de l’épiphyse, la convexité du capitulum regarde en bas et en avant pour s’adapter à la course de la cupule radiale de l’extension à la flexion complète alors que, dans la partie moyenne et médiale, la trochlée regarde directement vers le bas. C’est la profondeur des fossettes, antérieure coronoïdienne et surtout postérieure olécrânienne qui autorise l’amplitude de l’arc de mobilité huméro-ulnaire, alors que la profondeur de la grande incisure ulnaire et son encastrement dans la trochlée humérale assurent une stabilité majeure à cette articulation (figure 1).
Appareil capsuloligamentaire
Le ligament collatéral médial (LCM), renfort interne de la capsule impliqué dans la stabilité en valgus du coude, présente un faisceau antérieur prédominant, tendu en toute position et dont l’extrémité proximale prend une large insertion sur tout le bord inférieur de l’épicondyle médial. Son extrémité distale s’insère sur le tubercule coronoïdien médial. Il contracte sur tout son trajet des rapports intimes avec le tendon commun des muscles épicondyliens médiaux alors que, lors des mouvements de flexion-extension, son bord profond glisse sur la face médiale de la joue interne de la trochlée selon un mouvement d’« essuie-glace ». Le faisceau postérieur du LCM, fin et étendu de la face postérieure de l’épicondyle à la lèvre interne du bec olécrânien, n’est tendu qu’en flexion complète du coude. Sa lésion n’est responsable d’instabilité rotationnelle postéromédiale que dans des circonstances traumatiques très particulières (figure 2).
Le ligament collatéral latéral (LCL) est surtout impliqué dans la stabilité antéropostérieure de la tête radiale sous le capitulum. Son faisceau principal, faisceau moyen des auteurs européens, antérieur des auteurs nord-américains, naît du sommet de l’épicondyle latéral, sous le tendon commun des muscles épicondyliens latéraux dont il reste clivable, alors que sa face profonde glisse sur le bord médial du capitulum et du condyle sus-jacent selon le même effet essuie-glace que le LCM. Son insertion distale sur la face médiale de la métaphyse ulnaire se confond avec le pied postérieur du ligament annulaire (figure 3).
Anatomopathologie des raideurs du coude
Freins capsulaires et butées osseuses
Ce sont les deux éléments de base des raideurs « standard ».
Freins capsulaires
Le terme de freins capsulaires recouvre plusieurs notions.
Les modifications structurelles de la capsule, variables selon l’étiologie, associent épaississement et métaplasie fibreuse, fibrocartilagineuse, voire osseuse de la capsule ; non seulement celle-ci perd sa souplesse, mais encore son augmentation de volume participe à la perte de mobilité (figure 4).
Butées
Le plus souvent osseuses, les butées peuvent également être fibreuses ou fibrocartilagineuses. Elles sont surtout intra-articulaires ; il s’agit de comblement des fossettes, d’hypertrophie des becs olécrânien ou coronoïdien, de calcifications sous- et rétrocapitulaires (figure 5).
Histoire naturelle et évolution des raideurs post-traumatiques du coude
L’évolution de la mobilité du coude dans les suites d’un traumatisme est éminemment variable, mais il faut tenir compte du fait que, sur un profil articulaire rétabli, la progression des amplitudes articulaires peut se faire de façon très prolongée, jusqu’à une année. Cette lente évolution rend discutable l’indication de tout geste mobilisateur avant ce délai, y compris les traitements conservateurs par attelles posturales [5], la raideur ne pouvant être considérée comme constituée. Par ailleurs, il n’est pas prouvé que l’ancienneté de la raideur soit un facteur pronostique négatif de l’arthrolyse [1]. Bien évidemment, un dérangement articulaire persistant – cal vicieux ou pseudarthrose intra-articulaire ou corps étranger incarcéré dans l’interligne, facteur de pérennisation de la raideur – devra sans délai être analysé et traité.