46: Violences et homicides intrafamiliaux


Violences et homicides intrafamiliaux



Violences familiales



Les violences familiales (violences sur enfant, violences incestueuses, violences conjugales) ont plusieurs caractéristiques spécifiques, dans l’ensemble des comportements violents :



• la première est qu’elles s’inscrivent dans un sous-ensemble de violences dans des systèmes clos (avec parallèlement les violences institutionnelles ou en milieu professionnel); sous ensemble qui a la particularité suivante : les dévoiler est un élément très fort de prévention, dans la mesure où elles se déroulent dans un espace restreint, facilement contrôlable, dès que la situation est repérée. La question de la précocité du dévoilement est donc une préoccupation centrale ;


• la deuxième caractéristique, c’est les différentes possibilités d’intervention judiciaire ;


• la troisième caractéristique, c’est qu’après le dévoilement, certains couples ou familles éclatent, et d’autres, parfois après un temps de latence choisi ou sur injonction judiciaire, reprenant la vie commune.


C’est donc un défi d’accompagner les différents protagonistes de la famille par les équipes de soin, avec nécessité de l’évaluation au cas par cas et d’une stratégie de prise en charge variable, en fonction notamment de la reprise de la cohabitation ou pas, après le dévoilement.


Enfin, il faut distinguer la violence physique, plus facilement objectivable socialement, de la violence psychologique isolée plus délicate à clarifier.


Pour illustrer ces éléments, nous prendrions comme type de description les violences conjugales, en problématisant la question du dévoilement, la judiciaire, et la stratégie thérapeutique.


Pourquoi un si long silence entre la première violence et le moment du dévoilement ?


Quels sont les différents ressorts psychologiques de cette difficulté à dire ?


Dans une première catégorie de situations, c’est clairement la peur de la violence en elle-même, l’inquiétude face aux menaces. La victime est, au sens littéral terrorisée.


Mais dans d’autres cas, c’est plus subtil, plus psychologique – c’est l’ambivalence de la victime à témoigner car le sujet violent peut alterner des moments de violence, de dénigrement, d’insultes, et d’autres où il s’excuse et fait des « cadeaux compensateurs ».


Les ressentis peuvent être divers (on aime encore, on peut espérer que « ça va changer »; on peut se montrer d’une générosité excessive, faire preuve de compréhension de la violence de l’autre, vouloir tout excuser, tout pardonner; on peut se culpabiliser soi-même, penser qu’on est la cause de cette violence – cette excessive culpabilité subjective; on peut aussi redouter de faire part de dysfonctionnement dans un couple de peur que d’autres s’en emparent).


Troisième type de réalité psychique, la dépendance affective, la problématique abandonnique : la peur panique d’être quitté, la crainte par-dessus tout de la part de l’autre.


Il y a donc une difficulté à être lucide, au-delà de la répétition de la violence : un temps pour prendre conscience de ce qui se joue, de ce qui est peut-être la face cachée de l’autre, qu’on n’a pas vu, qu’on ne veut pas voir ou qu’on espère temporaire.


De cette difficulté à dire, découlent plusieurs messages sociaux à préconiser (et à discuter) :



Sur le plan social, quand il y a plainte, la sanction judiciaire relève du procureur de la République. Après l’évaluation de l’auteur de violence dans le cadre de la garde à vue, le procureur peut :



• soit orienter vers la comparution immédiate en cas de violences importantes ou d’antécédents du même type; le jugement ayant lieu à l’issue de la garde à vue ;


• soit convoquer l’auteur devant le tribunal correctionnel dans un délai de 2 mois maximum. Cette procédure peut être associée à un contrôle judiciaire socioéducatif qui permet au juge, dans l’attente de l’audience, d’éloigner l’auteur du domicile ou (et) de le soumettre à une obligation de soins ;


• soit proposer un classement sous condition. Dans une situation de premier épisode où les faits ne sont pas trop graves, c’est une alternative intéressante aux poursuites judiciaires. La procédure est alors adressée au délégué du procureur, qui soumet le classement à la condition d’un suivi, notamment psychologique.


