7: Prolifération vitréorétinienne

Chapitre 7 Prolifération vitréorétinienne



La prolifération vitréorétinienne est l’un des facteurs majeurs d’échec et de récidive de la chirurgie du décollement de rétine. La physiopathologie est complexe. La prolifération des cellules d’épithélium pigmentaire est l’événement clé ; le primum movens obligatoire est la survenue d’une déhiscence rétinienne. À partir de cet événement initial, une tentative de réparation se met en place avec libération de multiples médiateurs cellulaires (cytokines) [4]. Plusieurs phases vont se succéder : inflammation, migration, prolifération et cicatrisation. Ces mécanismes de réparation d’un dommage tissulaire, généralement bénéfiques, engendrent une désorganisation de la rétine neurosensorielle. Sur ce tissu fin sans liaison mécanique avec son support, tout processus de cicatrisation responsable de forces de traction tangentielles sur une surface concave va générer un mouvement centripète dont le stade ultime est l’« entonnoir fermé ».


Ces données physiopathologiques ont été à l’origine de la classification révisée par la Retina Society [34], en 1991. Depuis cette date, la classification de la prolifération vitréorétinienne utilisée est inchangée et garde toute son utilité en pratique clinique, tandis que la prise en charge de la prolifération vitréorétinienne a grandement bénéficié des progrès des techniques chirurgicales.



Physiopathologie


Une déhiscence rétinienne entraîne une libération et une prolifération de cellules de l’épithélium pigmentaire qui envahissent le vitré [15,26]. Les cellules gliales migrent sur la rétine et dans l’espace sous-rétinien riche en cytokines stimulant la prolifération (fig. 7-1) [12]. Prolifération et apoptose coexistent sous la dépendance de nombreuses cytokines [9,33,57].


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Fig. 7-1 Physiopathologie de la prolifération vitréorétinienne [1,5,79,11,13,14,16,20,22,27,28,32,33,40,42,48,49]. Des facteurs de susceptibilité génétique influencent probablement l’ensemble des mécanismes représentés.



image ACTEURS CELLULAIRES DE LA PROLIFÉRATION



PROLIFÉRATION GLIALE


La prolifération est responsable de la formation d’une matrice extracellulaire [25] contenant laminine, fibronectine (protéine d’adhérence cellulaire dont la concentration augmente avec la gravité de la prolifération vitréorétinienne) et collagène des types I, II, III et IV [1,9,27,45]. Au sein de cette matrice, il existe une augmentation des métalloprotéinases matricielles MMP-2 et MMP-9 [56] ainsi qu’une activation du système du plasminogène [44], phénomènes impliqués dans la migration, la prolifération et la différenciation cellulaire. Les cellules gliales ont un rôle essentiel dans la constitution des membranes de prolifération vitréorétinienne prérétiniennes et sous-rétiniennes [17,41,51].



PROLIFÉRATION ÉPITHÉLIALE ET MÉTAPLASIE


Cette prolifération cellulaire aboutit à la contraction des membranes gliales qui entraîne la réouverture d’anciennes déchirures ou la formation de nouvelles déhiscences, aboutissant à la récidive du décollement. Dans ces membranes, en plus des cellules de l’épithélium pigmentaire et des cellules gliales, la présence des fibroblastes, des macrophages [35] et des lymphocytes témoigne de l’implication de phénomènes inflammatoires (cf. infra). Parmi les fibroblastes, les myofibroblastes sont responsables de la contraction des membranes et les cellules de l’épithélium pigmentaire ellesmêmes peuvent générer des forces de traction par l’intermédiaire du système Rho/Rho kinase [38,59]. Les myofibroblastes proviennent de la transformation des cellules de l’épithélium pigmentaire induite par contact avec les cytokines contenues dans le vitré et l’espace sous-rétinien. La transformation se fait par une étape de métaplasie, c’est-à-dire de modification du comportement des cellules de l’épithélium pigmentaire [2,30].



image RÉGULATION DE LA PROLIFÉRATION CELLULAIRE



FACTEURS STIMULANT LA PROLIFÉRATION CELLULAIRE


Parmi les cytokines impliquées dans la prolifération vitréorétinienne [1], les facteurs de croissance jouent un rôle primordial en contrôlant chimiotaxie, prolifération, production de la matrice extracellulaire, remaniements et contraction des cicatrices [42]. L’homéostasie de ces facteurs de croissance est en partie régulée par le récepteur de l’ α2-macroglobuline [18]. Le bFGF (basic Fibroblast Growth Factor) est retrouvé au sein de la prolifération vitréorétinienne [28] et stimule la prolifération des cellules de l’épithélium pigmentaire, mais il est dépourvu d’effet chimiotactique. Le bFGF et le PDGF (Platelet-derived Growth Factor) ont des concentrations élevées dans la prolifération vitréorétinienne, tandis qu’ils sont absents dans un décollement de rétine sans prolifération vitréorétinienne. Les taux de bFGF, TGFβ2 (Transforming Growth Factor β2), IL-1β (interleukine 1β) augmentent avec le taux de protéines vitréennes et la prolifération vitréorétinienne.


Le aFGF (acidic Fibroblast Growth Factor) est présent dans les membranes de la prolifération vitréorétinienne et il stimule la prolifération des cellules de l’épithélium pigmentaire. Le PDGF permet, à l’état normal, la formation de la vascularisation de la rétine mais, quand il est surexprimé, il devient un facteur de croissance spécifique de progression de la prolifération vitréorétinienne [50]. Il est produit par les cellules de l’épithélium pigmentaire et les cellules gliales, dont il stimule la prolifération et la chimiotaxie [32,39].


De nombreux autres facteurs de croissance sont impliqués dans la prolifération vitréorétinienne [1,3,5,23,27,36,39,40,46] avec, probablement, existence d’une sensibilité accrue aux facteurs de croissance des éléments cellulaires.




image PHÉNOMÈNES INFLAMMATOIRES


La rupture de la barrière hématorétinienne explique l’existence de phénomènes inflammatoires associés. Des lymphocytes et des macrophages sont retrouvés en cas de prolifération vitréorétinienne et peuvent sécréter à leur tour des facteurs de croissance [55] :






L’importance de ces phénomènes inflammatoires dans la prolifération vitréorétinienne n’est pas parfaitement comprise. De nombreux mécanismes restent à élucider, comme la raison de la stimulation du proto-oncogène c-fos ce:sup>19,58].



Jun 3, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 7: Prolifération vitréorétinienne

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