6: Imagerie du genou

Chapitre 6 Imagerie du genou



6.1 Pathologie méniscale


G. Richardi


En traumatologie du sport, la pathologie méniscale est un des motifs les plus fréquents de consultation. Chez l’adulte, l’incidence des lésions méniscales est estimée à 9,0/1 000 chez l’homme et 4,2/1 000 chez la femme [65]. Aujourd’hui, l’évolution vers une pratique sportive plus précoce et plus longue explique que l’âge moyen de survenue des lésions méniscales augmente progressivement pour atteindre actuellement 36 ans [65, 133]. Le sport étant devenu un phénomène de société, l’épidémiologie des lésions méniscales s’est donc lentement transformée. Ainsi, si les fissures d’origine traumatique qui surviennent sur ménisque sain et chez le sujet jeune restent encore les lésions les plus fréquentes (68 à 75 %), actuellement la fréquence des fissures microtraumatiques sur ménisque dégénératif ne cesse d’augmenter chez le sujet sportif « d’âge mûr » [38, 37, 69]. Bien qu’en médecine sportive certaines lésions méniscales soient asymptomatiques, les fissures méniscales se traduisent le plus souvent par des signes fonctionnels variables dont les plus constants sont la douleur, le blocage, l’instabilité ou l’impression de dérangement interne [109]. La prise en charge thérapeutique d’une lésion méniscale est actuellement dominée par la notion d’économie méniscale afin de préserver l’avenir du cartilage articulaire. Le choix entre méniscectomie la plus partielle possible, suture méniscale ou abstention thérapeutique est conditionné par de nombreux paramètres (âge, niveau sportif, état ligamentaire, état du cartilage, etc.). Il dépend également des caractéristiques exactes de la lésion méniscale (fissure de type traumatique ou dégénérative, extension de la lésion, présence d’un fragment méniscal migré). L’IRM et l’arthroscanner ont largement facilité, depuis plusieurs années, l’approche diagnostique et thérapeutique de la pathologie méniscale en traumatologie sportive [25, 66, 149]. Ces deux techniques permettent de préciser le type exact de la lésion méniscale ainsi que son extension. De plus, l’arthroscanner permet d’évaluer, dans le même temps, l’état du cartilage articulaire et l’IRM l’état des ligaments.



Considérations anatomiques, structure et fonctions


Les ménisques sont des fibrocartilages semi-lunaires, triangulaires à la coupe. En s’interposant entre les condyles et les plateaux tibiaux, les ménisques améliorent considérablement la congruence articulaire fémoro-tibiale et jouent un rôle fondamental dans la cinématique du genou [6, 124].


La forme du ménisque médial diffère sensiblement de celle du ménisque latéral.



Ménisque médial


Semi-circulaire, il se présente sous la forme d’un « C » ouvert formé d’une corne antérieure, d’un segment moyen et d’une corne postérieure. La corne postérieure est habituellement plus épaisse que l’antérieure. Le ménisque interne est fermement fixé au plateau tibial, au fémur, à l’aire intercondylaire et à la capsule articulaire par plusieurs attaches qui le maintiennent en position optimale durant les différents mouvements du genou (fig. 6.1).



En avant, la corne antérieure est fixée à la surface préspinale par l’intermédiaire du frein antéro-médial qui s’insère largement sur la crête intercondylaire antérieure [18]. En arrière, la corne postérieure est attachée à la surface rétrospinale par le frein postéro-médial qui s’insère entre l’épine tibiale médiale et le ligament croisé postérieur.


Le segment moyen est fixé au plan profond du ligament collatéral médial par l’intermédiaire de deux faisceaux : le ligament ménisco-fémoral et le ligament ménisco-tibial (ligament coronaire) (fig. 6.2). Ce segment moyen est également stabilisé par le ligament ménisco-patellaire.



La corne postérieure adhère fermement à la capsule articulaire par l’intermédiaire d’un épaississement capsulaire : le ligament oblique postérieur.




Vascularisation


La vascularisation des ménisques est de type vestigiale [4]. La vascularisation embryonnaire du ménisque régresse rapidement après la naissance pour ne laisser qu’un réseau capillaire périméniscal alimenté par les artères géniculées latérales et médiales [25]. Ce réseau capillaire donne naissance à des branches radiales qui pénètrent dans la base méniscale par un hile. Cette zone périphérique vascularisée à partir des artères radiales est appelée zone « rouge » [63]. Elle ne représente en fait qu’environ 10 à 30 % de la surface de section du ménisque (fig. 6.3). Le reste de la zone périphérique ainsi que la zone centrale, avasculaires, constituent la zone « blanche ». Cette zone « blanche » représente 70 à 90 % de la surface de section méniscale. Les lésions méniscales périphériques survenant en zone rouge sont donc susceptibles de cicatriser, alors que les lésions méniscales centrales survenant en zone blanche font habituellement l’objet d’une méniscectomie [6].




