7 Infections transmises par voie sexuelle
Syphilis
La syphilis est une maladie infectieuse, sexuellement transmissible, provoquée par le spirochète Treponema pallidum.
L’infection peut atteindre n’importe quel organe et peut ressembler à une variété d’autres maladies ; aussi a-t-elle a été appelée la « grande simulatrice ».
En l’absence de traitement, la syphilis peut provoquer des atteintes du cœur, de l’aorte, des yeux et des os et peut être fatale.
La syphilis non traitée se développe en trois phases : primaire, secondaire, tertiaire ; il existe aussi une forme latente.
Anamnèse
La syphilis porte le nom d’un berger qui en était atteint et qui s’appelait Syphilus dans un poème de Girolama Fracastro en 1530.
Dans le passé, la syphilis a été appelée « le mal des Français », mais a aussi été connue sous le nom de « maladie des chrétiens », « grande vérole », « mal de Cupidon », « Lion noir » et est mieux connue sous le nom de vérole.
On pense que la maladie a été introduite en Europe par les marins de Christophe Colomb, à leur retour des Indes Occidentales. La diffusion à travers l’Europe a été imputée aux guerres fréquentes ayant eu lieu dans la région à cette époque.
L’incidence a diminué après la Deuxième Guerre mondiale, grâce au traitement par la pénicilline.
L’étude de Tuskegee datant de 1932 représente un point sombre de l’histoire de la médecine et de la syphilis : le traitement par pénicilline d’hommes noirs atteints de syphilis ne fut volontairement pas administré, afin de permettre l’étude des effets de la maladie à court et long terme.
La syphilis s’est à nouveau répandue ces trois dernières décennies avec l’arrivée du syndrome d’immunodéficience acquise (sida).
Syphilis primaire
Initialement, la syphilis se manifeste par un ulcère cutané ou un chancre après contact direct avec une lésion syphilitique.
Le chancre apparaît 10 à 90 jours après exposition (21 jours en moyenne). Il se développe au point de contact initial.
Le chancre est généralement isolé, mais des lésions multiples peuvent se manifester.
Les chancres primaires non traités guérissent dans 75 % des cas, mais le tréponème demeure présent chez l’hôte.
Syphilis secondaire
La syphilis secondaire provient de la diffusion hématogène et lymphatique du tréponème.
La phase secondaire commence environ 6 semaines après l’apparition du chancre et dure 2 à 10 semaines.
Un syndrome semblable à la grippe se manifeste, accompagné de lésions mucocutanées, d’une hépatosplénomégalie et d’adénopathies diffuses.
La distribution et les caractéristiques morphologiques des lésions cutanées sont variées.
La syphilis secondaire se manifeste le plus souvent comme des taches roses squameuses de 1 à 2 cm qui deviennent diffuses.
Lors de cette phase, la syphilis se confond facilement avec de nombreuses autres maladies cutanées et systémiques. Elle a donc été appelée la « grande simulatrice ».
En plus des signes cutanés ci-dessus, la syphilis secondaire peut se manifester par de la fièvre, une pharyngite, une perte de poids, des céphalées, une méningite, une hépatite, une atteinte rénale, une gastrite, une colite, de l’arthrite, une kératite, une uvéite.
Syphilis latente
La syphilis latente est un état où les tests sérologiques sont positifs (pas faussement positifs) en l’absence de signes de maladie active.
C’est un état précoce ou tardif.
La période latente précoce commence 2 ans ou moins après le début de la phase primaire de la maladie, sans signes ou symptômes.
La syphilis latente tardive est une infection par le tréponème ancienne de plus de 2 ans, sans signe clinique évident de la maladie.
La syphilis latente précoce peut être traitée par une injection intramusculaire de pénicilline retard.
La syphilis latente tardive requiert trois injections séparées d’une semaine, mais n’est pas aussi infectante qu’une syphilis latente précoce.
La moitié des patients qui ont une syphilis latente précoce vont évoluer vers un stade de syphilis tardive.
Syphilis tertiaire
La syphilis tertiaire est caractérisée par un nombre restreint de micro-organismes provoquant une importante réaction d’immunité cellulaire, avec de nombreuses manifestations cliniques. La maladie systémique se développe chez environ 25 % des cas non traités ou insuffisamment traités.