Au moment du jugement, le tribunal correctionnel peut :



En pratique, les obligations sont accompagnées par des associations sociojudiciaires ou les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP).


Les obligations de soins sont réalisées par les services de santé ou par des consultations spécialisées.


Quant à la question de la prise en charge, elle s’élabore au cas par cas; avec l’intérêt de l’association de techniques (individuelle, groupale, systémique) supposant des équipes spécialisées ou un travail en réseau.


Que ce soit pour les victimes ou les auteurs, la thérapie peut être individuelle ou de groupe. On peut aussi proposer des entretiens mère-enfant dans une logique d’accompagnement de l’ensemble de la famille.


Dans une description générale, il faut insister sur l’intérêt des techniques de groupe notamment quand, dans le travail individuel, il n’y a pas assez d’élaboration, d’insight, d’évolution dans la prise de conscience, et d’analyse dans ce qui se joue dans le couple.


Finalement, on pourrait dire que la thérapie individuelle seule n’est pertinente que si le sujet fournit d’emblée assez de matériel psychique pour évoluer.


Concernant l’entretien de couple, certains ont fort légitimement exprimé des réserves par crainte que l’emprise parfois présente soit toujours active dans cet espace.


De façon pragmatique, on peut définir des indications et des contre-indications.


Souvent, il est pertinent que le sujet violent travaille seul, de son côté, fasse du chemin avant l’éventuel suivi à deux (notamment chez ceux qui choisissent de rester ensemble après le dévoilement de la violence).


Nous proposons donc quatre critères pour préciser une éventuelle indication de suivi de couple, parallèlement à un suivi personnel :



En conclusion, la prise en charge des violences conjugales suppose d’enrichir et de reformuler les messages sociaux les concernant; pour faciliter la prévention ou la prise en charge précoce.


Elle suppose également le développement de la pluridisciplinarité dans le suivi; ainsi que l’association de techniques thérapeutiques complémentaires.



Néonaticide et infanticide




Introduction, définition légale et terminologie


L’infanticide est un des crimes qui soulève dans l’opinion publique le plus d’incompréhension, effroi et interrogations, eu égard au caractère de la victime, qui demeure, dans la représentation collective, vulnérable, innocent, dépendant de la protection des adultes, et notamment de l’attention de leurs plus proches parents.


L’infinie multiplicité des contextes psychopathologiques ne permet pas de fournir de profil type d’auteur d’un tel crime ou une explication univoque, simple et fluide, venant éclairer d’un coup la dynamique de ce type de passage à l’acte, résultant tantôt d’un geste accidentel sans intention initiale de donner la mort, d’une maltraitance active avec blessures physiques et/ou sexuelle, tantôt de négligences graves, d’agissements sur motivations altruistes ou encore d’un projet suicidaire élargi.


Dans son article 300, le Code pénal de 1810 qualifiait d’infanticide le meurtre d’un enfant nouveau-né. Les références criminologiques actuelles offrent d’autres repères en la matière (Dalloz, 2001) :



D’un point de vue légal, dans son article 221-1, le Code pénal français définit le meurtre par l’action de donner volontairement la mort à quelqu’un (homicide volontaire) et le distingue de l’assassinat qui lui est décrit comme un meurtre avec préméditation, relevant du « dessein avant l’action » (art. 132-72 du Code pénal). Selon l’article 221-4, des circonstances aggravantes, au premier rang desquelles on trouve l’âge de la victime, et notamment la victime mineure de moins de 15 ans, peuvent être retenues (Dalloz, 2001).



