Abdominales Aiguës

Chapitre 1 Douleurs Abdominales Aiguës





La douleur abdominale aiguë de l’adulte constitue l’un des motifs principaux de consultation en urgence, aussi bien auprès des généralistes que dans les urgences hospitalières.


Les douleurs abdominales aiguës de l’adulte représentent environ 20 % des admissions en urgence à l’hôpital. Un tiers de ces urgences correspondent à une affection de traitement chirurgical dont la reconnaissance la plus rapide possible permet d’améliorer le pronostic.


C’est donc dans cette anxiété d’une éventuelle urgence chirurgicale que le patient et le médecin abordent la situation. Le grand nombre d’étiologies potentielles de douleurs abdominales aiguës non traumatiques chez l’adulte rend parfois difficile la démarche diagnostique. La classique laparotomie exploratrice de nos aînés a néanmoins vu ses indications fondre, voire disparaître, grâce aux progrès de l’imagerie au centre de laquelle se place, dans le cadre de l’urgence, le scanner abdominal. Grâce à l’utilisation judicieuse des différentes imageries actuellement à notre disposition, les interventions inutiles deviennent rares.


Il n’en reste pas moins qu’une analyse séméiologique rigoureuse comportant un interrogatoire et un examen clinique permet dans une grande majorité des cas d’évoquer un diagnostic, et ne rend pas systématique le recours à l’imagerie qui permet surtout de débrouiller les situations atypiques.



DIAGNOSTIC


La discrimination entre une urgence médicale et une urgence chirurgicale n’est pas toujours très facile et c’est souvent un faisceau d’arguments à la fois cliniques et paracliniques qui détermine s’il est nécessaire de prendre une décision opératoire.






inline Imagerie


C’est certainement dans ce domaine que l’évolution des technologies a permis de révolutionner les attitudes diagnostiques et thérapeutiques. L’abdomen sans préparation dont l’indication était quasi systématique autrefois devant un abdomen aigu est beaucoup plus limitée aujourd’hui et se réduit à la recherche d’un pneumopéritoine (cliché centré sur les coupoles) ou d’une occlusion.


Une échographie abdominale est souvent demandée en première intention si elle est accessible car elle permet une bonne analyse du foie, des voies biliaires et d’examiner dans les situations favorables les reins, les gros vaisseaux, le petit bassin. Elle permet d’apprécier l’existence d’un épanchement liquidien et peut le plus souvent analyser la région iléo-cæco-appendiculaire.


Le scanner abdominal est devenu l’examen le mieux à même de débrouiller les situations difficiles où la clinique et la biologie ne permettent pas une orientation précise du diagnostic.


L’examen peut se dérouler de différentes manières et il est important d’orienter le radiologue sur la recherche étiologique préférentielle pour définir la nécessité ou non d’une injection d’un produit de contraste, la réalisation d’un lavement pour mieux visualiser les parois intestinales. En cas d’hémorragie active, une série d’images sans contraste suivie d’une série artérielle puis portale permettent d’optimiser les chances de visualiser les sites de l’hémorragie.


Le scanner visualise parfaitement bien le pneumopéritoine et mieux encore le rétropneumopéritoine. En cas d’occlusion, outre le diagnostic positif, il permet souvent de définir le niveau de l’obstacle et parfois sa nature.




ÉTIOLOGIE


En raison de la multiplicité des diagnostics, et pour simplifier l’exposé, nous avons opté pour l’analyse des étiologies en fonction de la topographie de la douleur lorsque celle-ci n’est pas diffuse. La liste des diagnostics issue de l’analyse de 9 500 admissions en urgence par Flamant (Tableau I) doit être lue en tenant compte de l’âge. L’appendicite, par exemple, étant bien sûr plus fréquente chez le sujet jeune, la sigmoïdite chez le sujet de plus de 50 ans.


