Cas 56 Lésion cérébrale
OBJECTIF
Les patients ayant des traumatismes crâniens et cervicaux fermés peuvent présenter des lésions de la tige pituitaire et du cerveau.
PATIENT(E)
Une femme de 26 ans employée à des travaux légers, ne fumant pas et buvant occasionnellement de l’alcool.
ANTÉCÉDENTS
Il y a 10 ans, elle a eu un grave accident de voiture, au cours duquel elle a eu des lésions du rachis cervical ainsi qu’un traumatisme crânien fermé. Elle avait vu un neurologue qui retrouvait que les nerfs crâniens fonctionnaient normalement sans autre point d’appel neurologique. Toutefois, il a ultérieurement été constaté que, lors de l’accident, la tige pituitaire avait été sectionnée, avec le développement de troubles endocriniens associés ayant engendré des problèmes hormonaux – liés notamment à la thyroïde, aux corticostéroïdes, aux estrogènes, à la testostérone, l’hormone de croissance, l’ACTH, la TSH, la FSH, et la somatocrinine (hypothalamic growth releasing hormone [GHRH]) – qui provoquent une grande asthénie et d’autres troubles physiologiques.
DOLÉANCES ET SIGNES FONCTIONNELS (fig. 56.1)
Une douleur chronique bilatérale du rachis cervical entraînant des céphalées d’intensité importante et des douleurs bilatérales de la région cervicoscapulaire secondaires à l’accident de voiture. Les céphalées sont particulièrement gênantes lorsque son cou est plus algique que d’habitude. Son syndrome douloureux cervical est lié à son activité, une augmentation de son activité entraînant une augmentation de ses symptômes. Il n’y a pas douleur nocturne en soi. En particulier, regarder vers le bas et vers le haut aggrave son syndrome douloureux cervical. Elle a un traitement de fond par un endocrinologue, mais aimerait avoir un avis surtout sur ses douleurs cervicales car elle trouve que le travail à l’ordinateur aggrave son syndrome douloureux cervical.
EXAMEN CLINIQUE
Les réflexes ostéotendineux des membres supérieurs et inférieurs étaient normaux. La sensibilité au test à la piqûre était normale aux membres supérieurs et inférieurs, comme la force musculaire. La sensibilité vibratoire aux coudes et aux chevilles était normale. La palpation profonde des muscles paravertébraux suscitait une douleur locale. Il n’y avait pas d’atrophie des muscles du cou et de la ceinture scapulaire. La manœuvre de Valsalva n’entraînait aucune douleur cervicale. Le signe de Hoffman était normal. Les mobilités du rachis cervical étaient normales dans tous les plans, mais entraînaient des douleurs dans les mouvements extrêmes. La fonction des nerfs crâniens était normale.
IMAGERIE
Un examen radiographique initial du crâne et du rachis cervical n’avait pas mis en évidence de lésion osseuse. Toutefois, une IRM cérébrale retrouvait une interruption de la tige pituitaire à son origine distale. Une IRM cérébrale réalisée 9 mois plus tard confirmait que la tige pituitaire et la glande pituitaire (hypophyse) résiduelles présentaient toutes les deux une profonde dégénérescence, confirmant l’état de panhypopituitarisme total. La dernière IRM cérébrale montrait également une atrophie corticale symétrique des lobes frontal et pariétal du vertex, mais pas de zone focale d’encéphalomalacie, de démyélinisation, d’infarctus cérébral ou d’hémorragie cérébrale préalable. Il n’y avait pas de signe de contusion hémorragique préalable ou de lésion de types arrachement axonal, et les gros vaisseaux intracrâniens étaient présents. Il n’y avait ni masse ni collection liquidienne.
ORIENTATION CLINIQUE
Lésion des tissus mous musculoligamentaires du rachis cervical, outre les lésions cérébrales bien documentées.
CONDUITE À TENIR ?
Les tests biologiques n’avaient pas été effectués comme elle était suivie par un endocrinologue et un médecin spécialiste qui surveillaient constamment son état. Un ensemble de radiographies du rachis cervical, incluant des clichés dynamiques, et une IRM du rachis cervical ont été demandées.
Les radiographies standard du rachis cervical prises environ 9 ans après l’accident de voiture ont montré ce qui suit.
• Sclérose sous-chondrale des articulations zygapophysaires (surfaces articulaires) au niveau de C3–C4, C4–C5 et C5–C6 (fig. 56.2A et B).
• Formation précoce d’ostéophytes entourant les bords des corps vertébraux adjacents aux espaces des disques intervertébraux en postérieur en C2–C3, C3–C4, C4–C5 et C5–C6 (fig. 56.2B), avec un bec précoce sur les bords antéro-inférieurs des corps vertébraux de C2, C3, C4 et C5 (fig. 56.2B).
• Développement de becs arthrosiques de certaines articulations zygapophysaires, par exemple à C2–C3 et C3–C4 en particulier (fig. 56.2B).
• Il y a un cercle radiotransparent au niveau de C2 qui montre que les pulsations de l’artère vertébrale ont causé une érosion de l’os (fig. 56.2B).

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