Données épidémiologiques


En 2010, on estime que 563 000 homicides, tous types confondus, ont été commis dans le monde (soit 10,5 pour 100 000 habitants) (Center for disease control and prevention, 2013), avec un ratio homme-femme de 3,4. Certains sous-groupes de la population, dépendamment de leur âge et de leur genre sont susceptibles d’être surreprésentées parmi les victimes d’homicides (Reza, et al., 2001). Ainsi, à l’échelle mondiale, le taux d’homicide, dont l’auteur est une femme, est plus élevé pour les victimes âgées de 0 à 4 ans (8,7 pour 100 000). Il existe des disparités géographiques marquées, en fonction, entre autres, des contextes culturels (Chine : 15,5 pour 100 000; Pays de l’Europe de l’Est : 15,0 pour 100 000; Inde : 12,3 pour 100 000).


Même s’il existe une certaine hétérogénéité des chiffres avancés dans la littérature scientifique concernant les meurtres d’enfants en général (sans présumer du lien avec l’auteur), il semble que ces derniers ne représentent qu’une faible proportion du total des homicides, et dont la prévalence avoisine 5 %. En effet, Flynn et al. ont étudié 2 260 meurtres commis en Royaume-Uni et au Pays de Galles entre 1996 et 2001 (Figure 46.1), et parmi lesquels 112 (5 %) sont des meurtres d’enfants. Ils notent que l’âge des enfants victimes est, dans 44 % des cas, inférieur à 3 mois, et pour seulement 22 % des cas supérieur à 1 an (Flynn, et al., 2007). De même, dans une série de 70 filicides finlandais, les mêmes proportions sont retrouvées : 37 % des enfants étaient tués avant l’âge d’1 an et 79 % avant l’âge de 5 ans (Vanamo, et al., 2001). La plupart des infanticides sont commis dès les premiers instants de vie, et le risque de voir perpétrer un tel geste s’amoindrit à mesure que l’enfant grandi.



La journée au cours de laquelle une personne a le plus haut risque d’être tuée est en effet le premier jour de sa vie (Marks, et al., 1993). Ainsi, Resnick a consacré le terme « néonaticide » pour décrire le meurtre de nouveau-né dans les premières 24 heures de vie (Resnick, 1969). Les taux de néonaticide seraient sous-estimés dans les études épidémiologiques (Botash, et al., 1998; Newton, et al. 2006), en raison des cas de néonaticides dissimulés, et de classification en mort accidentelle de certains cas effectifs de néonaticides. On note par ailleurs qu’il existe une hétérogénéité marquée du taux de néonaticide : chaque année aux États-Unis, 2,1 nouveau-nés pour 100 000 naissances sont tués ou décèdent dans les suites d’un abandon précoce (Herman-Giddens, et al., 2003), alors que ce même taux se situe entre 0,07 et 0,18 pour 100 000 naissances en Finlande (Putkonen, et al., 2007).


Dans plus de 70 % des cas d’homicides d’enfants âgés de moins de 5 ans, les parents sont les auteurs du crime : 26 % à 49 % sont imputables au père et 41 % à 61 % à la mère (Tableau 46.I) (Vanamo et al., 1970; Putkonen et al., 2009; Kauppi et al., 2010). Cette dernière est, de façon significative, plus souvent l’auteur du filicide que le père, et ceci est une donnée constante dans la littérature (Vanamo et al., 1970; Putkonen et al., 2009; Kauppi et al., 2010), d’autant plus que l’enfant est jeune. Sur les 56 néonaticides d’une série de 200 meurtres d’enfants en Finlande, 52 cas étaient le fait de la mère (Kauppi et al., 2010).




Clinique du néonaticide


Nous n’aborderons ici que ce qui concerne le néonaticide commis par la mère, et dans les pays occidentaux. Comme nous l’avons déjà précisé, les parents ayant commis un geste homicide sur leur nouveau né sont en effet majoritairement les mères (Rodenburg, 1971; Marks et al., 1993; 1996), même si ont été décrits des cas de participation paternelle au geste hétéroagressif, ce qui reste marginal (Adelson, 1991; Kaye et al., 1990; Resnick, 1970). Les cas de néonaticides paternels, sans participation maternelle, sont encore plus rares.



