OBJECTIF

Toujours écouter le patient !

PATIENT(E)

Il s’agit d’une patiente de 57 ans, mariée, adressée par son médecin traitant pour une évaluation et une prise en charge. Elle est sédentaire, fumeuse et ne consomme pas d’alcool.

ANTÉCÉDENTS

Il n’y a rien de contributif.

DOLÉANCES ET SIGNES FONCTIONNELS (fig. 6.1)

La patiente présente des douleurs modérées à sévères constantes depuis 1 an qui l’ont amenée à consulter plusieurs médecins. Quand les douleurs lombales sont très intenses, elles peuvent parfois irradier en proximal vers le milieu du rachis et ses jambes lui semblent « faibles ». Les douleurs actuelles sont tellement intenses qu’elles nécessitent le recours à des injections d’antalgiques deux fois par semaine. Elle ne rapporte pas d’autre douleur nocturne en dehors de ses lombalgies permanentes.

Figure 6.1

La rééducation a apporté une aide limitée. L’utilisation d’anti-inflammatoires n’a eu aucun effet en dehors de la constiper. Elle a donc dû changer d’AINS, ce qui a certes amélioré ses douleurs, mais au prix de gastralgies, et elle a donc arrêté la prise de ces médicaments. Elle prend actuellement 4 à 6 comprimés de paracétamol par jour. Elle est ménopausée. Elle rapporte des sensations de sueurs froides et de bouffées de chaleur. Elle présente de plus une légère perte de poids. Un examen pelvien ainsi qu’un frottis cervicovaginal réalisés il y a 9 mois étaient normaux.

On l’a adressée à un psychologue car il y a probablement « une cause psychosociale pouvant exacerber ces douleurs féminines ». La patiente nous rapporte : « On m’a dit que ces douleurs lombales étaient dans ma tête, mais ce n’est pas le cas ! »

ÉTIOLOGIE

Inconnue, mais elle porte parfois des charges de 35 kg au travail.

EXAMEN CLINIQUE

À l’examen, la palpation profonde des muscles lombaux paraspinaux montrait une sensibilité sur l’ensemble du rachis lombal. Les mouvements de flexion active, d’extension et de rotation du rachis lombal augmentaient les douleurs lombales. La flexion de hanche jambes tendues en décubitus dorsal était de 90° de manière bilatérale et indolore, sans irradiation nerveuse. La force musculaire était normale. Les réflexes profonds aux genoux et aux chevilles étaient normaux, tout comme la sensibilité à la piqûre aux membres inférieurs. La palpation abdominale apparaissait être normale lors de l’examen.

IMAGERIE

Des radiographies du rachis lombal ont montré un pincement du disque L3–L4 avec des ostéophytes antérieurs au niveau des corps vertébraux (fig. 6.2A et B). Les clichés obliques droit et gauche ont montré quelques remaniements arthrosiques au niveau de L4–L5 et L5–S1 en regard des facettes articulaires zygapophysaires (fig. 6.2C et D). Une TDM du rachis lombal des niveaux L3 à S1 a été réalisée et n’a pas montré de lésion du canal spinal. Une échographie abdominopelvienne a montré la présence de trois hémangiomes hépatiques.

Figure 6.2 (A–D) Les radiographies du rachis ont été effectuées en charge. Sur le cliché oblique du rachis lombal (A), on observe le pincement de l’espace discal L3–L4 avec un ostéophyte antérieur (petites flèches blanches) du corps vertébral de la vertèbre sous-jacente à cet espace. (C) et (D) Ce sont des clichés radiographiques droit et gauche montrant une arthrose des facettes articulaires zygapophysaires (flèches noires) au niveau L5–S1 associées à une subluxation des surfaces articulaires opposées au niveau L3–L4, L4–L5 et L5–S1 (R = côté droit de la patiente). (E) TDM abdominale haute avec injection de produit de contraste, coupe axiale, montrant une tumeur pancréatique (représentée par un cercle), à proximité de l’aorte (A) et du corps vertébral (V) (R = côté droit de la patiente).

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