9: Spécificités de la rééducation de la main

Chapitre 9 Spécificités de la rééducation de la main



Le kinésithérapeute qui veut se spécialiser dans la rééducation de la main doit en connaître les spécificités car ce chapitre est bien souvent survolé pendant les études.


Prendre en charge un patient porteur d’une affection de la main, c’est avant tout pour le kinésithérapeute intégrer une équipe pluridisciplinaire composée du chirurgien, du kinésithérapeute, de l’orthésiste et de l’ergothérapeute.


Le kinésithérapeute a un rôle important à jouer dans l’équipe pour que le patient puisse obtenir la récupération fonctionnelle la meilleure possible.


Ceci implique pour le kinésithérapeute une parfaite connaissance de l’anatomie, de la physiologie et de la biomécanique de la main. Il doit, par ailleurs, avoir le compte rendu opératoire, ce qui implique un minimum de connaissances des techniques chirurgicales, c’est pourquoi nous les développons dans les chapitres dédiés aux pathologies.


Par exemple, il est utile de connaître les amplitudes obtenues en peropératoire par le chirurgien, elles serviront de références pour conduire à bien la rééducation. Il est illusoire de vouloir obtenir par la rééducation des amplitudes supérieures à celles constatées passivement au décours de l’intervention.


Dans le domaine de la traumatologie de la main, il est admis par la plupart des équipes que la réparation des lésions en urgence doit s’effectuer selon le concept de traitement tout en un temps avec mobilisation précoce (TTMP) [2]. À chaque pathologie, correspond un traitement de rééducation et d’appareillage spécifique comme nous le présentons dans les chapitres suivants.



Prise en charge du patient


C’est une rééducation manuelle, en tête à tête avec le patient, réalisée de façon calme et positive afin d’établir la relation de confiance thérapeute-patient nécessaire à la finalité du traitement.


L’installation du patient est importante afin qu’il soit détendu. Il est assis face au thérapeute, sa main et son avant-bras reposent en déclive sur un coussin triangulaire (fig. 9-1).



En accord avec la prescription médicale, le kinésithérapeute établit un bilan qui fixe avec le patient les objectifs thérapeutiques en utilisant les techniques de rééducation les plus appropriées, ce qui implique que ce dernier soit bien informé par son chirurgien du projet thérapeutique, en particulier lorsque plusieurs gestes chirurgicaux devront se succéder. Sa confiance et sa collaboration sont indispensables au bon déroulement du traitement. Il pourra ainsi se projeter dans l’avenir en envisageant d’emblée les différentes réorientations professionnelles si la récupération ne peut être « ad integrum ».



Massages


La main et le poignet méritent une grande attention lors du massage et de la mobilisation dans la précision et l’intensité du geste. Cette étape dans la rééducation est essentielle et trop souvent écourtée, voire négligée. Rappelons que le kinésithérapeute est un « masseur-kinésithérapeute » et qu’au minimum 10 minutes doivent être consacrées à cette technique.


Le massage permet la prise de contact avec le patient à travers le toucher, il est très prisé par celui-ci. Pour être de qualité, il doit être fait avec les mains en excluant les appareils à masser et sans interposer de crème, qui gêne le bon contact en altérant la perception du thérapeute. Réalisé en début de séance, il prépare les différents éléments à la mobilisation ; en fin de séance, il a un effet antalgique.


Le massage cutané apaise localement et dépasse le niveau de la peau pour atteindre le système nerveux particulièrement abondant au niveau de la main. Par excitation des récepteurs tactiles, un massage prolongé et peu appuyé augmente le seuil de la sensibilité à la douleur. En revanche, un massage intense ou trop appuyé peut provoquer l’effet inverse avec l’installation de contractures et de réflexes de défense.


Il convient de rappeler que la représentation corticale de la main sur les hémisphères cérébraux est considérable, le pouce est surdimensinné par rapport à la paume de la main, seul le visage a une représentation corticale équivalente. On comprend l’hyperréactivité du corps après un traumatisme de la main. Les arcs réflexes sont à l’origine de dysfonctions majeures voire d’exclusion de la main. Enfin, le risque d’enclencher un syndrome douloureux régional complexe (SDRC) de type 1 (algodystrophie) est d’autant plus élevé que la douleur est intense et surtout se poursuit dans le temps. Le kinésithérapeute doit servir d’alerte lorsqu’il observe les premiers symptômes de SDRC de type 1 (voir chapitre 20).


May 26, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 9: Spécificités de la rééducation de la main

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