Chapitre 7 Rachis
Entorses cervicales
Les mécanismes responsables sont le plus souvent indirects, représentés par des mouvements forcés d’hyperflexion, d’hyperextension, isolés ou associés en coup de fouet (« coup de fléau » ou whiplash des Anglo-Saxons).
Les entorses du rachis cervical se définissent anatomiquement par des lésions ligamentaires allant du simple étirement à la rupture (tableau 7.1), en excluant de ce cadre nosologique les ruptures ligamentaires associées aux fractures instables et les luxations complètes immédiates des apophyses articulaires.
Symptomatologie
Elle est univoque à quelques nuances près, qu’il s’agisse de lésions hautes ou basses, de lésions bénignes ou graves. À la suite d’un traumatisme en extension (effondrement de mêlée au rugby, choc frontal au football américain), en compression (choc apical) ou en flexion (décélération brutale), le sportif se plaint de cervicalgies postérieures intenses associées, mais rarement, à une impression d’instabilité ou d’insécurité cervicale et qui sont, en général, très évocatrices de lésions graves.
Clinique
L’examen clinique immédiat objective soit une rectitude du rachis donnant au sujet l’attitude guindée particulière aux algies cervicales, soit des attitudes en inclinaison rotation (torticolis). La mobilisation extrêmement prudente du rachis rend compte de limitations dans tous les plans. La palpation retrouve des contractures douloureuses des masses paravertébrales et des trapèzes avec une zone exquisément douloureuse au regard du segment mobile atteint, la plupart du temps unilatérale.
Jusqu’à preuve du contraire, le rachis cervical traumatisé doit être considéré comme ayant une lésion à potentiel instable. Il faut donc immobiliser le rachis dans un collier cervical et transporter le blessé en décubitus pour effectuer un bilan radiologique.
Imagerie
Les signes d’entorse grave sur les clichés standards (voir tableau 7.1) sont difficiles à retrouver et, très souvent, ce bilan initial est négatif car la contracture réflexe fige le rachis en réalisant un véritable manchon musculaire protecteur. II conviendra d’immobiliser le rachis cervical dans un collier amovible semi-rigide associé à des anti-inflammatoires non stéroïdiens et des myorelaxants pour une durée de 15 jours. Passé ce délai, on effectuera à nouveau un bilan clinique et radiographique comprenant des clichés dynamiques.
À distance
L’examen clinique notera l’évolution des douleurs après cette période d’immobilisation relative, parfois vers leur cessation mais le plus souvent vers leur persistance, voire leur aggravation. Des complications peuvent apparaître à type de névralgie cervicobrachiale ou de manifestations faisant évoquer un syndrome cervicocéphalique post-commotionnel : céphalées, migraines, faux vertiges, acouphènes. L’examen clinique appréciera la mobilité rachidienne et l’on effectuera, à nouveau, un examen neurologique complet à la recherche des signes déficitaires radiculaires et des signes d’irritation pyramidale sous-lésionnels (hyper-réflectivité ostéotendineuse).
Le bilan radiographique comprend des clichés dynamiques en flexion-extension de profil réalisables du fait de la disparition de la contracture initiale. Les signes spécifiques d’entorse grave au niveau d’un espace intervertébral (voir tableau 7.1) se majorent en flexion et ne se réduisent généralement que très partiellement en extension.
Entorses bénignes
Le traitement passe par la poursuite de l’immobilisation cervicale en collier (fig. 7.2) pour une durée de 15 à 21 jours en fonction des douleurs, associée à un traitement médical anti-inflammatoire et myorelaxant et un traitement massokinésithérapique et physiothérapique. Le sevrage de la contention cervicale doit être progressif et la sollicitation des muscles cervicaux doit être symétrique, isométrique, à partir de réflexes posturaux. La cessation des troubles n’apparaît, en général, que lentement et des séquelles fonctionnelles peuvent persister à distance de l’accident pendant des semaines ou des mois.
Entorses graves
Le traitement des entorses graves est institué après avoir réalisé une RMN pour étudier avec précision l’état des disques intervertébraux et des structures nerveuses. Les modalités du traitement chirurgical (fig. 7.3) sont fonction de la précocité du diagnostic, de l’existence de signes neurologiques et de la présence d’une hernie discale associée. Quel que soit le type d’intervention, une minerve sera confectionnée pour 45 jours, associée à une rééducation de longue durée.
Fracture des côtes
Nous n’évoquerons ici que les fractures de côtes fermées et de même, seront exclues de cette présentation les fractures de côtes pathologiques secondaires à différents processus le plus souvent tumoraux. Il convient aussi de distinguer, hormis les fractures de côtes, les volets thoraciques, graves dans leurs conséquences.