Données sociodémographiques


Dans l’étude princeps de Resnick déjà citée, les mères qui ont commis des néonaticides étaient caractérisées par leur jeune âge (entre la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte) et le célibat. Même si cette donnée relative à l’âge maternel est constante dans la littérature, certaines études font état d’une plus grande disparité quant à cette variable. Le pourcentage de cas pour lesquels l’enfant victime est un premier-né varie entre 35 à 82 % dans la littérature scientifique (Herman-Giddens et al., 2003; Putkonen et al., 2007; Mendlowicz et al., 1999; Mendlowicz, et al., 1998).


Selon les études, 50 à 88 % des femmes auteures de néonaticide sont célibataires (Herman-Giddens et al., 2003; Putkonen et al., 2007; Friedman et al., 2009; Mendlowicz et al, 1998), et près de la moitié vivent au domicile de leurs parents. Un faible niveau d’instruction et d’éducation de la mère auteure de l’homicide est aussi une constante (Mendlowicz, et al., 1998). Ces femmes ne sont en général pas connues pour avoir perpétré antérieurement des gestes violents, transgressifs, judiciarisés ou non (Amon et al., 2012).



Données concernant le contexte de la grossesse


La grossesse surviendrait plus précocement au cours de la vie, pour les mères qui commettront un néonaticide à son issue, que dans une population contrôle représentative de la population générale (Amon et al., 2012). Cette grossesse ne bénéficie classiquement pas d’un suivi obstétrical adéquat, ou de soins prénataux indiqués. Un élément explicatif de ces derniers constats peut être la fréquence élevée, chez les femmes ayant commis un néonaticide, d’un déni et/ou d’une dissimulation de l’état de grossesse (voir plus loin). On notera que seule l’absence de soins prénataux constitue un facteur prédictif statistiquement valide de néonaticide (Friedman et al., 2009; Amon, et al, 2012. Dans une étude récente sur 32 cas de néonaticide en Finlande, Putkonen et al. retrouvaient chez la majorité de ces femmes, de mauvaises relations, voire l’absence de relation avec le père de l’enfant à naître (Bonnet, 1993). Le motif invoqué était le plus souvent une grossesse non planifiée, survenue malgré l’usage d’une méthode contraceptive (Amon et al., 2012).


Le déni de grossesse, défini comme une méconnaissance complète d’une grossesse au-delà du premier trimestre (Bonnet, 1993), se distingue de la dissimulation qui désigne un processus actif visant à cacher la grossesse (Friedman, et al., 2009). Pour autant, la plupart des études portant sur le néonaticide n’ont pas distingué le déni de la dissimulation, bien que les processus psychologiques impliqués soient différents, même s’ils peuvent régulièrement coexister (Friedman, et al., 2007; Spinelli, 2010). Pour cette raison, certains auteurs ont récemment utilisé le terme de « négation » plutôt que celui de déni ou dissimulation (Beier et al., 2006). Le déni de grossesse se caractérise classiquement par la discrétion des signes physiques liés à la grossesse, et des métrorragies qui peuvent persister jusqu’à la fin de la grossesse. Les mouvements fœtaux ne sont pas ou peu ressentis, niés ou assimilés à des troubles digestifs. Dans la majorité des cas, le déni est spontanément levé vers le 4e mois, et l’on parle de déni partiel. Dans d’autres cas, le déni est total, et persiste jusqu’à l’accouchement (Bonnet, 1993). C’est dans ce dernier cas que le risque de geste néonaticide est réputé le plus important.



