Chapitre 57 Traumatismes musculaires et tendineux du membre pelvien
Ce que vous savez déjà
• Les muscles et les tendons des membres pelviens sont particulièrement sollicités en pathologie sportive et traumatique courante.
• Les lésions musculaires sont en général banales, mais il faut savoir penser au diagnostic de syndrome aigu des loges de jambe, avec ou sans traumatisme direct de la jambe.
• Les lésions tendineuses plus fréquentes surviennent souvent sur des terrains prédisposés (« sportifs attardés »).
Ce que nous pouvons préciser
Leur classification
Lésions musculaires
• Elles altèrent les deux propriétés essentielles du muscle : sa contractilité mais aussi son élasticité, et tout traitement devra restaurer les deux.
• Elles mettent en compétition, lors de leur réparation, le conjonctif et la fibre musculaire. Comme ailleurs, le traitement doit s’efforcer de limiter la cicatrice conjonctive.
• Leurs différentes formes anatomiques : claquages, rupture partielle, rupture totale, ne sont que les degrés du même processus de rupture d’un nombre plus ou moins grand de fibres musculaires.
• Leurs localisations essentielles sont : les adducteurs, le quadricipitis femoris (quadriceps), avec la rupture du rectus femoris qui peut se compliquer de rupture de son nerf moteur, les gastrocnémiens (essentiellement le gastrocnémien médial).
• Le syndrome aigu des loges de jambe (notamment loge ventrolatérale) est une lésion relativement rare mais dont la méconnaissance peut être dramatique : douleur et tension interne des muscles de la loge ventrolatérale ou dorsale, rappelant un syndrome ischémique aigu, mais avec des pouls distaux conservés. C’est la résultante d’une inadaptation musculaire à l’anaérobiose, soit par compression, soit par excès de fonctionnement, avec excès d’acide lactique, œdème, occlusion veinulaire et capillaire, nécrose musculaire massive en l’absence de décompression. Il faudra y penser dans le contexte d’un traumatisme de jambe (avec choc direct et phénomènes compressifs spontanés ou iatrogènes), mais aussi chez le sportif peu entraîné ayant effectué un effort anormal à la marche (forme aiguë de la maladie des loges). Toute suspicion de syndrome de loge doit faire l’objet d’une prise de pression de la loge par appareil de mesure spécial dédié à cette recherche.
Lésions tendineuses
• Les ruptures, souvent brutales chez le sportif jeune, sont en général précédées d’un stade prémonitoire plus ou moins long de tendinite chez le sportif plus âgé :
– la plus fréquente est celle du tendon calcanéen (d’Achille) : la douleur immédiate en coup de fouet peut être mal interprétée et la gêne à la flexion plantaire incomplète, d’où certains diagnostics retardés ;
– la plus rare est celle du tendon quadricipitis femoris (quadricipital), au cours d’une réception brutale après saut (le ligament patellaire, ou tendon rotulien, est plutôt le siège de tendinites) ;
• Les avulsions des zones d’insertions apophysaires (tuberculaires) se voient surtout chez le sportif adolescent et les points d’appel principaux sont les épines iliaques, la tubérosité ischiatique, le petit trochanter et la tubérosité tibiale.