7 Situation fréquente en pratique pédiatrique courante, elle nécessite une analyse clinique précise : lorsque le diagnostic est fait, il faut non seulement évaluer la gravité pour le patient et adapter la prise en charge, mais aussi les éventuels risques pour l’entourage qui peuvent nécessiter une prise en charge spécifique (figures e7.1 à e7.37). L’analyse clinique est complet sur un enfant nu pour : • caractériser l’éruption : identification de la lésion élémentaire (tableau 7.1), groupement lésionnel, topographie, type de l’éruption, modalité d’apparition et/ou d’extensions en sachant que différents aspects peuvent s’associer d’emblée où en cours d’évolution ; Tableau 7.1 Identification de la lésion élémentaire • préciser le contexte : outre la fièvre, état des vaccinations, notion de contage, voyage récent, prise médicamenteuse, faire l’inventaire des signes d’accompagnement. Les principales causes sont répertoriées dans la figure 7.1. Elle débute en contexte très fébrile (39-40°C) par un catarrhe oculo-naso-trachéo-bronchique donnant à l’enfant un aspect pleurnichard avec rhinorrhée, toux, conjonctivite, asthénie. Le signe de Köplick doit être cherché à ce stade : points blanchâtres se détachant en relief sur la muqueuse jugale érythémateuse. Trois à 5 jours après le début de la fièvre, survient l’éruption alors que le signe de Köplick disparaît : elle débute derrière les oreilles, à la racine des cheveux puis s’étend en trois jours suivant une topographie descendante de la tête aux membres inférieurs. Elle est faite de macules rosées ou rouge vif, non prurigineuses, arrondies ou ovalaires, groupées en placards plus ou moins irréguliers, laissant entre elles des intervalles de peau saine. L’éruption pâlit vers le 3e jour alors que survient l’apyrexie. Une fois évoqué, le diagnostic doit être confirmé par la sérologie : la détection des IgM est précoce, dès le 2e-3e jour de l’éruption ou par la RT-PCR effectuée sur le même prélèvement, positive dès l’apparition de l’éruption. Recherche des IgM et RT-PCR peuvent être faits sur la salive, adressée par voie postale au centre de référence. La rougeole est une maladie à déclaration obligatoire. Il faut dépister les complications : • respiratoires : laryngo-trachéobronchite, pneumopathie : pneumonie interstitielle à cellules géantes caractérisée par une détresse respiratoire progressive très fébrile ; • surinfection bactérienne : otites, laryngo-trachéite, surinfections bronchiques et pulmonaires ; • neurologiques : l’encéphalite aiguë post-éruptive survient vers le 4e, 7e jour après le début de l’éruption. Elle est caractérisée par une réascension thermique ou une absence de défervescence associée à des troubles de la conscience et à des crises convulsives. Sa fréquence est de l’ordre de 0,5 à 1 ‰. Des signes de myélite peuvent s’y associer. La prise en charge concerne le malade et son entourage. Le malade est isolé jusqu’à disparition des signes cliniques. Le traitement est celui des complications. La prophylaxie s’adresse aux sujets contacts non ou mal vaccinés, le vaccin étant efficace dans les 72 heures suivant le contage, le vaccin triple Rougeole-Oreillons-Rubéole pouvant être utilisé à partir de 9 mois. Entre 6 et 9 mois, il est recommandé d’utiliser un vaccin monovalent (Rouvax®). Avant l’âge de 6 mois, chez les femmes enceintes et chez les immunodéprimés, il faut administrer des immunoglobulines polyvalentes par voie intraveineuse. Elles peuvent être effectuées dans les 6 jours suivant le contage. Due au Parvovirus B19, la contamination se fait par voie respiratoire. L’incubation est de 6 à 14 jours. Le virus se réplique dans les précurseurs érythropoïétiques. La phase virémique peut se traduire par une poussée fébrile avec frissons, céphalées, des myalgies pendant 2 à 3 jours et coïncide avec l’excrétion du virus dans le pharynx. Quand ces symptômes existent, une période de latence d’environ une semaine leur succède puis survient l’éruption qui évolue en trois phases : • érythème maculo-papuleux confluent et légèrement œdémateux des joues qui semblent comme souffletées. Cet érythème disparaît en 4 à 5 jours. Il n’y a pas de fièvre ; • 1 à 4 jours après l’atteinte faciale, l’éruption atteint les bras, les cuisses, les jambes et s’étend progressivement vers les extrémités et parfois le cou, le thorax, les fesses. Les éléments sont maculeux, légèrement œdémateux avec un aspect marginé annulaire, en carte de géographie. Il peut exister de larges placards au niveau des fesses. Cette phase peut durer 1 à 3 semaines ; • l’éruption devient ensuite variable d’un moment à l’autre et peut s’accentuer au soleil, à l’occasion d’un bain chaud, d’un exercice physique, d’une émotion. Le diagnostic est clinique. Le diagnostic peut être confirmé par la sérologie, justifiée en cas de doute si le sujet a été en contact avec une femme enceinte ou un sujet présentant une anémie hémolytique chronique. Il fait discuter les autres causes d’érythème morbilliforme d’origine infectieuse (figure 7.1) et une mononucléose infectieuse ayant reçu de la pénicilline A. Il peut être dû à deux virus du groupe Herpes (HHV6 et HHV7), si bien qu’un enfant peut faire deux épisodes. Il survient dans plus de 90 % des cas avant l’âge de 2 ans avec un pic entre 7 et 13 mois. La transmission est avant tout directe, interhumaine et les modalités de celle-ci sont imparfaitement connues. Les formes typiques associent fièvre et rash cutané. Après une incubation de 5 à 15 jours, survient une fièvre élevée à 39-40 °C se maintenant en plateau pendant 3 jours, isolée ou pouvant être associée à des troubles digestifs, une irritabilité accentuée, une tension de la fontanelle, un discret œdème périorbitaire, quelques adénopathies. À la fin du 3e ou au début du 4e jour la fièvre cède et l’éruption apparaît. Elle est faite de macules ou de maculo-papules rosées, pâles, de 3 à 5 mm de diamètre siégeant préférentiellement au niveau du tronc, du cou et de la racine des membres, rarement à la face. Elle disparaît en règle générale en 12 à 24 heures. Il existe des formes hyperthermiques pures sans rash, des formes avec rash sans fièvre. Le diagnostic évoqué sur la clinique est confirmé par la biologie. La numération formule sanguine peut orienter lorsqu’elle montre une hyperleucocytose avec hyperlymphocytose, et présence à un taux supérieur à 10 % de lymphocytes à cytoplasme hyperbasophile. La recherche d’anticorps hétérophiles (MNI test, réaction de Paul-Bunnell-Davidsohn) n’est pas toujours positive chez l’enfant. Les tests sérologiques spécifiques de l’EBV sont indiqués lorsqu’une localisation viscérale ou une complication sont au premier plan, dans les formes d’évolution inhabituelle. Les anticorps anti-VCA de type IgM apparaissent précocement. L’apparition des anticorps anti-EBNA est beaucoup plus tardive, se faisant plusieurs semaines ou plusieurs mois après le début. Les scarlatines compliquées sont rares. Les complications peuvent être ORL (adénite cervicale, otite), rénales (néphrite aiguë, glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique tardive), articulaires (rhumatisme scarlatiniforme précoce, contemporain de l’éruption purement arthralgique et sans gravité ; rhumatisme articulaire aigu post-streptococcique survenant vers le 21e jour). Le diagnostic repose avant tout sur la clinique. Après une incubation d’environ 1 semaine, le début est en règle brutal, marqué par des frissons, une fièvre élevée (39-40 °C), accompagnés de céphalées, d’asthénie, de myalgies et d’arthralgies. À ce stade, l’examen note un énanthème diffus du pharynx, parfois un discret catarrhe respiratoire et peut mettre en évidence, inconstamment, la porte d’entrée. Le diagnostic n’est évoqué en pratique qu’à l’apparition de l’exanthème.
Exanthèmes fébriles
Macule
Modification de la couleur de la peau, pas de relief (rouge, marron, blanche)
Papule
Élevure cutanée palpable ne contenant pas de liquide
Vésicule
Soulèvement épidermique par une infiltration liquidienne de petite taille (1 à 3 mm)
Bulle
Infiltration liquidienne de plus de 5 mm
Pustule
Contenu liquidien purulent d’une vésicule ou d’une bulle
Purpura
Ne s’efface pas à la vitropression
Pétéchies : maculo-papules de petite taille
Ecchymotique : en plaque
Vibices : lésions linéaires
Érythème
Rougeur congestive de la peau s’effaçant à la pression
Nouure
Induration circonscrite de l’hypoderme
Éruption morbilliforme
Érythème fait de maculo-papules rouges, disséminées, multiples, inégales ménageant entre elles des intervalles de peau saine
Éruption scarlatiniforme
Érythème fait de nappes congestives maculo-papuleuses, rouge franc, confluentes, sans intervalle de peau saine avec renforcement aux plis de flexion
Éruption urticariforme
Plaques érythémateuses et œdémateuses, fugaces et migratrices, plus ou moins prurigineuses
Érythèmes diffus
Érythèmes morbilliformes
Mégalérythème épidémique ou cinquième maladie
Exanthème subit ou roséole infantile ou sixième maladie
Mononucléose infectieuse
Érythèmes scarlatiniformes
Fièvre boutonneuse méditerranéenne
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