Histologie


Sur le plan histologique, le ménisque est une structure fibro-cartilagineuse dont la matrice extracellulaire est essentiellement composée de fibres de collagène entrelacées (75 % du poids sec du ménisque) [101]. Le tiers périphérique est constitué de fibres circulaires dont les arcades successives forment un anneau résistant à la traction et à la compression. Cet anneau fibreux qui forme le tiers périphérique du ménisque se prolonge dans les freins méniscaux qui fixent les cornes antérieure et postérieure au plateau tibial. Cet anneau de fibres périphériques est perforé par des fibres radiaires (lame fasciculée) irradiant du hile méniscal vers le bord libre du ménisque. Cette disposition architecturale permet de répartir et d’amortir les forces compressives fémoro-tibiales [7]. Les deux tiers centraux du ménisque sont essentiellement formés de fibres radiaires qui s’opposent aux forces longitudinales de cisaillement. Cela explique que les fissures méniscales siègent volontiers à la jonction entre la zone périphérique (fibres essentiellement circulaires) et la zone centrale (fibres essentiellement radiaires) dont l’architecture est différente [48].



Fonctions


Les ménisques jouent un rôle fonctionnel important dans l’amortissement et la répartition des contraintes mécaniques fémoro-tibiales, dans la stabilité du genou et dans la lubrification.


Parmi ces différentes fonctions, la plus importante est de répartir et d’amortir les contraintes articulaires. Les ménisques transforment les charges compressives verticales en contraintes de cisaillement circonférentielles (fig. 6.4). Les ménisques permettent ainsi d’absorber environ 20 % des chocs en compression. Sur un genou en extension, ils transmettent une part importante des contraintes articulaires (50 % pour le ménisque médial et 70 % pour le ménisque latéral). Sur un genou en flexion, la transmission des contraintes peut atteindre 85 à 90 %. Dans ce rôle d’amortisseur-répartiteur de contrainte, la fonction de la corne postérieure est plus importante que celle de la corne antérieure. Par ailleurs, pour être efficace, cette répartition des contraintes articulaires nécessite une mise en tension des fibres périphériques de l’anneau méniscal. La mise en tension des fibres circonférentielles périphériques ainsi que des freins méniscaux permet ainsi de transformer les contraintes mécaniques verticales en contraintes circulaires à la périphérie du ménisque. Il est actuellement bien établi qu’une rupture d’un frein méniscal ou une méniscectomie qui sectionne cet anneau méniscal périphérique altèrent cette capacité de répartition des charges et engendrent un risque accru de chondrolyse, de fissures ou d’ulcérations cartilagineuses [6].



Bien que les ménisques soient fixés par les freins méniscaux, ils se déplacent et se déforment lors de mouvements de flexion-extension du genou. Dans le plan sagittal, les ménisques avancent en extension et reculent lors de la flexion du genou. Ce déplacement antéro-postérieur est plus important pour le ménisque latéral (12 mm) que pour le ménisque médial (6 mm) [124]. Les ligaments ménisco-fémoraux de Humphrey et de Wrisberg permettent de recentrer la corne postérieure du ménisque latéral lors de la flexion et empêchent ainsi la compression du secteur postérieur du ménisque entre le rebord postérieur du fémur et du tibia.


Cette cinématique particulière des ménisques leur permet aussi de jouer un rôle dans la lubrification articulaire. Ils agissent ainsi sous la forme d’essuie-glaces qui répartissent le liquide synovial sur les surfaces articulaires.


Enfin, les ménisques contribuent à la stabilisation du genou. La corne postérieure du ménisque médial limite le recul postérieur du fémur et permet le contrôle de la rotation externe, mais sa fonction est secondaire par rapport au rôle du ligament croisé antérieur qui reste le principal stabilisateur. Lorsque le ligament croisé antérieur est rompu, le rôle stabilisateur de la corne postérieure du ménisque interne est accru puisqu’il permet de stopper la translation antérieure du tibia. Ce rôle de stabilisateur secondaire explique la fréquence des lésions de la corne postérieure du ménisque médial après rupture du ligament croisé antérieur.



Fissures méniscales



Pathogenèse


Si l’on se réfère au mécanisme lésionnel, il est habituel de distinguer schématiquement deux types de lésion méniscale : les fissures méniscales traumatiques et les fissures méniscales dégénératives.



Lésions traumatiques


Elles font suite à l’application de contraintes mécaniques excessives sur un ménisque par définition saine [143]. La fissuration traumatique du ménisque est généralement le résultat de la combinaison d’une force principale en compression (cisaillement vertical) ou en rotation axiale (cisaillement horizontal) et d’une contrainte secondaire en varus-valgus et/ou en flexion-extension. Chez les sportifs jeunes, la fissure fait suite habituellement à un traumatisme indirect en valgus avec rotation externe du tibia sur un genou fléchi à 20°. Ce type de mécanisme lésionnel produit généralement des lésions verticales qui sont fréquentes dans la pratique du football et du ski (fig. 6.5). Un second mécanisme lésionnel fait intervenir une hyperflexion suivie d’un relèvement brutal qui engendre un cisaillement horizontal de la corne postérieure du ménisque médial comprimée entre le condyle médial et la glène tibiale. En pratique, les lésions traumatiques sur genou stable (avec pivot central intact) prennent la forme d’un blocage aigu faisant suite à un épisode traumatique le plus souvent unique comme un accroupissement. Après une rupture du ligament croisé antérieur, lorsque le genou est instable, la lésion méniscale survient soit lors du traumatisme initial, soit à distance du traumatisme lors d’épisodes d’instabilité ligamentaire.




