9: Pathologies générales

Chapitre 9 Pathologies générales




Syndrome polymyalgique idiopathique diffus (SPID) et sport


Très fréquemment rencontré en consultation de médecine du sport, des sportifs se présentent, se plaignant de douleurs multiples. Ces algies concernent non seulement le rachis dans son ensemble, mais aussi de nombreuses articulations périphériques : hanches, genoux, coudes épaules, etc.


L’interrogatoire précise que ces douleurs, parfois systématisées à tout un hémicorps, évoluent depuis des mois, voire des années, sont de rythme plutôt mécanique, majorées par la compétition. La symptomatologie s’accentue dans les jours précédant les championnats mais, fait notable, disparaît totalement et complètement durant la compétition et aucune diminution de performance n’est observée.


D’autres manifestations accompagnent fréquemment ces douleurs diffuses, la plus fréquente étant une fatigue persistante et inexpliquée par tous les tests biologiques. Cette asthénie n’est pas liée à un éventuel surentraînement. Des troubles du sommeil majorent parfois cette fatigue, le sommeil étant diminué en quantité et en qualité. Il se rencontre aussi des troubles digestifs avec des douleurs abdominales et alternance de constipation et de diarrhée. Des craquements articulaires sont également souvent signalés ainsi que des impressions de déboîtement articulaire. Ces sportifs, en règle, ont déjà consulté nombre de médecins et très souvent ont fait appel au service de praticiens tournés vers des techniques particulières : ostéopathes, chiropracteurs, acupuncteurs, homéopathes, etc., et toujours avec un succès transitoire.


L’examen clinique est très évocateur du diagnostic de SPID, de par la négativité de ses résultats. En effet, tous les segments rachidiens étudiés sont souples et on ne retrouve aucun signe radiculaire, que ce soit aux membres supérieurs ou aux membres inférieurs. L’examen neurologique est strictement normal, tant en ce qui concerne la force musculaire et les réflexes ostéotendineux que la sensibilité. Toutes les articulations sont normales, sans aucun épanchement articulaire. Les amplitudes sont strictement normales, voire même exagérées (sujet hyperlaxe très souvent), et les tests de laxité pathologiques sont non significatifs. L’étude des tendons lors des tests isométriques est négative. Par contre, on retrouve à la palpation de nombreux tendons et fibres musculaires adjacentes une douleur très vive. Ces algies provoquées sont bien plus intenses et diffuses que celles retrouvées lors d’un examen similaire réalisé chez un patient « lambda ».


Les examens complémentaires demandés systématiquement sont particuliers aussi par leur normalité. Toutes les données de l’imagerie sont négatives et les examens biologiques sont également normaux (VS, enzymes musculaires, etc.). Il faut remarquer que bien souvent ces sportifs arrivent avec un volumineux dossier d’examens complémentaires comprenant des radios qui objectivent tout au plus des calcifications péritendineuses, des scintigraphies avec hyperfixations discrètes correspondant aux zones d’hypersollicitation liée à la discipline sportive. Les diagnostics souvent posés sont ceux de périostite, de tendinite, de dérangements vertébraux et parfois est évoquée la notion de syndrome dépressif.


En fait, la fréquence d’un tel tableau, d’une richesse fonctionnelle contrastant avec un examen clinique subnormal, excepté la présence de points douloureux tendineux multiples à la palpation, a fait déterminer l’individualisation de ce syndrome polymyalgique idiopathique diffus (Kahn) et des critères ont même d’ailleurs été proposés (tableau 9.2).


Tableau 9.2 Critères diagnostiques de SPID















Critères obligatoires

Présence d’endolorissement, de douleurs ou de raideurs importantes en trois localisations anatomiques au moins, et cela pendant plus de 3 mois
Absence de causes telles que :



Normalité ou négativité des examens de laboratoire suivants : VS, facteur rhumatoïde, anticorps antinucléaires, enzymes musculaires
Normalité des examens radiologiques
Critères majeurs Présence d’au moins cinq points douloureux, typiques et constants
Critères mineurs Modulation des symptômes par l’exercice physique
Modulation des symptômes par les changements de temps
Aggravation des symptômes par l’anxiété et le stress
Difficulté de sommeil
Fatigue générale ou lassitude
Anxiété
Céphalées chroniques
Sensation de gonflement ou d’engourdissement
Diagnostic

Le diagnostic de SPID (fibromyalgie) doit comporter :



D’après Yunnus et coll. cités par Glowinski.


La conduite à tenir, chez un sportif susceptible de présenter un tel syndrome, consiste tout d’abord à éliminer toutes autres affections spécifiques au sport (tendinite, fracture de fatigue, périostite, syndrome des loges, etc.), plus, générales : virales (hépatite, etc.), rhumatismales (polyarthrite rhumatoïde, connectivites), autres (diabète, hémopathie, etc.), biologiques (anémie, hypocalcémie, etc.). Il conviendra également de suspecter un syndrome dépressif sous-jacent à ces différents troubles, bien que le lien apparaisse pour certains auteurs très discutable.


Une fois éliminées toutes ces affections organiques, psychologiques, le sportif doit être complètement et totalement rassuré. Des séances de relaxation, de massages à visée décontracturante sont d’un appoint non négligeable, associées à des myorelaxants pris le soir au coucher.



May 29, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 9: Pathologies générales

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