Données criminologiques


Dans la grande majorité des cas, les mères qui n’ont pas décelé leur grossesse ou l’ont dissimulée accouchent seules (Yamauchi et al., 2000). La grossesse est considérée comme une sorte de « malédiction », avec incapacité de la femme à se confier à quiconque ou d’entreprendre la moindre action pour changer quelque chose du cours des événements. Se confinant dans une sorte de pensée magique, elles entretiennent l’idée que la grossesse pourrait disparaître. Elles accouchent alors « clandestinement » et sont prises de panique en présence de l’enfant vécu, comme une menace. Le crime a lieu au domicile de l’auteur, dans la salle de bain, les toilettes, plus rarement dans une autre pièce de la maison (Mendlowicz et al., 2000; Yamauchi et al., 2000). De rares cas de néonaticide survenant dans des établissements de soins ont été rapportés (Mendlowicz, et al., 2000). Bonnet (1993) distingue le néonaticide « actif », incluant un geste meurtrier, du néonaticide « passif », négligence extrême et abandon. Les deux causes principales de décès sont en effet l’absence de premiers soins (entraînant hypothermie, déshydratation) et l’asphyxie provoquée par strangulation ou suffocation (Herman-Giddens et al., 2003). Les décès par immersion ou traumatismes (notamment craniocéphaliques) sont des causes moins fréquentes. Enfin, rappelons que des néonaticides multiples lors de grossesses successives, en « série », ont été décrits dans la littérature (Putkonen et al., 2007; Yamauchi et al., 2000).



Contexte psychiatrique


Contrairement aux meurtres d’enfants plus âgés (Friedman et al., 2005), il semble que la littérature ne relève qu’une faible proportion de femmes auteures de néonaticide atteintes d’un trouble mental grave (Friedman et al., 2005; 2009). Les troubles mentaux les plus représentés dans cette population sont les troubles de l’humeur caractérisés (épisode dépressif surtout) et les troubles psychotiques (Amon et al., 2012). Les troubles de la personnalité seraient assez fréquents parmi les mères auteures de néonaticide (Putkonen et al., 2007; 2009) (Tableau 46.II).



Tableau 46.II


Diagnostic psychiatrique des auteurs de néonaticides examinés en unité médicolégale finlandaise (n  =  14) (Putkonen et al., 2007).



























Diagnostic psychiatrique N (%)
Trouble psychotique. 4 (29)
Dépression psychotique du post-partum. 3 (21)
Psychose non spécifiée. 1 (7)
Trouble de la personnalité 10 (71)
Non spécifié. 6 (43)
Personnalité borderline. 4 (29)
Abus de substances psychoactives 1 (7)

L’acte du néonaticide, commis par définition dans le premier jour de vie de l’enfant, survient donc bien avant l’émergence d’un éventuel épisode psychotique ou thymique du post-partum, qui n’est pas le facteur déterminant du geste, dans l’immense majorité des cas. Le suicide de la mère est un comportement postinfractionnel rare, peu documenté dans les cas de néonaticides, contrairement aux filicides maternels, après lesquels 16 à 29 % des mères se suicident (Porter et al., 2010).


Sur le plan psychologique, les mères néonaticides apparaissent carencées sur le plan affectif, dans l’inhibition et la répression de leurs émotions, en situation de fréquente dépendance affective, avec parfois la crainte d’être abandonnées par un conjoint ayant laissé entendre qu’il ne voulait pas d’(autre) enfant (Porter et al., 2010).




Références



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Le syndrome de Münchausen



Le syndrome de Münchausen appartient à la catégorie des troubles factices ou pathomimies dans les classifications psychiatriques internationales. Il se définit par la production ou simulation intentionnelle de signes ou de symptômes physiques ou psychologiques, conduisant à des investigations médicales multiples, inutiles et préjudiciables, sans motif autre que le fait de jouer le rôle de malade (American, 2000).


C’est un trouble qui a été individualisé pour la première fois en 1951 par Richard Asher, médecin interniste, pour décrire des cas cliniques d’automutilations associées à la présence de fabulations dans le récit des histoires de vie et à un nomadisme médical. Le nom lui a été inspiré de l’histoire du baron de Münchhausen, militaire allemand, auquel ont été attribuées nombre de prouesses rocambolesques (Asher, 1951).


