abdominale

Échographie abdominale

M. Lewin, M. Balu, C. Lacombe and L. Arrivé



Ce chapitre est consacré aux aspects pratiques de la réalisation d’une échographie abdominale haute, selon un protocole standard. On envisagera d’abord un bref rappel du matériel et de la technique d’examen. Puis la sémiologie échographique et un rappel échoanatomique des principaux organes abdominaux seront abordés.


Matériel et technique



Matériel


Le matériel de base est constitué par un échographe comportant une unité centrale et une ou plusieurs sondes. En réanimation, pour un usage en routine au lit, l’acquisition d’un échographe portable équipé éventuellement du doppler monté sur un chariot mobile paraît idéale en raison de son poids léger, de ses dimensions réduites et de sa bonne résolution. Les sondes habituellement utilisées en échographie abdominale ont des fréquences de l’ordre de 3,5 à 5 MHz et sont larges à barrettes. Avec les hautes fréquences, la profondeur de pénétration est moindre mais la résolution est meilleure, et inversement. Le positionnement de la sonde permet l’obtention des trois plans standard réalisés pour une échographie classique : transversal, longitudinal et frontal. On peut, bien sûr, combiner ces plans en une infinité de possibilités.


Technique d’examen


Les particularités de l’examen échographique en réanimation sont liées aux contraintes découlant de la position du patient et du matériel. En effet, l’examen se déroule de façon générale sur un patient en décubitus dorsal sous ventilation artificielle et sédaté. Il ne peut donc coopérer à l’examen, ni maintenir l’apnée. Par ailleurs, le patient est entouré d’appareillages (respirateur, perfusions, drainage, etc.) qu’il faut apprendre à dégager pour pouvoir travailler dans un confort indispensable à une bonne étude. Malgré ces contraintes, la faisabilité globale de l’échographie en réanimation a été évaluée toutes régions confondues à 92 %, le maximum de renseignement utile pouvant être dégagé en décubitus dorsal sans retourner le patient. Une échographie normale faite dans de bonnes conditions et dans une optique purement réanimatoire peut être réalisée en moins de 10 min.


Sémiologie échographique



Principes physiques de base


Le son est une onde mécanique qui se déplace longitudinalement dans un milieu élastique. L’ultrason est un son dont la fréquence dépasse les capacités d’audition de l’oreille humaine. L’éventail de fréquences diagnostiques va de 1 à 20 MHz. Un écho est la réflexion de l’onde ultrasonore sur une interface entre deux milieux d’impédance acoustique différente, les différences d’impédance étant essentiellement liées aux différences de vitesse de propagation du son. Pour mémoire, la propagation du son dépend de la réflexion (retour de l’écho en direction de la source), de la réfraction (déviation du son de sa trajectoire originelle), de l’absorption (perte d’énergie sonore transformée en chaleur) et de la dispersion (diffusion d’énergie dans des directions aléatoires).

L’échographie diagnostique repose sur le principe de l’écho pulsé. Les cristaux piézoélectriques d’une sonde émettent les ondes pulsées et reçoivent également les échos. Les vibrations recueillies sont converties en influx électriques qui sont analysés pour reconstruire l’image.


Artéfacts


Les artéfacts de l’image d’échographie sont les échos qui ne correspondent pas à une structure anatomique. Ils sont dus aux propriétés physiques de la propagation des ultrasons dans les tissus. Certains artéfacts trouvent leur origine dans un mauvais réglage de l’appareil, d’autres à connaître sont liés à la nature des interactions entre les ultrasons et les tissus. Nous ne citerons que les principaux d’entre eux.




– L’ombre acoustique est due à une réflexion totale (par de l’air par exemple) ou à l’absorption complète (os, calculs biliaires ou rénaux, gaz digestif) de l’énergie sonore qui se traduit par un vide d’écho au-delà de la structure. Cet aspect réalise le « cône d’ombre ».


– Le renforcement acoustique postérieur est dû à la faible atténuation de l’onde ultrasonore quand elle traverse une structure libre d’échos, habituellement une zone liquidienne. La zone située en arrière d’une structure liquidienne, comme un kyste, apparaît plus échogène que les structures environnantes. Le terme de renforcement peut être trompeur, car ce phénomène est en fait dû à une diminution de l’atténuation.


– Les réverbérations ou échos de répétition sont liés aux réflexions multiples qui se produisent entre la sonde et une interface particulièrement réfléchissante (gaz colique). L’aspect est soit celui de plusieurs bandes d’échos parallèles espacées par des intervalles réguliers, soit celui d’une ligne d’échos ressemblant à la queue d’une comète, encore appelé artéfact « en queue de comète ».


Analyse des images


L’analyse des images repose sur l’évaluation des points suivants.




– Échogénicité :




• une image échogène correspond aux tissus mous et aux masses dites solides ;


• une image hypoéchogène ou anéchogène correspond à du liquide comme le contenu de la vésicule biliaire, le contenu des vaisseaux et les collections ;


• une image hyperéchogène correspond à la surface d’un os, de la graisse, de l’air, ou à une interface.


