54: Décollements de rétine tractionnels et uvéites

Chapitre 54 Décollements de rétine tractionnels et uvéites




Fréquence


La prévalence du décollement de rétine dans la population générale est approximativement d’un pour dix mille [7]. Elle passe à 3 % en cas d’uvéite [9]. Cependant, il existe de fortes disparités selon l’étiologie (tableau 54-I). Ce risque semble surtout plus élevé en cas de panuvéite et lors des uvéites infectieuses. Ainsi, la survenue d’un décollement de rétine au cours des rétinites virales varie de 50 % à 85 % selon les séries [1, 4, 5, 10, 11] (cf. chapitre 53) et ce taux est au alentour de 6 % dans le cadre des choriorétinites toxoplasmiques [2]. Au cours des uvéites non infectieuses, la prévalence du décollement de rétine tombe en dessous de 1 % [6, 9].


Tableau 54-I – Étiologie des décollements de rétine tractionnels sur uvéite.















Étiologie Particularités
Toxocarose Jeune enfant
Granulomes rétiniens, choroïdiens associés
Toxoplasmose Associé à des déhiscences sur cicatrice plus ou moins pigmentée
Rétinites ischémiques Néovascularisation prérétinienne Décollement de rétine tractionnel fibrovasculaire


Caractéristiques des décollements de rétine sur uvéite


Il existe très peu de publications sur le sujet. Les différentes études citées concernent souvent un petit nombre de patients avec des étiologies souvent très disparates. Néanmoins, on peut en tirer quelques informations.


L’âge de survenue moyen de décollement de rétine sur uvéite est de quarante-deux ans [9]. La survenue précoce de ces décollements est liée à la survenue plus rapide du décollement postérieur du vitré dans les uvéites [8]. Ce décollement postérieur peut se faire très brutalement lorsque le vitré est très inflammatoire et il est souvent incomplet, avec de nombreuses zones d’adhérence très forte au niveau de fourches vasculaires, parfois au pôle postérieur. De ce fait, les déhiscences peuvent être très postérieures et, parfois, s’accompagner d’un trou maculaire. Lors des inflammations majeures, avec hyalite cotée « + + + + » qui rend le fond d’œil inaccessible, la survenue d’un décollement de rétine par déchirure géante n’est pas rare. Le diagnostic échographique n’est pas facile du fait de l’opacité du vitré, de l’épaississement de la hyaloïde postérieure, de la présence d’une inversion rétinienne. Il s’agit souvent de découverte per-opératoire.


La prolifération vitréorétinienne est souvent importante, secondaire à l’inflammation intraoculaire mais également au décollement postérieur du vitré incomplet [3]. Cette prolifération vitréorétinienne est rapide, souvent sévère, accompagnée de cordages sous-rétiniens — il existe souvent une inflammation importante au sein du liquide sous-rétinien — et de fibrose intrarétinienne, qui rendent la chirurgie très difficile. En postopératoire, la prolifération vitréorétinienne reprend rapidement, avec des rétractions parfois majeures sous silicone, nécessitant des reprises opératoires souvent multiples avec un résultat visuel très médiocre.


Le pronostic fonctionnel de ces décollements de rétine est sombre. L’acuité visuelle finale est limitée à une simple perception lumineuse dans 10 % des cas. Elle est inférieure à 1/10 dans plus de 60 % des cas, toutes causes confondues [9].


Il faut donc bien prévenir ces patients jeunes de la nécessité fréquente de plusieurs interventions et les informer du fait que le pronostic reste réservé.



Principes chirurgicaux


Toute chirurgie impliquant un œil atteint d’uvéite induit, en soi, une poussée inflammatoire. On applique donc un principe : toute chirurgie (cataracte en particulier) doit idéalement être effectuée sur un œil où l’inflammation a été contrôlée depuis au moins trois mois. Pour des raisons évidentes, ce délai ne peut pas être respecté en cas de décollement de rétine. Un décollement de rétine peut survenir à froid (sur un œil qui n’est plus inflammatoire) — ce qui est finalement assez rare — ou à chaud (en pleine poussée inflammatoire). Dans la mesure du possible, il faut intervenir sur un œil le moins inflammatoire possible. On débutera donc un traitement anti-infectieux (antiparasitaire ou antiviral) lors des uvéites infectieuses vingt-quatre à quarante-huit heures avant la chirurgie du décollement de rétine.


La réalisation de bolus de Solumédrol® de 500 mg en intraveineux les trois jours précédant l’intervention est également souvent nécessaire si on se trouve en présence d’un décollement de rétine survenant sur uvéite inflammatoire non ou mal contrôlée.


Dans le cas où le décollement de rétine survient sur un œil calme, la prévention de l’inflammation postopératoire repose, en fonction de l’étiologie, sur la réalisation de bolus de Solumédrol® intraveineux per-opératoire.


Une réponse inflammatoire importante est également attendue en postopératoire dans les atteintes inflammatoires granulomateu- ses, qu’elles soient infectieuses (toxoplasmose) ou inflammatoires (sarcoïdose). L’inflammation survient le plus souvent entre quarante-huit et soixante-douze heures après l’intervention chirurgicale et doit être activement traitée localement et par voie générale.


Il convient également de minimiser le traumatisme chirurgical :


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Jun 3, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 54: Décollements de rétine tractionnels et uvéites

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