Chapitre 6
Traitement des cicatrices
La peau de la main est organe de protection, de toucher, de contact ; elle est moyen de communication, de fonction. La main tactile et mobile est adaptable et perceptive, outil merveilleux d’indépendance, de créativité, lien avec le monde ; la peau-enveloppe est garante de souplesse et de sensibilité, sa cicatrice est une déchirure qu’il nous faut soigner avec attention et finesse. Car la peau délimite ce qui est à l’intérieur et à l’extérieur de nous, elle protège l’individualité [1].
Les trois phases du processus cicatriciel
Phase de comblement de la plaie
De J3 à J12 : à mesure que le filet de fibrine se resserre s’opère la multiplication des fibroblastes, cellules clé de la cicatrisation : ceux-ci sécrètent les fibres de collagène, constituant majeur du tissu conjonctif. Il se forme un bourrelet épidermique autour de la plaie qui progresse sous le caillot. Les fibres de collagène resserrent la plaie sous l’action des myofibroblastes, leur prolifération va entraîner la rétraction de la cicatrice.
Les caractères du tissu conjonctif de réparation reposent sur la synthèse et la dégradation du collagène : le nombre, le calibre et la densité des fibres augmentent jusqu’au 14e jour, restent plus élevés que la normale jusqu’au 70e jour. Le volume cicatriciel passe par un stade d’augmentation d’une durée minimale de deux à trois mois correspondant à l’activité métabolique des fibroblastes. Les fibroblastes différenciés en myofibroblastes (il a été démontré l’existence dans leur cytoplasme d’un système musculaire semblable à celui des muscles lisses) sont capables de se mouvoir et de transmettre leur activité contractile au tissu voisin [2, 3].
Les procédés de cicatrisation
La cicatrisation dirigée
Elle s’adresse aux plaies peu profondes et peu étendues, elle peut être une solution d’attente de greffe ou lambeau. Dans le cas de brûlure, elle concerne le deuxième degré superficiel.
Cette méthode fixe les plans profonds, la cicatrisation s’effectue sur le mode rétractile.
Greffe cutanée
La greffe de peau totale évite les rétractions ultérieures, plus elle est épaisse moins elle se rétracte, moins elle se pigmente et plus vite elle se sensibilise.
Pathologie de la cicatrisation
• rougeur, prurit : cicatrice hypersensible, par irritation des terminaisons cutanées ;
• dyschromie : absence de mélanine dans l’épiderme, nécessaire à la coloration de la peau ;
• hyperesthésie de contact en début de ré-afférentation du nerf sensitif : récupération en premier des fibres amyéliniques, le message initialement perçu est celui du tact douloureux ;
• névrome : si atteinte neurologique associée, cicatrisation anarchique d’un nerf sensitif sous-cutané ;
• rétraction cicatricielle, bride, par hypertrophie : due à la prolifération des myofibroblastes, par phénomène de contraction de ceux-ci dans le sous-sol dermique ;
• chéloïde : cicatrice se comportant comme une tumeur en prolifération continue, qui présente un gros amas cellulaire et de tissu conjonctif ;
• adhérences aux plans sous-jacents générant une limitation fonctionnelle du mouvement.
Prise en charge kinésithérapique des cicatrices
De l’appréciation de l’état inflammatoire et rétractile de la cicatrice, de ses adhérences au plan sous-jacent, découlent la stratégie de traitement et son adaptation évolutive en fonction des bilans réitérés. L’observation est indiquée dès J1, la prise en charge précoce conditionne le résultat.
Bilan de l’inflammation
Bilan de la couleur: Reflet de l’inflammation (rougeur) ou de la fibrose (blancheur), la couleur s’évalue comparativement, dans des nuances de rose, rouge, violacé, par rapprochement à un nuancier (cotation des modifications progressives vers la normalisation). L’appréciation se fait dans des conditions similaires pour être comparative : suivant les moments de la journée, les positions et les activités, le contexte environnant, la couleur de la peau change.
Test de recoloration ou test de pression: Durant 3 secondes nous provoquons par pincement ou appui relâché (pointe émoussée) une ischémie, visualisée par un blanchiment complet. La mesure du temps de recoloration à partir du relâcher permet de quantifier l’inflammation. Le temps de recoloration est inversement proportionnel à l’inflammation : un tissu non inflammatoire retrouve sa couleur initiale en 3 secondes. Plus la recoloration est rapide (1 seconde), plus l’inflammation est importante.

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