Chapitre 9
Pathologies osseuses (membres)
9.1
Conduite à tenir devant une anomalie de la main
Quelle que soit l’anomalie, il est important d’aborder trois éléments :
• la description aussi précise que possible de cette anomalie ;
• son caractère isolé ou, au contraire, l’existence d’autres éléments susceptibles d’entrer dans le cadre d’une anomalie chromosomique ou un syndrome malformatif génétique ou non ;
• enfin, l’appréciation d’éléments susceptibles d’apporter à l’orthopédiste des renseignements sur la fonctionnalité de la main.
Anomalies réductionnelles
Leur diagnostic sera d’autant plus précoce que l’atteinte sera importante.
Les anomalies réductionnelles peuvent être de type transversal ou longitudinal.
Anomalies réductionnelles transversales (figures 9.1 et 9.2)
Elles peuvent dans leur forme distale totale aboutir à un achéirie. Lorsque l’atteinte est unilatérale, elle sera plutôt isolée. Lorsqu’elle est bilatérale (pas toujours de façon symétrique), il faut penser à évoquer un syndrome associant achéirie et apodie de transmission autosomique récessive, lorsqu’elle est associée à un rétrognathisme il faut évoquer un syndrome aglossoadactylie (souvent ankyoglossie ou microglossie) en général sporadique. Des atteintes médicamenteuses, infectieuses (varicelle au 1er trimestre) peuvent être à l’origine de ces anomalies réductionnelles. On peut également évoquer le syndrome d’Adams-Oliver, qui associe aux anomalies réductionnelles des aplasies cutanées du vertex peu repérables en échographie. Les choriocentèses précoces ont été incriminées dans des amputations transversales terminales par phénomène vasculaire. Les brides amniotiques peuvent amputer l’extrémité de façon variable, il faut rechercher des éléments en leur faveur : adhérence, reste de brides entre amnios et lésion, striction au niveau d’un segment sus-jacent parfois avec œdème.
Figure 9.2 a et b : anomalies réductionnelles transversales. c : sillons de striction. d : bride amniotique. (Clichés J.-M. Aubry, M.-C. Aubry)
Anomalies réductionnelles longitudinales (figures 9.3 et 9.4)
Figure 9.3 Anomalie réductionnelle longitudinale rayon radial (pas de pouce + malposition de la main liés à une agénésie radiale). (Clichés J.-M. Aubry, M.-C. Aubry)
Figure 9.4 Anomalie réductionnelle longitudinale médiane ectrodactylie. (Clichés J.-M. Aubry, M.-C. Aubry)
Les anomalies réductionnelles longitudinales donnent accès à beaucoup de syndromes notamment dans les atteintes radiales. Il est donc particulièrement important d’effectuer un bilan morphologique et biométrique complet. Parmi les différents syndromes, on peut citer de façon non exhaustive, le syndrome de Holt-Oram avec anomalie cardiaque (autosomique dominant), l’association VACTERL, l’anémie de Fanconi avec anomalie du pouce, le syndrome de Nager avec rétrognathisme mais parfois aussi le syndrome de Cornelia de Lange. Les atteintes du rayon cubital sont en général moins souvent associées à des syndromes, cependant elles peuvent exister dans le syndrome de Cornelia de Lange, l’association FFU (fémur fibula ulna) pour laquelle il faut rechercher une cause toxique potentielle.
Anomalies de segmentation
Syndactylies (figure 9.5)
Figure 9.5 Syndactylie des quatre derniers doigts : main en moufle du syndrome d’Apert. (Clichés J.-M. Aubry, M.-C. Aubry)
Anomalies de position
Les mains botes correspondent à une attitude vicieuse permanente de la main.
Autres anomalies de position
Main crispée
Elle est décrite comme une main comportant des doigts constamment fléchis avec un pouce adductus et un chevauchement du 2e sur le 3e et parfois du 5e sur le 4e. Il est quasi constant dans les trisomies 18 et hautement évocateur. Il peut néanmoins être retrouvé dans les séquences d’immobilité fœtale. Cette attitude peut être transitoire au cours d’un examen, c’est sa constance qui en fait une pathologie (figure 9.10).
Parmi les anomalies de position des pouces, on peut retrouver des anomalies de position des pouces : le pouce de « l’autostoppeur » en abduction constante dans la dysplasie diastrophique, dans l’atélostéogenèse de type 2 ou dans l’achondrogenèse de type 1b, le pouce adductus dans une arthrogrypose périphérique. La constatation d’un pouce adductus dans le cadre d’une dilatation ventriculaire chez un fœtus de sexe masculin permettra d’évoquer un syndrome de Bickers-Adams (figure 9.11).