14: Ataxies cérébelleuses héréditaires et sporadiques

14 Ataxies cérébelleuses héréditaires et sporadiques


Dans ce chapitre seront envisagées les maladies dégénératives intéressant de façon prédominante le cervelet et/ou les voies cérébelleuses, ainsi que les ataxies cérébelleuses épisodiques et les ataxies cérébelleuses paranéoplasiques et non paranéoplasiques associées à la présence d’anticorps.



Ataxies cérébelleuses familiales


En raison de l’association fréquente de lésions des afférences cérébelleuses d’origine médullaire, ces ataxies sont aussi appelées ataxies spino-cérébelleuses.



Ataxies cérébelleuses autosomiques récessives



Maladie de Friedreich


Le gène en cause FRDA code une protéine mitochondriale, la frataxine. L’anomalie est une expansion d’un trinucléotide GAA qui a pour conséquence une perte de fonction de la protéine codée. Il s’agit du premier exemple d’une affection autosomique récessive liée à l’expansion d’un trinucléotide. Les patients sont en règle générale homozygotes pour l’expansion, le nombre de répétition pouvant être différent sur les deux allèles. Dans quelques cas, l’expansion du trinucléotide ne porte que sur un allèle, l’autre étant le siège d’une mutation ponctuelle. L’âge de début est corrélé avec la taille de l’expansion la plus courte. Il est à noter que le diagnostic génétique conduit à remettre en cause certains des critères diagnostiques qui avaient été établis : âge du début avant vingt-cinq ans et aréflexie.


Le processus dégénératif atteint principalement les faisceaux spino-cérébelleux, les afférences radiculo-cordonales postérieures et la voie pyramidale. Il peut aussi intéresser le cervelet et le tronc cérébral.


Le syndrome cérébelleux est au premier plan, perturbant la marche, les mouvements des membres, entraînant une dysarthrie. Une aréflexie, un signe de Babinski bilatéral, un déficit sensitif proprioceptif sont habituels, de même que des pieds creux et une scoliose.


L’association à une cardiopathie est fréquente, aggravant considérablement le pronostic vital. On peut aussi observer l’association à un diabète. Un effet favorable sur la cardiomyopathie a été observé avec un agent antioxydant (idébénone)


La littérature mentionne aussi des formes associées à une amyotrophie de type Charcot-Marie, à une atrophie optique (maladie de Behr), à une dégénérescence tapéto-rétinienne, à une cataracte (maladie de Marinesco-Sjögren). Il est probable que d’autres gènes sont en cause dans ces affections.


Le phénotype de la maladie de Friedreich peut être réalisé par des affections génétiques entraînant un déficit en vitamine E :




Il est important de reconnaître ces syndromes précocement pour instituer une supplémentation en vitamine E.




Ataxie-télangiectasie


Il s’agit d’une affection débutant chez l’enfant, caractérisée par l’association d’une ataxie cérébelleuse et de télangiectasies cutanéo-muqueuses.


Les lésions du système nerveux sont dominées par une atrophie du cortex cérébelleux. La couche des cellules de Purkinje est le siège d’une raréfaction cellulaire importante, de même que la couche des grains.


En dehors des lésions nerveuses, on constate souvent une aplasie du thymus et une réduction du nombre des follicules lymphoïdes des ganglions lymphatiques et de la rate.


Les signes cérébelleux sont en règle générale les plus précoces : le tableau est celui d’une ataxie progressive.


D’autres manifestations neurologiques peuvent être observées : des mouvements athétosiques parfois au premier plan; des troubles de la motilité oculaire (« apraxie oculomotrice ») avec lenteur des mouvements de latéralité et de verticalité, phénomène de contraversion oculaire, les yeux paraissant se déplacer en sens inverse de la tête lorsque le sujet regarde latéralement (absence d’inhibition du réflexe oculo-céphalique).


Les télangiectasies apparaissent secondairement, parfois seulement après plusieurs années. Elles siègent avant tout au niveau des conjonctives, mais peuvent aussi intéresser les téguments des oreilles, du thorax, des membres, la muqueuse du palais.


Chez un grand nombre de ces malades, des manifestations systémiques sont observées, notamment des infections respiratoires récidivantes, sous la dépendance de perturbations immunologiques : déficit de l’immunité cellulaire et de l’immunité humorale, habituellement sous la forme d’une diminution isolée de l’IgA. Une élévation importante du taux d’alpha-fœto-protéine est notée dans 80 % des cas.


Le pronostic de l’ataxie-télangiectasie est grave. Outre l’impotence fonctionnelle résultant de la progression du syndrome neurologique, la vie de ces malades est menacée par les complications infectieuses. Un autre élément de gravité est représenté par la fréquence des complications malignes : lymphomes, leucémies, maladie de Hodgkin, cancers.


La transmission est autosomique récessive. Le gène en cause, situé sur le chromosome 11, est impliqué dans la réparation de l’ADN.




Ataxies cérébelleuses autosomiques dominantes


Les ataxies cérébelleuses autosomiques dominantes (ACAD) ont un début habituellement tardif, l’âge moyen se situant entre trente et quarante ans, mais avec des cas débutant avant vingt ans et après cinquante ans.


La classification de Harding dont les bases sont anatomo-cliniques distingue quatre types :






La classification génétique repose sur l’identification d’un grand nombre de loci et de gènes. Elle donne lieu à une classification dans laquelle SCA (spinocerebellar ataxia) est suivi d’un numéro. Il en existe plus de trente types correspondant à des gènes qui ont été identifiés ou à des loci de gènes non identifiés.


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May 23, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 14: Ataxies cérébelleuses héréditaires et sporadiques

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