Le syndrome de Münchausen peut se manifester de plusieurs manières. La plupart des sujets se provoquent volontairement des lésions physiques ou organiques, directement ou par l’intermédiaire de médicaments ingérés ou injectés, dans le but d’attirer l’attention du corps médical. Il s’agit dans ce cas de symptômes à prédominance physique. Ces patients affichent souvent le besoin de réaliser de nouveaux examens complémentaires, même les plus invasifs, voire d’être hospitalisés. Ils éprouvent, à travers le rôle de malade et de la prise en charge médicale qui en découle, une satisfaction régressive. Cependant, la motivation réelle de leurs actes échappe à leur conscience (Gasman, 2002), ils ne poursuivent pas de but autre que celui d’être malade. Il est également possible de rencontrer des troubles factices avec des symptômes psychiatriques et non physiques (Limousin, 1999). Ceux-ci sont tantôt simplement simulés, tantôt provoqués par des médicaments ou des drogues.


Avec le développement de l’informatique, des nouveaux réseaux de communication et d’information, il est aisé de trouver soi-même toutes les données relatives aux pathologies médicales et un nouveau mode d’expression du syndrome de Münchausen voit le jour : le syndrome de Münchausen « paraclinique ». La littérature rapporte ainsi des cas de falsifications d’examens complémentaires, par exemple des bilans biologiques pour simuler par exemple une hémopathie maligne, à l’aide de logiciels de traitement de texte (Thabuy, 2008). Il peut s’agir d’une forme de début de la maladie, avec des objectifs identiques au syndrome de Münchausen classique (simulation d’une pathologie grave avec fabulations anamnestiques et multiplication des explorations) sans atteinte à son propre corps.


G. Fénelon décrit trois symptômes caractéristiques du syndrome de Münchausen (Fenelon, 1998) :



Le diagnostic est évoqué devant la discordance entre le tableau clinique présenté et des examens normaux, des bizarreries ou des incohérences dans l’histoire du patient, la demande incessante de soins et l’absence de crainte lors des interventions ou des investigations mêmes douloureuses, ainsi qu’une trop bonne adaptation au sein du milieu médical.


Peu de cas de syndrome de Münchausen sont rapportés dans la littérature. Il est beaucoup plus fréquent de rencontrer des observations de syndrome de Münchausen par procuration, dans lequel les troubles factices sont feints sur autrui, le plus souvent un enfant. Cette entité nosographique est isolée pour la première fois en 1977 par R. Meadow pour décrire la pathologie d’une fillette induite par sa mère (Meadow, 1977). Ce trouble se définit par quatre caractéristiques :



Ce syndrome, se situant au carrefour de la pédiatrie, de la psychiatrie et de la justice, est considéré par nombre d’auteurs et par la classification internationale des maladies (CIM-10) comme une forme de maltraitance à enfant. Son incidence est estimée à 0,4/100 000 chez les enfants de moins de 16 ans (Lieder, 2005). Cependant, contrairement à la maltraitance classique où les parents se montrent réticents à l’idée de consulter un médecin, les parents à l’origine d’un syndrome de Münchausen par procuration inventent, simulent ou génèrent des symptômes chez leur enfant pour consulter. Les symptômes sont variés, mais il est fréquent d’observer des troubles neurologiques (malaises, convulsions), cardiorespiratoires (apnées, suffocation), hématologiques (saignements spontanés), digestifs (vomissements, diarrhées), métaboliques (hypoglycémie, hypernatrémie) ou infectieux (fièvre inexpliquée). Généralement, l’enfant présente toujours le même symptôme, à répétition (Bocquet, 1997). L’induction d’une pathologie chez l’enfant peut parfois aboutir à des conséquences graves avec perte de substance par exemple (nécroses de tissus par injections sous-cutanées de produits toxiques), voire au décès (Moussaoui, 2009). Les méthodes utilisées sont variées : administration de médicaments par voie orale ou par injection (anticonvulsivants, opiacés, psychotropes…), action mécanique (étouffement, lésion traumatique…). Les examens ne retrouvent jamais d’étiologie organique aux troubles.


Des cas de syndrome de Münchausen par procuration à forme psychiatrique sont également rapportés dans la littérature. Ils semblent moins connus et plus difficiles à diagnostiquer (Schreier, 2000 ; Auxéméry, 2011).