Lésions dégénératives


Par opposition, les lésions dégénératives sont le résultat de contraintes mécaniques normales appliquées à un ménisque fragilisé par une dégénérescence méniscale [37]. Le vieillissement du tissu méniscal et la dégénérescence méniscale commencent par une dégénérescence interstitielle myxoïde de la lame fasciculée [48, 69]. Chez le sportif plus âgé, ces lésions histologiques dégénératives altèrent la résistance visco-élastique du ménisque et le rendent plus vulnérable aux microtraumatismes. Les contraintes mécaniques secondaires aux mouvements répétés de flexion-extension entraînent progressivement un cisaillement horizontal des fibres de collagène (fig. 6.6). Ces fissures méniscales horizontales peuvent apparaître spontanément ou être déclenchées par un traumatisme mineur comme un accroupissement [97].




Classification


Les fissures méniscales peuvent être classées selon plusieurs types. La classification peut être descriptive selon le type anatomique de la fissure, étiopathogénique selon qu’il s’agit d’une fissure traumatique ou dégénérative, biomécanique selon le caractère stable ou instable de la fissure en arthroscopie, enfin pronostique selon son caractère suturable (localisation en zone rouge ou blanche) [6]. En pratique, les classifications le plus souvent utilisées sont les classifications descriptives qui font référence à l’aspect anatomique des lésions élémentaires [79]. Selon l’orientation du plan de clivage, les fissures peuvent être classées en fissures horizontales, verticales ou complexes (fig. 6.7).



Les fissures verticales sont perpendiculaires au plateau tibial. Ces lésions verticales touchent plus souvent le ménisque médial que le ménisque latéral. Ces fissures verticales sont complètes lorsque la fissuration s’étend de la face supérieure à la face inférieure du ménisque, et incomplètes ou partielles lorsque la fissuration n’intéresse qu’une face méniscale [143]. Les lésions complètes divisent le ménisque en un segment médial et un segment latéral (fig. 6.8). Le fragment médial fissuré peut migrer dans l’échancrure intercondylienne en donnant la classique « anse de seau » [20, 161]. Selon la direction générale de l’extension (longitudinale, radiaire ou oblique), ces lésions verticales sont classiquement divisées en plusieurs sous-types. Les fissures longitudinales s’étendent selon l’axe principal antéro-postérieur du ménisque ; les fissures radiaires perpendiculaires à l’axe principal antéro-postérieur touchent le bord libre du ménisque (fig. 6.9) ; enfin, les fissures obliques (parrot-beak) sont des lésions verticales mixtes comportant une composante longitudinale et une composante radiaire s’étendant de façon circulaire dans le bord libre [124].




Les fissures horizontales correspondent à une fissuration méniscale dont le plan de clivage est parallèle au plateau tibial. Ces lésions divisent le ménisque en un fragment supérieur et un fragment inférieur. Ces lésions horizontales sont ubiquitaires et touchent de façon indifférente le ménisque médial et latéral. Lorsque ces lésions touchent le secteur moyen du ménisque médial, le fragment méniscal supérieur ou inférieur peut migrer respectivement dans le récessus supra- ou inframéniscal (fig. 6.10[87, 152].



Enfin, il existe des lésions méniscales complexes qui échappent à toute description et qui comportent plusieurs fissurations horizontales et verticales.



Valeur diagnostique de l’examen clinique


Le diagnostic clinique des fissures méniscales repose sur l’interrogatoire et sur les données de l’examen physique qui doit être bilatéral et comparatif. Le motif de consultation est le plus souvent dominé par la présence d’une douleur mécanique éventuellement accompagnée de blocage aigu et/ou d’épanchement. L’examen physique s’attache principalement à rechercher une douleur provoquée reproduisant la symptomatologie habituelle du patient. Parmi les nombreux tests décrits, les plus utilisés sont la douleur à la palpation de l’interligne, la douleur à la flexion forcée, la perte de l’extension complète, le test de McMurray et le grinding-test d’Apley. La valeur diagnostique isolée de chacun de ces signes a été évaluée dans de nombreux travaux prenant comme référence le résultat de l’arthroscopie [55, 109]. Pour le ménisque médial, la sensibilité oscille entre 87 et 99 % et la spécificité entre 38 et 73 %. Pour le ménisque latéral, la sensibilité est de 40 à 70 % et la spécificité de 84 à 98 %. Dans une population de jeunes sportifs, Muellner et al. [103], en utilisant la valeur de l’association de plusieurs signes cliniques, retrouvent des performances diagnostiques supérieures, à savoir : 100 % de sensibilité et 76 % de spécificité pour le ménisque médial, et 92 % de sensibilité et 98 % de spécificité pour le ménisque latéral. Il faut toutefois remarquer que dans cette étude, la population étudiée était uniquement constituée de jeunes sportifs explorés dans un contexte traumatique.


