Chapitre 9 Clichés couleur, monochromatiques et clichés en autofluorescence
La technologie tridimensionnelle ne s’étant pas encore appliquée au domaine de l’imagerie rétinienne pour simplifier l’acquisition d’images stéréoscopiques, l’examen clé d’un décollement de rétine reste la réalisation du fond d’œil. L’imagerie rétinienne en deux dimensions a néanmoins bénéficié d’avancées technologiques récentes qui en ont élargi le champ d’application. En cas de décollement de rétine, l’impossibilité d’obtenir une image nette uniforme sur l’ensemble du fond d’œil est un signe d’alerte : la rétine soulevée se situe dans un plan plus antérieur et apparaît plus floue que le reste du fond d’œil ; à l’inverse, la mise au point sur la rétine décollée rend l’image du reste du fond d’œil flou. Les photographies couleur du fond d’œil trouvent leur place dans de multiples indications, notamment dans le cadre du dépistage du décollement de rétine, tandis que les clichés monochromatiques et en autofluorescence apportent des informations précieuses complémentaires de l’examen clinique.
Indications
INTÉRÊTS DES PHOTOGRAPHIES COULEUR
Les programmes de dépistage du décollement de rétine par télémédecine [11] se sont considérablement développés. Il s’agit principalement du dépistage de la rétinopathie du prématuré par la RetCam® (RetCam® 120, Massie Lab, Pleasanton, États-Unis) [2, 6] et de la rétinopathie diabétique par caméra non mydriatique [9]. Le principe de la télémédecine est le suivant : l’acquisition de photographies numériques du fond d’œil est déléguée à du personnel paramédical formé et, secondairement, les images sont télétransmises à un centre de lecture pour interprétation. Outre que l’expertise du spécialiste analysant les données s’en trouve augmentée, la possibilité d’un traitement informatique de l’image reçue (augmentation du contraste et/ou grossissement des structures à étudier) constitue un réel avantage de cette évaluation « indirecte » par rapport à un examen clinique classique. Enfin, la télémédecine représente une solution pour pallier le déséquilibre entre la démographie des ophtalmologistes et la prévalence croissante de certaines pathologies oculaires.
INTÉRÊTS DES CLICHÉS MONOCHROMATIQUES
Un cliché infrarouge (820 nm) est également possible sur l’HRA (Heidelberg Retinal Angiograph, cf. infra), angiographe confocal utilisant l’ophtalmoscopie à balayage laser (ou SLO, Scanning Laser Ophthalmoscope). Sa grande longueur d’onde située en dehors du spectre visible augmente la tolérance du patient à l’examen et assure une très bonne qualité d’image même en cas d’opacité des milieux. Ce cliché infrarouge visualise bien les structures vasculaires mais pas les hémorragies ; il peut détecter de façon très sensible certaines lésions situées dans la rétine externe [10].
INDICATIONS DES CLICHÉS EN AUTOFLUORESCENCE
On entend généralement par autofluorescence du fond d’œil la détection de lipofuscine, qui est un fluorophore accumulé de façon physiologique dans l’épithélium pigmentaire rétinien suite au renouvellement cyclique des segments externes des photorécepteurs. La meilleure qualité d’image, très supérieure à l’autofluorescence des rétinographes classiques, est obtenue grâce aux angiographes confoncaux SLO [1]. Les conditions d’examen sont identiques à celles de l’angiographie à la fluorescéine mais sans injection de colorant. La région maculaire et plus particulièrement la fovéa sont le siège d’une hypoautofluorescence centrale physiologique par masquage. Les altérations modérées de l’épithélium pigmentaire secondaires aux décollements rétiniens chroniques sont détectables sous forme d’une hyperautofluorescence, tandis que les zones d’atrophie complète de l’épithélium pigmentaire apparaissent au contraire hypoautofluorescentes (fig. 9-2) [12].