Symptomatologie des fractures de côtes simples
À l’interrogatoire, le sujet décrit une douleur brutale, ponctuelle, de siège thoracique souvent postérieur, voire axillaire, exagérée par la respiration profonde, la toux, l’éternuement. Tous les efforts sont rendus très douloureux, voire impossibles du fait des douleurs. On s’enquerra de façon systématique de l’absence d’hémoptysie.
• une douleur à la pression antéropostérieure ou latéro-latérale du thorax ;
• une douleur exquise à la palpation prudente de chaque arc costal (fig. 7.4) ;
Le bilan radiographique (fig. 7.6) comprend : un grill costal de face, profil et {3/4}.
L’évolution de ces fractures simples est, en règle générale, bénigne surtout si la fracture est isolée. Cette évolution se fait parfois vers un cal hypertrophique. La surveillance doit toutefois s’imposer surtout devant des fractures multiples pour ne pas passer à côté d’un volet costal initialement inapparent, d’un hémothorax ou d’un pneumothorax se constituant à bas bruit.
Fractures des onzièmes et douzièmes côtes
Elles peuvent s’individualiser par les caractéristiques suivantes :
Volets costaux
La radiographie permettra de contrôler le volet costal et surtout décrira les lésions associées pleurales, pulmonaires et médiastinales, voire diaphragmatiques.
Les fractures costales peuvent être distinguées en :
fractures de fatigue qui apparaissent dans des mouvements stéréotypés imposant au levier costal des contraintes itératives en flexion, en compression et en torsion, à l’origine d’une douleur pariétale localisée. Le diagnostic est le plus souvent porté à la scintigraphie et le traitement passe par le repos sportif ;
fractures de côtes simples, dont l’aspect radiologique est souvent peu évocateur, qui relèvent d’un traitement antalgique associé à une contention adhésive, et dont l’évolution est le plus souvent favorable en 3 à 4 semaines ;
fractures de côtes multiples et volets costaux qui peuvent s’accompagner de lésions pleuropulmonaires, d’hémopneumothorax et de troubles ventilatoires, qui nécessitent une prise en charge médicale plus lourde ;
traumatismes thoraciques (fractures pluricostales, contusions pulmonaires), dans le cadre d’accidents de la voie publique ou d’accidents sportifs graves accompagnés d’un polytraumatisme et de lésions viscérales qui nécessitent une prise en charge en urgence en service de soins intensifs.
Troubles statiques rachidiens de l’enfant sportif
Sur le plan pratique, deux affections sont fréquemment recherchées : la scoliose et la maladie de Scheuermann. La découverte, lors d’un examen systématique chez un jeune sportif, ou, plus rarement, à l’occasion de rachialgies, de troubles statiques du rachis dans le plan frontal (attitude ou scoliose vraie) ou dans le plan sagittal (hypercyphose et hyperlordose associées ou isolées) amène à se poser la question de la relation de cause à effet entre la pratique sportive et la survenue de tels troubles, ainsi que l’opportunité de la poursuite du sport.
Scoliose vraie
Avec rotation des corps vertébraux, entraînant une gibbosité et survenant la plupart du temps chez les filles, elle doit faire l’objet d’une recherche systématique au cours de la visite d’aptitude chez l’enfant (fig. 7.7).
« La scoliose idiopathique apparaît comme une maladie multifactorielle dont le support serait une maturation anormale du système nerveux central génétiquement déterminée, associée à un déséquilibre du squelette axial par différence de croissance des divers éléments vertébraux et sur lequel agiraient d’autres facteurs, tels que les facteurs chimiques et neuromusculaires dont il est difficile de dire s’ils sont cause ou conséquence » (G.P. Gonon, J.C. de Mauroy et P. Stagnara).
Maladie de Scheuermann
• Le diagnostic de maladie de Scheuermann ne doit pas être posé par excès devant la constatation d’altérations radiographiques banales du rachis dorsal (fig. 7.8) : hernie intraspongieuse, aspect feuilleté et irrégulier des corps vertébraux. Pour porter le diagnostic, il faut mettre en évidence l’association : âge + cunéiformisation vertébrale + irréductibilité (encadré 7.1).
• L’appréciation de la gravité d’une maladie de Scheuermann doit tenir compte de plusieurs facteurs (encadré 7.2) au sein desquels la cunéiformisation détient le pronostic évolutif et la douleur le critère fonctionnel.
• L’autorisation de la pratique sportive ne se discute guère chez un adolescent en fin de croissance et la présence d’une maladie de Scheuermann n’impose aucune restriction quant au choix ou à la poursuite d’un sport, quelle que soit la discipline pratiquée. Par contre, une maladie de Scheuermann authentique découverte en phase prépubertaire (11-13 ans chez la fille, 13-15 ans chez le garçon) impose des restrictions plus sévères quant à la pratique sportive, d’autant que la cyphose est importante, peu réductible, étendue ou douloureuse.