En pratique, chez le sportif jeune et dans les cas les plus typiques comme le blocage aigu ou lorsqu’il existe un ensemble de signes positifs concordants comme la douleur sur l’interligne, le grinding-test ou le signe de McMurray, l’examen clinique semble être suffisant pour programmer une arthroscopie sans imagerie complémentaire [109]. Dans les autres cas et en dépit des bonnes performances diagnostiques des tests cliniques, il paraît difficile de se passer d’un examen d’imagerie avant d’envisager une arthroscopie à visée thérapeutique, surtout chez le sportif d’âge mûr où la prévalence des lésions chondrales fémoro-tibiales est importante.



Arthrographie et arthroscanner



Arthrographie


Longtemps, l’arthrographie opaque est restée le seul examen complémentaire permettant de mettre en évidence les fissures méniscales [49]. Avec l’apparition de l’IRM puis de l’arthroscanner spiralé, les indications de l’arthrographie se sont progressivement réduites et ce en dépit des avantages de cet examen (vision globale de l’articulation, faible coût, et disponibilité souvent immédiate). Actuellement, largement supplantée par l’arthroscanner ou l’IRM, l’arthrographie conserve de rares indications résiduelles : contre-indications à l’IRM ou absence d’accès au scanner.


La réalisation et les performances diagnostiques de cet examen sont conditionnées par certaines exigences techniques [61] : évacuation des épanchements intra-articulaires, mise en charge du genou avant étude méniscale, contrôle scopique des incidences méniscales, étude séparée des ménisques médial et latéral. Avec une bonne technique, l’étude arthrographique des fissures méniscales est relativement facile. Seule la corne postérieure du ménisque latéral reste difficile à étudier en raison de la surimposition de la gaine du tendon poplité. Sur le plan sémiologique, les fissures verticale ou horizontale se traduisent par une solution de continuité (fig. 6.11) et les fissures radiaires entraînent une amputation du bord libre (fig. 6.12). Il existe cependant un certain nombre d’images pièges ou de lésions difficiles à reconnaître : ménisque court pathologique, fissure incomplète et fissure avec fragment migré ou anse de seau.




Les performances de l’arthrographie [15, 55, 143] sont globalement bonnes pour l’étude du ménisque médial (sensibilité de 95 % et spécificité de 60 %). À l’inverse, pour le ménisque latéral, les performances diagnostiques sont globalement plus limitées (sensibilité de 70 à 80 % et spécificité de 60 à 80 %).



Arthroscanner


Actuellement, les performances des scanners multidétecteurs (haute résolution, reconstructions multiplanaires et rapidité d’acquisition) font de l’arthroscanner une technique beaucoup plus performante que l’arthrographie conventionnelle dans le diagnostic des lésions méniscales.


Pour être fiable, l’étude arthroscanner des fissures méniscales doit répondre à un certain nombre de critères techniques [149]. La résolution spatiale doit être maximale dans l’axe Z, ce qui implique d’utiliser les détecteurs centraux les plus petits (0,5 mm), des coupes les plus fines possibles (épaisseur effective de 0,5-0,8 mm), des champs de reconstruction réduits (< 150 mm), une matrice 512 et des algorithmes de reconstruction privilégiant la résolution spatiale.


Cette étude haute résolution des ménisques permet une imagerie dite « isotropique » où la qualité des reconstructions multiplanaires est indépendante du plan de coupe choisi. Il est ainsi possible, à la console de travail, d’analyser de façon dynamique les ménisques dans les trois plans de l’espace (frontal, sagittal et axial transverse), ce qui facilite largement la caractérisation des lésions élémentaires, l’étude de leur extension et la recherche d’éventuels fragments migrés. Les fissures avec anse de seau ainsi que les fragments méniscaux migrés dans le récessus supra- ou inframéniscal (fig. 6.13) sont actuellement facilement reconnus en arthroscanner [152].



Jusqu’à présent, les performances globales de l’arthroscanner dans le diagnostic des fissures méniscales ont été peu étudiées. Si on se réfère à l’étude de Van de Berg et al. [150], les performances de cette technique sont excellentes : sensibilité de 98 % et spécificité de 94 %. Par ailleurs, dans cette étude, il est proposé des critères prédictifs permettant d’approcher de façon indirecte le caractère stable ou instable des fissures. Avec une sensibilité de 97 % et une spécificité de 90 %, les lésions étaient considérées comme instables en arthroscanner lorsqu’il s’agissait de fissures complètes verticales ou obliques ou de fissures complexes avec composante radiale. À l’inverse, les fissures verticales incomplètes, les lésions horizontales ou les fissures radiaires pures étaient considérées comme stables.



IRM



Considérations techniques


Depuis plus de dix ans, l’IRM s’est imposée comme un des outils les plus performant dans le diagnostic des fissures méniscales avec des chiffres de sensibilité et de spécificité oscillant entre 90 et 95 % suivant les séries [94, 110]. Ces performances excellentes ne doivent cependant pas faire oublier que l’efficacité diagnostique d’une exploration IRM des ménisques reste conditionnée par certains éléments techniques fondamentaux [41, 66].


