Chapitre 9 Pathologies générales
Artériopathies acquises du sportif
De nombreuses artères peuvent être touchées (tableau 9.1) :
• au membre supérieur : l’artère sous-clavière dans le défilé thoracobrachial, l’artère circonflexe postérieure dans l’espace humérotricipital, l’artère cubitale au canal de Guyon et les artères digitales ;
• au membre inférieur : l’artère iliaque externe dans sa portion mobile moyenne, l’artère poplitée au creux poplité, et exceptionnellement les artères tibiales antérieures et postérieures.
De toutes ces localisations, les moins rares sont le syndrome de la traversée thoracobrachiale, l’endofibrose iliaque externe et le syndrome de l’artère poplitée piégée. Quel que soit le siège de l’artériopathie, la symptomatologie est le plus souvent discrète (douleurs, crampes à l’effort), l’examen clinique quasi négatif. Seuls les examens complémentaires apportent la clé du diagnostic, mais il faut, à l’inverse, se garder de prescrire trop facilement des examens invastifs telle l’angiographie, à ne réserver qu’en préopératoire.
Syndrome polymyalgique idiopathique diffus (SPID) et sport
L’interrogatoire précise que ces douleurs, parfois systématisées à tout un hémicorps, évoluent depuis des mois, voire des années, sont de rythme plutôt mécanique, majorées par la compétition. La symptomatologie s’accentue dans les jours précédant les championnats mais, fait notable, disparaît totalement et complètement durant la compétition et aucune diminution de performance n’est observée.
L’examen clinique est très évocateur du diagnostic de SPID, de par la négativité de ses résultats. En effet, tous les segments rachidiens étudiés sont souples et on ne retrouve aucun signe radiculaire, que ce soit aux membres supérieurs ou aux membres inférieurs. L’examen neurologique est strictement normal, tant en ce qui concerne la force musculaire et les réflexes ostéotendineux que la sensibilité. Toutes les articulations sont normales, sans aucun épanchement articulaire. Les amplitudes sont strictement normales, voire même exagérées (sujet hyperlaxe très souvent), et les tests de laxité pathologiques sont non significatifs. L’étude des tendons lors des tests isométriques est négative. Par contre, on retrouve à la palpation de nombreux tendons et fibres musculaires adjacentes une douleur très vive. Ces algies provoquées sont bien plus intenses et diffuses que celles retrouvées lors d’un examen similaire réalisé chez un patient « lambda ».
Les examens complémentaires demandés systématiquement sont particuliers aussi par leur normalité. Toutes les données de l’imagerie sont négatives et les examens biologiques sont également normaux (VS, enzymes musculaires, etc.). Il faut remarquer que bien souvent ces sportifs arrivent avec un volumineux dossier d’examens complémentaires comprenant des radios qui objectivent tout au plus des calcifications péritendineuses, des scintigraphies avec hyperfixations discrètes correspondant aux zones d’hypersollicitation liée à la discipline sportive. Les diagnostics souvent posés sont ceux de périostite, de tendinite, de dérangements vertébraux et parfois est évoquée la notion de syndrome dépressif.
En fait, la fréquence d’un tel tableau, d’une richesse fonctionnelle contrastant avec un examen clinique subnormal, excepté la présence de points douloureux tendineux multiples à la palpation, a fait déterminer l’individualisation de ce syndrome polymyalgique idiopathique diffus (Kahn) et des critères ont même d’ailleurs été proposés (tableau 9.2).
Critères obligatoires | Présence d’endolorissement, de douleurs ou de raideurs importantes en trois localisations anatomiques au moins, et cela pendant plus de 3 mois – traumatismes en liaison avec des microtraumatismes répétés ou plus directs – autres rhumatismes (y compris dégénératifs) – autres affections, endocriniennes, cancéreuses, infectieuses Normalité ou négativité des examens de laboratoire suivants : VS, facteur rhumatoïde, anticorps antinucléaires, enzymes musculaires Normalité des examens radiologiques |
Critères majeurs | Présence d’au moins cinq points douloureux, typiques et constants |
Critères mineurs | Modulation des symptômes par l’exercice physique Modulation des symptômes par les changements de temps Aggravation des symptômes par l’anxiété et le stress Difficulté de sommeil Fatigue générale ou lassitude Anxiété Céphalées chroniques Sensation de gonflement ou d’engourdissement |
Diagnostic | Le diagnostic de SPID (fibromyalgie) doit comporter : |
D’après Yunnus et coll. cités par Glowinski.
Une fois éliminées toutes ces affections organiques, psychologiques, le sportif doit être complètement et totalement rassuré. Des séances de relaxation, de massages à visée décontracturante sont d’un appoint non négligeable, associées à des myorelaxants pris le soir au coucher.
Gelures
À l’interrogatoire, on précisera :
• les circonstances de l’exposition au froid : température extérieure, humidité, vent, durée, altitude, épuisement du sujet ;
• l’évolution. Dans un premier temps, sensation de froid intense (onglée), de « doigt mort ». Cette phase peut être totalement insidieuse et c’est seulement l’entourage qui remarque l’aspect pâle, voire cyanosé du nez, des oreilles. Secondairement, à la période de « réchauffement », apparaît un œdème parfois volumineux, des phlyctènes, accompagnés de vives douleurs.