6: Traitement des cicatrices

Chapitre 6


Traitement des cicatrices




La peau de la main est organe de protection, de toucher, de contact ; elle est moyen de communication, de fonction. La main tactile et mobile est adaptable et perceptive, outil merveilleux d’indépendance, de créativité, lien avec le monde ; la peau-enveloppe est garante de souplesse et de sensibilité, sa cicatrice est une déchirure qu’il nous faut soigner avec attention et finesse. Car la peau délimite ce qui est à l’intérieur et à l’extérieur de nous, elle protège l’individualité [1].


La peau a un extraordinaire potentiel de réparation rapide et de croissance. La cicatrisation est un processus constitué de phénomènes complexes, étroitement imbriqués, qui repose sur une vascularisation de qualité permettant l’apport enzymatique et protéinique et la présence des fibroblastes, cellules clés de la reconstruction. Tous les éléments constitutifs de la peau ne régénèrent pas (fibres d’élastine, follicules pileux, glandes sudoripares).



Les trois phases du processus cicatriciel



Phase de coagulation-détersion


De H0 à J3 : processus de coagulation par fixation de protéines sur les bords de la plaie (fibrine) qui forment le caillot. La réaction vasculaire, l’hémostase (agrégation plaquettaire formant le thrombus), et la coagulation sanguine sont trois mécanismes imbriqués qui mènent à la fermeture de la plaie. L’œdème est conséquence de la perméabilité vasculaire.


À J3 : démarre la détersion parallèlement à la coagulation. La dégradation des protéines par les macrophages permet le nettoyage de la plaie. Les fibroblastes commencent à apparaître, une néovascularisation se forme. La ré-épithélialisation débute dès les premières heures par migration et prolifération des kératinocytes à travers le caillot, à partir des berges de la plaie et des annexes épidermiques.



Phase de comblement de la plaie


De J3 à J12 : à mesure que le filet de fibrine se resserre s’opère la multiplication des fibroblastes, cellules clé de la cicatrisation : ceux-ci sécrètent les fibres de collagène, constituant majeur du tissu conjonctif. Il se forme un bourrelet épidermique autour de la plaie qui progresse sous le caillot. Les fibres de collagène resserrent la plaie sous l’action des myofibroblastes, leur prolifération va entraîner la rétraction de la cicatrice.


Les caractères du tissu conjonctif de réparation reposent sur la synthèse et la dégradation du collagène : le nombre, le calibre et la densité des fibres augmentent jusqu’au 14e jour, restent plus élevés que la normale jusqu’au 70e jour. Le volume cicatriciel passe par un stade d’augmentation d’une durée minimale de deux à trois mois correspondant à l’activité métabolique des fibroblastes. Les fibroblastes différenciés en myofibroblastes (il a été démontré l’existence dans leur cytoplasme d’un système musculaire semblable à celui des muscles lisses) sont capables de se mouvoir et de transmettre leur activité contractile au tissu voisin [2, 3].




Les procédés de cicatrisation


Le mode de réparation de la peau dépend de la lésion : de son site, de sa forme, de sa profondeur, de son étendue.






Pathologie de la cicatrisation


La vitesse de cicatrisation joue un rôle dans la qualité de la cicatrice. Le processus de cicatrisation peut se bloquer à une étape quelconque pour des raisons endogènes ou exogènes, ceci entraînant une pathologie de la cicatrisation :



• rougeur, prurit : cicatrice hypersensible, par irritation des terminaisons cutanées ;


• dyschromie : absence de mélanine dans l’épiderme, nécessaire à la coloration de la peau ;


• hyperesthésie de contact en début de ré-afférentation du nerf sensitif : récupération en premier des fibres amyéliniques, le message initialement perçu est celui du tact douloureux ;


• névrome : si atteinte neurologique associée, cicatrisation anarchique d’un nerf sensitif sous-cutané ;


• rétraction cicatricielle, bride, par hypertrophie : due à la prolifération des myofibroblastes, par phénomène de contraction de ceux-ci dans le sous-sol dermique ;


• chéloïde : cicatrice se comportant comme une tumeur en prolifération continue, qui présente un gros amas cellulaire et de tissu conjonctif ;


• adhérences aux plans sous-jacents générant une limitation fonctionnelle du mouvement.



Prise en charge kinésithérapique des cicatrices



Bilan de la cicatrice


De l’appréciation de l’état inflammatoire et rétractile de la cicatrice, de ses adhérences au plan sous-jacent, découlent la stratégie de traitement et son adaptation évolutive en fonction des bilans réitérés. L’observation est indiquée dès J1, la prise en charge précoce conditionne le résultat.



Bilan de l’inflammation


Il est corrélé à la couleur cicatricielle, péri-cicatricielle et ses variations, l’œdème, la température et la douleur.



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Jun 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 6: Traitement des cicatrices

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