Cas 80 Cervicalgie, céphalées et plaies de la face

OBJECTIF

Quand un patient décrit des symptômes inhabituels ou incohérents, ces symptômes doivent être explorés minutieusement.

PATIENT(E)

Homme de 56 ans, chauffeur livreur, fumant 10 cigarettes par jour et ne buvant pas d’alcool.

ANTÉCÉDENTS

Il y a environ 4 ans, le patient a subi un accident de camion ; il était conducteur et ceinturé. Le véhicule est parti en tonneaux ; la cabine conducteur s’est effondrée sur lui et a provoqué en encastrement de sa tête dans le volant. Il n’a pas perdu connaissance et il a réussi avec difficulté à escalader la cabine pour s’en extraire seul. Il a été amené en ambulance à l’hôpital où des radiographies du crâne ont été faites, qui n’ont pas révélé de fracture. Ses plaies et lacérations faciales ont été suturées et il a été hospitalisé deux jours pour observation. Pendant toute la durée de l’hospitalisation, le patient s’est plaint de sensation de « mouvement » de ses os de la face lorsqu’il appliquait une pression sur ses dents. Cependant, il lui a été expliqué que les radiologies ne montraient aucune fracture et qu’il n’était pas utile de procéder à des examens complémentaires.

Après avoir quitté l’hôpital, le patient est allé consulter son médecin traitant qui lui a prescrit un scanner de la face ; celle-ci a révélé de nombreuses fractures des os du massif facial. Il a été adressé à un chirurgien maxillofacial qui l’a opéré de ses fractures, réalisant une ostéosynthèse par plaques et vis en titane.

DOLÉANCES ET SIGNES FONCTIONNELS (fig. 80.1)

Le patient présente des douleurs cervicales d’intensité variable des niveaux C5–C7 sans aucune irradiation dans les bras. La douleur peut irradier dans le cou jusqu’au haut du crâne, causant des céphalées. Son travail exacerbe les symptômes, à moins qu’il n’exécute que des tâches légères. Le patient est soulagé par l’eau chaude de la douche sur le cou, l’allongement, le massage des muscles de la partie postérieure du cou et par l’utilisation d’antalgiques adaptés. Il n’a jamais eu de problèmes intestinaux ou vésicaux. Sa symptomatologie n’existait pas avant l’accident de voiture 4 ans auparavant.

Figure 80.1

ÉTIOLOGIE

Accident de la voie publique 4 ans auparavant.

EXAMEN CLINIQUE

En position debout, il n’y a aucun signe clinique d’obliquité pelvienne ni de scoliose. La palpation et la percussion des vertèbres thoraciques et lombales ne provoquent aucune douleur. Il y avait une bosse palpable en arrière de sa tête (région occipitale). La palpation profonde des muscles paraspinaux produisait une douleur élective au niveau C4–C6 de manière bilatérale et à la jonction cervicothoracique. La pression au pouce de la zone gâchette du trapèze droit provoquait certaines douleurs. Les réflexes ostéotendineux des membres supérieurs étaient normaux. Les réflexes cutanés plantaires étaient normaux. La sensibilité vibratoire au niveau des coudes et des chevilles était normale. La sensibilité à la piqûre était normale aux membres supérieurs et inférieurs, à l’exception d’une hypoesthésie du cinquième doigt de la main gauche (C7). La force musculaire aux membres supérieurs était normale. La manœuvre de Valsalva ne provoquait pas de cervicalgie. La pression artérielle au bras droit en position assise était de 128/70 mmHg.

Les amplitudes actives au niveau du rachis cervical ont été explorées à l’aide d’un instrument CROM (voir tableau 80.1).

Tableau 80.1 Amplitudes de mobilité active du rachis cervical

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