La syphilis tertiaire se développe typiquement entre 1 et 10 ans après l’infection initiale.
Les atteintes du système nerveux central ou du système cardiovasculaire, avec apparition de granulomes ou de gommes, sont des manifestations typiques.
Syphilis congénitale
Treponema pallidum peut être transmis de la mère infectée à son fœtus.
Dans les cas non traités, 25 % des nouveau-nés sont mort-nés, 25 % meurent peu de temps après la naissance, 10 % n’ont aucun symptôme et 40 % développent une syphilis congénitale symptomatique tardive.
Dans les cas de syphilis congénitale précoce, l’éruption, l’hépatosplénomégalie et les modifications des os et des articulations se manifestent avant l’âge de 2 ans.
Dans les cas de syphilis congénitale tardive, des modifications osseuses et articulaires, une surdité de perception, une kératite interstitielle se manifestent après l’âge de 5 ans.
Un traitement administré avant la 16e semaine de la gestation prévient habituellement l’infection du fœtus.
Le risque pour le fœtus est accru lorsque la mère a la syphilis depuis moins de 2 ans.
Manifestations cutanées
Syphilis primaire
Le chancre commence comme une papule ou un nodule qui évolue vers une nécrose ischémique et s’ulcère.
Le chancre mesure habituellement de 3 mm à 2 cm de diamètre avec une bordure en relief bien définie, ferme.
Ces lésions peuvent être asymptomatiques et indétectables sur le col de l’utérus des femmes, permettant ainsi une transmission sans que l’on se doute de rien.
La lymphadénopathie régionale indolore, dure, discrète et non suppurative se développe en 1 à 2 semaines.
Le chancre guérit en laissant ou non une cicatrice, généralement en 3 à 6 semaines.
Syphilis secondaire
Cette étape de la syphilis est caractérisée par des signes et des symptômes systémiques, cutanés et muqueux.
La fièvre, le malaise, la pharyngite, l’adénopathie, la perte de poids et les symptômes méningés (mal de tête) sont courants.
Le signe le plus courant est une éruption papulosquameuse généralisée, non prurigineuse et de couleur rose (80 %).
Les plaques se développent lentement, apparaissent dans des formes variées, y compris rondes, ellipsoïdales, ovales ou annulaires, et persistent pendant des semaines ou des mois.
Chez la plupart des patients, des papules ovales symétriques, hyperpigmentées, avec une collerette de squames, apparaissent sur les paumes des mains ou les plantes des pieds.
Il se manifeste une alopécie irrégulière de la barbe, du cuir chevelu et des cils. Elle est parfois désignée par l’expression « alopécie mitée » .
Les lésions de condylomes plans anaux, blanchâtres et humides, sont constituées de papules très infectieuses ressemblant à des verrues et caractéristiques de la syphilis, et peuvent être confondues avec des condylomes.
Des papules fendues ressemblant à de la perlèche apparaissent aux commissures des lèvres.
Toutes les lésions secondaires sont hautement infectantes, par contact direct ou palpation.
En l’absence de traitement, les lésions de cette phase rechutent chez environ 20 % des patients, en l’espace d’un an.
Syphilis tertiaire
Les gommes cutanées ou les nodules granulomateux se développent sous la peau, s’étendent et forment des ulcérations.
Ces lésions se produisent également dans le foie, les os et d’autres organes.
Les gommes traduisent un état inflammatoire chronique et produisent des déformations et compressions par effet de masse.
La syphilis tertiaire non traitée peut aussi causer des atteintes articulaires neuropathiques et des dégénérescences osseuses.
La syphilis cardiovasculaire comprend l’aortite syphilitique, l’anévrisme aortique et des atteintes des valves cardiaques.
La neurosyphilis peut se manifester par des parésies généralisées, des changements émotionnels, des modifications de la personnalité, et des réflexes vifs.
L’infection et l’inflammation médullaires peuvent entraîner une démarche traînante, caractéristique de la syphilis, ou un tabès dorsal.
Examens de laboratoire et explorations
La détection directe des tréponèmes spirochétiques permet d’établir le diagnostic.