Le parent responsable est le plus souvent la mère, qui exerce une profession paramédicale ou appartenant au milieu de l’enfance. Le père est absent physiquement ou moralement de l’éducation des enfants, il n’assure pas leur protection. Il est souvent difficile pour les médecins de suspecter que la mère est à l’origine de la maltraitance, alors qu’elle apparaît très protectrice et dévouée à son enfant. Elle est particulièrement impliquée dans la prise en charge, et du fait de ses quelques connaissances médicales, se sent tout à fait à l’aise en milieu hospitalier. Paradoxalement, elle encourage les explorations médicales, même invasives et douloureuses, se montrant peu inquiète pour le retentissement sur son enfant; mais cela n’entraîne aucune jouissance (Wulfman, 2001). Le médecin devient indirectement acteur du syndrome de Münchausen par procuration, au moins au début de la prise en charge, en cherchant par tous les moyens l’étiologie des symptômes de l’enfant. Il entretient la maltraitance en multipliant les investigations et les traitements.


La majorité des enfants victimes ont moins de 5 ans lors des premiers faits et le sex-ratio est égal à 1. L’apparence de ces enfants peut paraître surprenante et ne correspond pas à celle d’enfants gravement malades. Ils se montrent souvent gais, dociles, attentifs, de contact facile, s’adaptant très bien au milieu dans lequel ils se trouvent. Derrière cet équilibre apparent se cache une grande fragilité, liée à une relation fusionnelle et ambivalente avec la mère, rendant l’intervention des soignants compliquée. La mère considère son enfant comme un prolongement d’elle-même, un objet de satisfaction de ses désirs et ne lui donne pas la possibilité de construire sa propre identité. Elle présente souvent des carences affectives anciennes, des troubles de la personnalité avec mésestime de soi, un isolement social ou une problématique conjugale. Le syndrome de Münchausen par procuration lui apporte des bénéfices secondaires authentiques au détriment du corps de l’enfant : l’attention du milieu médical, de son entourage, une apparence de cohésion familiale autour de l’enfant malade, qui constituent autant de récompenses qui viennent combler la faille narcissique (Wulfman, 2001).


Il est exceptionnel que la mère avoue être responsable des symptômes de son enfant, sauf parfois après le décès de celui-ci. L’enfant, même isolé du parent responsable, ne dénonce pas les falsifications quand il en a connaissance, car soumis, il obéit aux désirs de sa mère. Le diagnostic de syndrome de Münchausen est le plus souvent fait par le milieu médical devant l’association des éléments suivants :



Devant la suspicion de syndrome de Münchausen, pathologie de la relation mère-enfant-médecin, l’équipe soignante doit tenter d’être témoin des symptômes de l’enfant, soit directement, soit pas l’intermédiaire d’un enregistrement filmé (impossible en droit français sans avoir préalablement prévenu les parents). Le rôle du médecin est ensuite de protéger l’enfant, en le séparant du parent responsable, ceci passant par un signalement au procureur de la République.


Le diagnostic, complexe, est généralement tardif, venant mettre un terme aux sévices après plusieurs années d’évolution (2,7 ans en moyenne) (Gasman, 2002). La maladie factice est à l’origine de contraintes pour l’enfant qui la subit, comme par exemple l’absentéisme scolaire, l’interdiction d’exercer des activités sportives, un isolement social progressif. Cette situation entraîne un repli sur soi et une relation quasi-exclusive à la mère. Le pronostic vital de l’enfant est parfois engagé (10 % de mortalité) (Dauver, 2003). Les traumatismes subis par l’enfant durant cette longue période auront des conséquences non négligeables sur son développement, surtout psychoaffectif, et son avenir : il peut conserver des plaintes somatiques, développer une réelle maladie, une invalidité physique ou un trouble psychiatrique (hypochondrie, troubles alimentaires, délire d’empoisonnement, syndrome de Münchausen) (Bocquet, 1997).