– Localisation


– Taille : mesurée dans deux dimensions au moins


– Forme : arrondie, ovalaire, irrégulière


– Bords : nets, mal définis


– Structure interne : homogène, hétèrogène


– Relations aux structures avoisinantes


Aspects normaux de l’échographie abdominale


Le protocole d’examen des principaux organes abdominaux est toujours le même et se résume en trois points : localiser et visualiser en totalité l’organe en question, puis passer aux détails, pour finalement évaluer ses relations avec les structures environnantes. L’examen échographique se réalise selon une séquence systématique qui peut varier d’un examinateur à l’autre mais qui comporte sept unités topographiques : 1) foie, 2) vésicule biliaire et hile du foie, 3) pancréas et épigastre, 4) rate, 5) reins droit et gauche, 6) abdomen moyen, 7) bas abdomen.


Foie


Le foie est le principal organe de la partie droite du haut abdomen. Il est protégé par les côtes et est recouvert essentiellement de l’arc costal droit, ce qui a des implications en échographie :




– le foie ne peut être balayé par la voie la plus courte mais uniquement par-dessous l’arc costal ou entre les côtes ;


– du fait de sa grande taille, le foie ne peut être balayé en une seule approche mais en plusieurs étapes.

L’évaluation du foie comporte l’analyse de sa taille, de ses contours, de l’aspect du parenchyme, des vaisseaux hépatiques et des voies biliaires intrahépatiques.


Taille


La taille du foie est estimée sur des coupes longitudinales passant par l’aorte pour le foie gauche (figure 1) et par la ligne médioclaviculaire pour le foie droit. La dimension craniocaudale rapportée du lobe droit est de 12 à 13 cm sur la ligne médioclaviculaire, mais la taille du foie normal est relativement variable.








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Figure 1
Lobe gauche du foie. Coupe longitudinale passant par le foie (F) gauche et l’aorte (Ao). Noter la visualisation du pancréas (flèche).



Contours


Les contours hépatiques sont analysés par un balayage en coupes longitudinales qui visualise mal les portions supérieures du foie droit. Les contours sont normalement lisses, harmonieux, sans encoche ni nodulation, soulignés par un fin liséré hyperéchogène par rapport au parenchyme hépatique adjacent correspondant à la capsule (figure 2). Les portions supérieures et antérieures du foie proches du diaphragme sont mieux visualisées par des coupes transversales sous-costales (figure 3).








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Figure 2
Contour inférieur du lobe gauche du foie. Coupe longitudinale à gauche, la sonde étant placée approximativement sur la ligne médiane. Noter le fin liséré hyperéchogène par rapport au parenchyme hépatique adjacent (flèches) correspondant à la capsule hépatique.









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Figure 3
Portion supérieure du foie droit (F). Coupe transversale sous les côtes selon un angle relativement plat. Noter la visualisation de la partie du diaphragme qui borde le foie droit (flèches).



Parenchyme


Le parenchyme hépatique est parfaitement homogène (figure 4). Sa tonalité iso-, hypoou hyperéchogène est appréciée par rapport à celle du cortex du rein droit qui sert de référence ; elles sont à peu près équivalentes (figure 5). L’analyse de la segmentation hépatique en échographie est complexe et paraît peu utile au réanimateur. Rappelons que le segment IV ou lobe carré s’interpose entre le ligament rond et la vésicule biliaire, et que le segment I ou lobe caudé se situe entre le ligament veineux et la veine cave inférieure (figure 6).








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Figure 4
Aspect échographique normal du foie droit (FD). Coupe longitudinale du foie droit. Noter la visualisation de la veine cave inférieure (VCI).









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Figure 5
Foie droit (FD) et rein droit (RD). Coupe longitudinale passant par le foie droit et le rein droit. Le parenchyme hépatique a pratiquement la même échogénicité que le parenchyme rénal.









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Figure 6
Segment IV ou lobe carré. Coupe transversale montrant le segment IV entre la partie initiale du lit vésiculaire (flèche) et le récessus de Rex (tête de flèche) duquel naît le ligament rond. Noter, en avant de la veine cave inférieure (VCI), le segment I ou lobe caudé.



Vaisseaux hépatiques


Les veines hépatiques sont au nombre de trois : veine hépatique droite, veine hépatique moyenne, veine hépatique gauche. Ce sont des structures allongées facilement identifiables par leur trajet direct, légèrement courbe vers la veine cave inférieure, et leurs faibles échos pariétaux (figure 7). Le calibre des veines hépatiques varie avec la respiration.








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Figure 7
Veines hépatiques. Coupes transversales montrant la veine cave inférieure (VCI) et les veines hépatiques (1 : veine hépatique gauche ; 2 : veine hépatique moyenne ; 3 : veine hépatique droite).

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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on abdominale

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