Il n’existe pas de consensus sur le type de séquence à utiliser pour visualiser les fissures méniscales. Cependant, en pratique quotidienne, les séquences en écho de spin à TE (temps d’écho) court et en particulier la densité de proton sont les séquences les plus utilisées. Le choix entre l’écho de spin classique et l’écho de spin rapide (Turbo Spin Echo ou TSE) est resté longtemps controversé. On a souvent reproché aux séquences Turbo Spin Echo de fournir une moins bonne résolution spatiale et donc une moins bonne visualisation des fissures méniscales. Cette perte de résolution est d’autant plus importante que l’on utilise un long train d’écho (augmentation du facteur turbo). On sait actuellement que les performances respectives des techniques d’écho de spin classique et de Turbo Spin Echo sont très proches. Dans la plupart des études, la sensibilité rapportée des séquences Turbo Spin Echo est voisine de 80 %, alors qu’on sait que la sensibilité des séquences d’écho de spin classique est d’au moins 90 % [41, 66, 124]. Bien que la séquence d’écho de spin classique reste la séquence de référence, la durée d’acquisition de ce type de séquence est excessive en pratique quotidienne. Compte tenu du gain de temps (3 minutes par séquence), les séquences Turbo Spin Echo sont donc actuellement utilisées par la plupart des équipes pour l’exploration des fissures méniscales.


En raison de leur faible spécificité, les séquences d’écho de gradient sont peu utilisées. Ces séquences, très sensibles à la dégénérescence méniscale, sont à l’origine de nombreux faux diagnostics de fissure [59]. Le principal avantage des séquences d’écho de gradient est de permettre des acquisitions tridimensionnelles. Lorsque cette acquisition est réalisée en coupes fines, il est ainsi possible de reconstruire les ménisques dans plusieurs plans de l’espace afin de mieux caractériser certaines fissures méniscales ou de mieux étudier leur extension.


Les coupes sagittales et frontales sont indispensables à une étude complète des ménisques. Les coupes sagittales permettent d’étudier les cornes antérieure et postérieure alors que les coupes frontales sont nécessaires pour analyser le segment moyen. L’épaisseur de coupe ne doit pas excéder 4 mm et le champ d’exploration 160 mm. Enfin, la matrice d’acquisition doit être adaptée. Les matrices trop larges (256  ×  128 par exemple) s’accompagnent d’artéfact de troncature.



Ménisque normal


Sur les coupes sagittales et frontales, le ménisque normal apparaît sous la forme d’une structure triangulaire en hyposignal. Sur les coupes sagittales les plus latérales, le ménisque prend la forme d’une structure en « nœud papillon ». Cet aspect en « nœud papillon » (ou bow-tie) est construit par la recoupe sagittale du segment moyen unissant les cornes antérieure et postérieure (fig. 6.14).



Certaines variantes anatomiques sont utiles à connaître car elles peuvent simuler des fissures méniscales :




Certains artéfacts peuvent également produire des images pièges :



Compte tenu de leur structure fibro-cartilagineuse, dont la matrice extracellulaire est essentiellement composée de fibres de collagène, les ménisques normaux devraient apparaître en hyposignal homogène sur toutes les séquences. En fait, il existe souvent chez les sujets sains et asymptomatiques une zone d’hypersignal intraméniscal intermédiaire ne correspondant pas à une fissure méniscale.


Grâce à des corrélations entre l’IRM et des données histologiques, les différents aspects de cet hypersignal intraméniscal ont été étudiés par Stoller et al. [141] qui a proposé de les classer en trois grades (fig. 6.16). Dans cette étude initiale, les grades 1 et 2 correspondent à l’apparition de foyers de dégénérescence mucoïde qui se traduisent en IRM par un hypersignal méniscal de type globuleux ou linéaire, respectant les surfaces méniscales sans fissure méniscale visible. Dans le grade 3, la dégénérescence mucoïde s’accompagne d’une fissure méniscale macroscopiquement visible qui se traduit en IRM par un hypersignal s’étendant à une des surfaces du ménisque.



Sur le plan sémiologique, la distinction entre le grade 2 et le grade 3 est fondamentale puisqu’elle permet de différencier un hypersignal intraméniscal dégénératif d’une véritable fissure. En fait, cette distinction entre ménisque dégénératif et ménisque fissuré n’est pas toujours très facile et il existe de nombreuses causes d’erreurs par excès ou par défaut [32, 124].


Une première erreur est de considérer comme forcément pathologique la présence d’un hypersignal intraméniscal (fig. 6.17). En effet, la présence d’un hypersignal méniscal non pathologique dans une population de sujets asymptomatiques et sains a été soulignée dans de nombreuses études [38, 69, 121, 162]. On retrouve ainsi des anomalies du signal méniscal chez des volontaires sains de toutes les tranches d’âge. Chez les enfants et les jeunes adultes, cet hypersignal méniscal pourrait correspondre au réseau capillaire de la zone rouge du ménisque [63].



L’effet de l’exercice sportif sur l’hypersignal méniscal a également été étudié mais avec des résultats discordants suivant les études. Kursunoglu-Brahme et al. [85], en étudiant 10 athlètes, constate l’apparition d’un hypersignal intraméniscal transitoire 30 minutes après un jogging. Il remarque également l’existence d’un épanchement intra-articulaire chez 5 coureurs. D’après cette équipe, cet hypersignal intraméniscal pourrait être en rapport avec une captation intraméniscale du liquide intra-articulaire par les protéoglycanes de la matrice méniscale [101]. En faisant une étude similaire chez des marathoniens, Shellock et Mink [134] ne confirment pas ces résultats puisqu’ils ne retrouvent ni modification du signal méniscal ni épanchement intra-articulaire après effort sportif. Dans une étude plus récente incluant 8 marathoniens, Krampla et al. [83] ne retrouvent pas non plus de modification significative du signal méniscal ou d’épanchement intra-articulaire.