La détection de spirochètes à partir des lésions cutanées peut être réalisée sous microscope à fond noir, permettant d’observer la motilité rotatoire en tire-bouchon du petit spirochète spiralé de la syphilis, mais cela ne doit pas être confondu avec d’autres infections à spirochètes.
Il existe deux tests de dépistage sérologique rapides et peu coûteux : le test rapide de la réagine plasmatique et le test VDRL (Venereal Disease Research Laboratory).
Ces tests de dépistage sont réactifs à partir du septième jour après l’apparition du chancre. Ils sont faciles à exécuter, mais peuvent donner des résultats faussement positifs en cas d’infection virale, de tuberculose, de paludisme, et de certaines connectivites.
La syphilis latente peut être diagnostiquée par ces tests de dépistage.
En raison de la possibilité de résultats faussement positifs des tests réaginiques et du VDRL, les résultats positifs des tests de dépistage doivent être confirmés par un test d’absorption d’anticorps tréponémal fluorescent (FTA-ABS) ou par le Treponemal Pallidum Hemaglutination Assay (TPHA), qui sont plus spécifiques mais plus coûteux.
Les tests FTA-ABS et TPHA sont aussi positifs pour le pian et le bejel ; aussi, une corrélation clinique est nécessaire.
Un tiers des personnes infectées par la syphilis latente ont un résultat négatif au test rapide de la réagine plasmatique. Elles ne montrent aucun signe de la maladie et ont seulement un résultat positif au test de micro-hémagglutination aux anticorps anti-Treponema pallidum. Un autre tiers des patients montrent un résultat positif au test rapide de la réagine plasmatique et au test de micro-hémagglutination aux anticorps anti-Treponema pallidum. Le tiers restant manifeste des symptômes cliniques de syphilis tertiaire.
La syphilis tertiaire est diagnostiquée par une pression élevée du liquide céphalorachidien (LCR), une concentration protéique, des anticorps spécifiques antitréponémaux dans le LCR.
Tous les tests sérologiques peuvent donner des faux positifs.
La neurosyphilis est confirmée par le grand nombre de leucocytes dans le LCR et l’hyperprotéinorachie.
Le VDRL ou le FTA-ABS sont habituellement réalisés dans le LCR pour le diagnostic de neurosyphilis.
Traitement
Dans les cas précoces (primaire, secondaire et latente de moins d’un an), le médicament privilégié est la benzathine pénicilline-G à 2,4 millions d’unités, administrée en une dose intramusculaire unique.
Dans les cas tardifs (après un an), le médicament privilégié est la benzathine pénicilline-G à 2,4 millions d’unités par voie intramusculaire, une fois par semaine pendant 3 semaines consécutives.
Les personnes allergiques à la pénicilline et non enceintes peuvent être traitées par la doxycycline, 100 mg deux fois par jour pendant 2 semaines ou la tétracycline, 500 mg quatre fois par jour pendant 2 semaines. Voir le site www.cdc.gov/std/treatment/ pour des alternatives thérapeutiques.
La réussite du traitement s’observe par une chute rapide de la concentration de la réagine plasmatique.
Le test rapide de la réagine plasmatique devrait être répété 3, 6 et 12 mois après la fin du traitement.
Le traitement est renouvelé lorsqu’il y a augmentation persistante du taux de la réagine plasmatique.
Le traitement est renouvelé lorsqu’un titre élevé ne montre pas de diminution dans un délai d’un an.
Chez la plupart des patients atteints du virus de l’immunodéficience humaine, la syphilis réagit bien aux traitements standard.
Considérations pédiatriques
• La syphilis congénitale (précoce et tardive) est transmise par une femme enceinte non traitée ou insuffisamment traitée.
• Un traitement précoce approprié de la mère peut empêcher des malformations graves à la naissance.
• La syphilis congénitale précoce apparaît dans la période périnatale (jusqu’à l’âge de 2 ans), mais se manifeste de façon caractéristique dans le premier trimestre de la vie.
• Les enfants développent les symptômes principaux suivants :
• La syphilis congénitale tardive commence à l’âge de 2 ans avec les manifestations suivantes :
• Tous les patients ayant la syphilis doivent être testés pour le virus de l’immunodéficience humaine.