Chapitre 5 La difficulté du lien soignant
La problématique de la « bonne distance » soignante
Les défenses soignantes
• l’invasion : le système contenant déborde. Par exemple, l’infirmier ne peut pas lâcher ses patients quand le travail est fini, il en rêve la nuit, y pense pendant ses repos ;
• la vidange : le soignant est épuisé, vidé ;
• l’absurdité : le non-sens, « ce qu’on fait n’a pas de sens », « c’est n’importe quoi ».
• La banalisation qui contribue à la mise à distance de la souffrance par une habituation progressive lui faisant perdre son sens et sa portée même.
• La technicisation qui permet aux professionnels de se réfugier derrière une technique, des actes ou des protocoles excessifs.
• L’esquive/mensonge qui pousse un soignant à masquer la vérité pour éviter le conflit ou le rapprochement avec la conflictualité du patient.
• La fausse réassurance qui se caractérise parfois par un optimisme inadapté évitant de prendre en compte la gravité et la lourdeur de la souffrance du malade.
• La rationalisation qui permet de se cacher derrière une compréhension opératoire de la conflictualité psychique.
• L’évitement qui pousse les soignants à tenir la souffrance des patients à distance.
• La dérision qui met à distance la souffrance par l’humour ou le cynisme.
• La fuite en avant qui pousse les professionnels dans la surenchère (médicamenteuse, comportementale…).
• L’identification projective qui plonge le soignant dans un vécu partagé avec le patient dans un rapport fusionnel qui abolit toute distance.
• l’isolation qui nous pousse à cliver le champ affectif pour ne pas nous laisser toucher par la souffrance quotidienne à laquelle nous sommes confrontés ;
• la sublimation qui permet d’échapper à la souffrance par l’intellectualisation et le refuge dans la théorie ou les projets abstraits. Il existe dans toute équipe des professionnels de la « prise de tête » ou de la construction de « démarches » qui ont parallèlement du mal à s’inscrire dans le soin concret et quotidien ;
• la parcellisation qui nous pousse à réduire le patient à son symptôme dans une centration nous faisant parfois oublier que derrière se cache un sujet complexe et complet.
• la dépossession qui revient à nous approprier la souffrance, l’histoire ou la liberté même du patient qui devient notre malade.