Il faut enfin signaler que lors d’un suivi longitudinal de joueurs de football professionnels, Reinig et al. [121] ont montré une progression des lésions dégénératives intraméniscales (grade 1, 2 et 3) et ce lors d’une seule saison.



Fissures méniscales


Sur le plan sémiologique, les fissures méniscales peuvent se traduire en IRM par deux types d’anomalie : soit un hypersignal intermédiaire de type linéaire s’étendant à une des surfaces articulaires du ménisque (grade 3 de Stoller), soit des anomalies purement morphologiques [124].


Si l’on s’en tient uniquement aux anomalies de signal, les performances de l’IRM sont bonnes avec des chiffres de sensibilité et de spécificité oscillant entre 90 et 95 % [94]. Toutefois, De Smet et al. [38] insistent sur certaines difficultés sémiologiques et notamment sur le risque important de faux positif de fissure, surtout si cette fissure n’est visible que sur une seule coupe. Il propose de retenir comme pathologiques les fissures indiscutables en montrant que la valeur prédictive positive de fissure n’est significativement élevée (supérieure à 90 %) que lorsque l’hypersignal linéaire intraméniscal atteint la surface méniscale de façon patente, c’est-à-dire sur au moins deux coupes contiguës.


Les performances de l’IRM sont légèrement variables en fonction du ménisque étudié [110]. La sensibilité est habituellement meilleure pour le ménisque médial alors que la spécificité est supérieure pour le ménisque latéral. Les moindres performances de l’IRM pour les lésions du ménisque latéral ont conduit De Smet et al. [36] à proposer deux nouveaux signes de fissure méniscale latérale : la rupture du fascicule d’attache supérieur poplitéo-méniscal et la présence d’un œdème péricapsulaire postéro-latéral. Dans cette étude, la rupture du fascicule supérieur était significativement associée à une fissure méniscale latérale (sensibilité faible de 31 % mais spécificité élevée de 96 %).


Compte tenu de leur orientation, les fissures méniscales radiaires sont parfois difficiles à reconnaître en IRM. Ces fissures radiaires, qui peuvent être partielles ou complètes, touchent préférentiellement la corne postérieure du ménisque médial [97]. Elles se traduisent en IRM par certaines caractéristiques sémiologiques : interruption ou amputation du bord libre sur les coupes frontales, discontinuité ou aspect tronqué du nœud papillon méniscal sur les coupes sagittales (fig. 6.18), ménisque absent (fissure radiaire complète).



Les ruptures méniscales avec anse de seau compliquent l’évolution d’environ 10 % des fissures verticales avec extension longitudinale [20, 152]. De nombreux signes permettent en IRM de détecter une anse de seau. Le signe du double ligament croisé postérieur est présent uniquement en cas de lésion du ménisque médial et lorsque le ligament croisé antérieur est intact [161]. Il traduit la migration du fragment méniscal dans l’échancrure intercondylienne. Le fragment luxé apparaît sous la forme d’une bande arciforme en hyposignal parallèle au ligament croisé postérieur (LCP) normal formant un « double LCP » (fig. 6.19). Une corne antérieure trop grande (supérieure à 6 mm) peut également traduire la présence d’une anse de seau, le fragment méniscal luxé est alors accolé à la corne antérieure saine. D’autres signes ont été validés en IRM, comme celui du nœud papillon absent, celui du ménisque basculé (flipped meniscus sign) ou la visualisation directe du fragment méniscal déplacé dans l’espace intercondylien sur les coupes frontales (fig. 6.20). La sensibilité de l’IRM dans la détection d’une anse de seau est variable et dépend surtout de la taille du fragment déplacé. Dans l’étude de Wright et al. [161], elle oscille de 44 à 61 % suivant les critères diagnostiques utilisés, avec une sensibilité globale de 64 %. Dans cette étude, la visualisation directe du fragment migré dans l’espace intercondylien reste le signe le plus constant.




Les déplacements périphériques d’un fragment méniscal dans le récessus supra- ou inframéniscal ont fait l’objet de travaux récents [87, 152]. Ces déplacements intéressent de façon quasi exclusive le ménisque médial. Ces migrations viennent compliquer dans environ 10 % des cas l’évolution de certaines fissures horizontales du ménisque médial. Le fragment méniscal fissuré peut basculer dans le récessus articulaire supra- ou inframéniscal. Les coupes coronales et axiales transverses permettent de détecter ces fragments avec une sensibilité de 71 % et une spécificité de 98 % [152].




Désinsertions capsulo-méniscales et ménisque flottant


Ces lésions font suite à un traumatisme en valgus et correspondent à une rupture des attaches capsulaires du ménisque. Ces désinsertions concernent préférentiellement la corne postérieure du ménisque médial qui adhère fermement à la capsule articulaire par l’intermédiaire d’un épaississement capsulaire (ligament oblique postérieur). Ces lésions touchent plus rarement le segment moyen du ménisque médial qui est fixé au plan profond du ligament collatéral médial par l’intermédiaire de deux faisceaux : le ligament ménisco-fémoral et le ligament ménisco-tibial (ligament coronaire) (fig. 6.22).



