20: Syndromes douloureux régionaux complexes

Chapitre 20 Syndromes douloureux régionaux complexes




Introduction


Les syndromes douloureux régionaux complexes (SDRC) touchent des patients qui ont subi un traumatisme, une immobilisation prolongée ou une intervention chirurgicale au niveau de l’extrémité d’un membre. Ces patients vont développer des douleurs chroniques, continues, (allodynie ou hyperalgésie) souvent disproportionnées par rapport à la nature du traumatisme initial. Des troubles trophiques et vasomoteurs accompagnent le tableau clinique, la fonction motrice étant elle-même altérée en amplitudes et en force. Cette description correspond à ce que l’on appelait il y a encore quelques années l’algodystophie sympathique réflexe de De Sèze et Richemont (1951), le syndrome de Südek (1900), le syndrome de Leriche (1916) ou le syndrome épaule-main et qui désormais est intitulé : syndrome douloureux régional complexe de type1 (SDRC de type 1).


Le syndrome douloureux régional complexe de type 2 remplace la notion de syndrome causalgique. Ce tableau douloureux continu est fait d’allodynie ou d’hyperalgésie, il est consécutif à une lésion nerveuse (section, contusion, avulsion) et s’accompagne également de troubles de la vascularisation cutanée, de la fonction sudoripare et d’œdème.


Le SDRC de type 1 est le plus fréquent et touche 26 personnes pour 100 000 habitants alors que le SDRC de type 2 ne concerne que 4 personnes pour 100 000 habitants.


Dans le domaine de la chirurgie de la main, cette complication est fréquente (7 à 8 % des opérés) et dans les fractures du poignet elle a été observée dans 20 à 25 % des cas.


Les femmes sont trois fois plus touchées que les hommes à un âge moyen de 42 ans.


Tout kinésithérapeute rééduquant la main d’un patient doit être attentif afin de détecter les signes cliniques précoces qui font suspecter un syndrome douloureux régional complexe (type 1 ou 2) qui – négligé – peut laisser des séquelles fonctionnelles redoutables.


Le kinésithérapeute qui accepte la prise en charge de la rééducation d’une main doit impérativement respecter à la lettre les protocoles précis de rééducation, ce qui lui évitera d’être accusé à tort par le patricien d’être à l’origine d’un SDRC.


Grâce à son contact manuel régulier avec le patient, il sera le premier à déceler les signes d’un SDRC et il alertera le médecin afin que celui-ci puisse mettre en route un traitement spécifique.


L’orthésiste qui écoute, regarde et touche le patient peut lui aussi suspecter un SDRC, lors de la confection de l’orthèse.




Diagnostic et signes cliniques



Interrogatoire


Il permet de préciser les circonstances d’apparition d’un SDRC :



Il acceptera d’autant mieux le traitement, en collaborant de façon active, il se responsabilisera et se dynamisera. C’est de lui que viendra la guérison, aidé par l’équipe soignante.


L’erreur à ne pas commettre est d’abandonner le patient.


Certains médecins font arrêter les séances de kinésithérapie, dès que le diagnostic est posé. C’est une grossière erreur. Au contraire, le suivi pour le patient est essentiel car il se sait alors soutenu, sa guérison est l’affaire de toute l’équipe. Il faut éviter le blocage tant physique que psychique.




Signes cliniques et évolution


Le SDRC de type 1 évolue classiquement en trois phases successives : chaude, froide et séquellaire (fig. 20-1) :





Phase chaude


Cette phase associe douleurs, signes inflammatoires locaux et diminution de la mobilité. Le début peut être soit progressif, soit brutal.


La douleur est d’intensité variable, elle est le premier signe qui doit faire évoquer le diagnostic.


Elle est le plus souvent disproportionnée par rapport à l’importance du traumatisme et est décrite comme atroce, pulsatile, à type de brûlure, de sensation électrique, en coup de poignard. Son intensité augmente si le patient est exposé au froid, aux émotions, aux bruits, de même des contacts minimes à type d’effleurements sont douloureux (allodynie).


Les articulations sont sensibles à la pression et douloureuses à la mobilisation tant active que passive. Les douleurs s’apparentent à un gant trop serré et se diffusent à distance.


Tous ces éléments évoquent une participation neuropathique.


L’atteinte peut être parcellaire ne touchant qu’un ou deux rayons de la main.


Ce syndrome douloureux s’accompagne de troubles trophiques, vasomoteurs et moteurs (fig. 20-2A, B, C).







Phase froide


Cette phase peut s’étendre de 3 à 9, voire 12 mois.


Les douleurs diminuent puis disparaissent. L’œdème régresse, mais on observe une induration et une fibrose des tissus entraînant une gêne articulaire mécanique.


Si les troubles vasomoteurs disparaissent, des troubles trophiques s’installent : la peau est pâle, légèrement cyanosée et sèche. Elle devient fine, mince, luisante. La température locale est diminuée.


On constate une atrophie cutanée et graisseuse, les doigts sont effilés, les ongles striés et cassants prennent un aspect en verre de montre. Les poils disparaissent et l’amyotrophie est fréquente (fig. 20-3A, B).



C’est à ce stade que les troubles fonctionnels se pérennisent : des limitations articulaires et des adhérences tendineuses s’installent par épaississement du tissu fibreux. Cette raideur fixe les IPP en flexion et les MP en extension, positionnant les doigts en griffe. Elle peut atteindre le poignet et l’épaule. On a le sentiment que l’œdème a produit une véritable colle biologique qui restreint les espaces de glissement, colle et rétracte les complexes capsulo-ligamentaires articulaires.


L’évolution peut se faire vers la guérison ou vers des séquelles.


La radiographie comparative (à 3 mois) montre une déminéralisation, une image pommelée, avec raréfaction de la trame osseuse, différente de l’ostéoporose d’immobilisation.

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May 26, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 20: Syndromes douloureux régionaux complexes

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