99: État d’agitation de l’enfant et de l’adolescent

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État d’agitation de l’enfant et de l’adolescent





Considérations générales


Tout état d’agitation exige une évaluation somatique et psychopathologique de l’enfant et de l’adolescent mais aussi de son environnement.


La plupart des états d’agitation sont sensibles au contexte et à la relation. Un cadre « contenant », la séparation momentanée de la famille ou de personnes susceptibles d’amplifier l’agitation et les comportements calmes des soignants sont déterminants pour obtenir l’apaisement de la crise d’agitation.


La contention et les traitements psychotropes sédatifs ne doivent pas être improvisés mais réalisés selon des protocoles stricts.


Un des objectifs avec un enfant ou un adolescent agité est de pouvoir établir un dialogue. Il faut que le langage des mots remplace le langage désordonné du corps ce qui permettra de réaliser un examen clinique soigneux et de ne pas passer à côté d’une urgence médicale. Il faut aussi protéger l’enfant de lui-même, sans oublier les autres petits malades et les soignants qui pourraient subir les débordements potentiellement agis ou violents de l’enfant ou de l’adolescent agité.


Les services d’accueil des urgences (SAU) pédiatriques sont devenus, de fait, des structures de soin et des lieux de crise à part entière, plus souvent que les services spécialisés de pédopsychiatrie qui reçoivent habituellement les enfants ou les adolescents dans le cadre d’hospitalisations programmées. Bien que ce dispositif d’accueil soit saturé et insuffisant, c’est un mode d’accès aux soins psychiques pédiatriques et force est de constater qu’il faut le déplorer mais aussi le considérer comme tel, actuellement.


Dans la population d’enfants admis aux urgences pédiatriques pour troubles psychiatriques, 50 % le sont pour des troubles des conduites : refus, oppositions, crises clastiques, fugues.


Les objectifs immédiats de la prise en charge sont :




Attitude immédiate face à une agitation



Calmer l’agitation et l’angoisse aiguë



Séparer, isoler dans un lieu adapté


Il faut rapidement mettre l’enfant ou l’adolescent agité dans un lieu à l’écart, calme et le séparer momentanément de sa famille ou de personnes susceptibles d’amplifier son agitation, pour pratiquer l’examen somatique et psychiatrique. L’idéal est d’avoir un lieu approprié sous forme d’une pièce sécurisée, bien éclairée, isolée de la famille et des sources d’excitation, et indemne d’objets ou de matériels dangereux.


Il faut éviter les atermoiements ; la prolongation des décisions majore l’anxiété du jeune et de sa famille.


L’enfant ou l’adolescent doit rester sous la surveillance constante d’un adulte qui maintient un contact verbal. Deux soignants au minimum sont en général requis, surtout en cas d’agitation importante.



Dans de très nombreux cas, ces seules mesures bien conduites suffisent à calmer l’agitation motrice et l’angoisse et permettent de procéder à l’examen somatique et psychologique.


En cas d’échec de ces mesures, une sédation avec ou sans contention est alors nécessaire. Nous rencontrons des situations diverses d’agitation incoercible, de violence ou d’agressivité (auto- et/ou hétéro-agressivité), d’état délirant et/ou d’hallucinations envahissantes, d’état confuso-onirique avec agitation intense, d’un état maniaque, d’état mixte.



Principes de la sédation et de la contention physique


La contention physique comme les psychotropes ont pour fonction de permettre un rétablissement du dialogue et un contact que l’angoisse extrême et l’agitation interdisent. Il faut savoir prescrire une sédation et éventuellement une contention avant que l’agitation ne devienne majeure.




Principes généraux de la sédation dans les états d’agitation: Certaines règles de prescription sont spécifiques à l’enfant.


À ce jour, aucune thérapeutique médicamenteuse n’a fait l’objet d’études contrôlées dans l’agitation aiguë de l’enfant et de l’adolescent. Le but de la prescription est de pouvoir de nouveau entrer en communication avec l’enfant. La prudence est donc de règle, mais il n’y a pas de raison médicale, pharmacologique, psychologique ou éthique de ne pas utiliser des médicaments qui permettent de réduire ou de supprimer la souffrance et la détresse d’un enfant.


Toute prescription de psychotropes sera prudente et adaptée d’autant qu’il existe de grandes variations individuelles et que les particularités pharmacocinétiques de l’enfant sont mal connues.


Toute prescription de psychotrope en urgence chez l’enfant sera de courte durée, et exige l’explication du but recherché et de l’objectif à atteindre, un bilan préthérapeutique, clinique et biologique, ionogramme sanguin, dosage du potassium pour la prescription de neuroleptiques, bilan hépatique, bilan lipidique et une glycémie pour la prescription de risperidone, un ECG à la recherche d’un syndrome de QT long congénital pour les neuroleptiques. La pratique d’un ECG avant l’introduction des neuroleptiques est recommandée mais il faut savoir que les neuroleptiques allongent le QT et qu’un QT long peut être démasqué par les médicaments eux-mêmes.


Il n’existe pas de sédatif idéal ni de protocole standardisé. Il faut toujours préférer, si possible, la voie orale. Il importe de rester près de l’enfant jusqu’à l’apaisement et de le surveiller régulièrement après la prise de traitement sédatif.


Deux familles thérapeutiques sont utilisées : les diazépines et les neuroleptiques (tableau 99.1).


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May 14, 2017 | Posted by in PÉDIATRIE | Comments Off on 99: État d’agitation de l’enfant et de l’adolescent

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