Les désinsertions des attaches capsulo-méniscales postérieures, relativement faciles à reconnaître en arthrographie ou en arthroscanner (fig. 6.23), sont plus difficiles à identifier en IRM [127]. En IRM, les signes de désinsertion capsulo-méniscale le plus souvent rapportés sont : la présence d’un décalage méniscal (supérieur à 5 mm) par rapport au rebord postérieur du plateau tibial (fig. 6.24), et l’interposition de liquide entre la base méniscale et le plan capsulaire. Pour le ménisque latéral, la rupture des attaches méniscales ne doit pas être confondue avec l’exceptionnel ménisque discoïde de type III (variante de Wrisberg) qui combine dysplasie méniscale et absence d’attache ménisco-capsulaire.




Une rupture du ligament ménisco-tibial (ligament coronaire) entraîne une désinsertion du segment moyen du ménisque et un aspect « flottant » du ménisque. En IRM, sur les séquences en pondération T2, le ménisque désinséré, entouré de liquide, paraît « flotter » sur le plateau tibial [12].



Lésions des freins méniscaux


Les lésions des freins méniscaux ont fait l’objet de publications récentes [18, 19, 37]. Ces lésions concernent de façon exclusive les lésions des freins postérieurs avec une pathogénie différente pour le ménisque médial et latéral.


Pour le ménisque médial, il s’agit le plus souvent d’une fissure radiaire ou d’une fissure complexe étendue au frein méniscal postéro-médial (fig. 6.25). Cette lésion de l’attache postérieure du ménisque médial s’accompagne d’une rupture fonctionnelle des fibres méniscales circulaires, d’une ouverture de l’anneau méniscal périphérique et d’une extrusion méniscale (subluxation de la base méniscale). Cette lésion entraîne une perte quasi complète de la capacité de répartition des contraintes du ménisque médial. Sur le plan clinique, la rupture du frein méniscal postéro-médial s’accompagne donc le plus souvent d’une chondrolyse ou d’une brusque décompensation d’une arthrose fémoro-tibiale interne préexistante. La lésion du frein méniscal postéro-latéral est le plus souvent d’origine traumatique. En effet, elle accompagne dans 8 % des cas une rupture du ligament croisé antérieur alors qu’elle ne survient que dans 0,8 % des cas lorsque le ligament croisé antérieur est intact. Sur le plan sémiologique, les critères diagnostiques déjà utilisés pour les fissures méniscales peuvent être transposés à l’étude des freins méniscaux [37].




Kystes méniscaux


Ils sont relativement rares puisqu’ils ne sont observés que dans 1 % des méniscectomies. Ils sont formés par l’accumulation de substance mucoïde au sein même du ménisque (kyste intraméniscal) ou dans les parties molles périméniscales (kyste juxtaméniscal). Ils se développent préférentiellement dans le secteur moyen du ménisque latéral et touchent rarement le ménisque médial. Leur pathogénie reste controversée [136]. Toutes les publications insistent cependant sur la relation quasi constante avec une fissure méniscale horizontale. La pression intra-articulaire forcerait le liquide synovial au travers de la fissure et remplirait progressivement le kyste méniscal. Le diagnostic peut être établi par arthrographie ou arthroscanner à condition d’effectuer une mise en charge prolongée du genou pour remplir le kyste et des clichés tardifs (fig. 6.26). L’IRM permet d’une part de mettre en évidence directement le kyste méniscal qui apparaît sous la forme d’une masse liquidienne ovoïde sur les séquences en pondération T2 et d’autre part d’identifier, dans la plupart de cas, la fissure méniscale alimentant ce kyste (fig. 6.27).





Ménisque discoïde


Le ménisque discoïde correspond à une malformation congénitale rare du ménisque. Cette dysplasie méniscale touche quasi exclusivement le ménisque latéral. L’incidence de cette dysplasie méniscale est de 1,2 à 5,2 % pour le ménisque latéral et 0,12 à 0,3 % pour le ménisque médial. Woods et Whelan [160] classent les ménisques discoïdes en trois catégories. Le type I, ou ménisque discoïde complet, recouvrant totalement le plateau tibial, est la forme la plus fréquente (80 %). Le type II est un ménisque discoïde incomplet dans lequel une partie de l’échancrure reste visible. Dans le type III, ou type ligament de Wrisberg, la corne postérieure du ménisque latéral n’est fixée que par le ligament de Wrisberg et le frein méniscal postéro-latéral est absent. Seuls les types I et II peuvent être reconnus en arthroscanner ou en IRM. Le type III ne peut être diagnostiqué que lors d’une arthroscopie. Sur le plan clinique, les ménisques discoïdes sont le plus souvent asymptomatiques hormis lorsqu’ils se compliquent de fissures. Ils entraînent alors une symptomatologie de type mécanique avec blocage, douleur et hydarthrose. En radiologie standard, les ménisques discoïdes se traduisent exceptionnellement par un élargissement de l’interligne. En IRM, leur diagnostic est plus facile [136]. Ils se traduisent sur les coupes sagittales par une augmentation du nombre de coupes comportant une image en nœud papillon formée par la continuité des cornes antérieure et postérieure (au moins trois coupes contiguës de 5 mm d’épaisseur). Les ménisques discoïdes peuvent se fissurer et les critères diagnostiques de fissure sont identiques à ceux utilisés pour les ménisques normaux (fig. 6.28). Il faut toutefois noter qu’il existe parfois un clivage horizontal se traduisant par un hypersignal linéaire intraméniscal étendu à la quasi-totalité de l’épaisseur méniscale. Cette dissection horizontale d’origine dégénérative ou microtraumatique est souvent symptomatique bien qu’elle ne communique pas avec la surface tibiale ou fémorale du ménisque discoïde [124]. Seuls les ménisques discoïdes symptomatiques sont traités. Le traitement chirurgical à type de méniscoplastie consiste à recréer un ménisque semi-lunaire afin de mieux répartir les contraintes fémoro-tibiales.