Tableau I Prévalence des principales causes de douleurs abdominales aiguës (d’après Yves Flamant, 2001).























































































Diagnostic Sexe Masculin (%) Sexe feminine (%)
Appendicite 30,5 23
Cholécystite 8,1 12,8
Occlusion 8,1 8,8
Colique néphrétique 4,6 1,8
Perforation ulcéreuse 5,8 1,6
Pancréatite 5,9 2
Sigmoïdite 2,1 2,2
Salpingite   4,5
Kyste de l’ovaire   3,3
Grossesse extra-utérine   2,6
Infection urinaire 0,4 3
Ulcère, dyspepsie pseudoulcéreuse 4,1 0,9
Péritonite intestinale 2,1 2,1
Hernie étranglée 2,2 3,3
Cancer digestif 1 1,1
Anévrisme aortique rompu 0,6 0,1
Foyer suppuré abdominal 0,5 0,3
Pneumopathie 0,4 0,2
Diagnostics divers 3,2 2,5
Douleurs non spécifiées 20,4 23,9


inline Douleurs de la fosse iliaque droite


C’est la localisation la plus fréquente des douleurs abdominales. Un patient sur deux adressé en chirurgie pour un syndrome abdominal aigu présente des douleurs qui se situent dans la fosse iliaque droite. L’hypothèse qui vient à l’esprit immédiatement est le diagnostic d’appendicite (Encadré 1).




inline Appendicite aiguë


La prise en charge des syndromes douloureux de la fosse iliaque a beaucoup bénéficié des améliorations de l’imagerie. Auparavant, l’incertitude diagnostic déterminait un taux d’appendicec-tomie inutile très élevé, de l’ordre de 20 à 30 % chez l’homme, voire 40 à 50 % chez la femme.


Une douleur aiguë avec défense de la fosse iliaque droite chez un sujet jeune associée à un syndrome inflammatoire biologique, des vomissements et une polynucléose supérieure à 11 000 à la numération formule sanguine ne nécessite pas, en principe, d’investigation complémentaire et le patient peut directement être adressé au chirurgien.


En revanche, les formes atypiques, si fréquentes, donnent tout son intérêt à l’imagerie qui est centrée sur deux examens : l’échographie, souvent plus facile d’obtenir en urgence, et le scanner.


Les performances de l’échographie sont bonnes, mais dépendent de la morphologie du patient et surtout de l’expérience de l’opérateur. Le diagnostic d’appendicite aiguë repose sur la mise en évidence d’une structure tubulaire à bout borgne sans péristaltisme qui s’implante sur le bas-fond cæcal et dont le diamètre transversal est de plus de 6 mm et qui est douloureuse au passage de la sonde. La sensibilité de l’échographie est d’environ 80 % en cas d’appendicite non compliquée, mais diminue en cas d’appendicite perforée (Fig. 1).



Le scanner, dans les cas difficiles, a toute sa place. Le critère dominant est également un diamètre appendiculaire supérieur à 6 mm. On peut mettre en évidence une stercolithe appendiculaire, qui peut manquer néanmoins, ainsi qu’une infiltration de la graisse péricæcale, de meme qu’un épaississement localisé de la paroi cæcale. La fiabilité du scanner est de l’ordre de 90 % et ce d’autant que le sujet est de sexe masculin et gras, c’est-à-dire les conditions favorables inverses de celles de l’échographie (Fig. 2 et 3).




La technique du scanner varie selon les médecins : une simple spirale sans injection peut être envisagée mais, pour optimiser la rentabilité diagnostique, l’injection d’un produit de contraste et éventuellement la réalisation d’un lavement à l’eau sont certainement utiles mais compliquent d’autant l’examen.


L’autre avantage important du scanner est de permettre de faire un diagnostic différentiel lorsque l’appendicite n’est pas en cause. L’une des étiologies fréquentes à ce niveau est l’existence d’une iléite terminale qui peut parfaitement simuler une appendicite.


Le traitement est chirurgical.


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May 26, 2020 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on Abdominales Aiguës

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