Le devenir des victimes du syndrome de Münchausen par procuration est préoccupant. La plupart des auteurs montrent qu’après traitement et prise en charge psychologique intensive, le maintien de l’enfant dans son milieu familial est de meilleur pronostic qu’une décision de placement. Le risque de récidive dans ce type de pathologie reste cependant élevé; il est indispensable de protéger également la fratrie. Par ailleurs, l’évolution défavorable des troubles psychologiques résultant des sévices ne semble pas dépendre du mode de vie futur de l’enfant (Le Heuzey, 2010).


En résumé, le syndrome de Münchausen existe sous deux formes : simple (trouble factice auto-infligé) ou par procuration (trouble factice infligé à autrui, le plus souvent un enfant). Ce dernier, considéré comme une forme atypique de maltraitance à enfant, est souvent décrit dans la littérature. Classiquement, l’expression des symptômes est physique, mais nous avons vu qu’il existe également des syndromes de Münchausen à expression psychiatrique et que certaines formes de fausses allégations d’inceste peuvent se rapprocher de cette pathologie. Compte tenu de la rareté de ces troubles, les échanges autour des différents cas cliniques rencontrés permet de mieux individualiser la symptomatologie.


Les répercussions physiques et psychologiques sur les victimes du syndrome de Münchausen par procuration montrent l’intérêt d’une prise de conscience du personnel soignant sur l’existence de cette pathologie et la nécessité d’un repérage précoce. Une prise en charge thérapeutique multidisciplinaire de l’enfant et de sa famille s’impose après le diagnostic, incluant médecins somaticiens, psychiatres, assistantes sociales et organismes sociaux et judiciaires de protection de l’enfance (Moussaoui, 2009).



Références



American, P. A., Diagnostic and statistical manual of mental disorders. 4th ed, 2000. [Washington].


Asher, R. Münchausen’s syndrome. Lancet. 1951; 1:339–341.


Auxéméry, Y. À propos d’un cas de syndrome de Münchausen par procuration à expression psychiatrique. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence. 2011; 59:188–194.


Bocquet, N. B.P. Le syndrome de Münchausen par procuration. Archives pédiatriques. 1997; 4:770–778.


Dauver, S. D.J. Syndrome de Münchausen par procuration et fausses allégations d’abus sexuels dans un contexte de séparation parentale conflictuelle : vers un nouveau concept ? Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence. 2003; 51:433–438.


De Becker, E. A.-H. N. Les fausses allégations d’abus sexuels sur mineurs d’âge : entre Münchausen par procuration et al.iénation parentale. L’évolution psychiatrique. 2006; 71:471–483.


Fenelon, G. Le syndrome de Münchhausen. Paris: PUF; 1998.


Gasman, I. R.V. À propos du syndrome de Münchhausen, du Münchhausen par procuration et de ses descriptions cliniques. Annales Médico-psychologiques. 2002; 160:169–173.


LeHeuzey, M. Syndrome de Müchausen par procuration : l’avis du pédopsychiatre. Archives de pédiatrie. 2010; 17(6):642–643.


Lieder HS, I. S. Münchausen syndrome by proxy : a case report. AACN Clinical Issues. 2005; 16(2):178–184.


Limousin, F. A.J. Behcet’s disease and factitious manic-depressive psychosis : a case of Munchausen syndrome. La presse médicale. 1999; 28:1460–1462.


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Moussaoui, A. F.N. Le syndrome de Münchausen par procuration. À propos d’un cas. Annales de chirurgie plastique esthétique. 2009; 54:88–90.


Schreier, H. Factitious disorder by proxy in which the presenting problem is behavioral or psychiatric. Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry. 2000; 49:985–988.


Thabuy, F. M.C. Pseudoleucémie par falsification d’examens biologiques : génèse d’un syndrome de Münchausen. La revue de médecine interne. 2008; 29:924–928.


Wulfman, R. Le syndrome de Münchausen par procuration : une étude psychiatrique et criminologique. Médecine et droit. 2001; 51:25–27.

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May 10, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 46: Violences et homicides intrafamiliaux

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