Ménisque opéré


Les récidives douloureuses post-méniscectomie posent un certain nombre de problèmes diagnostiques : récidive de fissure, chondrolyse post-méniscectomie, nécrose sous-chondrale ou algodystrophie. Il est actuellement établi que l’IRM est souvent prise en défaut dans les récidives de fissure, la résection méniscale laissant un hypersignal intermédiaire communicant « faussement » avec la surface méniscale sur les séquences T1 ou en densité protonique [46, 131]. Seul un hypersignal intraméniscal de type liquidien en pondération T2 doit être reconnu comme pathologique et considéré comme une récidive de fissure. Bien que cette sémiologie IRM soit spécifique (spécificité de 92 %), sa faible sensibilité (60 %) rend l’IRM difficilement utilisable en pratique quotidienne. Ces limitations ont poussé certains auteurs à proposer le recours à l’arthro-IRM. Les résultats publiés sont discordants. Pour Applegate et al. [3], l’arthro-IRM permet d’améliorer significativement la précision diagnostique (41 % pour l’IRM et 88 % pour l’arthro-IRM). À l’opposé, White et al. [159] ne retrouvent aucune différence significative entre les performances de l’IRM et celles de l’arthro-IRM. Enfin, Magee et al. [96] concluent dans une étude récente que l’arthro-IRM n’est utile que dans certains cas particuliers : résection méniscale large supérieure à 25 %, patient sans chondrolyse ou arthrose du genou, absence d’hydarthrose.


Compte tenu des limites de l’IRM et du recours à l’arthro-IRM, l’arthroscanner reste un outil diagnostique intéressant dans l’imagerie du ménisque opéré. Il permet de détecter facilement les récidives de fissure et surtout de mieux analyser le cartilage articulaire. Les performances rapportées par Mutschler et al. [107] sont bonnes, avec une sensibilité de 79 à 93 % et une spécificité de 89 %.



6.2 Pathologie ligamentaire et du pivot central


D. Galy-Fourcade


L’importance de la pathologie traumatique du genou du sportif rend son exploration en imagerie relativement fréquente. Après les clichés standard, indispensables en première intention dans la pathologie traumatique pour porter le diagnostic de fracture et d’arrachement des insertions tendino-ligamentaires, l’IRM a une place prépondérante dans cette exploration étant donné ses performances et son innocuité. L’arthrographie seule n’avait plus que peu de place dans l’exploration articulaire du genou ; elle est à l’heure actuelle totalement supplantée par l’arthroscanner qui, compte tenu de la qualité des reconstructions effectuées, donne des renseignements précis sur les lésions chondrales fissuraires, quelle que soit leur orientation spatiale, ainsi que sur les lésions méniscales. La place de l’arthroscanner (technique irradiante et source de iatrogénicité non nulle) demeure en revanche très limitée dans l’exploration ligamentaire. Malgré l’essor de l’exploration échographique de l’appareil locomoteur, l’étude du genou par cette méthode reste essentiellement limitée à l’exploration des épanchements et des structures tendineuses ou ligamentaires superficielles, la visualisation du pivot central restant à ce jour très aléatoire. Enfin, l’arthro-IRM présente les mêmes risques septiques de ponction articulaire du genou que l’arthroscanner et ses indications restent restreintes à l’exploration des lésions chondrales et des récidives de lésions méniscales opérées où elle semble fournir des renseignements supplémentaires par rapport à l’IRM simple. Elle n’a pas de place propre dans l’exploration ligamentaire.


Les indications seront donc portées au cas par cas, en fonction des lésions cliniquement suspectées et du plateau technique disponible.



Techniques




Échographie [100]


Une parfaite connaissance de l’écho-anatomie des structures du genou reste le postulat obligatoire pour la réalisation d’une échographie contributive. Nous réalisons l’examen échographique du genou à l’aide d’une sonde haute fréquence (7,5 à 15 MHz ou plus) en débutant par la face antérieure ; les faces latérales et médiales seront étudiées ultérieurement et l’examen se terminera par la visualisation de la face postérieure du genou où siègent le plus grand nombre des lésions. L’exploration sera bilatérale et symétrique.


Le bilan peut être codifié et systématisé en analysant les différents compartiments du genou :


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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 6: Imagerie du genou

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